dimanche 26 octobre 2008
Le jour où Nina Simone a cessé de chanter.
Enfin nous avons pu obtenir des places à « La Faïencerie » à la Tronche pour le spectacle de Darina Al Joundi que nous n’avions pu voir à Avignon tant elle avait connu les faveurs du public dans le festival off. Il faut dire que c’est du vigoureux ! La superbe femme qui joue sa propre vie nous attend dès notre entrée dans la salle. « Je ne vous attendais plus ». Elle attaque d’emblée par la mort de son père et le scandale qu’elle déchaîna à interrompre les litanies du Coran pour être fidèle à l’amour de sa vie qui ne voulait surtout pas de ça à son enterrement. Il ne sera pas enterré en Syrie la tête tournée vers les étoiles mais vers La Mecque : vaincu. Dans sa robe rouge, la rebelle crie sa colère, et son courage ne peut susciter que notre admiration. La liberté de ce père de critiquer les religions, s’est payée de séjours dans bien des prisons du Moyen-Orient ; c’est d’un autre ordre que nos petites audaces désinvoltes. L’interprétation vise à un certain détachement, les moments d’émotion se situant pour moi au moment où le noir se fait sur scène entre deux tableaux et qu’elle accompagne la superbe voix de Nina Simone. Une âpreté parfois drôle, une crudité encore plus extravagante quand on l’imagine là bas au Liban.
La guerre avec les kalachnikovs s’entend moins en ce moment, mais les guerres intérieures font toujours saigner. Au-delà d’une performance scénique, un processus de reconstruction d’une personnalité remarquable.
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