samedi 5 avril 2014

France culture papiers.# 8. Hiver 2013.

La lecture ne sauve pas de tout : le rattrapage de moments d’écoute flottante par la consultation de la version papier de France culture ne m’a pas réveillé dans la livraison de ce trimestre.
Plusieurs articles viennent pourtant apporter des éléments concernant un sujet brûlant, les secrets : prisons de la CIA, lanceurs d’alerte, maitrise  des secrets d’état quand celui ci se nomme Louis XIV, l’alchimie science occulte, jardins secrets et secret de familles, la vie privée commence où ?
Mais mon attention habituée des titres chocs a trouvé quelque peu insipides ces entretiens et  dans un autre article les espaces infinis de l’univers m’effraient à peine, tant les distances et tous les chiffres sont hors normes :
« La terre faisant un million de fois moins de masse que le soleil, vous aurez dans le volume de la terre un million de fois la masse de la terre, autrement dit un corps extrêmement dense où chaque cuillère à café de matière pèsera des milliards de tonnes. »
 Ce sera dans six milliards d’années ; vu que la terre a été formée il y a 4,55 milliards d’années et que l’homme moderne est apparu il ya 200 000 ans, ça laisse de la marge.
Alors dans le cahier consacré à Geluck une anecdote rassure sur notre humaine condition :
« Un français se retrouve au marché aux poissons devant une dame qui écorche des anguilles de rivière dont on doit arracher la peau à vif, sinon  on ne peut pas les peler. Elle arrache une peau et puis une deuxième.
Le type lui dit : « c’est horrible ce que vous faites, ça doit leur faire affreusement  mal »
Elle lui répond : « oh non, vous savez, elles ont l’habitude »
Il est question aussi de Péguy et de Ménie Grégoire, du chocolat comme religion, des entendeurs de voix, des chemises et d’Adèle Van Reeth qui raconte ses débuts avant de prendre la direction des « Chemins de la connaissance » à la suite de Raphaël (Enthoven).

vendredi 4 avril 2014

Le Postillon. Printemps 2014.

Le printemps va bien au libertaire trimestriel local http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/03/le-postillon-fevrier-2014.html  qui s’est infiltré au PS et au FN pour décrire la campagne au moment des municipales. Pas de scoop en ce qui concerne les militants du PS vissés à leur iPhone: leurs portraits caractérisés en jeunes loups, élus et  vieux sont ressemblants. C’était avant la déculottée avec des signes prémonitoires qui peuvent se déceler…  après coup. L’article concernant le front national est éclairant et montre la faiblesse de cet appareil militant en regard de leur écho médiatique : à peine inscrit, une place était proposée au journaliste pour figurer parmi les candidats à Echirolles dont la tête de liste habite… Seyssinet. Un étranger quoi ! Le témoignage n’en reste pas à l’anecdote mais amorce une analyse de l’implantation de l’extrême droite. L’expérience fut plus brève pour un autre à l’UMP où rien d’autre n’émerge en dehors de la fascination pour Carignon. La description de la situation de Fontaine comme témoin du communisme municipal est plus conventionnelle avec un sens du raccourci quelque peu réducteur, marque de fabrique du « Postillon » qui se raréfie cependant:
 « Evidemment à la sauce communiste, défendre les services publics veut dire à la fois réclamer plus de facteurs et plus de policiers, alors qu’on peut difficilement confondre ceux dont le rôle est de distribuer le courrier et ceux dont le rôle est de faire la guerre aux pauvres »
Il se trouve que les pauvres souffrent de l’insécurité… voir plus haut.
Le blog augmenté de Geneviève F. est amusant, les brèves souvent vachardes, l’article sur la neige de culture, instructif, et leur interview d’un vigile, ou le reportage au camping de Seyssins auprès des personnes vivant à l’année en caravane sont sympathiques et prouvent mieux qu’une formule publicitaire, l’utilité de cette presse là. 
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 Dans "Le Canard" de cette semaine:

jeudi 3 avril 2014

De la parure à la nudité.

Serge Legat aux amis du musée ouvre sa conférence avec la photo peinte d’Arielle Dombasle dévêtue parmi les fraises de Pierre et Gilles. Sous des couleurs venues de Bollywood chatoyantes et sirupeuses, la lumière rayonne comme dans l’iconographie religieuse.
Et c’est là, que tout au long de l’histoire, le nu se met en scène avec Adam et Eve et les représentations de la crucifixion.
Au VI° siècle dans le manuscrit des Évangiles de Rabula, le Christ était revêtu de sa tunique entre les larrons ne portant qu’un linge de pudeur; pourtant  lors de ce châtiment les suppliciés étaient entièrement nus.
Sept siècles plus tard, le grand crucifix de Cimabue avec à ses extrémités Marie et Saint Jean au chagrin manifeste rompt avec les codes byzantins, tout comme le périzonium, le linge couvrant le sexe divin en sa moderne souplesse. La forme et la surface de ce pagne de pureté permet les datations.
Plus tard, Giotto, premier peintre moderne d’après Malraux, l’a rendu transparent.
La renaissance redécouvre les sculptures antiques, le corps se réaffirme et notre passage terrestre devient digne d’intérêt. Après la symbolique de la pureté, la nudité s’affiche héroïque. L’art  illusionniste joue désormais à l’illusion de la vérité.
Une gravure du quattrocento, par Pollaiolo représentant un combat d’hommes nus sous toutes leurs faces, est remarquable.
Bien plus célèbre, le David de Michel Ange, dont j’ai surtout perçu cette fois la concentration, n’est pas un éphèbe contrairement à celui de Donatello, déhanché.
Notre étonnement  et notre admiration de voir au plafond de la Sixtine, http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/03/les-fresques-de-la-sixtine-de-lharmonie.html, tous ces corps dont la vérité anatomique avait été nourrie par  l’observation au cours de dissections de cadavres sont ravivés par les polémiques récentes où l’église catholique se montre bien plus frileuse que ne l’étaient les papes commanditaires autour des années 1512. Et dire que Michel Ange qui préférait la sculpture ne voulait pas travailler sur des fresques ! Merci Jules II  d’avoir insisté. Ainsi l’étincelle de vie qui passe de Dieu à Adam, idéal mâle, nous électrise encore.
Comme Cézanne plus tard, ses représentations de femmes s’inspiraient de modèles masculins.
Léonard de Vinci,  lui, n’avait pas l’homosexualité refoulée, et son homme de Vitruve du nom d’un architecte de l’Antiquité aux proportions parfaites est la mesure de toute chose, il est au centre de l’univers. L’homme nu représentait la vertu, forcément céleste, alors que la femme avec plus ou moins d’atours restait sur notre si jolie terre. 
Si  Florence a excellé pour représenter les hommes, Venise privilégie la femme : Raphaël  peint ses trois grâces sous tous les angles comme le permet également un miroir au moment de la toilette pour Bellini. Pourtant Botticelli et sa blonde Vénus naissante est florentin. Celle ci est debout contrairement à bien d’autres couchées comme celle du Titien qui nous regarde dans les yeux, son petit chien fidèle endormi à ses pieds.
Avec Danaé sous une pluie d’or, du Tintoret à Klimt en passant par Rembrandt, et tant d’autres Vénus rondes de Rubens à Vélasquez, le nu masculin se marginalise.
Les odalisques esclaves vierges, au dernier rang social, servaient les concubines du harem, celles de Boucher à Picasso en passant par Ingres, nous enchantent de leur sensualité.
La maya desnuda de Goya était recouverte de la vestida et Lacan avait commandé un paysage à André Masson pour couvrir une forêt non épilée figurant sur l’"Origine du monde" de Courbet.
Par contre le tableau de l’école de Fontainebleau où Gabrielle d'Estrées a le sein pincé par une autre femme torse nu symbolise sa grossesse, il n’a rien de libidineux ; la maitresse à qui Henri IV avait promis le mariage tient un anneau à la main. Les répliques contemporaines de ce duo laissent entendre quelques lesbiennes relations pendant qu’un trio stylisé en noir et blanc du photographe Robert Mappelthorpe permet de résumer plaisamment  la thématique de la soirée.

mercredi 2 avril 2014

Besançon en deux jours.

Depuis la citadelle de Vauban la vue est magnifique sur la vieille ville construite dans un méandre du Doubs. Ses rues bordées de maisons du XVII° en belles pierres claires conservent une unité remarquable d’autant plus que les voitures sont rares au centre, un tram sera en service en décembre 2014.
Donnant sur une place magnifique, le musée des beaux arts & d’archéologie en réfection présente un florilège de ses richesses : Renoir, Vallotton, Fragonard… Charles Morin et Elodie La Villette bien mis en valeur à la suite de quelques échantillons des écoles italiennes, espagnoles d’une collection constituée presque un siècle avant le Louvre.
L’entrée à la FRAC Franche Comté est également gratuite le dimanche mais dans l’immense bâtiment construit à l’emplacement de l’ancien port il y avait peu de choses à voir entre deux expositions temporaires, sinon  une partie de « les choses vol.2 » : quelques boites de soupe de Warhol, une pile de couvertures, un réfrigérateur écrasé, un fil de téléphone surdimensionné, un balcon en néon, des classeurs où sont rangés des sucres ..
Quand Victor Hugo qui est né sur la même place que les frères Lumière évoque : « Besançon vieille ville espagnole », il s’agit d’une licence poétique, même si des grilles en fer forgé aux fenêtres d’une ville harmonieuse peuvent évoquer le pays d’Esméralda.
Dans la maison natale du pair de la nation, aménagée de frais, ne subsiste pas de mobilier d’origine, l’espace aménagé pour célébrer l’écrivain et le politique manque quelque peu d’âme mais pas de pédagogie. Des projections poétiques au dessus de la tapisserie d’une chambre sont du meilleur goût, sans tintamarre. Un écrivain afghan réfugié occupe une partie de l’habitation, la municipalité honore ainsi la mémoire du puissant humaniste.
Tristan Bernard, également bisontin ironise : “ Sur la façade de la maison où je suis né, il y a une plaque comme sur la façade de la maison natale de Victor Hugo. Mais c’est celle de la Compagnie du gaz. » Un lycée est aujourd’hui au nom de l’auteur de tant de bons mots.
Je ne suis pas retourné à Palente  sur les traces des Lip (Piaget, l’autogestion et la manif c’était il y a 41 ans) mais sur le site de l’usine de textile Rhodia où travaillèrent 2000 personnes. Les friches sont photogéniques, seulement le gardien charmant nous a découragé de poursuivre trop loin. A proximité des salles de concerts et d'enregistrements s’intitulent La Rodia.
Les premières aubépines s’éclairaient sur le fond sombre d’un hiver qui n’en fut pas vraiment un, hormis les piquets rouges plantés au bord de la route qui mène à Ornans.
A l’entrée du pays de Courbet surgit un cimetière immense en contrebas de la route comme on en voit rarement, mais pour « L’enterrement » il faut aller à Orsay.   Hector Hanoteau en exposition temporaire joue parfaitement de la lumière et des noirs comme son maître. Le musée lui aussi remis agréablement à neuf ne comporte pas d’œuvres de grande ampleur du chef de fille du réalisme mais des tableaux de jeunesse, des paysages, des scènes de chasse qu’il pratiquait  parfois illégalement.
Cependant les paysages présentés dans la maison natale du communard prennent toute leur valeur après un moment de route dans une nature particulière, où justement
«  Pour peindre un pays, il faut le connaître.
Moi je connais mon pays, je le peins,
les sous bois, c’est chez nous.
Cette rivière, c’est la Loue,
allez-y voir, et vous verrez mon tableau. »

mardi 1 avril 2014

Le chat s’expose. Philippe Geluck.

Voilà un catalogue d’exposition qui fait regretter de ne pas avoir vu celle-ci, en 2003 sous la belle verrière de l’Ecole nationale supérieure des beaux arts de Paris. L’espace était occupé par du matériel de dessin surdimensionné pour présenter les différentes thématiques avec cette simplicité et cette finesse qui appellent à chérir encore plus les belles évidences et les lignes claires : par exemple à l’intérieur d’un crayon de 6 m de haut et 28 m de long  était évoquée l’enfance de l’auteur.
Quand le dessinateur belge définit l’esprit bruxellois :
« un mélange de bon sens et de non-sens »,
 il va à l’essentiel, comme avec son chat impavide et inventif, recherchant à la racine, les mots, les malentendus, l’humour.
« Au fond c'est un peu idiot : si les papillons de nuit aiment autant que ça la lumière, pourquoi ne vivent ils pas le jour ? »
Après des premiers dessins influencés par Steinberg ou Folon, poétiques et noirs, il a conquis le public en paraissant dans le journal « Le soir » avec son fétiche félin philosophe au strabisme convergent. Il a cessé de le dessiner dans les journaux après 30 ans de présence hebdomadaire. 
Dans l’exposition, il joue avec les objets : une poupée sans bras représente la Vénus de Milo enfant, et avec son interprétation de la fécondation in vitraux pas de procédé artificiel. Les formes simples de ses dessins appellent à toutes sortes de tracés : en croquettes pour chien, voire en tatouage.
Ses offres d’emploi mettent un sabre dans les mains d’un « coupeur de courant » et un gant de toilette au « lave – aisselle ». Sa Vénus de Lisbonne a du poil sous les bras…
Il y a plus de 180 pages avec des contributions de Serge Tisseron, Jean Claude Carrière, Amélie Nothomb, Pierre Assouline… qui parle de « haïkus brabançons ».
« Le premier janvier 1945,  à Hiroshima, les gens s’étaient souhaité une bonne et heureuse année. »
Parmi les nombreuses citations le concernant, sur le web, j’ai retenu cette histoire qu’il raconte dans Télérama:
« Je cite souvent une scène à laquelle j’ai assisté sur un marché. Une marchande de poissons prépare une anguille dans les règles de l’art : encore vivante, à la tenaille. Un passant a l’air horrifié. Elle lui lance : « Vous inquiétez pas, elles ont l’habitude ! »

lundi 31 mars 2014

Aimer, boire et chanter. A. Resnais.

Le réalisateur disparu est là comme jamais, pour toujours. Il fallait cette dérision, ces décors de théâtre qui ne sont surtout pas réalistes, ces situations de vaudeville pour dire adieu au cinéma et évoquer avec tant d’élégance sa propre disparition.
La fantaisie fait oublier les rides, les mensonges nous font approcher de la vérité et cette cérémonie des adieux est un moment de grâce. Pourtant je ne suis pas un inconditionnel de Resnais et n’avais pu suivre jusqu’au bout « On connait la chanson » qui avait connu une  telle faveur critique que ça en devenait gênant, mais cette fois si j’ai réussi à ne pas m’agacer des cabotinages de Sabine Azéma c’est que j’étais vraiment bien disposé et ce qui tenait du devoir culturel s’est révélé plus qu’un plaisir hebdomadaire : un moment où la légèreté est nécessaire à la gravité.  Dans la campagne anglaise, devant des toiles peintes, lors de séquences où les acteurs sont mis en évidence, rythmées par les dessins de Blutch, trois couples tournent autour d’un Georges invisible dont la mort est annoncée : c’est l’ami, l’ancien amant, l’ancien mari, l’acteur prenant au sérieux son rôle de séducteur, dont les dernières vacances promises à chacune des trois femmes vont se finir avec la fille d’un des couples.
"Sachons aimer, boire et chanter,
C'est notre raison d'exister,
Il faut dans la vi-e
Un brin de foli-e
Heureux celui qui chaque jour
Se grise de vin et d'amour,
Et par une chanson
De sa joie emplit la maison !"


dimanche 30 mars 2014

Don Quichotte du Trocadéro. José Montalvo.

Le  rapprochement avec l’œuvre de Cervantès m’a paru tellement allusif que ce moment de danse aurait pu aussi bien s’intituler : « meunier tu dors à la station Chatelet» tant l’humour est présent. D’après le document d’accompagnement, il est question aussi de déconstruction du ballet « Don Quichotte » du bien nommé Petipa monté en 1869, ce qui nous vaut une apparition de danseuses en tutu qui nous semblent aujourd’hui tellement incongrues et belles au milieu des danseurs de claquettes, de hip hop, de flamenco…
Cette diversité est la marque de la troupe déjà présentée à la MC 2
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2011/04/orphee-hervieu-montalvo.html 
qui ne remet pas en cause la cohérence du spectacle mené  vivement pendant une heure et demie. Si l’esprit satirique du roman est bien présent à travers un fond vidéo poétique et efficace, le côté « inaccessible étoile » induit par mes souvenirs de Brel ne m’a pas semblé évident. Mais le burlesque dans le domaine chorégraphique est tellement rare que le public n’a pas boudé son plaisir.
La présence d’un meneur de jeu candide et drôle n’entame pas la beauté des prestations des danseurs, le mime ne mine pas l’esthétique. Les moulins n’auraient pu brasser que du vent, ils nous font sourire en entrant dans la danse, et à leurs pieds, les 13 danseurs nous font passer un excellent moment.