jeudi 4 février 2010

Couleur sépia

Le musée de l’Ancien Evêché présente jusqu’en mars quelques photographes de la fin du XIX° siècle en Isère. Un cycle de conférences aux archives départementales de l’Isère m’a permis de mieux apprécier le travail de ces pionniers dont les épreuves aux rendus subtils ont nécessité beaucoup d’ingéniosité, de patience. Des vues de la Grande Chartreuse, des quais de Grenoble, des panoramiques magnifiques et déjà des alpinistes sur le glacier de la Meije. Il fallait bien au moins un assistant pour trimballer tout le matériel, celui-ci apparaît d’ailleurs sur quelques clichés. Des daguerréotypes émouvants dans leurs écrins ont toute la valeur des pièces uniques, et ne sont pas altérés par le temps. Ce qui ne sera pas le cas pour nos milliers d’images à la merci d’un plantage d’ordinateur, ou de la réduction à l’état de poussière de nos tirages à l’encre comme le prophétisait le conférencier par ailleurs passionnant. Celui-ci entretint un public pour une fois essentiellement masculin, des délices du collodion, des sels d’argent et des vapeurs de mercure qui écourtèrent pourtant la vie des premiers techniciens qui avaient préparé la voie aux artistes. Mais nous n’allons pas accabler nos héritiers sous l’avalanche de nos bobines même si les risques de surcharge ne sont pas certains : l’intervenant dans la belle salle de conférences de la rue Auguste Prud’homme nous rapportait la remarque de deux jeunes vendeurs dans une brocante, à qui l’amateur de photos anciennes demandait pourquoi ils ne conservaient pas les trésors contenus dans les albums qu’ils vendaient : « Vous avez vus la tête qu’ils avaient ! ».

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