Même lorsque j’eus compris, après quelques réticences, le
besoin de (se) faire peur à Halloween par exemple, je n’arrive pas à me faire à
l’idée qu’il n’y ait plus de territoire exempt de violence.
Pourtant j’essaye de m’extraire d’un autre conformisme
gnangnan tout aussi poisseux qui n’appelle plus un chat, « un chat »,
et cache tout ce qui fâche.
Ces figures effrayantes ont été gonflées par les médias et
les réseaux « sociaux », en terrain familier où règnent l’anonymat et
les maquillages outranciers. Mais cela n’empêche pas que ce surgissement
tapageur est secouant et ne se dissipe pas dans l’amalgame qui renverrait le
théâtre politique à ses masques grotesques :
Thévenoud, Cahuzac, Guérini,
l’agité de Neuilly...
Le gendarme de Guignol a du sang sur la matraque.
Oui, la grimace démesurée de Nicholson en Joker, comme la
cicatrice éternelle de « L’homme qui rit » d’Hugo ne datent pas
d’aujourd’hui.
Cependant nous sommes en plein dans « La
«carnavalisation des mœurs» (Umberto Eco) qui bat son plein et efface toute
frontière entre le sérieux et le spectacle, entre la violence et son mime »
comme le souligne le sociologue David Le
Breton dans Libé.
Il rappelle que chez
les nez rouges :
« En dérobant les
traits, le masque suspend aussitôt l’exigence morale. Il lève le verrou du
moi et laisse libre cours au jaillissement de la pulsion. »
Que reste-t-il de ces belles affiches pop, des sourires
lumineux, quand « le mythe Obama se retrouve en miettes » d’après les
titres collectés par Courrier International ?
Et bien qu’ayant abandonné depuis Bugey les lieux où
claquent les lacrymos, ce sont les yeux qui peuvent devenir rouges et pas que le pif, quand
dans le même numéro du quotidien, l’avocat William Bourdon, pointe là où ça
fait mal:
« Bien sûr, la
gauche au pouvoir ne porte pas à elle seule la responsabilité
de cette défiance grandissante entre citoyens et élites ! Mais on assiste
à une remise en cause croissante de ceux qui, au lieu d’incarner l’intérêt
général, lui substituent les intérêts catégoriels ou les logiques
court-termistes, préfèrent le cynisme à l’éthique, le déni au courage de la
vérité, le repli sur soi à l’universalisme. »
…….
Cette semaine, Zep dans « Le Monde »