Ainsi titrait « Courrier International » pourtant souvent clairvoyant qui
reconnaît n’avoir vu que du feu avant la déflagration oublieuse de
l’histoire des Sudètes et autre Crimée. Un flash résume parait-il la vie de chacun lors du dernier
souffle, est-ce vrai pour toute une civilisation qui a connu tant d’alertes
funestes ?
L’image d’un trou aux bords noircis dans le mur d’un
immeuble d’une ville inconnue fichée entre nos deux yeux pourrait figurer comme le préquel
de notre fin de vie.
Nous sommes vivants et bavardons, mais peut-on réfléchir
sans risquer de jouer avec la misère des autres ? Le mot
« folie » pourtant épuisé par tous les Hitler, résume notre désespérante
condition commune où la mort gagne à la fin.
Nos petits drapeaux tournent au dérisoire et nos petits
blabla tombent à plat : les virus oubliés, ah ah voilà ti pas que les
russes rusent. Et les tritureurs d’histoire, de Poutine à Zémour, de la
falsifier, pour rendre le présent encore plus haïssable.
Aveugles du passé,
nous ne pouvons plus entendre les
annonceurs d’un « nouveau monde » coloré de vert il y a
peu, et virant au brun. Les chars russes en défilé sur le mail à Voiron en cas de victoire
de la gauche en 81, nous faisaient tellement rire, ils ne sont pas si loin, et nul ne songerait en rire.
Les prévisionnistes qui n’avaient pas vu les chauves-souris sortir
de leur grotte s’aperçoivent que les uniformes ne sont pas faits seulement pour
la reconstitution des guerres en dentelles.
Tremblez tankistes ! Un
artiste va décorer un mur avec une petite fille écrasant gracieusement quelques
chars comme on joue à la marelle.
Depuis des quais de gare, dans les classes « la guerre
s’invite », débordant le pédagogue qui n’en est plus à agrémenter ses
cours de clins d’œil à l’actualité pour éveiller l’attention, mais subit le
vacarme ambiant, le détournant de sa tache originelle.
Expliquer Coronavirus me semble moins difficile que
commenter tant de déraison. Tous les hommes ne sont décidément pas sages et
attentionnés.
Si au moins nous trouvions de quoi relativiser nos querelles
en constatant que la défense d’un pays menacé de disparition dans la Grande
Russie accélère l’intégration d’autres états au sein d’une Europe stimulée par
les gifles.
Tout le monde chante « aux armes » mais personne
ne veut mourir pour Sébastopol pas plus que quand il fut question de Dantzig.
Tout le monde souhaite la fin de nos dépendances énergétiques, sanitaires, agricoles, militaires, mais
personne ne veut de ce travail.
Tout le monde veut des tomates avec de l’herbe au pied mais
personne ne veut courber le dos.
Le chemin vers le pire ne s’inversera pas plus que le cours
des rivières en voie d’assèchement, la vie meilleure ne viendra plus comme
primevère au printemps, nous n’en finirons pas avec les larmes pour éviter
d’autres tombes et des blancs dans les mémoires avec trous dans les murs des
écoles, au prix du sans plomb.