La conférence initialement intitulée « Picasso au
cœur de la révolution plastique du XX°siècle » a fait salle comble aux
amis du musée.
La saison commence fort autour de ce que Picasso a reçu
et ceux qu’il a formés.
Inutile de citer chaque tableau, leur nombre considérable confirme
l’idée de l’envergure du personnage, pour lequel une autre approche est proposée,
ne suivant pas forcément toutes ses remises en question au rythme de ses amours
renouvelées.
Mais oui, il avait peint un « Moulin de la galette », dans les rutilances des
couleurs de Lautrec, celui là est au Gugenheim.
Il
avait 19 ans en 1900.Héritier des post impressionnistes,
symbolistes, expressionnistes, c’est au Gréco qu’il emprunte pour l’ « Enterrement de Casagemas », son ami.
« La
vie » peint dans une période noire cite Gauguin.
Si le personnage d’Arlequin exprime
l’inconstance, l’éparpillement,
Pablito, « Paul » hérite du costume et clôt une époque aux
couleurs roses et bleues.
Quelques autoportraits amènent bien au-delà de « 50 nuances de
soi », ils ne délivrent pas une vérité de surface : jeune, il n’a
jamais porté la barbe, et dans son dernier tableau, le vieux regarde la mort en
face.
L’explosion des « Demoiselles d’Avignon » à l’origine de la révolution cubiste, tenait à Braque en
« cordée » avec lui, mais aussi aux déchirements avec Fernande, à
Cézanne et aux masques primitifs. Réalisée en 1907, la toile sera présentée 10
ans plus tard.
« Ce
qui m’intéresse c’est la maladresse de Cézanne »
« L’art
africain, connais pas »
Après avoir enregistré le XIX°, rendu hommage à Ingres, il n’a jamais fait
table rase du passé.
Une fois franchi le mur de la figuration, il revient un
moment à des figures sensuelles, des modèles lisibles. La « Femme assise
les bras croisés » c’est Sarah
Murphy au moment où il divorce avec Olga
et rencontre
Marie Thérèse avant Dora Maar.
Ses drames intimes se disent dans la figure du Minotaure et
les séries des corridas.
L’icône du XX° siècle,
« Guernica », ne fut pas forcément comprise par les républicains
qui la présentèrent à l'exposition universelle de Paris en 1937.
Leiris disait de ce tableau de 7 m, devenu intemporel, faisant
écho à Goya:
« Picasso nous
envoie notre lettre de deuil, ce que nous aimons va mourir »
A Antibes, voisin de De Staël, lui qui passe entre
abstraction et réalisme,
il rivalise en gentleman avec Miro et Matisse dans un
cubisme cursif.
Depuis les formes inspirées des vases grecs, en bord de Méditerranée,
il recompose formes et thèmes dans une diversité de styles qui dressent un inventaire de la
peinture : 27 versions du déjeuner sur l’herbe pour « assumer
l’héritage de Manet ».
Il déconstruit et reconstruit autour de Delacroix, en presse
tout le suc, avec ses « Femmes
d'Alger dans leur appartement » (14 exemplaires).
Si sa tentative est confuse dans « Le massacre des
innocents » d’après Poussin, les Ménines de Vélasquez sont citées 44 fois et
susciteront des émules avec des artistes comme Erro :
Gris, le coloré, fut un compagnon de route comme le
rayonnant Delaunay, et Léger le « tubiste ». La dérision de Duchamp s’abreuvera à l’œuvre gigantesque de
celui qui mourut à Mougins en 1973 à l’âge de 91 ans.
Il inspirera aussi ceux de l’abstraction géométrique,
Malevitch le faux naïf, Mondrian, Rothko, peintre des champs de couleur, les
expressionnistes divers : futuristes et autres Lichtenstein , Hockney,
l’Equipo Cronica, ceux qui exhibèrent les corps : Bacon, Freud, Niki de
Saint Phalle,
Combas, Adami, Monory…
Pablo Picasso est devenu l’emblème d’un siècle qu’il a
fourni abondamment en objets inédits, sans avoir perdu le fil de ses ancêtres.
Il fut le témoin d’une époque où « les
matadors tout puissants ont rendu les vaches folles où les massacres
technologiques ont banalisé Guernica … »
Depuis « Le
peintre matador qui a tué l’objet de son désir », certains ont exploré d’autres supports, comme Warhol,
ou cherché dans les écritures : Garouste,
les associations d’idées : Dali,
les surréalistes ont trouvé des fantômes,
et les abstraits ont fait tapisserie.
Vidéos.
Ernest Pignon se lança en peinture à cause de lui :
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/03/ernest-pignon-ernest-fantomes-et.html