La dernière fois que les deux danses se sont rencontrées
avec Montalvo c’était plutôt drôle,
cette fois la démarche pédagogique était privilégiée.
« Yātrā » signifie « voyage »
en sanscrit, le latin des hindous.
L’orchestre composé, comme le précisait le programme, d’une
vielle, d’un kamanchiya, instrument à cordes frottées, d’un dholak instrument à percussion et de castagnettes (kartal)
jouées avec entrain et jovialité, soutiennent
des chants qui peuvent faire penser à des sonorités arabes d’une puissance
impressionnante, en plus rude.
Au début, le danseur de flamenco impose ses claquements
ferrés avec son allure traditionnelle de coq macho qui ferait passer Aldo
Maccione pour un parangon de discrétion.
Nous avions connu, ici, de plus riches heures de flamenco
qui recèle rien moins que « les
trois mémoires de l'Andalousie, mêlées de façon inextricable : la
musulmane, savante et raffinée ; la juive, pathétique et tendre ; la
gitane enfin, rythmique et populaire ».
Si les gitans viennent d’Inde, cette danse s’accorde
pourtant moins bien, à mon avis, que le hip hop qui capte toutes les lumières,
malgré les regards rogues du bailaor et ses postures de domination. La
filiation était incontestable avec le kathak auquel nous avait habitué Akram Khan qui
faisait naître plus évidemment les émotions
La musique indienne
de ce soir, ondoyante, convient bien aux contorsions de la danse urbaine,
augmentée parfois d’une batterie ainsi que de sons aux stridences
contemporaines.
En guise de préliminaire, quelques défis m’ont semblé sans
surprise, les séquences de hip hop, certes spectaculaires, se succédant comme
des performances juxtaposées.
Et puis le dialogue a avancé, comme en témoignaient les
applaudissements de plus en plus convaincus : claquements agiles des
talons et bavardes castagnettes, volutes des bras, énergies complices.
Du groupe d’amis qui s’est retrouvé à la fin du spectacle,
enfant gâté par le souvenir d’émotions plus fortes, je fus, je pense, le moins
enthousiaste, bien que j’aie passé une soirée agréable.