« Caricare » : charger un fusil avec de la poudre.
Cette étymologie me paraissait en accord avec le sujet de la conférence de Gilles Genty aux amis du musée. Elle permet de dépasser un statut d’art mineur en misant sur l’efficacité, la fulgurance, le partage avec le plus grand nombre.
Lebrun avait codifié les divers moyens de représenter les sentiments et les expressions et devant le succès avait prolongé son cours par des tirages destinés à un public plus large.
Mais qui de mieux que Diderot dans son Encyclopédie pour rappeler les fondamentaux ?
" L’art consiste à démêler le vice réel ou d’opinion qui était déjà dans quelque partie, et à le porter par l’expression jusqu’à ce point d’exagération où l’on reconnaît encore la chose, et au-delà duquel on ne la reconnaîtrait plus ; alors la charge est plus forte qu’il soit possible."
L’abbé Grégoire donne envie de mieux connaître son œuvre quand il écrit : « Le législateur qui méconnaitrait l’importance du langage des signes, serait en dessous de sa mission, il ne doit laisser aucune occasion de s’emparer des sens, pour réveiller des idées républicaines ». Il parle d’or quand se réinvestissent tous les symboles y compris pour les moquer voire les mettre à bas.
En ces années révolutionnaires, seule la figure du roi était connue par les pièces de monnaie, il était nécessaire de sous- titrer les dessins à la pointe sèche ou les gravures à l’eau forte rehaussées de couleurs au pochoir. Les colporteurs, les placards sur les murs assurèrent une propagande à ces images qui commençaient leur règne. C’est le passage aussi du privé au public, et si nous furent épargnées les charges les plus crues envers Marie Antoinette, la virilité de Louis Capet, apprenti serrurier, est mise en doute. Le plus souvent c’est l’anonymat qui régnait, même si une gravure de David a pu être tirée à 2000 exemplaires. Au fur et à mesure des tensions, la violence des représentations augmente et mesure l’état de l’opinion.
Les rapports hiérarchiques basculent et les formules passent de« il faut espérer que ce jeu là finira bientôt » à « J' savois ben qu' j’aurions not' tour ! » Ce sont les titres pour signifier que le temps où la noblesse et le clergé chevauchaient le tiers état est révolu, nous en avons vu des versions féminines plus originales que celles qui figurent dans nos livres d’histoire.
J’ai découvert également avec plaisir James Gillray, même si l’anglais se montrait virulent envers la révolution française en n’hésitant pas à représenter les révolutionnaires en anthropophages. John Bull se fait également apporter la flotte française sur un plateau avant de la dévorer. Une gravure de l’assemblée des Capucins ou « l'harmonica des aristocruches » a bien été présentée, mais la verve d’alors m’a semblé avoir perdu de cette énergie qui enflamma ces temps où les sans culotte étaient montrés culs nus.
Napoléon brise ses échasses quand il effectue le grand écart entre Madrid et Moscou.
Nous entrons dans le XIX ° siècle.
jeudi 7 avril 2011
mercredi 6 avril 2011
Touristes en Chine 2007. # J 12. Les soldats de terre cuite.
Je suis réveillé à six heures par des compagnons de voyage méfiants, le train arrive bien à 7h45 comme prévu. Une marée humaine sort de la gare. Sur le parvis nous repérons notre contact grâce à son panneau « Tai Yang »: petite dame nommée Amandine (Hui Xia). Il nous faut marcher un moment avant de rejoindre notre mini bus jusqu’à l’Hôtel Dynasty, classieux.
C’est avec plaisir que nous déjeunons avant une bonne douche.
10h : Départ pour la visite des soldats « terra cota », guerriers en terre cuite, à 50km de Xian, site très touristique. Nous nous offrons un taxi électrique pour parcourir la distance parking-site. Trois fosses sont abritées par de modernes bâtiments.
On ne verra pas l'intégralité des huit milles sculptures polychromes grandeur nature, alignées pour l’éternité. Certaines ont été enterrées pour éviter leur dégradation. Elles protégeaient le mausolée de l'empereur Qin, le premier à avoir unifié la Chine, trois siècles avant Jésus-Christ.
L’entrée est saisissante : tous les guerriers sont différents, alignés à 5 m en sous-sol avec des chevaux. Si les premières rangées sont debout, les suivantes permettent de voir l’état du site lors de sa découverte récente en 1974. Au fond, « l’hôpital » où opèrent des archéologues.Dans la deuxième fosse, on aperçoit les ondulations de poutres des toits effondrés avec l’incendie. La cavité est peu déblayée, mais dans des vitrines on peut voir de près un archer à genoux, jusqu’aux détails les plus fins : semelle, coiffure tressée, un officier.
La troisième fosse, plus petite mais la plus proche du tumulus de l’empereur présente des officiers dont les couleurs se sont effacées au contact de l’air (1984)
Dans le musée : une oie et un canard en bronze et surtout deux chariots en bronze : le premier est conduit par un officier sous son parapluie directionnel avec un système astucieux, le deuxième est recouvert d’un toit en forme de carapace de tortue en bronze, or et argent, quelle finesse des détails datant de 200 ans avant J.C : ça vaut vraiment le coup !
Malheureusement nous allons rentrer par un chemin passant par un village de commerces pensé beaucoup trop grand et à moitié vide. De toutes façons les vendeurs préfèrent tenter leur chance dans la rue ou aux portes des bâtiments.
Retour à Xian : le marché médicinal. En chemin aller comme retour, notre guide répond ou devance nos questions avec une maîtrise de la langue française, une culture et une maturité qui nous enchantent. Ex : « si le gouvernement n’avait pas imposé l’enfant unique, il y aurait 400 millions de Chinois de plus. Si l’armée des guerriers avait été retrouvée pendant la révolution culturelle, cela aurait été catastrophique. »Le marché des grossistes est réservé aux pharmaciens et aux médecins : gros sacs de graines, fleurs séchées, scorpions, placentas humains séchés, lézards écartelés, ginseng, gingembre… Amandine cherche à nous expliquer. Nous sommes seuls, les marchands jouent aux échecs ou au mah-jong. Dans le bus, notre guide nous parle de l’équilibre entre le yin et le yang, nous énumère la liste des marchandises que l’on peut trouver dans ce marché.
Parc de la petite pagode de l’oie de 13 étages, 2 se sont effondrés lors d’un tremblement de terre. Dans le jardin, les stèles pour attacher les chevaux sont variées ainsi que les pierres pour en descendre : rondes pour les militaires, avec des marches pour les proprios et les intellectuels. Nous passons par les boutiques : sculptures dans des racines, peintures. Dans le magasin de peintures et de calligraphie nous apprenons que le mot France est traduit : « pays des lois ».
La pluie finit par tomber finement, la chaleur et la moiteur nous ont collés depuis notre arrivée.
Nous dégustons des raviolis fourrés aux formes variées en accord avec leurs contenus, salés ou sucrés. Alcool de riz chaud. Formulaire de satisfaction à la fin, nous ne payons que les bières. Nous sommes presque seuls, il faut dire qu’il n’est pas encore 18h.
Retour à l’hôtel où nous prenons nos quartiers pour une bonne nuit réparatrice
C’est avec plaisir que nous déjeunons avant une bonne douche.
10h : Départ pour la visite des soldats « terra cota », guerriers en terre cuite, à 50km de Xian, site très touristique. Nous nous offrons un taxi électrique pour parcourir la distance parking-site. Trois fosses sont abritées par de modernes bâtiments.
On ne verra pas l'intégralité des huit milles sculptures polychromes grandeur nature, alignées pour l’éternité. Certaines ont été enterrées pour éviter leur dégradation. Elles protégeaient le mausolée de l'empereur Qin, le premier à avoir unifié la Chine, trois siècles avant Jésus-Christ.
L’entrée est saisissante : tous les guerriers sont différents, alignés à 5 m en sous-sol avec des chevaux. Si les premières rangées sont debout, les suivantes permettent de voir l’état du site lors de sa découverte récente en 1974. Au fond, « l’hôpital » où opèrent des archéologues.Dans la deuxième fosse, on aperçoit les ondulations de poutres des toits effondrés avec l’incendie. La cavité est peu déblayée, mais dans des vitrines on peut voir de près un archer à genoux, jusqu’aux détails les plus fins : semelle, coiffure tressée, un officier.
La troisième fosse, plus petite mais la plus proche du tumulus de l’empereur présente des officiers dont les couleurs se sont effacées au contact de l’air (1984)
Dans le musée : une oie et un canard en bronze et surtout deux chariots en bronze : le premier est conduit par un officier sous son parapluie directionnel avec un système astucieux, le deuxième est recouvert d’un toit en forme de carapace de tortue en bronze, or et argent, quelle finesse des détails datant de 200 ans avant J.C : ça vaut vraiment le coup !
Malheureusement nous allons rentrer par un chemin passant par un village de commerces pensé beaucoup trop grand et à moitié vide. De toutes façons les vendeurs préfèrent tenter leur chance dans la rue ou aux portes des bâtiments.
Retour à Xian : le marché médicinal. En chemin aller comme retour, notre guide répond ou devance nos questions avec une maîtrise de la langue française, une culture et une maturité qui nous enchantent. Ex : « si le gouvernement n’avait pas imposé l’enfant unique, il y aurait 400 millions de Chinois de plus. Si l’armée des guerriers avait été retrouvée pendant la révolution culturelle, cela aurait été catastrophique. »Le marché des grossistes est réservé aux pharmaciens et aux médecins : gros sacs de graines, fleurs séchées, scorpions, placentas humains séchés, lézards écartelés, ginseng, gingembre… Amandine cherche à nous expliquer. Nous sommes seuls, les marchands jouent aux échecs ou au mah-jong. Dans le bus, notre guide nous parle de l’équilibre entre le yin et le yang, nous énumère la liste des marchandises que l’on peut trouver dans ce marché.
Parc de la petite pagode de l’oie de 13 étages, 2 se sont effondrés lors d’un tremblement de terre. Dans le jardin, les stèles pour attacher les chevaux sont variées ainsi que les pierres pour en descendre : rondes pour les militaires, avec des marches pour les proprios et les intellectuels. Nous passons par les boutiques : sculptures dans des racines, peintures. Dans le magasin de peintures et de calligraphie nous apprenons que le mot France est traduit : « pays des lois ».
La pluie finit par tomber finement, la chaleur et la moiteur nous ont collés depuis notre arrivée.
Nous dégustons des raviolis fourrés aux formes variées en accord avec leurs contenus, salés ou sucrés. Alcool de riz chaud. Formulaire de satisfaction à la fin, nous ne payons que les bières. Nous sommes presque seuls, il faut dire qu’il n’est pas encore 18h.
Retour à l’hôtel où nous prenons nos quartiers pour une bonne nuit réparatrice
lundi 4 avril 2011
Si tu meurs je te tue. Himer Saleem.
Oui la conquête de la liberté de Golshifte Farahani est sympathique. Et la belle m’a permis de supporter ce film présenté comme « la comédie la plus drôle, la plus vive, la plus intelligente que l'on ait vue depuis longtemps » où je n’ai rien vu de tout cela.
Le personnage principal, sympathique mais absent, accueille un autre paumé comme lui, qui se devait de supprimer un criminel de guerre, mais c’est l’exécuteur présumé qui finit poussière dans un bocal.
Un drame, une comédie, le mélange est toujours difficile, surtout quand des allusions symboliques viennent s’ajouter au portrait de la communauté kurde en milieu parisien traité en burlesque, avec de surcroit la douleur d’un père représentant la tradition vue avec légèreté…
Résolution au révolver mais il n’y pas de balle dans le canon, c’était pour de rire...
Les personnages sont inconsistants et il ne reste pas grand-chose après un titre qui pouvait intriguer mais retourne à l’absurde.
Le personnage principal, sympathique mais absent, accueille un autre paumé comme lui, qui se devait de supprimer un criminel de guerre, mais c’est l’exécuteur présumé qui finit poussière dans un bocal.
Un drame, une comédie, le mélange est toujours difficile, surtout quand des allusions symboliques viennent s’ajouter au portrait de la communauté kurde en milieu parisien traité en burlesque, avec de surcroit la douleur d’un père représentant la tradition vue avec légèreté…
Résolution au révolver mais il n’y pas de balle dans le canon, c’était pour de rire...
Les personnages sont inconsistants et il ne reste pas grand-chose après un titre qui pouvait intriguer mais retourne à l’absurde.
dimanche 3 avril 2011
Noli me tangere. Jean François Sivadier.
Jésus aurait dit à Marie Madeleine : « Ne me touche pas ».
Dans cette pièce, un "ressusciteur " a beau être évoqué, ainsi que " le fils à Joseph qui fait des miracles ", c’est l’histoire de Salomé qui est le prétexte à deux heures et demie de spectacle.
Et comme il est question de contact, une des paroles historiques de notre précédent président me revient : « Ça m'en a touché une sans me secouer l'autre »,
mais c’est pour la blague.
Surtout que j’ai apprécié l’équilibre entre la gravité et la bouffonnerie dans cette création agréable mais un peu vaine.
Quelques échos d’une actualité brulante exprimés dans les notes d’intention affleurent:
« suite de variations oniriques sur la confrontation des tyrans, dans le climat de tension qui précède toute révolution, et les multiples façons dont les hommes se projettent dans le temps, essayant vainement de rendre certain un avenir qui leur échappe. »
Quand Salomé séduit Hérode qui accorde à la danseuse
« demande moi ce que tu veux et je te le donnerai »,
cet épisode n’est pas uniquement burlesque ni déclamatoire.
Elle lui demande la tête de Jean Le Baptiste, cousin dérangeant de Jésus.
Le personnage principal est Ponce Pilate, bien servi par un acteur excellent :
Nicolas Bouchaud en despote dépressif parfois compréhensif mais toujours colonisateur.
L’ange Gabriel commentateur perdu se défroquant de ses « ailes du désir » apporte de la distanciation, et une troupe de théâtre dans le théâtre peut se permettre quelques effets marrants au fumet shakespearien quand le tragique au pouvoir se joue en divertissement.
Dans cette pièce, un "ressusciteur " a beau être évoqué, ainsi que " le fils à Joseph qui fait des miracles ", c’est l’histoire de Salomé qui est le prétexte à deux heures et demie de spectacle.
Et comme il est question de contact, une des paroles historiques de notre précédent président me revient : « Ça m'en a touché une sans me secouer l'autre »,
mais c’est pour la blague.
Surtout que j’ai apprécié l’équilibre entre la gravité et la bouffonnerie dans cette création agréable mais un peu vaine.
Quelques échos d’une actualité brulante exprimés dans les notes d’intention affleurent:
« suite de variations oniriques sur la confrontation des tyrans, dans le climat de tension qui précède toute révolution, et les multiples façons dont les hommes se projettent dans le temps, essayant vainement de rendre certain un avenir qui leur échappe. »
Quand Salomé séduit Hérode qui accorde à la danseuse
« demande moi ce que tu veux et je te le donnerai »,
cet épisode n’est pas uniquement burlesque ni déclamatoire.
Elle lui demande la tête de Jean Le Baptiste, cousin dérangeant de Jésus.
Le personnage principal est Ponce Pilate, bien servi par un acteur excellent :
Nicolas Bouchaud en despote dépressif parfois compréhensif mais toujours colonisateur.
L’ange Gabriel commentateur perdu se défroquant de ses « ailes du désir » apporte de la distanciation, et une troupe de théâtre dans le théâtre peut se permettre quelques effets marrants au fumet shakespearien quand le tragique au pouvoir se joue en divertissement.
samedi 2 avril 2011
Le football dans nos sociétés 1914-1998
Ce n’est pas seulement parce que le football est un bon outil pour « comprendre l’espace social » que l’on m’a offert ce numéro de la revue « Autrement », c’est qu’il y a de la reconnaissance amicale d’un goût pour ce sport que je mets un point d’honneur à cultiver parmi des cercles qui auraient tendance à mépriser « les manchots ».
Pourtant ce numéro édité en 2006 m’a paru daté surtout après l’épisode du bus de Knysna, ce mois de juillet. La conclusion du dernier article qui évoque « l’effet coupe du monde (98) a permis de représenter la diversité culturelle comme une vertu positive de la société française » sonne cruellement.
Les 250 pages ne sont pas périmées et bien des réflexions demeurent pertinentes mais les identités nordistes sont bien secouées en ce début de siècle, la disparition des traits distinctifs des clubs corses plutôt une bonne nouvelle, l’identité du FC Sochaux loin de ses origines ainsi que celle de Manchester. Connaître les enjeux politiques autour du Réal Madrid pendant la période franquiste et repérer le rôle politique de la FIFA entre 1945 et 2000 éclairent le présent.
Mais il y aurait un autre numéro à écrire sur les enjeux récents avec l’argent comme valeur essentielle, le chantage comme mode de relation, les agents de joueurs comme personnages clefs dans les bouleversements des mentalités. L’évolution de la sociologie des licenciés. Y a-t-il encore un football des campagnes ?
La « bagatelle la plus sérieuse du monde » sera moins joueuse qu’au XX° siècle qui fut le sien, plus âpre au gain.
L’embellie de la suprématie européenne dans la dernière coupe du monde sera-t-elle durable ?
Et l’hégémonie des clubs va-t-elle démoder l’engouement pour les équipes nationales, de la même façon que les équipes en cyclisme composées par pays dans le tour de France n’ont pas survécu aux sponsors.
Pourtant ce numéro édité en 2006 m’a paru daté surtout après l’épisode du bus de Knysna, ce mois de juillet. La conclusion du dernier article qui évoque « l’effet coupe du monde (98) a permis de représenter la diversité culturelle comme une vertu positive de la société française » sonne cruellement.
Les 250 pages ne sont pas périmées et bien des réflexions demeurent pertinentes mais les identités nordistes sont bien secouées en ce début de siècle, la disparition des traits distinctifs des clubs corses plutôt une bonne nouvelle, l’identité du FC Sochaux loin de ses origines ainsi que celle de Manchester. Connaître les enjeux politiques autour du Réal Madrid pendant la période franquiste et repérer le rôle politique de la FIFA entre 1945 et 2000 éclairent le présent.
Mais il y aurait un autre numéro à écrire sur les enjeux récents avec l’argent comme valeur essentielle, le chantage comme mode de relation, les agents de joueurs comme personnages clefs dans les bouleversements des mentalités. L’évolution de la sociologie des licenciés. Y a-t-il encore un football des campagnes ?
La « bagatelle la plus sérieuse du monde » sera moins joueuse qu’au XX° siècle qui fut le sien, plus âpre au gain.
L’embellie de la suprématie européenne dans la dernière coupe du monde sera-t-elle durable ?
Et l’hégémonie des clubs va-t-elle démoder l’engouement pour les équipes nationales, de la même façon que les équipes en cyclisme composées par pays dans le tour de France n’ont pas survécu aux sponsors.
vendredi 1 avril 2011
Police contre polis.
Aux états généraux du renouveau à Grenoble Jean Pierre Havrin et Alain Bauer présentaient des réponses différentes à la question : quelle sécurité publique pour demain ? Le débat fut policé entre deux personnes qui se connaissent et se respectent sans abandonner de leurs convictions.
Bauer ancien grand maître du Grand Orient de France après avoir conseillé Chevènement parle maintenant à l’oreille de Notre Teigneux (appellation Patrick Rambaud) et Havrin lui est retourné, après sa présence au cabinet du même Che, sur le terrain à Toulouse où il a été au premier rang de l’agression de l’Egocentrique Monarque (appellation Patrick Rambaud) contre la police de proximité.
Les deux points de vue sont dictés par le lieu d’où ils parlent et sur ce terrain c’est la gauche qui est la moins théorique en mettant l’accent sur la confiance à rétablir entre la police et la population alors que le criminologue, qui dirige aussi une société de sécurité, insiste sur la cohérence territoriale. S’il rappelle un point d’histoire c’est pour mieux préparer une accélération de la privatisation de la sécurité : Pétain a fait apparaître la police d’Etat en 1941.
Il insiste sur la nécessité de regrouper les territoires (une centaine au lieu de 424 circonscriptions) en allant vers une police d’agglomération se spécialisant.
Le chef de la police municipale de la ville rose réaffirme la nécessité d’une police de proximité avec des fonctionnaires attachés à un territoire : « des proximiers » qui remplissent toutes les missions sur leur territoire, alliant prévention et répression. Aller dans le sens d’une distinction nette entre police municipale et la police nationale avec déjà des uniformes bien distincts va à contre courant. D’autre part, dans bien des domaines si la place de l’usager est reconnue, dans les commissariats par ailleurs souvent vétustes, les contrôles sont exercés par l’institution sur elle-même, c’est quelque peu incestueux. L’avis de la population sur le travail des services de police serait préférable aux statistiques qui deviennent le seul but des interventions, sur fond de gesticulations médiatiques et coups de trompettes. Alors que le temps est aussi dans ce domaine un facteur déterminant pour aller à l’encontre du sensationnel, des flatteries des plus bas instincts par le multi récidiviste de la compassion surjouée.
La politique sécuritaire est le mantra de la droite, c’est son plus grand échec : robocops, stigmatisation de la jeunesse, inflation judiciaire et mise en cause d’une justice dont le président est constitutionnellement le gardien de son indépendance. Réduction massive des moyens…
Mais la misère commence à se voir et des syndicats de police se sont montrés solidaires des magistrats car les acteurs se jugent en « insécurité juridique et matérielle ». L’enjeu est fondamental pour une démocratie touchée au cœur.
.............
le dessin du Canard Enchaîné.
Bauer ancien grand maître du Grand Orient de France après avoir conseillé Chevènement parle maintenant à l’oreille de Notre Teigneux (appellation Patrick Rambaud) et Havrin lui est retourné, après sa présence au cabinet du même Che, sur le terrain à Toulouse où il a été au premier rang de l’agression de l’Egocentrique Monarque (appellation Patrick Rambaud) contre la police de proximité.
Les deux points de vue sont dictés par le lieu d’où ils parlent et sur ce terrain c’est la gauche qui est la moins théorique en mettant l’accent sur la confiance à rétablir entre la police et la population alors que le criminologue, qui dirige aussi une société de sécurité, insiste sur la cohérence territoriale. S’il rappelle un point d’histoire c’est pour mieux préparer une accélération de la privatisation de la sécurité : Pétain a fait apparaître la police d’Etat en 1941.
Il insiste sur la nécessité de regrouper les territoires (une centaine au lieu de 424 circonscriptions) en allant vers une police d’agglomération se spécialisant.
Le chef de la police municipale de la ville rose réaffirme la nécessité d’une police de proximité avec des fonctionnaires attachés à un territoire : « des proximiers » qui remplissent toutes les missions sur leur territoire, alliant prévention et répression. Aller dans le sens d’une distinction nette entre police municipale et la police nationale avec déjà des uniformes bien distincts va à contre courant. D’autre part, dans bien des domaines si la place de l’usager est reconnue, dans les commissariats par ailleurs souvent vétustes, les contrôles sont exercés par l’institution sur elle-même, c’est quelque peu incestueux. L’avis de la population sur le travail des services de police serait préférable aux statistiques qui deviennent le seul but des interventions, sur fond de gesticulations médiatiques et coups de trompettes. Alors que le temps est aussi dans ce domaine un facteur déterminant pour aller à l’encontre du sensationnel, des flatteries des plus bas instincts par le multi récidiviste de la compassion surjouée.
La politique sécuritaire est le mantra de la droite, c’est son plus grand échec : robocops, stigmatisation de la jeunesse, inflation judiciaire et mise en cause d’une justice dont le président est constitutionnellement le gardien de son indépendance. Réduction massive des moyens…
Mais la misère commence à se voir et des syndicats de police se sont montrés solidaires des magistrats car les acteurs se jugent en « insécurité juridique et matérielle ». L’enjeu est fondamental pour une démocratie touchée au cœur.
.............
le dessin du Canard Enchaîné.
jeudi 31 mars 2011
« Les français peints par eux mêmes »
C’est ce qui figurait sur le billet de la conférence de Gilles Genty aux amis du musée, mais cette référence trop allusive à l’œuvre de Daumier ne rendait pas compte de la nature même du propos tourné vers la vie politique et les mœurs entre 1830 et 1900.
Les évolutions depuis les gravures sur cuivre ou bois de la révolution française ont permis grâce à la lithographie de dépasser les barrières techniques et de mettre au devant de la scène, les artistes. L’expressivité en est augmentée et l’interaction entre recueils et journaux pourra se déployer. Ainsi l’hebdomadaire intitulé « Le Monde Plaisant » accueille Lavrate qui ne manque pas de verve, mais le titre d’une autre feuille « La Caricature Provisoire » montre bien la fragilité de la liberté d’expression et Grandville qui met en scène des animaux trouve ainsi un moyen de jouer avec les limites.
« La liberté guidant le peuple », celle de Delacroix, elle-même, attendit dans les réserves du Louvre de 1830 à 1848 ; le bonnet phrygien de la belle dépoitraillée était jugé d’un rouge trop vif.
Après avoir collaboré à « La Silhouette », et « La Caricature », Daumier dessine pour « Le Charivari » une série inspirée par un personnage de théâtre très populaire : Robert Macaire. « L’incarnation de notre époque positive, égoïste, avare, menteuse, vantarde… essentiellement blagueuse. » L’acteur Frédéric Lemaître avait eu l’intuition géniale de transformer le mélodrame intitulé « l’auberge des Adrets » en comédie, et il improvisait chaque soir à partir de l’actualité.
La peinture classique est parodiée, et monsieur Thiers, en angelot écartant les branchages au dessus d’un Endymion plus enveloppé que l’original de Girodet, nous fait encore sourire.
La satire s’exerce directement à l’égard d’autres artistes : ainsi l’enterrement à Ornan de Courbet réduit à sa signature gigantesque devant quelques virgules blanches et un chien de la famille d’un Snoopy fatigué, en est la victime.
De « Grelot » en « Canard sauvage » les titres se multiplient. André Gill qui donnera son nom au cabaret « Le lapin agile » (là peint A. Gill) travaille pour « La Rue » de son ami Vallès qui l’égratigne par ailleurs.
Vallotton amateur de Daumier aimera les simplifications de celui dont Baudelaire disait qu’il était : « l'un des hommes les plus importants, je ne dirai pas seulement de la caricature, mais encore de l'art moderne. » Il travaillera lui aussi l’efficacité du trait, dans la frontalité vis-à-vis d’une humanité où le noir du fusain affronte un blanc de papier.
Les évolutions depuis les gravures sur cuivre ou bois de la révolution française ont permis grâce à la lithographie de dépasser les barrières techniques et de mettre au devant de la scène, les artistes. L’expressivité en est augmentée et l’interaction entre recueils et journaux pourra se déployer. Ainsi l’hebdomadaire intitulé « Le Monde Plaisant » accueille Lavrate qui ne manque pas de verve, mais le titre d’une autre feuille « La Caricature Provisoire » montre bien la fragilité de la liberté d’expression et Grandville qui met en scène des animaux trouve ainsi un moyen de jouer avec les limites.
« La liberté guidant le peuple », celle de Delacroix, elle-même, attendit dans les réserves du Louvre de 1830 à 1848 ; le bonnet phrygien de la belle dépoitraillée était jugé d’un rouge trop vif.
Après avoir collaboré à « La Silhouette », et « La Caricature », Daumier dessine pour « Le Charivari » une série inspirée par un personnage de théâtre très populaire : Robert Macaire. « L’incarnation de notre époque positive, égoïste, avare, menteuse, vantarde… essentiellement blagueuse. » L’acteur Frédéric Lemaître avait eu l’intuition géniale de transformer le mélodrame intitulé « l’auberge des Adrets » en comédie, et il improvisait chaque soir à partir de l’actualité.
La peinture classique est parodiée, et monsieur Thiers, en angelot écartant les branchages au dessus d’un Endymion plus enveloppé que l’original de Girodet, nous fait encore sourire.
La satire s’exerce directement à l’égard d’autres artistes : ainsi l’enterrement à Ornan de Courbet réduit à sa signature gigantesque devant quelques virgules blanches et un chien de la famille d’un Snoopy fatigué, en est la victime.
De « Grelot » en « Canard sauvage » les titres se multiplient. André Gill qui donnera son nom au cabaret « Le lapin agile » (là peint A. Gill) travaille pour « La Rue » de son ami Vallès qui l’égratigne par ailleurs.
Vallotton amateur de Daumier aimera les simplifications de celui dont Baudelaire disait qu’il était : « l'un des hommes les plus importants, je ne dirai pas seulement de la caricature, mais encore de l'art moderne. » Il travaillera lui aussi l’efficacité du trait, dans la frontalité vis-à-vis d’une humanité où le noir du fusain affronte un blanc de papier.
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