Pourtant un hommage ne serait pas superflu pour les
personnels qui travaillent en ces lieux, alors que l’acharnement médiatique
substitue le mot « maltraitance » à tout traitement des personnes
âgées en institution.
En ce domaine comme en d’autres, les
généralisations sont à bannir.
Les aides-soignantes qui s’attardent à fumer à la
pause éloignent peut être d’autres fragrances, mais ne contredisent pas
l’admiration qu’elles peuvent susciter.
Cette reconnaissance est augmentée pour moi par un
brin de mauvaise conscience qui subsiste pour avoir confié ma mère à d’autres,
pour des tâches pénibles. Je connais bien peu d’enfants qui aient sacrifié leur
liberté aux soins de leurs parents ; je les applaudis, mais n’en fais pas
autant.
Les vieilles ne sont pas toutes des victimes
innocentes, ni toutes méchantes. Elles peuvent être drôles ou désespérantes,
fragiles et inébranlables, récitant Hugo et s’oubliant dans les couches «
Confiance », comme tout le monde.
Des résidences pour séniors ayant atteint
« L’âge d’or », favorisent des actionnaires au détriment d’un
personnel en nombre insuffisant, mais toutes n’appliquent pas fatalement et
exclusivement la règle de l’inhumain profit. Les talents ou les insuffisances
individuelles ont leur importance quant aux conditions de soins.
Qui milite aujourd’hui en faveur d'un service public
généralisé pour la gestion des vétérans ?
Concernant les conditions économiques qui
permettent l’hébergement de nos ainés, je suis saisi de vertige chaque fois que
je mesure les sommes épargnées par mes parents exploitants agricoles dont les
sept vaches ne leur ont pas fourni de bien grasses retraites. Notre génération
cigale est actrice dans cette affaire, a profité des fourmis hors course, mais
si elle vit à court terme, cela peut apparaître une incertaine éternité pour
beaucoup de jeunes.
Mes ascendants ayant vu la mer deux trois fois dans
leur vie, avec mes voyages en Chine et ailleurs, mon héritage se présente d’une
façon plus gazeuse, le bonheur s’étant indexé parfois sur notre empreinte
carbone.
Une tendance riante vue d’ici apparaît au moment où
s’ouvrent des EHPAD en Tunisie à la place des hôtels délaissés par les
touristes, avec aide-soignante personnelle pour des prix défiant toute
concurrence. Cet aspect de la mondialisation fait se rejoindre loisirs et soins ;
mais la solitude sera-t-elle plus douce de l’autre côté de la
Méditerranée ?
« …Vous envierez
un peu l'éternel estivant
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances …» Brassens
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances …» Brassens
Dans le Monde parlant de nos « bien chers
vieux » : « Leur
niveau de vie moyen est légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la
population.» et le quotidien du
soir de lancer des pistes concernant la dépendance qui touche actuellement un
million de personnes et en touchera 2,5 millions en 2065, tandis que « Le
système financé par les départements est à bout de souffle ».
Au sujet
des retraites avec ou sans maison, moi qui en ai bénéficié à 55 ans en ayant
dans la tête une idée dépassée : laisser la place à un jeune, je serai
bien malvenu de souligner que les âges de départ dans toute l’Europe ne cessent
de reculer. Le débat qui s’engage sur le sujet va être musclé, pourtant parmi
les vociférants attendus, Mélenchon qui fut sénateur fort jeune ferait bien de
faire valoir son droit à se reposer. A gauche où une des valeurs constitutive
est le travail collectif, un Collomb devrait lui aussi se consacrer à la
transmission plutôt que de briguer un mandat de trop.
Oui, Guy, je partage la complexité de ton regard sur cette question si difficile, si éprouvante pour ceux et celles qui se trouvent confrontés à un proche très dépendant (se souvenir que dans la république des Lumières, personne n'a vraiment le droit d'être dépendant... c'est.. CONTRE NATURE (ou plutôt, contre idéologie, mettons).
RépondreSupprimerC'est un paradoxe que nous mettons les personnes dépendantes dans des institutions où on s'affaire à s'occuper d'eux, et à les occuper, POUR LEUR BIEN (et là, je peux parler de l'école comme de la maison de retraite...), avec, sur les lèvres, des discours de belles âmes, pour dissimuler à nos propres yeux combien la société, le corps social méprise les dépendants, quels qu'ils soient.
Ce... fait permet de rendre compte en partie des salaires des personnes qui ont... LA CHARGE de nos dépendants, mais il faut également tenir compte du fait que cette charge... est un service, et une grâce rendue à la collectivité, et tout le monde sait que la grâce... ne se monnaie pas... et ne doit pas être monnayée. (Je ne dirai rien sur ce chapitre ; il n'y a rien à en dire.)
Ce qu'on peut dire, et faire, c'est de se rendre compte que ça vit dans les maisons de retraite, tant bien que mal, avec les difficultés qu'on peut rencontrer dans des lieux difficiles, et que le fait de tenir des discours de belles âmes avec des généralisations n'aident personne, et surtout pas les vieux dans les maisons de retraite.
Merci pour ce beau billet.