lundi 10 janvier 2011

Le président. Yves Jeuland.

La politique spectacle est en représentation jusque dans les coulisses mais Georges Frêche lors de sa dernière sortie victorieuse des régionales restera toujours insaisissable.
Une certaine vérité des images s’illustre dans ce documentaire, images sur lesquelles il ne s’était pas donné de droit de regard, et cela sera retenu en sa faveur comme sa truculence et ce flair qui taille des croupières au politiquement correct. Je m’attendais à voir des conseillers cyniques, ils le sont parfois, mais excités par les bolées d’adrénaline qu’ils se servent lors des jeux de campagne électorale, ils travaillent, ils fatiguent. Le président n’est pas brutal, hautain ou provocateur à plein temps non plus, il est parfois joueur avec ses conseillers qu’il s’applique à ne pas toujours écouter voire à contredire. Il n’est surtout pas dupe de cette comédie et ceux qui se tirent le moins bien de cette chronique passionnante sont « les habitants du sixième arrondissement de Paris ».
Que Fogiel se fasse renvoyer dans les cordes est un plaisir sans mélange.
« J'observerai d'abord une minute de silence pour les partis politiques tels qu'on les a connus au XXe siècle. Ce soir ce sont eux qui sont les grands perdants de ces élections au vu de l'abstention. Les partis politiques sont devenus comme des étoiles, ce sont des étoiles mortes. Ils continuent de briller mais ils sont morts depuis longtemps. »
Il a contribué à ce dépérissement.

dimanche 9 janvier 2011

Identité. Gérard Watkins.

Le texte de cette pièce jouée dans la salle de création de la MC2 a reçu le grand prix de littérature dramatique 2010. C’est une vision de notre époque originale et féconde.
A travers un couple clairvoyant et désespéré qui cherche sa propre identité dans la bouteille ou une grève de la faim, des éléments annonçant les heures sombres des années 40 sont remis en perspective. Sans prêchi prêcha, des textes qui définissaient qui était juif sous Pétain sont rappelés: ce n'est pas si loin.
Pour répondre à la question : « Vos parents sont-ils vraiment vos parents ? », en passant par l’ ADN, André Klein va vérifier que son père a toujours peur de lui , et elle que ses parents sont seuls de trop d’amour. L’économie de moyens, l’austérité revendiquée de la mise en scène, font ressortir la force et la subtilité du texte servi par le talent des acteurs Anne-Lise Heimburger et Fabien Orcier.
Il nous arrive de sourire, et de nous inquiéter.

samedi 8 janvier 2011

Indignez vous ! Stéphane Hessel.

Aux éditions « Indigène » dans la collection « Ceux qui marchent contre le vent » : il marche, le petit livre, oui, vers le million d’exemplaires pour une pincée de pages écrites à partir de son discours des Glières. Ce n’est pas tant l’originalité du propos, pour cela récemment la série d’articles dans Libération mettant le populisme en question est bien plus stimulante, ni la forme : un ami vient de m’envoyer pour ses vœux quelques lignes de Bénigno Cacérès fondateur de Peuple et culture qui ont le même souffle, la même hauteur de vue, mais le titre vivifiant a suffi pour fabriquer un phénomène éditorial semblable au « Matin brun » de Pavloff, il y a plus de dix ans déjà. Le succès va d’habitude tellement vers des productions qui flattent la passivité, que l’engouement pour ce texte est remarquable au-delà des mots qu’il contient. L’ancien diplomate s’indigne de la dictature des marchés financiers, des remises en cause en matière de retraites,de sécurité sociale, de l’état de la planète, du traitement réservé aux sans-abris, aux sans papiers, aux Palestiniens…Il place son engagement dans la lignée de Sartre « vous êtes responsables en tant qu’individus ». Ce succès peut-il rassurer sur les consciences qui ne dormiraient que d’un œil, mais signifier aussi à travers une certaine évidence voire banalité des propos ; qu’il faille un tel rappel ne renseigne-t-il pas aussi sur une certaine apathie de l’opinion ? Le simple sommaire d’un journal télévisé suffit à remplir notre caddie d’ indignations. Le problème reste entier pas seulement pour fournir des outils pour résister mais ce n'est pas gagné de s’entendre sur des perspectives où vivraient d’autres valeurs, où les jeunes auraient un emploi, les anciens des soins, les travailleurs du respect...
Il appelle avec les vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre à « une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse ; le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous ». Ce bonhomme suave de 93 ans parle à la jeunesse non pour la flatter, mais pour l’élever : tout n’est pas perdu !
Dans la postface son éditeur rappelle qu’ « après des interrogatoires sous la torture - l’épreuve de la baignoire notamment, il déstabilise ses tortionnaires en leur parlant l’allemand sa langue natale. » Il est envoyé au camp de Buchenwald. Sa vie est un roman qui tiendrait lui bien des pages. Là dans une forme économique (3€) qui convient visiblement à l’époque, il nous envoie un joli signe pour la décennie qui s’ouvre. Il n’y a pas que des Dumas (Roland) qui ont voix au chapitre !

vendredi 7 janvier 2011

L’Afrique au cœur de l’Europe.

Il n’y a pas eu vraiment de débat au forum 2010 de Libé à Lyon sur ce sujet
puisqu’André Julien Mbem entonnant, après son arrivée tardive, un discours d’une Afrique rêvée :
« la mise en réseau des peuples grâce aux nouvelles technologies » était décalé après les développements du directeur français (IFRI) Dominique David, concernant par exemple la Méditerranée qui constitue une barrière plutôt que le pont envisagé par l’essayiste.
Si la Françafrique a tendance à s’effriter, le recentrage est plutôt utilitariste.
A un sommet, les seuls entretiens du président français l’ont été avec l’Afrique du Sud (BTP, centrales nucléaires) et le Nigéria (pétrole).
Historiquement, L’Europessimisme a alterné avec l’Afroptimisme, quand l’Afrique a mis fin à l’exclusivité de ses relations avec l’Europe, bien que les coopérations en matière de lutte contre le terrorisme, de sécurisation de l’accès aux matières premières soient vitales pour tous.
L’Inde, La Chine, le Brésil sont dans la place
Dans les années 60, l’Europe s’intégrait, les états s’affirmaient en Afrique,
aujourd’hui de grands ensembles se construisent en Afrique alors que l’Europe se morcelle.
« Les civilisations sont mortelles » comme disait Valéry ; elles seront durables, si elles s’ouvrent.
Les échanges sont certes inégaux, chaotiques pas spontanément pacifiés mais la diaspora africaine apporte de la jeunesse à l’Europe.
Nous sommes devant des difficultés où les discours lénifiants sont inopérants face à l’instrumentalisation des problèmes migratoires.
Le pacte, social, économique doit être redéfini.
L’assimilation c’est construire du « même », quels contenus à l’intégration ?
……………
Le dessin du Canard qui titrait par ailleurs cette semaine : « Vals tragique au parti socialiste »

jeudi 6 janvier 2011

Polka.

Un magazine de photos dirigé par Alain Genestar qui fut viré de Paris Match pour avoir lésé sa majesté en montrant Cécilia avec un autre. Cette publication trimestrielle en est à son numéro 10, elle valorise des photographes comme Peter Lindbergh familier de « Elle » et de « Vogue », celui-ci a une vraie patte, mais c’est du classique pour papier glacé. Cependant d’autres sujets sont forts : avoir vingt ans à Gaza, les enfants de la génération Katmandou, comment voient-ils la retraite ? Et d’Haïti à la ville de Troy aux Etats-Unis quel est le plus désespérant ? Une rencontre avec les familles des moines de Tibhirine prolonge le film remarquable. Les quelques images du festival de Black Rock désert sont un peu maigrichonnes, et on aurait aimé aussi plus de portraits de Hans Sylvester qui propose déjà un cadre de fenêtre rouge aux Ethiopiens qu’il photographie avec sympathie.
L’intitulé : « un autre regard sur le monde » est sans doute ambitieux, reste que les 130 pages se laissent feuilleter avec plaisir et que quelques reportages valent le coût (5€).

mercredi 5 janvier 2011

L’élite de Brooklyn

Film noir d’Antoine Fuqua avec Richard Gere, classique et efficace : rap, putes and drugs, calibres et liquide. Juliani avait fait baisser la violence à NYC, il y a semble-t-il encore du boulot ! D’autant plus que les fonctionnaires doutent violemment de leur mission quand ils ont une famille à nourrir, la retraite qui arrive chez un suicidaire, une carrière soumise aux chantages.
A quel prix se remettront-ils sur la voie des défenseurs de la loi ? Il paraîtrait que l’abus de la Play Station a vidé les rues de la convivialité qui faisait la force des gangs. Mais il n’est pas besoin que les lascars menacent de précipiter leur prochain du haut des immeubles pour se faire des sensations, un bon film avec beaucoup de coups de révolver peut y pourvoir.

mardi 4 janvier 2011

L’almanach dauphinois.

En relisant le titre de ce numéro 45 valable pour l’année 2011, je m’aperçois que le terme « vieux » a disparu du titre, bien que le dessin de couverture avec la vieille au rouet et le vieux à la lecture devant l’âtre, persiste sur le créneau patrimonial.
Même si un site web existe, le charme de ces 130 pages tient bien sûr à ses fondamentaux immuables :
Les travaux du mois : « au rucher : s’il fait doux, mettre à la portée des abeilles de l’eau légèrement salée dans une petite auge remplie de pierres lavées »
Des dictons : « Quand l’arbre est tombé, tout le monde court aux branches »
Du patois (de Saillans) : « Como plou louf ru dins las casteletos,
Ecoumo bravament acanou las drouletos »
« Comme pleuvent les fruits mûrs dans les claies en osier
Et comme fortement les secouent les jeunes filles. »

Des expressions : « Celui là quel gnâgnou, on est toujours obligé de l’attendre. »
Interactif, en répondant à un lecteur recherchant un chant appris à l’école, qui disait :
« Honneur et gloire à l’école laïque
Où nous avons appris à penser librement,
A défendre à chérir la grande République,
… Tu fis notre âme Ecole et notre conscience. »

Echos du passé.
Et les faits écoulés l’an dernier en Dauphiné, France et Monde, avec un reportage à Saint Marcellin, une veillée patois et tout sur le lys martagon et la poire Martin Sec, les histoires de Fafois, les centenaires... Mais ce qui me semble le plus savoureux ce sont des suggestions pour son almanach personnel où l’on peut noter la date du premier chant du merle, quand les forsythias ont fleuri, quand on a aperçu le premier papillon jaune, mis le chauffage …