dimanche 27 mai 2012

Galliano Sextet. From Bach to Piazzolla.

Non pas John … Richard,  à la MC 2, celui qui a accompagné Gréco, Reggiani, et Nougaro .
D’ailleurs qui s’en souvient puisqu’on a souvent mis en avant ses comparses de micro ou ceux qui jouaient des instruments à cordes ?
Il substitue l’accordéon au hautbois, au clavecin dans des concertos de Bach avec lequel il évite justement les morceaux destinés à l’orgue qui rappelle trop précisément « le piano à bretelles ».
Mais l’instrument des bals musette ne se défait pas aussi facilement de ses complexes : est ce que tous les morceaux classiques s’accommodent de ses soupirs ?
Le public a visiblement apprécié qui reprend « La Javanaise » après deux rappels.
L’interprète chaleureux est aussi compositeur qui joue sur la nostalgie aux accents tziganes avec l’évocation de Montmartre, ou dans des blues.
J’ai aimé les mouvements lents et quand après l’effusion viennent quelques notes ténues.
 Il rend avec virtuosité des sons jazzy et nous fait traverser l’océan vers son maître Piazzolla.
Le morceau de l’argentin qui aimait la pêche aux requins, intitulé « Escualo» nous apaise après une bordée de sentimentaux tangos.

samedi 26 mai 2012

Un Américain bien tranquille. Graham Greene.

Ce titre « me disait quelque chose », mais quelle jubilation de le découvrir et d’entrer immédiatement dans une histoire qui ne m’a pas lâché tant que je ne suis pas arrivé à la 253° page !
De la tension et de la langueur, de la limpidité et de l’ambigüité, un élégant détachement et de l’engagement, désabusé et lucide, humour et tragédie d’un destin implacable.
 La restitution de l’atmosphère du Viet Nam est sobre au moment où les américains vont succéder aux français dans une colonisation impossible.
Années 50. Reportages en 2011 : kif kif.
Les dialogues sont au cordeau, les portraits efficaces :
« C’était un homme qu’on oubliait toujours. Encore aujourd’hui je suis incapable de le décrire, je ne me rappelle que de son obésité, ses joues rasées de près et poudrées, et son gros rire ; son identité entière m’échappe. Je sais seulement qu’on l’appelait Joe. Il y a des hommes dont les noms sont toujours abrégés. » 
Les belles femmes y sont secrètes et fascinantes, la vie douce et terrible.
« Au moment même du choc, on souffre peu ; ma souffrance arriva vers trois heures du matin, quand je me suis mis à arranger la vie que, d’une façon ou d’une autre, il me faudrait vivre, et à classer mes souvenirs afin de les éliminer, je ne savais par quel moyen. Les souvenirs heureux sont les pires, aussi essayai-je de me rappeler les mauvais » 
La puissance de la dénonciation d’une guerre absurde n’est pas convenue, elle est au cœur d’un chef d’œuvre.
« - En un sens on pourrait dire qu’ils sont morts pour la démocratie, dit-il. 
- Je serais incapable de traduire cela en vietnamien, dis-je »

vendredi 25 mai 2012

Internet écrit-il la fin du livre ?

Premier débat au forum de Libé, d’une série de dix, après une introduction générale avec N. Demorand et G. Collomb où est évoquée la technologie qui pourrait amener l’énergie venant du soleil du Sahara vers nos métropoles alors que l’entreprise Photowatt dans les parages à Bourgoin était à plat et qu’il y a bien du travail pour remettre debout une filière photovoltaïque.
Quand l’état nation ruiné, essoufflé est bousculé, l’espérance se porte vers « Les Nouvelles frontières » titre de la saison 2011 du forum de Libé à Lyon.
« Une idée forte communique un peu de sa force aux contradicteurs » M. Proust
La filière dont il est question dans ce débat autour du livre est celle qui regroupe auteur, éditeur, libraire, défendue par le PDG actuel de la FNAC qui proposait alors sa « liseuse » numérique complémentaire du livre disait-il. Le vilain pour lui : le pure player Amazon.
Les incunables sont remis à jour, « la numérisation donne une vie nouvelle aux textes » plaidera le directeur de Google France, faisant valoir son partenariat avec les bibliothèques de Lyon.
Mais ce qui est bon pour les auteurs morts peut mettre les auteurs vivants en difficulté.
C’est Olivier Poivre d’Arvor plus dense que son frère qui défend le livre en papier.
« On peut regarder un film porno, mais faire l’amour c’est mieux »
 L’objet sacré, souvent recommandé par un ami de son réseau social avant que le mot soit pris dans la toile, n’a pas tué le manuscrit.
L’écriture est vieille de 4000 ans, l’imprimerie de 550 ans, Internet de 35 ans et la toile a 20 ans.
Internet n’a pas tué la télévision qui n’a pas tué le cinéma qui n’a pas tué le théâtre.
La résistance du cinéma français face à des entreprises mondialisée peut servir de modèle alors que le contre exemple serait l’industrie du disque écroulée.
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Le dessin du Canard

jeudi 24 mai 2012

100 photos de Martin Parr pour la liberté de la presse.

Pour Reporter Sans Frontières, le photographe anglais a offert 100 photos qui donnent à réfléchir sur le tourisme, en vente chez les marchands de journaux : un soutien à l’organisation qui précise que dans le monde « un acteur de l'information est tué tous les cinq jours »
Des plages d’Angleterre à celles de Bali, des foules à Shanghai ou Venise, en des lieux remarquables sur l’Acropole ou le Machu Pichu, nous rencontrons les stéréotypes des photographes autour de la tour penchée de Pise, avec les vendeurs de babioles à Venise, sur fond de couleur rose à Disneyland.
Les rapports de domination en Turquie, la tristesse en Thaïlande, le mauvais goût, l’indifférence, l’obscénité. J’ai été de ces touristes, comme lui, avec ma casquette qui fait tache dans des lieux sublimes.
Nous sommes au monde, nous l’admirons et l’abimons, nous sommes contents d’arriver dans la carte postale dont nous rêvions mais elle est submergée par les faiseurs et les marchands de clichés.
L’humour peut-il nous sauver ?
Le tourisme fait vivre des millions de personnes et il dégrade l’objet même de ses revenus.
« Le tourisme est le plus grand secteur industriel du monde : même le pétrole ne peut rivaliser, au contraire, il est en grande partie utilisé par cette industrie. »

mercredi 16 mai 2012

Vous avez dit « digne ».

Le niveau du débat au soir des élections présidentielles, où il y avait plus de motos que d’analyses, m’éloigne de toute pudeur pour mettre en ligne quelques mots.
In extrémis, le candidat de droite est apparu comme un président « digne », en demandant le calme à ses partisans hystériques. Mais qui les avait excités et qui dénie aux autres l’amour de leur pays ?
Ces supporters étaient décidément dépourvus d’arguments pour rabâcher :
« le candidat qui se présentait face à leur favori n’avait jamais été président », lui il ne l’est plus.
Cette rengaine vieillotte de l’illégitimité de la gauche redonne vigueur à mes convictions.
La victoire du 6 mai va à l’encontre de destins tout tracés, et c’est encore plus délicieux pour tous ceux qui ont accumulé les défaites, les reculs sociaux, les humiliations, la honte après tous ces mensonges, toutes ces manipulations, cet abaissement constant du débat politique.
Les citations d’un faiseur de discours arrachées à des livres du temps où il était gaulliste ne peuvent même plus faire diversion.
Mais les traits les plus détestables de ces dernières années ne disparaissent pas avec l’histrion.
Dans une discussion sur le net où j’intervenais pour contester le terme qualifiant Hollande de « bourgeois », je me suis fait remettre à ma place de dispensateur de cours.
Moi qui regrette souvent le côté donneur de leçons de la gauche, je me suis retrouvé assigné dans le territoire imaginaire des belles idées, méconnaissant par définition les dures réalités du quotidien.
La désinformation n’est pas aisée à débusquer et ceux qui voient « des BMW garées devant les guichets de la République conduites par des dealers magrébins accompagnés de leurs femmes grillagées ».
Ils pensent accéder à des données d’autant plus incontestables qu’elles font mine de se penser iconoclastes. Des ragots du même ordre ont été répercutés par le challenger droitier, dernier des douaniers, désormais retourné à ses problèmes de tout à l’égout.
J’aurai beau reprendre les chiffres de Laurent Maffeïs dans son livre « Les cinq mensonges du front national », je ne convaincrai pas cette jeune maman avec laquelle j’ai échangé. Elle qui doit affronter l’arrogance de petits coqs qui tiennent les murs de son quartier.
Pourtant : « Si l’on totalise toutes les allocations ou services reçus par les immigrés en France on arrive à 47, 9 milliards d’euros par an. Mais alors il faut compter tout ce que rapportent les immigrés au pays en versement d’impôts et de cotisations qui représentent plus de 60 milliard d’euros. Au final l’immigration rapporte donc concrètement plus de 12 milliards d’euros chaque année à la France. » Et ces médias que l’on jetterait volontiers du haut de leur suffisance, de leur opportunisme, de leur manque de courage, nous représentent-ils quand ils insistent : «Alors vous trouvez qu’il y a trop d’étrangers en France ? » Qui parle à ce moment là ?
Le vibrion se disait tout puissant, il s’est dissipé avec le dernier fait divers ; il fanfaronnait : « je vais l’éclater ce nul » et il s’est retrouvé battu.
Certaines de ces postures de cours de récréation vont passer sous les dents des déchiqueteuses qui fonctionnent en ce moment à plein régime, nous allons pouvoir peut être envisager des débats à la hauteur des enjeux majeurs qui nous attendent.
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Je vais au cinéma pendant une semaine, pause ordinateur pendant une semaine.

mardi 15 mai 2012

Quelques jours avec un menteur. Etienne Davodeau.

Cinq amis d’enfance désormais trentenaires se retrouvent une semaine dans un chalet.
Les personnalités se découvrent dans une ambiance de douce déconnade, de camaraderie virile.
 Balades, grasses mat’, régression, on joue aux dames la place sur le canapé : les vacances.
Mais pourquoi ce titre ?
 Par la radio n’arrivent pas que les résultats du championnat de foot: des bombes de peinture à l’eau explosent dans des villes sans faire de dégâts.
Rien de dramatique, un fil pour un scénario sympathique où la bienveillance est au rendez-vous des 176 pages qui se parcourent avec plaisir.

lundi 14 mai 2012

Bi, Dang So. (Sois fort). Phon Dang Di

Un spectateur de ce deuxième film Vietnamien présent à Cannes après « L’odeur de la papaye verte » parlait à la fois de pudeur et d’impudeur de cette production qui va fouiller sous les lits, dans les pots de chambre, avec des protagonistes qui s’enferment dans leurs secrets, leurs solitudes.
Pourquoi le fils refuse de voir son père revenu vivre ses derniers jours dans la maison de la belle fille qui va se consacrer à lui ?
La tante échappe au célibat mais les perspectives de vie heureuse ne sont pas évidentes.
L’enfant, pourrait apporter un peu de fantaisie dans cet univers moite, mais le jeu du jeune acteur un peu cabotin émousse ce regard.
 Le thème de la glace constitue un truc narratif qui appelle forcément la boutade : "le spectateur reste de glace", même quand il est fait un usage inédit d’un glaçon.
Malgré la beauté des femmes, ce film ne laisse pas de trace sympathique pourtant l’on ne s’ennuie pas mais je m’en veux de ne pas sortir du préjugé de l’impassibilité des hommes de là bas.