Pour éviter de trop alimenter ce blog aux resucées d’informations
tombées des containers médiatiques, j’essaye d’étayer mes propos avec quelques
expériences personnelles.
Un esprit de l’escalier rencontrant les limites d’un format
lisible me conduit à compléter les écrits de la semaine dernière concernant la
sélection.
Mon bac, celui de 68, constituait un démarrage en flèche de statistiques
de réussites qui firent perdre tout sens au diplôme. Même au rabais, celui-ci
m’a pourtant suffi, dès le mois de novembre de cette belle année, pour me
retrouver à 18 ans devant une classe : instit’.
Un sentiment d’illégitimité qui a mis du temps à s’avouer
m’a conduit, je pense, à me surpasser pour compenser une formation proche de
zéro.
C’est aussi que la culpabilité que nous vilipendions en
critiques radicaux d’une pensée « judéo-chrétienne » était un bon
moteur. Nous avions alors en face de nos véhémentes oppositions, des modèles
impressionnants, des valeurs qui nous obligeaient.
C’était quand même autre chose que ces hoquets contemporains :
« C’est
nul ! Je rigole ! Arrête de me prendre la tête ».
Nous riions très forts, très Charlie. Toujours Charlie.
Cet humour mis à la portée de tous les biberons avait
pourtant stérilisé la plaine comme traitement au Glyphosate. Le terme « valeur »
en dehors de la Bourse devient délicat à manier, depuis que la laïcité elle
même a eu besoin de s’affubler de prudents adjectifs quand de grossiers
personnages ont ramassé le mot abandonné, et que d’autres n’ont rien vu venir.
Mais je ne vais pas me cantonner aux évocations de 50 ans
d’âge que vont activer, en 18, les commémorations envers le rouge soldat inconnu,
voici une anecdote de la semaine dernière.
Une élève vient voir une prof à la fin d’un contrôle :
« Madame j’ai
honte, je n’ai pas pu m’empêcher, j’ai copié. »
Et demande de rectifier les réponses à l’exercice litigieux.
C’est bien que des valeurs lui ont été transmises et qu’elle
les met en œuvre courageusement. Cet acte d’honnêteté nous change tellement des
déplorations, voire des consternations paralysantes, plus habituelles. Dans un
autre collège, une élève de 4° interrogée sur un état de fatigue manifeste
précise que ce sont ses propres jumeaux qui la tiennent éveillée toute la nuit.
Au moment d’écrire, la pudeur, la discrétion peuvent
s’opposer à l’expression qui est à la base de toute vie en société. Le minimum
du respect de l’autre réside dans notre franchise à dire ce qu’on à dire :
plus facile à dire qu’à faire.
Ma perplexité ancienne concernant les difficultés à
s’exprimer y compris chez les adeptes du texte libre à gogo pour les élèves,
s’aggrave à la vue des bavards réseaux sociaux qui sont essentiellement des
compilations bien peu personnelles. Les éructations le plus souvent sous
pseudos ne comptent pas.
Alors je cause.
« Écrire, c'est
l'art des choix, comme on dit à Privas. » Frédéric Dard
……..
Dessin de
Willis, Tunisie, pour Courrier international :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire