Il parait qu’il ne subsiste qu’un tiers du long livret de « Didon
et Enée » de Purcell écrit en 1689 dans ces deux heures de spectacle, le
reste étant de la farce (« Le Didon de la farce » n’est pas de moi),
sauce Monty Pithon, en tous cas humour anglais, réservé plutôt aux « happy
few ».
Je suis de ce public qui essaye d’accéder à des domaines qui
ne me sont pas familiers : « opéra- champagne-caviar » quand sur
le plateau, les voix disent, dit-on, les passions.
L’opéra est un genre qui ne se laisse pas aborder
facilement, mais j’étais content après l’avalanche de propositions loufoques, que
les chanteuses mêlées avec bonheur aux musiciens puissent montrer tout leur
savoir.
Les dieux contrarient
l’amour de la reine Didon envers Enée qui la quitte, elle en meurt de
chagrin.
Devant la faveur critique qui présentait ce mix théâtre/opéra,
je m’attendais à apprécier pleinement un spectacle « déjanté » bien
que le qualificatif devienne un passage désormais banal dans un monde de « péteur
de câbles » et de « grimpeur de tours ».
La mode est au collage si possible hétéroclite. Pourtant si je
reconnais volontiers auprès de mes amis qui ont apprécié en majorité cette
soirée à la MC2,
des séquences sympathiques, des digressions curieuses, l’ensemble baroque m’a
paru de bric et de broc destiné à devenir « gravataire », c’est que
nous sommes dans les débris.
J’ai aimé quand Enée traine Didon sur un tapis rouge et
inversement, quand la reine amplifie les battements de son cœur et que la
musique se déchaine, quand elle s’installe à la batterie.
Mais l’esthétique des ruines me lasse quand m’assaillent des images de Sarajevo ou de Haïti,
de préférence à Carthage contrée si proche des dieux dans ces temps où Cupidon
fréquentait les demi-dieux et les demi-sels. Un emblématique skieur fournit une
prestation spectaculaire et originale mais je n’en ai pas perçu l’utilité dans
cette œuvre dont j’ai eu l’impression d’avoir attendu trop longtemps qu’elle
démarre enfin.