Nous éteignons nos petits écrans portables avant de nous
installer devant un grand où une ouvrière passe son temps dit « libre »,
son téléphone vissé à la main.
La chute de celui-ci constitue un évènement majeur dans
l’univers monotone de la jeune portugaise travaillant dans un entrepôt de vente
par correspondance.
La réalisatrice rend parfaitement l’ennui, la solitude de la
préparatrice de commandes entre deux bips de lecteur de code barre et de mornes
coups d’œil sur un petit écran allumé même lorsqu’elle se nourrit de sucreries.
Les personnages croisés sont gentils mais ne sortent guère de leur coquille.
La forme efficace en milieu familier exprime, sans tapage,
une bien triste société qu’une telle œuvre embellit par sa justesse.
Si le type d’emploi très contemporain rejoint la précarité
de « L’histoire de Souleymane »,
Ken Loach, le pittoresque en moins, se rappelle à nous comme
référence.

Comment et pourquoi en sommes-nous arrivés à faire du travail ce que NOUS en avons fait ? Comment est-il tombé sous la pression de l'automatisation, de l'automatisme ? N'y aurait-il pas en parallèle une formidable pression pour échapper à la nécessité de la pensée, des difficultés d'être un sujet pensant dans la condition humaine, pour les individus ? que nous sommes ? En voyant l'ennui que cette organisation du travail produit, la sidération, j'y vois le prix à payer pour avoir toujours plus... de facilité, de confort, (plus que des choses), encore plus... d'informatique, de smartphones, plus de CONNEXION, d'universalité ?
RépondreSupprimerL'Homme sera-t-il jamais un animal qui réalise que tous les progrès, les avantages, ont leur lot d'inconvénients qui les accompagnent ? Pour échapper à l'aliénation des inconvénients, il faut... renoncer aux avantages, et aux facilités, et diable, ce n'est vraiment pas facile, là.
C'est... sportif.