vendredi 10 décembre 2010

Ecole décriée.

Dès le petit déjeuner (de plus en plus gras et sucré), l’école est au menu.
« La présence des parents pendant les publicités ne modifie pas le comportement des enfants » d’après Que Choisir ?
Avec une assiduité devant le téléviseur qui a tendance à s’amenuiser au bénéfice d’autres écrans, la parole des parents s’est elle dématérialisée ?
« D’après l’OCDE, les disparités parmi les élèves de 15 ans sont plus grandes en France qu’ailleurs, le poids du milieu social plus lourd. »
Et le ministre qui a su préserver au moins un emploi dans l’éducation nationale, le sien, de se féliciter de l’aide personnalisée. Il a pourtant fait diminuer, entre autres, la scolarisation avant trois ans qui était essentielle à la réussite des plus défavorisés.
Une dévastation sans précédent de l’éducation nationale où les valeurs morales sont mises à terre, les moyens drastiquement amputés, et ce sourire!
Des mesures se prennent et se déprennent. Entre deux week-end : semaine de quatre jours, un jour valable, un autre à jeter.
Des programmes à fondre et à refondre; les minutes consacrées au français diminuent et « c’est pourquoi votre fille est muette »(Le malade imaginaire)… ou plutôt votre garçon…
Ce flot de communications relayé en interne par des cadres new look récitant le catéchisme de l’instant, mine les personnels et fournit des alibis à leur flemme aux porteurs de portables sans cartable, ados et adulescents.
Alors que la droite appelle à la responsabilité des individus, la clameur de tous côtés vocifère : « c’est la faute de l’école ! »
C’est ce bruit qui nuit à l’école. J’avais rêvé du temps de Savary qui avait mis en place les ZEP et des consultations ; il y avait encore une foi dans l’éducation.
« Allègre m’a tuer ».
Désormais l’ironie a dégagé la plaine, le marché a planté ses panneaux, sottises et sornettes ont la voie libre, et le refus d’apprendre s’étale sans vergogne.
L’autre jour, j’accompagnais un groupe de jeunes élèves à la découverte de la ville. Un parent en tête de rang demande à un enfant de ne pas le dépasser ; c’est alors qu’un jeune attablé à une terrasse de claironner « tu es arabe, tu as raison de ne pas obéir ». Le petit en est resté coi. Je n’ai vu sur le moment qu’un jeu où la régression peut avoir des côtés attendrissants, mais fourvoyer ainsi une identité falsifiée dans le refus, accroit mon pessimisme.
Ma mère, 88ans, me demande :
« tu as vu, dans le journal, ce gosse qui s’est jeté au Rhône, à 11 ans ? »
..........
Un dessin du Canard:

1 commentaire:

  1. Excellent billet!
    Bon, je n'aimais pas Savary, mais on ne va pas refaire l'histoire ...
    Quant à faire l'avenir, c'est quand même là que le bât blesse, vu le niveau des réflexions "prospectives" des experts officiels, de quelque bord qu'ils soient.
    Enfin, au moins, le billet - j'y reviens- est très bien.

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