vendredi 19 février 2010
Cités à comparaître
Lors de la réunion mensuelle de notre groupe de lecteurs, la dame qui avait montré ce livre avait simplement mentionné que c’était écrit en verlan avant de passer à d’autres ouvrages plus consistants. Le sujet m’intéresse et je me suis précipité sur l’ouvrage au titre accrocheur : quelle déception ! Il y a bien quelques expressions en verlan, tout à fait intelligibles par tout céfran du deux - un (le siècle). Mais le style est à la mesure de l’amoncellement des clichés sur la banlieue qui pourrait épuiser le genre tant cela touche à l’exhaustivité : la mère se prostitue, « dans mon cas, mère et merde ça a la même racine », le père est inconnu, le narrateur après s’être drogué va faire exploser une bombe qui fera "quelques" morts. Il est accusé de terrorisme, mais c’est pas de sa faute, à l’amoureux frustré. La fatalité appartient à la tragédie certes, mais le destin du narrateur se dérobe tellement à lui, que les bras vous en tombent, et le livre vous échappe des mains. Les personnages n’ont aucune consistance, le déroulement de l’histoire est sans surprise, le regard n’apporte pas une once de nouveauté, de chaleur, ni de compassion, ni de révolte. Le degré zéro de la politique. L’auteur est prof à l’IEP Paris, le récit de son parcours aurait été intéressant puisqu’il connait ce milieu, cela lui éviterait ce genre de jeu de mots dont il s’excuse : « … J’ai croisé un grand Renoi qui venait dans l’autre sens. Il allait chez le juge lui aussi mais il avait pas l’air très au top. Y avait des coulées de sang sur sa figure. J’ai pas eu le temps de lire le Rouge et le noir à l’école mais le titre m’a toujours fait kiffer ». Relou. Je vais essayer de cesser de perdre mon temps à lire ce genre de production et me remettre à Stendhal.
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