jeudi 22 décembre 2011

« Le peuple veut ». La révolution Tunisienne.

Aux moulins de Villancourt à la limite entre Echirolles et Pont de Claix sur le cours Jean Jaurès jusqu’au 23 décembre 2011 sont exposées des affiches, des dessins de presse d’Europe et de certains pays arabes, sur les jours qui ébranlèrent la Tunisie.
Avec un drapeau rouge, un croissant de lune, une étoile, les graphistes peuvent s’en donner à cœur joie en rappelant des airs de liberté qui soufflèrent jadis rue Soufflot ou à Gdansk. Travaux efficaces des artistes. Mais la convocation de l’image de « La liberté guidant le peuple » drapée dans un foulard bien couvrant, œuvre d’un lycéen, m’a semblée discutable dans un ensemble remarquable de travaux d’élèves. 
A trop adresser de clins d’œil, on y voit trouble. 
Enfin, il n’y a pas que les symboles qui se brouillent en ce moment dans les pays qui assument leur libération. Par contre le chat dénommé Willis de Tunis est sans ambigüité, c’est un personnage percutant. 
Nadia Khiari qui le dessine ne manque pas de verve.

mercredi 21 décembre 2011

Après Lisbonne : Saragosse

Nous sommes en avance d’une heure et demie sur l'horaire prévu et confions notre sort à madame Tom Tom qui nous sort de Lisboa sans encombre. Notre longue étape dépassant les 800 km passe par Badajoz (la frontière) Caceres, Madrid et Saragosse. Peu de circulation. La voiture roule bien, trop bien même car un véhicule à moteur banalisé à peine balisé nous contraint à nous arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence ; un bras agité par la fenêtre impérativement est le signe le plus apparent de la Guarda civil, ainsi qu’une bande passante lumineuse sur la plage arrière de l’automobile qui nous dépasse. Un «sergent Garcia » peu amène, se dispensant d’un bonjour élémentaire, verbalise l’excès de vitesse de 137 km/h au lieu des 120 autorisés, photographié depuis le véhicule administratif équipé d’ordinateurs et radars.
C’est à la vitesse réglementaire nettement plus poussive que nous atteignons à Saragosse l’hôtel Avenida, Avenida César Augusto n°55, excellemment situé en plein centre où la circulation se révèle compliquée à cause des sens interdits et de rues vraiment étroites. L’accueil en français est efficace et agréable. Nous profitons sous une chaleur d’été (30°) de la ville en fin d’après midi. Grande place devant la cathédrale Virgin del Pilar pas loin de l’Ebre, églises, loggia, fontaine en forme de mur d’eau au bruit rafraîchissant. Lors de ce passage éclair, la capitale de l’ Aragon comme San Sébastien à l’aller nous semble prospère.
On croise des mariés à tous les coins de rues souvent dans des voitures de collection, décapotables, américaines, Rolls Royce, sortant de l’église ou attendant d’y entrer, prenant des poses étudiées pour les photographes professionnels. Les rues piétonnes sont arpentées par des familles ou des couples « habillés en dimanche », s’attardant devant les saltimbanques et amuseurs. Le couchant fait chanter les couleurs des pierres. Nos pas nous conduisent au hasard et nous choisissons le restaurant de tapas « La Republicana » calle Mendez Nunez 38 où nous mangeons plus que copieusement dans un décor de brocante et d’évocation des années 30.

mardi 20 décembre 2011

Renée. Ludovic Debeurme.

La suite en 500 pages de « Lucille », dans la même veine déprimante.
Arthur est en prison, où il n’est pas à l’abri d’une explosion de violence qui arrive inéluctablement.
La tension se retrouve aussi au-delà des murs avec celle qui l’attend et se ronge.
Par ailleurs, les aléas de la rencontre adultérine de Renée et d’un homme n’apportent même pas une once de tendresse, l’ennui reprend le dessus.
Les solitudes de chacun sont peuplées de fantômes dessinés d’une plume acérée avec des corps déformés pour matérialiser leur douleur. A la pointe sèche.
Les traumatismes de l’enfance mènent tellement à l’autodestruction, que nous n’arrivons plus à croire à une heureuse issue quand de nouvelles rencontres surviennent.
La poésie n’est pas toujours consolatrice :
« Le temps n’a pas de cœur. Mais il bat… Il bat comme un démon. Il enfonce son rythme des enfers dans les plis de notre peau… Il débobine notre fragile pelote et nous tend, un jour venu, le bout du fil pendouillant. »

lundi 19 décembre 2011

Cinéma : rattrapage.

Certains films reviennent souvent comme des références, alors nous nous sommes prescrits une session de remédiation avec quelques DVD.
« Tant qu’il y aura des hommes »et sa séquence du baiser de Burt Lancaster et Déborah Kerr a été tellement vue, qu’elle a épuisé sa hotte, et si Burt est mieux en « Léopard » qu’en maillot de bain remonté très haut, Montgomery Clift lui peut faire tomber filles et garçons sans avoir à remettre les gants. Le film n’est plus très crédible aujourd’hui tant la patte de celui qui réalisa pourtant « le train sifflera trois fois » nous a semblé lourde dans un milieu militaire qui ne prête pas à la nuance.
« Sur les quais » de Kazan brille aussi par la personnalité de Brando mais le sujet des syndicats maffieux traverse les époques depuis 1954 et l’idylle est émouvante.
« Nos plus belles années » met à l’affiche le beau – décidément - Robert Redford et Barbara Streisand que j’ai bien aimée dans cette fresque qui reflète une époque sans avoir pris trop de rides.
La cruauté dans « Le chat » avec Gabin et Signoret est tout à fait contemporaine, il est vrai qu’inspiré de Simenon l’affaire était déjà bien engagée.
« L’homme de la rue » de Capra, c’est Garry Cooper devenu John Doe, un phénomène politique créé par Barbara Stanwyck en journaliste. Si le film de 1941 est manichéen à souhait, replacé dans le contexte historique, il illustre bien une façon très américaine d’envisager la politique avec des politiciens manipulateurs, une presse toute puissante, un peuple naïf, un dénouement heureux après un destin miraculeux.

dimanche 18 décembre 2011

Les clowns. François Cervantes.

« C’est un malheur du temps que les fous guident les aveugles. » Shakespeare
Cela faisait belle lurette que je n’avais vu de clowns et avant que je retourne sous chapiteau à l’Esplanade il faudra que ma petite fille grandisse un peu.
Dans la salle de création de la MC2, les nez rouges s’appellent Boudu, Arletti et Zig.
Une fois passés les rires de convenance, j’ai retrouvé la force dérangeante de ces personnages théâtraux qui m’avaient fait aduler le film de Fellini. Celui-ci leur rendait hommage en 1970.
Entre comique régressif et tragique à la Beckett, les gestes mécaniques des paillasses sont ceux des nourrissons, gestes premiers aux analogies animales. La chute est proche de l’envol, la barbarie de la tendresse, la naïveté de la roublardise, la finesse, des effets les plus gros. La poésie, le jeu, la couardise sont des ingrédients que l’on peut repérer dans la pièce du roi Lear redécouvert par les trois excellents acteurs sur fond de château en carton, où le pouvoir est mis à nu.
Problèmes de succession et vieillissement : de quoi remplir les salles.

samedi 17 décembre 2011

Ma grand-mère avait les mêmes. Philippe Delerm.

Ce titre s’explique par une réflexion ambiguë entendue dans une brocante entre tendresse vis à vis du passé et mépris.
Comme annoncé en sous titre, « les dessous affriolants des petites phrases » sont soulevés avec légèreté :
« n’oubliez pas de rallumer vos portables », « on ne vous fait pas fuir au moins ? » universels,
et des détresses plus personnelles : « c’est le soir, que c’est difficile »,
des élégances : « V’là le bord de la nuit qui vient »,
des fiertés : « j’ai moins huit su’l’plateau »
ou radiophoniques « merci de prendre ma question »
Mais le « maître confiseur », derrière le caractère anodin de certaines expressions, gratte le sucré pour révéler une frontière difficilement franchissable avec « du côté de mon mari »
où le ton comminatoire du « par contre, je veux bien un stylo » de celui qui ne veut pas partager l’addition.
« - Cette fois c’est presque l’hiver ! - Oui, on commence à coucher les oreilles ! Des ouvriers accrochent des guirlandes à l’angle de la pharmacie. Encore quelques jours avant d’allumer les lumières. On n’a rien dit de trop. Surtout ne pas effaroucher l’ombre légère de l’idée. Le thermomètre rouge est descendu encore d’un degré. Il pourrait bien neiger. » 
L’ancien prof de collège est devenu directeur de la collection « le goût des mots » qui a l’air de promettre d’autres bons moments de lecture.
Une fois encore « ça a été » avec l’écrivain reposant, « y a pas de souci ».

vendredi 16 décembre 2011

La gauche moche et la mouche du coche.

De Bouches du Rhône en Pas de Calais, les boulets que le PS traine depuis longtemps reviennent sous notre nez. Où le terme de mafia est employé avec naturel pour quelques uns qui se sont sans doute lavé la bouche avec Jaurès dans leur jeunesse.
Tant mieux si les abcès sont vidés.
Les soupçons à l’égard des porteurs de mauvaises nouvelles sont dérisoires bien que dans l’air du temps où le mobile de chaque action devrait être égoïste voire cynique.
La non résolution des problèmes nous accable.
Oui les médias organisent la remontée du compagnon d’Angela avec Pujadas en cireur de première et France Inter en propagandiste éhonté de BHL. Avec la ronde des éditorialistes qui expriment l’unique pensée, ils pourraient faire des économies, un seul suffit. Ils organisent la perte d’audition et la constatent, ils vérifient les délices de l’autoréalisation comme agences de notation.
En plus : « Nous au village aussi l’on a de beaux assoupissements »
Ici, à Saint Egrève, la Gauche dans l’opposition flatte tous les conservatismes au nom d’une démocratie qu’elle ne met guère en œuvre pour son propre compte. Pourtant ce n’est pas la taille de ses assemblées qui peut rendre difficile la plus infime circulation de l’information. Et ce ne sont pas que les socs’, les gâte-sauces qui sont concernés ; nos assocs’, elles, sont devenues muettes.
Nous voulions travailler sur le long terme, mais en ne proposant pas de personnalité sur le pré - biquet s’abstenir- nous nous sommes condamnés à l’indifférence, et sommes apparus comme des donneurs de leçons anodins.
Des ambitions se réveilleront peut être avant les élections municipales, est- ce qu’elles donneront matière à des primaires pour que justement la participative démocratie s’exerce, là?
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Dans le Canard cette semaine