Pépé tremblote, chevrote : pourquoi la France ne
connaitrait-elle pas l’ivresse du populisme ?
J’ai bien lâché quelques phrases sur les réseaux sociaux en
faisant suivre un article du journal Le Monde qui prévoyait : « la transition écologique va
nécessiter un courage politique considérable. » Un commentaire à ce
propos proposait « de taxer la
bidoche », auquel j’ai répondu après
avoir signalé une autre tribune : « Nous
sommes tous climato sceptiques ».
« J’aime le pot
au feu et les sardines, et m’agacent les donneurs de leçons, si bien que je
comprends les manants mais je persiste à approuver les bons élèves qui nous
gouvernent. »
Ce formidable outil qu’est Internet et sa promesse
d’ouverture sur le monde se révèle être celui du repli sur soi avec des
réseaux qui s’auto-allument. Maintenant que bien des religions pourvoyeuses depuis
si longtemps de fake-news ne fournissent plus leur lot de croyance, ce sont les
traqueurs de fausses nouvelles et autres décrypteurs qui loin d’être entendus
se prennent dans la tronche des tombereaux d’insultes permises par l’anonymat. Intermittence des lumières.
Bien pensants contre irresponsables, bobos/ beaufs, ville/campagne,
voiture/ vélo, startup/ CDD, papa poule/ maman toute seule, consentants à
l’impôt/ réfractaires aux taxes dispensés de l’impôt sur le revenu, statistiques
générales/ressenti particulier, démocrates/abstentionnistes : la fracture est sociale, culturelle,
géographique, de classe.
On a beau savoir la nécessité d’envisager le temps long,
nous sommes affolés par les éclats de l’immédiat, cliqueurs et vibrant à tous
les gazouillis. Notre trace est furtive, les vérités intermittentes. Des
proclamations gravées dans le marbre s’oublient aussitôt proférées mais les
ressentiments demeurent.
Face à ce mouvement qui a le mérite de remettre la question des
inégalités au centre du débat, je peux me permettre une recension de quelques
morceaux épars alors que tant d’éminents commentateurs n’ont rien vu venir.
- Florence Aubenas s’étonnait qu’un bénéficiaire du RSA
estimant qu’il n’a pas sa place dans les manifs, se place ainsi en citoyen de seconde
zone. J’admire justement son sens civique et sa reconnaissance envers l’état.
On ne peut pas en dire autant de ceux qui ont occasionné des dégâts après que
le projet de Notre Dame des Landes fut abandonné.
- Un étudiant de Grenoble avait noté sur son dos «
Faut que je sois vener pour me lever à 7h un samedi » : ce n’est plus
« Nuit debout » mais « La France qui se lève tôt ».
- Les adversaires des taxes mettent en avant leurs enfants
auxquels ils ont fourni la pancarte : « J’ai peur de l’avenir »,
qui pourrait servir à leurs adversaires avec une précision : « j’ai
peur du présent aussi».
La planète brûle, les populistes triomphent, les nuances
passent pour ratiocination surplombante. Alors allons-y, il est tard : est
ce que l’écologie si elle n’est pas punitive est encore de l’écologie ?
Piolle, qui n’est pas dans d’autres domaines ma tasse de gnôle, avance avec
courage.
Si j’emploie trop le terme « pathétique », comment
nommer les politicards sans propositions qui courent après les souffrances et
finissent de déconsidérer la politique ?
Je reste persuadé que le plus grand respect à prodiguer à ceux qui sont dans la détresse est d'affirmer des désaccords avec tant d'affirmations contradictoires et estimer que certaines formes prises par leur colère ne sont pas efficaces à moyen terme, même si le buzz présent est tonitruant.
« Ce n'est pas la
misère qui provoque le besoin d'égalité, mais la richesse. »
Frédéric Dard qui n’a pas connu Carlos Ghosn
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La
photographie date de 2008.