L’historien de l’art Eric Mathieu a entretenu les amis du
musée de Grenoble du nombre d'or en évitant d’insister sur la valeur du nombre mythique :
1, 6180339887498948482045868343656381177203091798057628…
parmi 100 000 décimales.
parmi 100 000 décimales.
C’est que même l’existence d’écrits de l’omniprésent Pythagore,
6 siècles av JC, est remise en cause, alors qu’Euclide 300 ans avant J.C.
mentionne l’« extrême et moyenne raison » pour désigner ses calculs.
Au Moyen-Âge, Leonardo Pisano fait le lien avec le savoir
des mathématiciens arabes et à la Renaissance, Lucas Pacioli, rédige « De la proportion divine » avec
des planches de Léonard de Vinci. « Lucas Pacioli avec son élève Guidobaldo de Montefeltro », par Jacopo de Barbari traduit en deux
dimensions, un polyèdre : le savoir est mis en abyme.
Le moine
franciscain, inventeur de la comptabilité, né dans la même ville que Piero de
la Francesca, fait référence à « l’homme de Vitruve » en
architecture et adresse des recommandations aux peintres.
Jacopo de Barbari dresse un plan
aérien de Venise grâce à la trigonométrie avant drones et montgolfières.
Platon avait défini l’univers par 5 solides : le cube
pour représenter la terre, le tétraèdre symbole du feu composé de quatre
triangles équilatéraux, l'octaèdre avec le double de faces pour l’air, l’icosaèdre
a 20 faces pour l’eau, il suffit des douze faces comme les 12 apôtres, au
dodécaèdre pour l’univers.
Au XIX° siècle, le prince roumain Matila Ghyka assure la synthèse
autour du terme « nombre d’or » que Kepler au XVI° désignait comme le « joyau
de la géométrie » où se rejoignent géométrie, mathématiques et mystique. Comme
le professeur allemand Adolf Zeising, il relie des observations dans la nature
à l’architecture que le φ (Phi) de Phidias signera. Mais des interprétations
ethnocentriques voire excentriques et autres « radotages académiques »
relativiseront les recherches de ceux qui ont voulu enfermer la beauté dans une
seule forme.
De ces spirales d’or et autres « Rectangles d’or »
où s’inscrirait par exemple le Parthénon,
l’ésotérisme a fait ses contes, mais nos
cartes bancaires et autres feuilles en format A 4 en tiennent compte.
Dans le tableau cintré, du « Baptême du Christ »
de Pierro de
la Francesca, le sexe est au centre du carré qui est la terre, le
nombril au centre du cercle, le ciel; le Saint Esprit souligne l’axe de symétrie.
Sans se perdre dans les réseaux trop serrés qui
obscurcissent le tableau, « La naissance de Vénus »,
dite aussi « Arrivée de Vénus à Cythère » de
Botticelli,
construite avec la proportion d’Or se devine mieux sous des traits plus
simples.
La composition de la médiévale « Pietà
de Villeneuve lès Avignon » fait émerger une dévotion moderne où le
chanoine est au niveau du Christ et la vierge au centre.
Alors que Mondrian dans sa « Composition A »
multiplie carrés et rectangles dans les règles de l’art, notre conférencier y
voit le chaos.
Par contre, il devine une clé de lecture sur le socle dans un
«(ro)tondo » où Sainte Catherine et Sainte Rose entourent « La
vierge à l’enfant » du Perugin.
Signac, le pointilliste, dans le sillage de
Seurat, nostalgique d’un âge d’or, a cherché aussi entre impressionnisme et
fauvisme du côté des symbolistes : les proportions de l’ «Entrée
du port de Marseille » se jouent en 2 – 2 – 1 – 2 – 2 –1/2.
Une cheminée
d’usine est au centre de « L'Estaque » de Paul Cézanne,
ce tableau fut légué par Caillebotte dont on peut diviser « Rue
de Paris, Jour de Pluie » en quatre pour en apprécier l’équilibre.
« Avant de disparaître totalement du monde, la beauté existera
encore quelques instants, mais par erreur. La beauté par erreur, c'est le
dernier stade de l'histoire de la beauté ». Kundera
























