La différence, c’est la qualité du poulet : même fermier dans les grandes surfaces, ses filets s’effilochent, il ne vaut pas celui que j’ai découvert au marché de Fiancey, ils viennent de chez Ricardi à Sillans et ils savent se tenir.
Pour quatre personnes : deux cuisses et avant cuisse et deux filets à couper en morceaux, fariner. Faire dorer dans l’huile d’olive, il existe une version beurre et vinaigre de cidre, jus de pomme que j’essaierai volontiers. Pour rester dans les goûts qui ont du caractère ajouter pas mal d’ail et du laurier, saler poivrer, déglacer au vinaigre, puis ajouter un bouillon de volaille pour continuer la cuisson 20 bonnes minutes…dans une cocotte. Si la sauce manque de velouté, retirer les morceaux de poulet et faire réduire le fond. Servir avec du riz et un trait de crème.
.....................................................................................
Si on a peu de temps : faire revenir les morceaux de poulet dans l’huile ou le beurre, laisser mijoter un bon quart d’heure, sel , poivre et estragon, un peu de crème à la fin : c’est tout bon.
jeudi 7 mai 2009
mercredi 6 mai 2009
Collégiens en Italie
Une brève interruption dans le ressassement de mes années primaires, pour fixer quelques instants d’un récent accompagnement d’élèves de 3ième à Rome et Florence.
Le parti pris de faire assumer le guidage par les élèves chargés de présenter aux autres voyageurs chacun à leur tour, le Colisée, le mont Palatin, le porcellino… a gagné en efficacité avec la possibilité offerte au palais Borghèse, d’équiper chaque conférencier en herbe d’un micro relié à l’oreillette de ses camarades. Cela n’indispose pas les autres visiteurs mais relie le guide et ses auditeurs, intimement. A cette occasion notre passeur de quinze ans qui avait étudié sur internet Le Caravage, en découvrant le tableau original, nous a offert un grand moment de réussite pédagogique où l’émotion rejoint la connaissance. De même la main de Pluton enlevant Proserpine, sculptée par le Bernin, n’a laissé personne de marbre.
Nous avions envisagé des dispositifs variés pour fixer les découvertes des élèves appelés à renseigner des QCM, repérer des détails, aborder des vocabulaires nouveaux. Scénettes d’interviews de Léonard ou Michel Ange, mots croisés, mêlés, tout en ne restant pas le nez sur la photocopie au pied des œuvres ou dans les lieux même. Il y eut par exemple validation par appareil photographique numérique de trois points de vue imposés à Santa Maria dei Fiori où les jeunes animatrices poinçonnaient le plan de la ville de ceux qui avaient respecté la consigne. Plus inattendue, l’écharpe de supporter du GF 38 : « ensemble gagnons les sommets » brandie devant le David ou sur le Ponte Vecchio valait le surlignement sur papier des sites majeurs de la ville. Nous avions embarqué un porte-voix qui nous a rendu service dans les brouhahas des foules de touristes où nous avons joué de la distinction. Depuis des siècles, la destination italienne fut celle de la jeunesse cultivée ; en route vers le lycée Stendhal les futurs héritiers du patrimoine ont pu tirer bénéfice de ce séjour mais aussi ceux qui ont cicatrisé pour un temps de leurs blessures de famille ou d’une société qui les appelle à la passivité. Il existe le syndrome de Stendhal qui atteint ceux qui sont tellement submergés par l’émotion artistique qu’ils connaissent des troubles physiques. Moments didactiques et partagés devant les esclaves de Michel Ange émergeant de la pierre à la Galléria dell Accadémia, connivences sur l’échine d’un sanglier florentin, des milliers de photographies pas forcément tournées vers les acanthes décoratives. Des épisodes revigorants pour croire que l’éducation est possible, même si parfois nous sommes portés à en douter chez Darcos et Sarkos. Le pays de Pétrarque est aussi celui de Berlusconi qui veut des jolies filles sur ses listes aux élections européennes. "Une de Berlu, dix de détroussées": merci le Canard Enchaîné.De quoi se changer en arbre comme Daphnée pour échapper à Apollon, et là c’est divin quand le Bernin est au maillet.
Le parti pris de faire assumer le guidage par les élèves chargés de présenter aux autres voyageurs chacun à leur tour, le Colisée, le mont Palatin, le porcellino… a gagné en efficacité avec la possibilité offerte au palais Borghèse, d’équiper chaque conférencier en herbe d’un micro relié à l’oreillette de ses camarades. Cela n’indispose pas les autres visiteurs mais relie le guide et ses auditeurs, intimement. A cette occasion notre passeur de quinze ans qui avait étudié sur internet Le Caravage, en découvrant le tableau original, nous a offert un grand moment de réussite pédagogique où l’émotion rejoint la connaissance. De même la main de Pluton enlevant Proserpine, sculptée par le Bernin, n’a laissé personne de marbre.
Nous avions envisagé des dispositifs variés pour fixer les découvertes des élèves appelés à renseigner des QCM, repérer des détails, aborder des vocabulaires nouveaux. Scénettes d’interviews de Léonard ou Michel Ange, mots croisés, mêlés, tout en ne restant pas le nez sur la photocopie au pied des œuvres ou dans les lieux même. Il y eut par exemple validation par appareil photographique numérique de trois points de vue imposés à Santa Maria dei Fiori où les jeunes animatrices poinçonnaient le plan de la ville de ceux qui avaient respecté la consigne. Plus inattendue, l’écharpe de supporter du GF 38 : « ensemble gagnons les sommets » brandie devant le David ou sur le Ponte Vecchio valait le surlignement sur papier des sites majeurs de la ville. Nous avions embarqué un porte-voix qui nous a rendu service dans les brouhahas des foules de touristes où nous avons joué de la distinction. Depuis des siècles, la destination italienne fut celle de la jeunesse cultivée ; en route vers le lycée Stendhal les futurs héritiers du patrimoine ont pu tirer bénéfice de ce séjour mais aussi ceux qui ont cicatrisé pour un temps de leurs blessures de famille ou d’une société qui les appelle à la passivité. Il existe le syndrome de Stendhal qui atteint ceux qui sont tellement submergés par l’émotion artistique qu’ils connaissent des troubles physiques. Moments didactiques et partagés devant les esclaves de Michel Ange émergeant de la pierre à la Galléria dell Accadémia, connivences sur l’échine d’un sanglier florentin, des milliers de photographies pas forcément tournées vers les acanthes décoratives. Des épisodes revigorants pour croire que l’éducation est possible, même si parfois nous sommes portés à en douter chez Darcos et Sarkos. Le pays de Pétrarque est aussi celui de Berlusconi qui veut des jolies filles sur ses listes aux élections européennes. "Une de Berlu, dix de détroussées": merci le Canard Enchaîné.De quoi se changer en arbre comme Daphnée pour échapper à Apollon, et là c’est divin quand le Bernin est au maillet.
mardi 5 mai 2009
Coincée
Alice était pauvre. Toujours, elle s'était sentie pauvre. Même devenue veuve et riche, elle économisait, emplissait ses bas de laine en Bourse… enfin son conseiller financier se chargeait de ce tricotage. Alice n'avait pas suffisamment d'affinités avec l'argent pour s'y salir les mains. Ce qu'elle aimait le plus au monde c'était la lecture des romans du XIX ième siècle qui décrivent si bien la pauvreté du peuple des laissés pour compte. Elle raffolait des œuvres de Hugo, de Dickens. Elle aurait adoré Zola mais quand la pauvreté se roule dans la fange, l'alcoolisme, le stupre et la violence, quand la pauvreté perd les joues creuses et nacrées des sylphides de Moreau pour adopter les chairs bouffies et violacées des pochardes, cette pauvreté-là l'emplissait de dégoût. La pauvreté se devait d'être digne, besogneuse, vertueuse et pourquoi pas, pieuse. Le Dieu auquel croyait Alice n'avait-il pas annoncé : Bienheureux les pauvres, car ils seront rassasiés. Alice aurait aimé que son Seigneur ajoutât : Et qu'ils se lavent pour sentir bon, et mériter vos aumônes.
Quand son conseiller financier l'informait de la prospérité de ses valeurs boursières, Alice ressentait au bas du ventre une sorte de spasme qui lui procurait une intense satisfaction mais aussi une vague honte qu'elle chassait vite. Nombre d'associations caritatives la sollicitaient. Elle ne donnait jamais suite à ces demandes de secours. "Aider financièrement les gens ne sert qu'à les enfoncer, à les rendre dépendants et paresseux. »
Donner aux mendiants me confiait-elle, c'est alimenter les sources du mal." Elle ajoutait qu'elle priait pour tous ces malheureux, que le Seigneur avait dit qu'il y aurait toujours des pauvres parmi nous, qu'elle même vivait avec économie et ne s'en portait pas plus mal.
Ses courses étaient vite faites: elle avait sélectionné les petits commerces où l'on est à l'abri des tentations en victuailles. Elle achetait les fruits en déclin, les légumes en agonie, se privait de viande, s'autorisait de temps à autre un rectangle de poisson panné, un yaourt en pré-retraite.
Elle s'habillait au moment des soldes. Mais ses choix toujours judicieux (elle ne manquait pas d'une certaine élégance) l'amenaient à sélectionner les grandes surfaces du prêt à porter. Les soldes de chez Toutou sentaient la naphtaline, mais elles étaient plus avantageuses que chez Tata. En outre chez Tata, les étoffes prenaient une odeur de patchouli et de henné à force d'être froissées par des mains un peu trop brunes.
Elle faisait le marché le mardi dans son quartier élégant… vers midi quand les bonnes affaires faisaient sa joie. Elle rentrait chez elle chargée de dix kilos de prunes, par exemple, gardait les plus gâtées pour sa consommation immédiate, congelait le reste pour l'hiver ou se lançait dans les confitures. Quand on lui faisait remarquer qu'elle ne consommait que des fruits et des légumes pourris, elle rétorquait qu'on exagérait, et que d'ailleurs les chiens enterraient leurs os pour les déguster ensuite ? Des scientifiques n'avaient-ils pas démontré que ces os développaient sous terre des vitamines indispensables à la bonne santé de ces animaux perspicaces ? "Regarde-moi, ajoutait-elle en se redressant, ne suis-je pas en bonne forme?" Je ne pouvais que l'approuver.
Alice s'alimentait, point. Savourer, déguster étaient des mots de riches et en son âme, Alice était pauvre, aussi pauvre et pure qu'un désert.
Un samedi, elle décida de se rendre dans un magasin de fripes que je lui avais indiqué dans le quartier arabe de notre ville. Une imposante matrone, yeux verts cerclés de khôl se leva prestement quand Alice poussa la porte où s'affichaient des prix alléchants : cinq euros, la robe, vingt euros les cinq. La volumineuse kabyle se mit à tournoyer dans ses voiles, ses franges et ses verroteries, dirigea habilement sa cliente vers des robes vaporeuses, lumineuses comme la nacre. Enfin des robes dignes de Peau d'Ane.
-Cinq robes, ce ne serait pas sage, soupirait Alice en laissant glisser les soies et les taffetas sur ses longues mains.
-Ma joulie, ces roubes sont des rives… Achète, achète. Première qualité. J' y toute bien lavé et ripassé !
Oui, ces robes sentaient le propre mais Alice tint bon. Une robe seulement !
Elle enfila immédiatement un miracle de soie et de dentelle mordoré, paya, remercia.
- Riviens quand ti veux, ma joulie. Ti es aussi béle que la princesse de Mille et une nuits !
Alice s'envola, légère, véloce comme une barque ancienne que l'on vient d'équiper d'une voile neuve. Ses pas l'amenèrent dans une rue très chic où elle ne mettait jamais les pieds par peur des tentations. Sa marche énergique l'avait mise en appétit. Des odeurs délectables excitent ses papilles. Elle ne contrôle plus ses jambes, elle marche comme un jouet télécommandé, se retrouve assise devant une nappe immaculée où le serveur de ce luxueux restaurant (trois toques) vient de la pousser avec une douceur et une fermeté qu'aucune main d'homme ne lui a fait ressentir depuis très longtemps.
- Nous avons des soles de l'Atlantique encore vivantes. Regardez l'aquarium…
- Oh, oui ! Vite, j'ai si faim!
- Grillée?
- Grillée.
Elle n'attend pas longtemps, se contentant de humer la rose blanche penchée vers elle, contempler les cuivres et les acajous, les tentures de lourde soie indienne.
Les tapis mousseux éteignent les pas des serveurs souriants, ondoyants. Des hommes vifs et précis, de jeunes hommes… Depuis combien de temps n'a-t-elle pas regardé un homme?
La vie est belle. Elle est divine quand la sole craquelante, fumelante et parfumée de citron se pose devant le nez et la bouche d'Alice.
C'est un peu plus laborieux de dégager les chairs blanches de la sole que de trancher dans le lieu noir panné.
Quand l'arête se plante dans le gosier, tout au fond du gosier d'Alice, rien n'y fait.
Ni le Sancerre pourtant bien frais, ni les secours prodigués par les garçons, ni les soins trop tardifs du médecin bénévole au local de " Médecin du Monde ".
Un dernier baiser à l'amie décédée. Son visage est bouffi et violacé mais elle porte une robe magnifique qu'on ne lui a jamais vue. Une robe digne d'un personnage de Gustave Moreau.
Marie Treize
Quand son conseiller financier l'informait de la prospérité de ses valeurs boursières, Alice ressentait au bas du ventre une sorte de spasme qui lui procurait une intense satisfaction mais aussi une vague honte qu'elle chassait vite. Nombre d'associations caritatives la sollicitaient. Elle ne donnait jamais suite à ces demandes de secours. "Aider financièrement les gens ne sert qu'à les enfoncer, à les rendre dépendants et paresseux. »
Donner aux mendiants me confiait-elle, c'est alimenter les sources du mal." Elle ajoutait qu'elle priait pour tous ces malheureux, que le Seigneur avait dit qu'il y aurait toujours des pauvres parmi nous, qu'elle même vivait avec économie et ne s'en portait pas plus mal.
Ses courses étaient vite faites: elle avait sélectionné les petits commerces où l'on est à l'abri des tentations en victuailles. Elle achetait les fruits en déclin, les légumes en agonie, se privait de viande, s'autorisait de temps à autre un rectangle de poisson panné, un yaourt en pré-retraite.
Elle s'habillait au moment des soldes. Mais ses choix toujours judicieux (elle ne manquait pas d'une certaine élégance) l'amenaient à sélectionner les grandes surfaces du prêt à porter. Les soldes de chez Toutou sentaient la naphtaline, mais elles étaient plus avantageuses que chez Tata. En outre chez Tata, les étoffes prenaient une odeur de patchouli et de henné à force d'être froissées par des mains un peu trop brunes.
Elle faisait le marché le mardi dans son quartier élégant… vers midi quand les bonnes affaires faisaient sa joie. Elle rentrait chez elle chargée de dix kilos de prunes, par exemple, gardait les plus gâtées pour sa consommation immédiate, congelait le reste pour l'hiver ou se lançait dans les confitures. Quand on lui faisait remarquer qu'elle ne consommait que des fruits et des légumes pourris, elle rétorquait qu'on exagérait, et que d'ailleurs les chiens enterraient leurs os pour les déguster ensuite ? Des scientifiques n'avaient-ils pas démontré que ces os développaient sous terre des vitamines indispensables à la bonne santé de ces animaux perspicaces ? "Regarde-moi, ajoutait-elle en se redressant, ne suis-je pas en bonne forme?" Je ne pouvais que l'approuver.
Alice s'alimentait, point. Savourer, déguster étaient des mots de riches et en son âme, Alice était pauvre, aussi pauvre et pure qu'un désert.
Un samedi, elle décida de se rendre dans un magasin de fripes que je lui avais indiqué dans le quartier arabe de notre ville. Une imposante matrone, yeux verts cerclés de khôl se leva prestement quand Alice poussa la porte où s'affichaient des prix alléchants : cinq euros, la robe, vingt euros les cinq. La volumineuse kabyle se mit à tournoyer dans ses voiles, ses franges et ses verroteries, dirigea habilement sa cliente vers des robes vaporeuses, lumineuses comme la nacre. Enfin des robes dignes de Peau d'Ane.
-Cinq robes, ce ne serait pas sage, soupirait Alice en laissant glisser les soies et les taffetas sur ses longues mains.
-Ma joulie, ces roubes sont des rives… Achète, achète. Première qualité. J' y toute bien lavé et ripassé !
Oui, ces robes sentaient le propre mais Alice tint bon. Une robe seulement !
Elle enfila immédiatement un miracle de soie et de dentelle mordoré, paya, remercia.
- Riviens quand ti veux, ma joulie. Ti es aussi béle que la princesse de Mille et une nuits !
Alice s'envola, légère, véloce comme une barque ancienne que l'on vient d'équiper d'une voile neuve. Ses pas l'amenèrent dans une rue très chic où elle ne mettait jamais les pieds par peur des tentations. Sa marche énergique l'avait mise en appétit. Des odeurs délectables excitent ses papilles. Elle ne contrôle plus ses jambes, elle marche comme un jouet télécommandé, se retrouve assise devant une nappe immaculée où le serveur de ce luxueux restaurant (trois toques) vient de la pousser avec une douceur et une fermeté qu'aucune main d'homme ne lui a fait ressentir depuis très longtemps.
- Nous avons des soles de l'Atlantique encore vivantes. Regardez l'aquarium…
- Oh, oui ! Vite, j'ai si faim!
- Grillée?
- Grillée.
Elle n'attend pas longtemps, se contentant de humer la rose blanche penchée vers elle, contempler les cuivres et les acajous, les tentures de lourde soie indienne.
Les tapis mousseux éteignent les pas des serveurs souriants, ondoyants. Des hommes vifs et précis, de jeunes hommes… Depuis combien de temps n'a-t-elle pas regardé un homme?
La vie est belle. Elle est divine quand la sole craquelante, fumelante et parfumée de citron se pose devant le nez et la bouche d'Alice.
C'est un peu plus laborieux de dégager les chairs blanches de la sole que de trancher dans le lieu noir panné.
Quand l'arête se plante dans le gosier, tout au fond du gosier d'Alice, rien n'y fait.
Ni le Sancerre pourtant bien frais, ni les secours prodigués par les garçons, ni les soins trop tardifs du médecin bénévole au local de " Médecin du Monde ".
Un dernier baiser à l'amie décédée. Son visage est bouffi et violacé mais elle porte une robe magnifique qu'on ne lui a jamais vue. Une robe digne d'un personnage de Gustave Moreau.
Marie Treize
lundi 4 mai 2009
Villa Amalia
Depuis « Welcome » au cinéma, je vois les piscines différemment.Dans ce film de Benoît Jacquot,Isabelle Huppert se fatigue à aligner les longueurs, à courir la belle Europe, elle est perdue, elle cherche un nouveau pays. Des afghans fuyaient le leur pour se retrouver à Calais, ici la belle bourgeoise dégote à Ischia une villa très déco qui offre une vue splendide sur la Méditerranée. A part celles de La Fontaine, je ne goûte pas trop les fables, celle-ci se laisse regarder. Pourtant ces malaises occidentaux esthétiques sonnent un peu creux, surtout quand toute psychologie est bannie. Alors les invraisemblances du scénario peuvent ressortir après s’être mollement laissé balader à la suite de la pianiste qui dégage toujours autant d’étrangeté. Elle suit sa trajectoire, mais prière de ne pas plaisanter avec elle. Son secret est-il au bord du trou où descend le cercueil de sa mère, dans les fuites de son père plus proche de ses morts que des vivants ?
La musique parfois dissonante est bien en accord avec le propos du film.
La musique parfois dissonante est bien en accord avec le propos du film.
dimanche 3 mai 2009
Idiot !
J’adore éprouver quelques poussées régressives quand par exemple une musique assourdissante épate le bourgeois.
Les acteurs de cette pièce d’après Dostoïevski n’ont pas lésiné sur les porte-voix, les musiques poussées à fond, pour crier l’intensité de leurs convictions quand ils en sont au désespoir de se faire aimer. A fendre l’âme.
J’étais assis au second rang et j’ai reçu cette performance de trois heures en plein dans la gueule, avec quelques gouttelettes de peinture, des paillettes.
Un des acteurs a ajouté un « s » à idiot peint sur le fond de la scène.
Oui chacun dans son genre est un idiot : à crier son amour, sa nostalgie, son impuissance à changer ce monde corrompu, abandonner son bébé dans un berceau et rabâcher son amour encore, mettre en scène un suicide et le rater régulièrement, rêver d’un ailleurs, d’absolu et se noyer dans l’alcool, la mousse, les pétarades. La rédemption est impossible.
A la MC2, c’était l’année Dostoïevski, j’ai préféré l’autre pièce de six heures : « Les possédés » qui était tout aussi porteuse de sens pour saisir notre époque décadente, sans avoir besoin de passer Sarko sur un écran. La violence était tout aussi authentique bien que moins spectaculaire. Les effets moins distrayants, m’ont davantage marqué, même si j’ai été touché par la sincérité des acteurs de Vincent Macaigne, leur engagement intense dans cette épique soirée où sous des litres de peinture passe la poésie, la rage. Cette beauté là, est compulsive.
Les acteurs de cette pièce d’après Dostoïevski n’ont pas lésiné sur les porte-voix, les musiques poussées à fond, pour crier l’intensité de leurs convictions quand ils en sont au désespoir de se faire aimer. A fendre l’âme.
J’étais assis au second rang et j’ai reçu cette performance de trois heures en plein dans la gueule, avec quelques gouttelettes de peinture, des paillettes.
Un des acteurs a ajouté un « s » à idiot peint sur le fond de la scène.
Oui chacun dans son genre est un idiot : à crier son amour, sa nostalgie, son impuissance à changer ce monde corrompu, abandonner son bébé dans un berceau et rabâcher son amour encore, mettre en scène un suicide et le rater régulièrement, rêver d’un ailleurs, d’absolu et se noyer dans l’alcool, la mousse, les pétarades. La rédemption est impossible.
A la MC2, c’était l’année Dostoïevski, j’ai préféré l’autre pièce de six heures : « Les possédés » qui était tout aussi porteuse de sens pour saisir notre époque décadente, sans avoir besoin de passer Sarko sur un écran. La violence était tout aussi authentique bien que moins spectaculaire. Les effets moins distrayants, m’ont davantage marqué, même si j’ai été touché par la sincérité des acteurs de Vincent Macaigne, leur engagement intense dans cette épique soirée où sous des litres de peinture passe la poésie, la rage. Cette beauté là, est compulsive.
samedi 2 mai 2009
vendredi 1 mai 2009
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