La Pen
menace de poursuivre ceux qui la situent à l’extrême droite.
C'est elle qui est très suivie, sur un créneau encombré: les idées, les comportements issus du ventre nauséabond plus que jamais
fécond, envahissent la société et nos têtes bien au-delà des siglés de la
flamme archaïque. Sous des masques ou des bonnets aux couleurs trompeuses.
Quelques arrangements électoraux misérables ou des insultes proférées
par des enfants mal élevés sont des symptômes, le mal vient de loin et ne
concerne pas qu’un hexagone. Le rejet de l’autre est un trait très répandu dans
tant de tribus. Mais je sais les effets
dévastateurs du cri « au loup » devenu inaudible car trop utilisé,
exemptant en outre le lanceur d’alerte de tout examen.
La problématique de l’étranger occupe toute conversation et
face à la complexité, les réponses brutales et simplistes sont en première
ligne. L’impuissance face aux interdépendances croissantes se compense dans
l’érection de frontières symboliques, du périmètre le plus intime jusqu’aux
marches de l’Europe en passant par son jardin. Jusqu’au vocabulaire qu’il
convient de restreindre pour flatter l’électeur en s’abstenant de toute nuance,
de toute réflexion allant au-delà du réflexe : première marche lâche vers
l’aveuglement.
L’intellectuel est méprisé et quand les mots permettant le
recul sont bannis, comment répondre après Badiou : « De quoi Sarkozy
est le nom ? » : « De quoi le FN est le nom ? »
Un candidat aux élections municipales opposant à la municipalité
sortante de Saint Egrève a tenu quelques propos méprisants à l’égard de la
culture. Je n’ai pas dit « candidat de gauche » car celui-ci se
garde en ces temps de toute référence de cet ordre, portant ses priorités sur
la « sanctuarisation » du parc de Fiancey, mais guère sur la
préservation de quelque valeur soc’. Comme tout ce qui est excessif est
insignifiant, je rapprocherai ses propos
désinvoltes de la réaction de « Notre frivole monarque » de
jadis : « ah l’écologie, ça
commence à bien faire » plutôt que de Goebbels sortant son
pistolet quand il entendait le mot culture.
Manque de vision, pêche aux voix près des bouches d’égout,
petit bras et pistolet à eau.
Sur ces démissions de toute exigence, sur ces paresses, sur
l’impossibilité d’envisager la nouveauté, la démagogie joue de ses fards.
La confusion règne : qui a-t-il de commun entre les
porteurs de bonnets rouges pendus aux arbres par les troupes de Louis XIV parce
que des manants s’opposaient aux impôts destinés à Versailles et les objecteurs
d’impôt républicain ? Les écolos sont infoutus de défendre l’écotaxe ,
Moscovici a repris le mot « ras le bol fiscal » et bien peu font
valoir la solidarité permise par l’impôt dont la réforme est « partie à la
réforme » comme on dit de chevaux retirés des champs de course.
Face à ces consternants constats, je veux croire le
sociologue Jean Viard dans Libé :
« Il faut dire
que les métropoles sont le cœur du monde qui nait car c’est là que nos liens
collaboratifs, numériques croisent nos liens charnels, concrets - densifiant
rencontre et créativité. Comme dans les grandes firmes. Mais il faut dire aussi
que les lieux de la qualité de la vie, le Sud ; les bonnes écoles, les
petites villes, la proximité solidaire, la créativité culturelle dynamisent ce
modèle de création de richesse. »
Mais il sait bien :
« L’immense péri
urbain que nous avons construit autour de nos villes glisse vers le FN ;
les régions du vivre et travailler au pays des années 70 s’enflamment ;
les riches refusent l’impôt ; les moins riches aimeraient comprendre ce
qu’ils vont payer. La gauche parle d’égalité mais ne comprend pas l’individu,
la droite glisse vers l’identité sans penser la mondialisation. »
Et en politique : « on y cherche des places plus que des espérances, des adversaires
plus que des partenaires »
Vieux pays qui se la joue jeune en flattant le fugace, le
facile, avec des vieux démissionnaires, excepté de leurs mandats qui
s’accumulent.
……
Le Canard n’offrant cette semaine que de l’attendu, ce dessin
décalé du « Point » conviendra pour accompagner cette semaine en politique.