samedi 22 mars 2014

Fête du livre Bron 2014.

A la table du festival des littératures contemporaines, deux promeneurs solitaires et rêveurs : Gilbert Vaudey et Jean Christophe Bailly  dont les routes s’étaient déjà croisées.
Un boulevard s’ouvrait donc à l’animateur de la table ronde autour du mot « traboules » pour trouver une thématique commune, plutôt que le rallumage de petites bougies de l’enfance face aux lasers froids des fêtes actuelles : 35 de ces chemins de traverse dans Lyon restent ouvertes sur 350.
Une fois secouée la fatale nostalgie qui colle à une évocation de Lyon  par Vaudey, « une ville pas comme tout le monde », dans son livre « Le nom de Lyon », le débat pouvait s’approfondir avec Bailly,  l’auteur de « La phrase urbaine »
Il nous emmène au delà du seuil de notre maison,  là où commence le monde, vers « L’impasse des beaux yeux » à Marseille dont la plaque de rue a été mainte fois volée, mais où subsiste le nom écrit à la craie, dans la lignée lyonnaise de la « Montée de tire cul », « Rue des tables claudiennes » ou « Allée des cavatines » dans le « quartier du Point du Jour ».
En accord avec le titre « Plan B », de cette 28° fête du livre, dans le cadre insolite de l’hippodrome de Parilly, nous sommes invités à prendre la tangente, des raccourcis, à faire un pas de côté pour continuer à vivre nos villes constituées de la totalité de nos promenades et non d’un patrimoine en plaques. Chaque ville est  comme un texte à articuler, à conjuguer.
Les urbanistes visent pour certains à revenir sur le zonage stupide qui a modelé nos aglomérations et nous avec, mais quand un coq dérange le résidant  secondaire comment envisager un atelier bruyant en bas de chez le quidam qui cherche le sommeil, quand on ne doit pas trop s’exclamer aux terrasses des cafés ?
 « La façade d’une maison n’appartient pas à celui qui l’habite mais à celui qui la regarde » Proverbe Chinois.
Pierre Jourde de « Pays perdu » http://blog-de-guy.blogspot.fr/2011/06/cest-la-culture-quon-assassine-pierre.html  et  Eric Chevillard du « Désordre Azerty » constituaient une autre paire de choix, complice, punchy, sensible et drôle pour s’interroger sur les pouvoirs de la littérature.
La réalité a été contondante pour l’écrivain qui vient de livrer « La première pierre ». Ses enfants métis avaient reçu pierres et injures quand il est revenu dans le hameau à propos duquel il avait écrit.
Cette violence vient dans ce monde rural en voie de disparition, que toutes les folklorisations n’ont pas épargné, là où justement se racontent des histoires. L’écrivain cherchant à « désenfouir le réel » contourne les évidences quand la vérité ne se trouve pas forcément aux creux des mains ou des poings, ni dans un trou dans la terre.
En farfouillant à l’intérieur du «  réservoir du monde » qu’est la littérature, je retiens quelques phrases stimulantes :
«  L’écrivain doit être mort pour ses lecteurs », « La littérature n’a pas de compte à rendre »…
A la recherche des mots qui ne soient pas taillés dans le prêt-à-poster, un détour par le silence est peut être nécessaire, alors comme au bout d’un champ en Auvergne, P. Jourde continuera à essayer d’apporter des réponses à : « Ce pays me veut quelque chose ».
Son œuvre est en route.

1 commentaire:

  1. Encore une fois, en te lisant, Guy, je me dis que le monde n'a pas fini avec l'éternel... bagarre inévitable entre rats des champs, rats des villes, Cain et Abel, et d'autres.
    J'ai eu l'intime conviction que le monde commençait DANS ma maison, et pas au seuil. Et si c'était un préjugé, l'idée que le monde commence au seuil de la maison ? Après tout, si on n'est pas parti en vadrouille à droite et à gauche dans la collectivité "maison", on est obligé de se coltiner l'Autre, même chez soi...et quand bien même on vivrait seul, on serait obligé de se coltiner.. tous les Autres que nous sommes, en nous, pour vivre. Difficile, tant de promiscuité, n'est-ce pas ? (Si tu crois que nous ne coltinons pas l'Autre en nous, il suffit de regarder combien de personnes sont de très mauvais compagnons de route pour eux-mêmes pour s'en convaincre.)
    Pourtant, force est de constater en ce moment que nous sommes gouvernés.. PAR des CITAdins, pour des citadins.
    Incontournable, n'est-ce pas ? La République est une affaire de.. cité.
    Les attaques vont bon train contre ce qui porte ombrage à la cité, d'ailleurs.
    C'est un peu lassant, cette constante propagande, et autopromotion (je ne parle pas pour toi, Guy, mais pour les organes officiels de la presse.).

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