En ces temps dépapaoutés, où les statues sont désenvoutées, quand
il est question de descendantes de la papesse Jeanne, il ne peut s’agir que de
femmes au royaume de l’art :
cinq sculptrices de Camille Claudel à Berlinde De Bruyckere
dont les œuvres sont présentées à Avignon dans un hôtel particulier et au
palais des papes.
Elles acquièrent de la force en ces cadres grandioses par un
dialogue avec des œuvres patrimoniales qui elles aussi regagnent de la vigueur.
« Le pape est
mort, un nouveau est appelé à régner.
Araignée quel drôle de
nom !
Pourquoi pas libellule
ou papillon ? »
Camille Claudel fut internée il y a 100 ans à Montfavet, à
quelques pas de là.
De ses sculptures émane la douleur lorsque des mains tendues se
figent dans l’éloignement de « l’âge mûr » ; et même ses
vivantes « causeuses » sont tragiques.
Les araignées de Louise
Bourgeois sont moins impressionnantes que celle de Bilbao, mais celle qui
mourut à 99 ans donne un aperçu de sa vitalité lors d’un film présenté dans le
parcours. La diversité de ses productions est un bain de jouvence avec par
exemple ses tissus inventifs et délicats.
« La biche
accouchant d’une femme » de Kiki
Smith m’a surpris au détour d’une salle.
La production de l’américaine est aussi très variée avec une
« touche féminine ».
Cette appréciation pourrait se faire taxer de « sexisme pâtissier » par des associations dont je ne comprends pas l’indignation lorsqu’un intervenant dans une émission sur France 2 a laissé échapper :
Cette appréciation pourrait se faire taxer de « sexisme pâtissier » par des associations dont je ne comprends pas l’indignation lorsqu’un intervenant dans une émission sur France 2 a laissé échapper :
"Dans cette crème
chantilly, j'ai senti une touche féminine"
et il n’était pas question de Zahia qui vient de présenter
sa collection de boulingerie-patisserie.
« La princesse au petit pois » et les belles
sphères en verre soufflé évoquant des planètes de la canadienne Jana Sterbak tiennent bien leur place
dans un ensemble colossal qui compte plus de 300 propositions présentées
jusqu’au 11
novembre 2013.
La plus dérangeante, la plus marquante, est la plus jeune,
la belge Berlinde De Bruyckere avec
ses cires torturées figurant des articulations
étirées, des peaux débordantes de cadavres qui évoquent Bacon et tous ceux qui
représentèrent les suppliciés depuis la nuit des temps.