dimanche 9 décembre 2012

Vise le ciel. Francis Cabrel.



Longtemps après Hugues Aufray, voilà le barde d’Astaffort qui reprend Dylan, c’est que Robert Zimmerman  a inspiré Francis Cabrel depuis ses débuts.
N’ayant pas eu en temps utile l’Américan folk attitude, ce « Bob Dylan pour les nuls » était fait pour moi.
Et je persiste avec mes franchouillardes oreilles : si je n’avais su de qui étaient les paroles, je n’aurais pas entendu tellement de différence avec le Cabrel ordinaire que j’apprécie,
« L’hiver approche, le portail grince
La rouille le ronge, la pluie le rince ».
En retrouvant  quelques mélodies oubliées, la curiosité me titille d’aller voir du côté des originaux : « Just like a woman », « I Want you » maintenant qu’ I know.
Sous un emballage très carton recyclé avec dessins pales, les textes sont bien sûr en lettres microscopiques; parfois le produit manque de vivacité.
Les musiques sont agréables mais ne surprennent pas derrière des textes qui coulent tranquillement sans accrocher.
« Je te veux » est joliet, il manque d’impatience.
« Vise le ciel », l’image est mignonne, mais c’est sur « un grand fauteuil » que le poète s’envole.
D’autres évocations sont justes et fortes :
« Tout en haut de la tour du guet
Les princes ont confisqué les longues-vues »
 Mais la rencontre  avec des grands mots n’est pas toujours facile :
«  J’ai demandé aux flics à chaque carrefour
Avez- vous vu la dignité ? »
Quelques visions nous empoignent :
« Les rats mangent ta farine, ils ont empoisonné le puits
Les rats  ont mangé ta farine et empoisonné le puits
Même le ciel veut dire qu’il ne faut pas compter sur lui. »
L’histoire d’Hollis Brown est-elle celle de notre monde désespérant ?

samedi 8 décembre 2012

Le temps de vieillir. Martine Franck.



Quand j’ai emprunté à la bibliothèque ce livre de photographies des années 80, le sujet était traité dans la série des voyages : cette entrée poétique au pays des rides me convenait.
Le nom de la photographe me disait vaguement quelque chose, il y a aussi un Robert Franck américain.
Elle était née en Belgique, amie de Mnouchkine, elle fut la deuxième femme de Cartier-Bresson, elle vient de mourir.
Elle a travaillé pour Les petits frères de pauvres et le choix du thème recoupe d’autres reportages consacrés aux exclus en tous genres.
Robert Doisneau qui écrit avec la même délicatesse que lorsqu’il photographie évoque le regard amical de celle qui appartenait à l’agence Magnum.
Les années ont passé depuis ces portraits où une poupée sur un lit crie à travers le temps, où le travail qui avait plié les corps  préservait la dignité du berger de Haute Provence ou du cantonnier chinois.
Une photographie résume toute une vie : une dermatologue à côté de sa lampe dont l’abat jour est constellé de papillons, reçoit encore des clients à plus de quatre-vingts ans, elle disparait devant un immense tableau la représentant dans tout l’éclat de sa jeunesse.
Ces vieillards qui comme dit Shakespeare « ont une abondante pénurie d’esprit en même temps que les jambes faibles » alimentent des textes appétissants.
« Quelle est la pire sottise ?
Celle des jeunes qui croient qu’avant eux le monde n’existait pas, ou celle des vieillards qui croient qu’il cessera avec eux ? »
Friedrich Hebbel.

vendredi 7 décembre 2012

L’invention de la France. Hervé le Bras Emmanuel Todd.



Il y a trente ans j’avais lu cet atlas anthropologique et politique avec une jubilation qui avait persisté. Les temps étaient simples, les cartes des votes pour Giscard coïncidaient avec celle des pratiques religieuses, je retrouvais sur le papier mon histoire familiale avec des grands parents légèrement singuliers en Dauphiné après avoir travaillé sur une terre gasconne qui les avait formés.
Avec la réédition de ce livre, je me suis remis en mémoire par exemple ce rapprochement étonnant : les zones où les chasses aux sorcières de la fin du moyen âge avaient été les plus virulentes correspondaient aux départements qui avaient le taux de sages-femmes le plus important. Et révisé que l’implantation protestante s’est faite en Europe  sur fond de sentiment national mâtiné d’une pointe d’identification au peuple élu, alors que le catholicisme était plus universaliste.
La superposition des cartes depuis les invasions barbares, en passant par les taux d’alcooliques, celui des suicides, l’âge des mariages, la proportion d’hommes en capacité de signer… montraient des persistances politiques qui nuançaient une approche uniquement économique.
La zone d’occupation romaine continuait à se distinguer de celle des germains et des celtes.
L’implantation du parti communiste était forte dans les zones intermédiaires entre les types de famille nucléaire (papa/maman) et la famille communautaire quand les enfants mariés cohabitent avec les parents.
La forme de transmission de l’héritage, les champs ouverts ou fermés étaient déterminants :
« En pays de population agglomérée, on tente de limiter les conflits de voisinage car le voisin est tout proche de vous, alors qu’en pays de bocage, au contraire on cherche à faciliter le rapprochement car le voisin est loin. »
L’ouvrage de 500 pages est agréable à lire avec des titres tels que « les Francs sont ils de gauche ? » mais la vision claire des années 80 s’est compliquée avec l’émergence du FN.
Les deux chercheurs récusent sur ce terrain là aussi les lectures simplificatrices qui voient l’implantation du parti d’extrême droite essentiellement sur les territoires perdus par le PC.
La quatrième de couverture donne le ton.
« … du nord au sud, de l’est à l’ouest de l’Hexagone les mœurs varient aujourd’hui comme en 1750. Chacun des pays de France a sa façon de naître, de vivre et de mourir. L’invention de la France est un atlas qui cartographie cette diversité en révélant le sens caché de l’histoire nationale : hétérogène, la France avait besoin pour exister de l’idée d’homme universel, qui nie les enracinements et les cloisonnements ethniques.
Produit d’une cohabitation réussie, la Déclaration des droits de l’homme jaillit d’une conscience aiguë mais refoulée de la différence. L’idéologie aujourd’hui dominante, analysée dans la nouvelle partie inédite de cet ouvrage augmenté, pourrait être décrite comme un programme de défense d’une homogénéité menacée, ou, chez les plus radicaux, le rêve d’un retour à une homogénéité perdue. Mais ce que montrait justement L’Invention de la France, dès 1981, c’est que cette homogénéité n’a jamais existé.
Les défenseurs autoproclamés de l’identité nationale ne comprennent pas l’histoire de leur propre pays. Osons le dire : ils sont aveugles à la subtilité et à la vérité du génie national. Alors, pourquoi ne pas ajouter quelques différences, parfois importantes, quelques nouvelles provinces mentales, maghrébine, africaine ou chinoise, pour les atténuer, les apprivoiser avec le temps, comme on l’a toujours fait en France ? Il n’y est pas question de fixer des différences pour l’éternité, d’essentialiser des pays et des peuples.
La culture est mouvement, progrès, diffusion, homogénéisation bien sûr, mais sans oublier que de nouvelles différences apparaissent sans cesse. L’Invention de la France s’achève par une partie politique. L’effondrement du catholicisme, puis du communisme ont engendré un vide religieux et idéologique qui a fini par couvrir tout l’hexagone. On peut donc parler d’une nouvelle homogénéité par le vide, qui explique l’apparition, parmi bien d’autres choses, dans un pays où les Français classés comme musulmans ne pratiquent pas plus leur religion que ceux d’origine catholique, protestante ou juive, d’une islamophobie laïco-chrétienne, qui prétend que la seule bonne façon de ne pas croire en Dieu est d’origine catholique.
Le vide métaphysique du moment Sarkozy est ici saisi à sa source. » 
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Un dessin du "Canard" de la semaine: 



jeudi 6 décembre 2012

Plan relief de Grenoble.



La maquette de Grenoble en 1840 du temps où elle était ville de garnison, est exposée au Magasin, musée d’art contemporain. Elle est monumentale: 60m2. 
La maquette de fort Barraux est installée au musée Dauphinois également  jusqu’au 6 janvier.
Ces deux représentations minutieuses figurent parmi les 260 plans reliefs constitués pour des raisons militaires depuis le règne de Louis XV jusqu'à Napoléon III. Pierre Mauroy les avait extirpées des réserves où elles prenaient la poussière.
Les fortifications servirent bien peu.
Des jumelles sont à la disposition des visiteurs mais un bon zoom d’appareil photo est plus efficace pour apprécier la finesse des détails, la beauté de l’ensemble.
Au-delà des courbes de l’Isère et des pentes de la Bastille, la cathédrale Saint André, le couvent de Sainte Marie d’en haut sont des repères immuables et le public se régale de voir les évolutions qui se sont opérées. Pas de trace de la gare qui sera édifiée 12 ans après la maquette.
Au moment où des transformations spectaculaires s’apprêtent, il est bien agréable de poser un regard surplombant, en retrouvant des sensations qui remontent à l’enfance.
« Je craignais trouver à Grenoble ce vilain petit pavé pointu qui à Lyon m’empêchait de marcher. Mais les grenoblois sont des gens d’esprit ; sept de leur rues sont déjà pavées de pierres plates que l’on tire de Fontaine, et dans six ans il n’y aura plus de pavé pointu » Stendhal n’a pas été toujours aussi indulgent avec sa ville ; d’autres citations enrichissent la visite :
 «  Ce que j’aime dans Grenoble c’est qu’elle a la physionomie d’une ville et non d’un grand village comme Reims, Poitiers ou Dijon. Toutes les maisons ont quatre ou cinq étages, quelquefois plus. Cela est incommode et  moins salubre, sans doute mais la première condition de l’architecture est de montrer la puissance. »

mercredi 5 décembre 2012

Bordeaux # 2. Moderne chez les anciens.



Dans le quartier Saint Pierre des mascarons ornent les dessus de portes avec des visages africains qui rappellent discrètement la traite négrière.
De cet âge d’or « ne peut être détaché de l’origine de sa richesse : les denrées coloniales, fruit du travail des esclaves des Antilles et de l’océan indien. »
Au cœur de cette zone touristique, le cinéma d’art et d’essai Utopia est installé dans une ancienne chapelle.
 « C’est Mériadeck ici! » dans le langage local signifiait « c’est le bordel !», c’est qu’il y en avait jadis dans ce quartier pauvre à présent témoin de l’architecture des années 60 à forte teneur en béton qui ne jure pas tant que ça avec la vieille ville qui nettoie ses noires façades. 
Récemment, Rogers, l’architecte qui a conçu Beaubourg, a réalisé le tribunal de grande instance dont chaque salle d’audience semble une ruche derrière la façade transparente.
A la limite du quartier des Chartrons, un entrepôt des denrées coloniales accueille depuis trente ans un musée d’art contemporain CAPC (centre d’arts plastiques contemporains).
Le quartier doit son nom à un couvent des chartreux qui en était le centre, et sa renommée aux négociants Anglais qui apportèrent un air d’outre manche, que Flamands, Irlandais ou russes perpétuèrent. 
La préservation des volumes imposants de l’entrepôt Lainé est le principal attrait du lieu.
Keith Haring est dans l’ascenseur. Buren, Warhol, Barcelo, Boltanski, Combas font partie de l’exposition permanente, mais j’ai regretté leur discrétion face à la rampe de Michel Majerus "If you are dead, so it is" qui occupait provisoirement la nef principale et aurait pu satisfaire les skateurs ailleurs.
Si le quartier des Chartrons est lié au commerce du vin, Bacalan à côté des bassins à flot accueillait les dockers. Son nom n’a rien à voir avec  quelque bacalhau portugaise, mais avec le patronyme d’une famille protestante de la région.
Bien mise en lumière, la base sous marine située au Nord de la ville, que nous n’avons pu visiter, éveille la curiosité. Ce bunker colossal construit en 1941 par 7000 ouvriers, abritait des sous marins allemands sous ses 6 mètres de ciment. Aujourd’hui des galeries y sont installées.
De préférence aux installations froides des institutions vouées à l’art contemporain, l’art brut est pour moi plus immédiat, plus bouleversant.
C’est à Bègles, ancienne banlieue rouge, chez  le vert Mamère,  que nous trouvons notre affaire au musée de la création franche.
Nous sommes dans l’intimité d’une maison du XVIII° où alors Rosemarie Koczÿ exposait. L’abondance de ses dessins intitulés « Je vous tisse un linceul », leur force, le thème des camps de concentration m’ont conduit à abréger ma visite. Je me suis reconstitué avec des œuvres de l’art postal qui parfois crient aussi mais dont la diversité m’a enchanté.

mardi 4 décembre 2012

Les gosses. Carabal.



Une planche de la BD parait chaque semaine dans « Femmes actuelles », depuis 95.
Le trait du papa qui raconte sa vie de famille a beau rappeler Reiser par sa vivacité, c’est la gentillesse qui domine dans ces chroniques tendres qui s’intitulent dans le premier album d’une série de 17 : 
« Et en plus c’est vrai », on n’en doute pas.
C’est la mère harassée que le petit dernier appelle avec insistance pour lui dire : 
« t’es belle maman ! »
Les gosses sont bavards, leurs bons mots naturels, les parents font de leur mieux, c’est reposant.
Et  on ne dit pas « la dépanneuse grosse » ni « la blanche dépanneuse » ni « la voiture de nous » même quand  sa propre voiture est emmenée à la fourrière par une grosse dépanneuse blanche.
« - Hein papa qu’il faut pas dire la mec ?!
- Oui ! Mais s’il te plait laisse-moi écouter les infos !!
- On dit les informations… »

lundi 3 décembre 2012

Sharqiya. Ami Livne.



La terre, l’eau.
Les paroles sont rares, les enjeux élémentaires.
L’état d’Israël a décidé la démolition de misérables cabanes qui abritent deux frères bédouins aux caractères différents et la femme de l’un d’entre eux.
Ils vont se défendre.
La lenteur permet de nous installer du côté de ces hommes dignes, face aux forces dites de l’ordre qui fabriquent du terroriste à la pelle.

dimanche 2 décembre 2012

Arno.



Il a une telle voix que lorsqu’il chante en anglais je suis prêt à faire des efforts pour écouter et je peux aller jusqu’au flamand.
Le plus rauque’n roll des chanteurs de toutes les Wallonie et Biélorussie réunies.
Pour que son interprétation des « Filles du bord de mer » vous transperce, il en faut de la profondeur, et la légèreté d’Adamo qui eut son charme en est toute retournée.
Le natif d’Ostende, là où les chevaux de la mer nous causent depuis leurs brumes, nous régale d’un d’humour qui ne se trouve pas sur toutes les plages rock.

« Tu penses que je suis pas trop petit
Tu penses que je peux être heureux
Tu penses que je vais mourir
Tu penses que je dis des conneries

Et moi je veux nager
Encore une fois avec toi
Et moi je veux nager
Ma femme n'est pas là

Moi j'aime Dieu
Moi je fais ce que je veux
J'adore Hollywood
J'aime l'été à St Tropez

Et moi je veux nager
Encore une fois avec toi
Et moi je veux nager
Ma femme n'est pas là

I wanna swim with you
In the moonlight
Je veux nager, nager avec toi
In the moonlight... »

Rugueux et tendre.
Il parait qu’il a quarante ans de scène derrière lui, alors  je suis bienheureux,  j’ai encore beaucoup à découvrir de cet artiste rare.
...

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samedi 1 décembre 2012

Un repas en hiver. Hubert Mingarelli.



Appâté par une critique de Libé qui s’était mis à la hauteur du livre, j’en ai acheté deux et je ne me suis pas trompé.
« Tout à l’heure nous avions traversé un village polonais, triste comme une assiette en fer qu’on n’a jamais lavée. »
Implacables destins de trois soldats allemands et d’un jeune juif qu’ils ont capturé dans la forêt en Pologne.
« Nous avions l’habitude, nous savions ce qui nous attendait, et pourtant le froid nous surprenait toujours. On aurait dit qu’il rentrait par les yeux et se répandait partout. Comme de l’eau gelée qui serait passée par deux trous. »
Pour faire fondre la neige, chauffer une soupe tellement attendue, ils vont brûler les chaises, l’étagère, la porte de la resserre où se blottit leur prisonnier.
Nous entrons avec eux dans cette pauvre maison avant leur retour au camp, et nous en ressortons glacés.
« Pourquoi le lieutenant Graaf avait-il besoin de nous rassembler dehors ? Ne craignait-il pas le froid lui aussi ? Ce qu’il avait à nous dire, nous aurions pu aussi bien l’écouter au chaud, debout devant nos lits de camp. Sans doute ne trouvait-il pas assez solennel de nous parler à l’intérieur du gymnase. Il avait fait suspendre une plaque en fer à un poteau téléphonique, et le bruit qu’elle faisait, lorsqu’il frappait dessus, ce tintement sinistre, nous le haïssions plus que le froid qui nous attendait dehors. Nous n’avions pas le choix, nous obéissions à un ordre, mais il en fallait n’empêche du courage pour sortir par un temps pareil. »
La barbarie, et des éclairs d’humanité dans les gestes élémentaires, fumer, creuser une cuillère,  apercevoir un cristal de neige tricoté sur un bonnet.
Je ne vais pas tout recopier, le livre n’a que 130 pages et l’essentiel est dans chacune d’elle.

vendredi 30 novembre 2012

Domination et émancipation.



Le rendez-vous proposé par la villa Gillet, décentralisé à la MC2, portait comme sous-titre : « pour un renouveau de la critique sociale ».
Volontiers disponible pour ce genre de débats type forum de Libé ou de « La République des idées », j’en étais à regretter des approches plus journalistiques, plus percutantes. Je suis moins familier des manières universitaires.
Philippe Corcuff pourtant engagé dans les mouvements sociaux, est resté trop souvent le nez dans ses textes ainsi que Luc Boltanski sociologue et Nancy Fraser philosophe.
Quand Boltanski demande que la sociologie dépasse son rôle d’expertise et renouvelle son langage, il illustre cette remarque par  sa propre prestation, trop guindée, surtout au début.
« Ne parvenant à modifier la réalité ni vers le bas, ni vers le haut, la critique est devenue un genre littéraire parmi d’autres et même une sorte de discipline universitaire »
Les temps sont à la déploration mais la répétition des constats est stérile.
Oui, « l’asymétrie des revenus » entraine l’obéissance et  certes, l’autonomie permettrait de s’arracher aux dominations.
Mais que de difficultés à exprimer les régressions présentes où les victimes des inégalités sont jugées comme des coupables !
 « Le néo libéralisme et l’état-nation en interaction sont au faite de leur puissance et profondément en crise. »
Les positionnements des acteurs politiques se situent autour du libéralisme qui en oublient les critiques vis-à-vis de l’état.
A la tribune leur ancrage libertaire leur interdit de jeter l’émancipation avec les eaux usées du libéralisme.
 « Parce qu’il pousse de plus en plus férocement à marchandiser la nature et la reproduction sociale, le néolibéralisme érode les bases mêmes sur lesquelles repose le capitalisme »
Boltanski caricature des féministes, des « laïcards » qui se retrouvent avec les xénophobes  en se polarisant contre le voile qui serait même la « cause du déséquilibre de la balance des paiements !» Tous des néo cons’. 
Par contre sa vision des « responsables » qui « sont en charge de tout, mais responsable de rien » rejoint le bon sens populaire. Et  les alternatifs qui espéraient en un grand soir sont également bien passifs.
De l’auditorium bien rempli, vint la remarque que l’état providence apporte d’abord ses aides aux banquiers ; alors, nous sortons des généralités.
Et quand l’animateur finit sur le mot  magique qui réunit pratique et théorie : « praxis »,  après avoir insisté sur le verbe émanciper qui ne peut  prendre réalité que sous sa forme pronominale : s’émanciper, là je le suis.
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jeudi 29 novembre 2012

Philippe Cognée au musée de Grenoble.



Au risque de taquiner le professeur Brunet, notre guide, je n’hésite pas, dès qu’il y a occasion à jeu de mots : « pour la mort de la peinture, avec Cognée vous repasserez ! »
En effet la révélation des œuvres du quinquagénaire natif de Nantes s’effectue après l’application d’un fer à repasser sur un plastique sous lequel les couleurs vont fondre, le fusain s’écraser, donner des effets d’arrachement, de brouillage qui enrichissent la variété des textures.
Les commentaires sur l’art contemporain se contentent parfois de décrire seulement les matériaux, les formats : le plus émouvant des portraits n’est plus qu’une couche d’acrylique.
Cependant c’est intéressant de savoir qu’une certaine utilisation des pigments, des cires, n’est pas étrangère aux séjours en Afrique de l’artiste  qui expose une centaine d‘œuvres jusqu’au 3 février 2013.
Les tableaux dans la série des carcasses qui occupent une salle entière du musée de la place Lavalette sont du même format que Le bœuf écorché de Rembrandt. Cette information illustre la tendance de l’art d’aujourd’hui à se référer au passé avec par ailleurs des retours aux origines du côté de Courbet, Richter.
Le blanc domine et participe à une dématérialisation qui n’aboutit pas à la disparition de la représentation, celle-ci  transfigure le réel, nous interroge et nous séduit.
Les vanités de Cognée, ses têtes de morts aux couleurs flashy ont des allures de papier peint,  mais les références joyeuses au Mexique disparaissent sous nos souvenirs de charniers.
Son regard sur les grands ensembles, les super marchés déserts, les routes vides, ses recherches avec Google Earth nous intéressent, la géométrie a du beau.
Sa Médina est animée,  et il avait aimé le brouhaha qui entourait  la vaste toile au moment de son accrochage au « Bon marché ».
Ce n’est qu’après avoir pris le temps de se mettre  en face d’un autre  grand tableau que les occupants d’un gymnase au moment d’une tornade apparaissent.  
Le peintre se voit en chien et joue  avec les photographies de son quotidien qu’il recouvre de peinture, accumule agréablement les petits formats. 
Quand un congélateur, une baignoire, des baraques de chantier deviennent des objets à regarder,  c’est que l’artiste est fort.
Ses paysages sans perspective sont ceux que l’on croise derrière les vitres du train et ses champs de colza me parlent.
J’ai aimé ses tables après l’anniversaire du père ou ses draps d’un lit défait.
Devant un mur doré, des ordures s’ordonnent comme au théâtre.
Les sachets plastiques dans un arbre en Inde  l’ont appelé alors que souvent il trouve dans la nature  seulement ce qu’il va chercher.
Dans une bibliothèque rouge sang la couleur devient le sujet principal.
Chacune des toiles porte des contradictions : beauté/ laideur, gris/ couleurs, construction/ destruction, désert/ foule, froideur/ émotion, la nature/ la ville, instantané/ toujours, humour/ mort, loin/ près, petit / grand…
Mon plaisir lors de cette présentation excitante, inondée de lumière, fut sans mélange.

mercredi 28 novembre 2012

Bordeaux # 1. Patrimoine.



Venant de Grenoble,  ville «  compagnon de la Libération », j’avais quelque curiosité pour la « belle endormie »de Chaban mais aussi quelque à priori défavorable envers l’agglo de Juppé « droit dans ses bottes », qui ne dit s’intéresser qu’à  sa ville mais accepte volontiers des missions où désormais il apparaît comme un sage.
Sa cité est belle et il n’y est pas pour rien. Celui qui modernisa le plus la métropole girondine n’était pas le plus bondissant.
Pour aborder la capitale de l’ancienne Guyenne, désormais Aquitaine (pays des eaux) nous sommes montés sur la tour gothique Pey Berland.
Haute de 50m, construite au XV° à côté de la cathédrale Saint André par crainte des vibrations d’un bourdon de plus de huit tonnes, elle offre un beau point de vue sur les toits à proximité et sur la tour de la grosse cloche en bordure du territoire médiéval. 
Sur cette porte de la bourgade, seul monument civil datant du moyen âge, d’où était donné le signal des vendanges, un léopard  d’origine anglaise figure en bonne place et témoigne des liens très anciens avec nos meilleurs ennemis rugbystiques.
Difficile d’échapper à la rue Sainte Catherine qui traverse la vieille ville, la plus longue voie commerciale piétonne d’Europe.
Nous ne sommes pas les seuls touristes en route vers la monumentale fontaine érigée place des Quinconces, dédiée aux Girondins victimes de la terreur.
Les chevaux  de bronze enlevés pendant l’occupation réapparaissent à la veille des élections municipales de 1983 : le Routard titre : « Chevaux de retour ».
 A proximité, Le grand théâtre aux airs antiques est construit aux abords du château Trompette dont les canons étaient tournés vers la ville, il a été vite rasé.
 Au centre du triangle d’or qui rassemble les boutiques  de luxe, la place des grands hommes est occupée par une halle moderne.
Ouverte sur la Garonne, La place de la Bourse appelée  auparavant place Royale, place de la Liberté, place impériale, comporte en son centre la statue de trois grâces (l’impératrice Eugénie, la reine Victoria et Isabelle II d’Espagne).C’est un remarquable exemple architectural du XVIII° siècle, genre place Vendôme,  qui se reflète sur un immense miroir d’eau, aménagement original bienvenu en temps de canicule.
Cette œuvre inspirée par la beauté de la Place Saint Marc à Venise quand elle est recouverte d’une eau  où se mirent les monuments, est une réussite mais les incivilités ne l’épargnent pas et le journal Sud Ouest parle de tonnes de verres cassés à ramasser à ses abords.
Pour expliquer l’origine de l’ancien nom de la ville, les interprétations divergent. Les bituriges, dont le nom signifiait « maîtres du monde », fondèrent  Burdigala. Cette appellation viendrait de burd signifiant marais en basque et gala, abri. J’ai aperçu une banderole de supporters de l’équipe de Bègles-Bordeaux qui portait ce nom.
Du II° siècle, reste un pan de l’amphithéâtre dit maintenant palais Gallien, il pouvait contenir 15 000 personnes.
La basilique Saint Seurin datant du XI° recèle des stalles intéressantes : un homme trimbale son ventre dans une brouette,  un chien est déguisé en moine, des langues sont cuites sur une grille. Ces personnages sont sculptés sous une console qui apparaît lorsque le siège est replié et qui permet un appui : c’est une miséricorde ou patience.

mardi 27 novembre 2012

Le château des ruisseaux. Poincelet. Bernière.



Plongée dans les groupes de paroles de toxicos qui essayent de décrocher.
La bande dessinée sans cases restitue la fragilité des personnes qui exposent leur expériences douloureuses, avec malgré tout de l’humour, parfois.
La forme tout en délicatesse convient bien à cette autofiction sensible nous plaçant à côté de ces hommes et femmes qui ont cherché une vie plus intense et ont côtoyé le vide suicidaire au bout des vertiges.
A l’issue d’un processus de cure exigeant, juste, humain, ils ne seront que 15% à ne pas retomber.
« Monsieur et madame P’tite goutte ont trois filles. Comment elles s’appellent ?
 Anne, Justine et Corine.
 Anne p’tite goutte, Justine p’tite goutte, Corinne p’tite goutte… »

lundi 26 novembre 2012

Thérèse Desqueyroux. Claude Miller.



Oui, il y a des belles images des Landes, des intérieurs d’entre deux guerres, mais c’est décoratif, je n’ai pas ressenti l’importance de la terre dans ce milieu, ni la complexité de cette femme qui se veut au-delà de  la simplicité. Pas d’étouffement, trop lumineux. Alors que Bovary, c'est nous, les enjeux dans ce film sont lointains. Miller chez Desqueyroux, j'ose: ça change du tout au Tautou.
D’accord Thérèse fume et la forêt est inflammable mais pas de coup de chaud pour moi.
Les critiques parlent d’ambigüité, mais le récit  m’a semblé tellement linéaire, je n’ai pas ressenti de dilemmes, la  relation est plus intéressante entre Thérèse et sa belle sœur qu’avec le mari chasseur, cassant, finalement bon.
Je suis tout de même reconnaissant au réalisateur de distribuer aussi quelques traits antipathiques du côté d’Audrey Tautou, mère impassible, amie peu fiable, elle lit Gide mais le lit est vide.

dimanche 25 novembre 2012

H 3. Bruno Beltrao.



Une rumeur lointaine de la rue accompagne le début du spectacle qui tient  alors davantage de la danse contemporaine que du hip hop.
La virtuosité de cette danse de la rue revue par la capoeira prend de l’ampleur quand les duos passent aux trios puis au grand groupe.
La tension, dans les nerfs de cette danse qui a traversé les océans et commence à prendre de l’âge, parcourt la représentation.
Des reflets sur le parquet  brillant et des effets avec l’obscurité apportent de  jolies nuances à des mouvements qui utilisent, plus que de coutume, le sol.   
La musique que l’on attend apparaitra par bouffées, ainsi que les acrobaties furtives, les brefs  moments d’harmonies.
L’énergie, la vivacité montent en intensité tout au long de l’heure  qui passe vite, le spectacle est intéressant et certaines figures sont originales comme des courses à reculons vigoureuses;  par contre la cambrure des corps à l’arrière m’a plus torturé que séduit.
Depuis ma bonbonnière j’étais plus en recherche de concorde que de violence même si celle-ci a des séductions fulgurantes.

samedi 24 novembre 2012

Crépuscule. Michael Cunningham.



«La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles » 
L’auteur américain joue des variations autour de cette phrase de Flaubert que j’aime ressortir.
J’ai d’autant plus apprécié ce livre que je me suis ennuyé au début dans la frivolité d’un milieu arty newyorkais aux conversations superficielles.
Et je me suis laissé embarquer ensuite pendant 300 pages par les indécisions du personnage que j’ai cru principal,  avec sa décapante lucidité, ses emballements, ses lâchetés, sa recherche sans illusion de la beauté.
Reprendre la quatrième de couverture comme le répercutent tant de sites Internet pourrait laisser croire à une simple accumulation de clichés (la quarantaine fringante).
L’arrivée d’Ethan, surnommé Mizzy, diminutif de « mistake » (erreur),  au milieu d’un couple bobo pourrait ouvrir un dilemme homo conventionnel ; ce jeune gars va  permettre de poser quelques questions essentielles, sans réponse téléphonée.
L’hypocrisie semble bannie entre tous ces gens tellement bien et pourtant, ils se cachent, ont des insomnies, vivent « la mort aux trousses », réfléchissent à la meilleure musique pour leurs funérailles alors que le vin est délicieux, les œuvres si intelligentes, les hommes si beaux.
« Le monde ne s’intéresse pas aux petites silhouettes qui vont et viennent, fantômes qui tremblent et se prosternent, ratissent les sentiers gravillonnés et construisent parfois un jardin de pierres, l’éphèbe de bronze, l’urne martelée destinée à recevoir la neige. »

vendredi 23 novembre 2012

Dépassements.



Pour quelques jours à sourire : « l’UMP a deux papas » (Rue 89, lundi), que de moments de troubles !
Le spectacle de l’amateurisme de l’UMP nous réjouit, mais le ridicule affecte l’ensemble des politiques déjà bien mâchurés et la radicalisation des militants de la droite a de quoi inquiéter.
Sur le plan local, le tram se traine, retardé par des recours de particuliers. En m’étonnant de tant d’égoïsme qui s’exacerbe vraiment ces derniers temps, j’ai l’impression d’être le benêt de service. Et de savoir que des militants de gauche jouent parfois sur ces réflexes là, m’accable.
Comme l’impression d’être dans un train qui démarre alors que c’est l’autre rame qui est en mouvement.
Conférence de presse : Les acteurs ont peur des mots. « Rigueur » se dit peu, quant à « virage » !
Notre Dame des Landes : le questionnement sur le type de développement est sous traité à de folkloriques intermittents.
Médecins : Olivennes, le gynéco, frère de Denis de chez Lagardère, occupa les écrans pour pleurer sur sa condition, alors que les porteurs de micro avaient oublié le déficit de la sécurité sociale de la semaine dernière.
Quand on bute sur des sébiles à tous les coins de rue, ce n’est vraiment pas le moment d’en appeler à la solidarité nationale pour  « permettre d’assurer leur train de vie » à des vautours se parant de plumes de pigeons.
Et de faire valoir leur 15 ans d’études, mais ceux qui traduisent à tous coups tout en coût savent bien que cette chance qui est offerte à leur bénéfice personnel, ils la doivent à la collectivité.
D’indécents dépasseurs d’honoraires se cachent derrière les souffrances bien réelles de travailleurs de la santé qui eux ne comptent pas leur peine au cœur des souffrances ultimes.
Nous connaissons ces habiletés corporatistes lorsqu’une fonctionnaire du rectorat cache ses paresses derrière les désespoirs de profs de collège, mais alors que  l’école comme la santé bénéficient du respect de chacun, la mauvaise foi de quelques pontes a empoigné aux cheveux mes capacités d'indignation.
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 Dans le Canard cette semaine:

jeudi 22 novembre 2012

Dali.



Salvador Dali, né en 1901, est mort en 1903.
Le très célèbre peintre surréaliste, Salvador Dali, fils de Salvador Dali, naquit en 1904.
Il porta toute sa vie le fantôme de son frère mort.
Du temps de sa jeunesse madrilène, il fut l’ami de Buñuel et de Garcia Lorca.
A Paris, il connut Miro et Picasso. Il fut  alors anarchiste et déjà excentrique.
En 1924, il invita à Cadaquès, Magritte, Eluard et sa femme Gala qu’il mariera à son tour.
Elle sera sa muse, sa mère de substitution et son agent.
Christian Loubet dont le titre  de la conférence était « Dali, délires : la peinture contre la paranoïa ? » a mis en évidence cette influence devant Les amis du musée de Grenoble.
L’ambiance méditerranéenne de paysages parfois calcinés, aux tons acides, des nombreux (1640) tableaux du Catalan, installe dans la lumière, les jeux les plus lugubres, les plus choquants, les plus vrais, les plus mensongers : « mentir vrai ».
« Le pervers polymorphe » peint avec une précision fascinante les obsessions les plus secrètes.
Les titres des tableaux sont tout un poème :
L'âne pourri- L'énigme du désir - Ma mère, ma mère, ma mère - Le grand masturbateur - Pain anthropomorphe - Buste de femme rétrospectif - L'Angélus architectonique de Millet - Construction molle avec haricots bouillis, également appelé (toujours le double  je jeu) : Prémonitions de la guerre civile…
Dans de nombreux autoportraits, le moi explose et se rétablit. Son Narcisse va sombrer dans son reflet mais ressuscite dans le travail d’une main.
Il n’y a pas que ses fameuses montres qui soient molles, les corps se déchiquètent, sont visqueux au bord de la liquéfaction ; ces images foisonnantes  sont à mettre en face de sa volonté de puissance, avec la représentation de sexes dressés symboliques ou réalistes.
Sa peinture littéraire enchaine les mots, renvoie au-delà du rêve, se projette dans une relation impossible ou l’intention est vouée à l’échec.
Il aime troubler les sens avec ses images doubles voire triples. Une image peut en cacher d’autres : Voltaire et les religieuses  dans un tableau intitulé Le marché aux esclaves.
Vedette du mouvement surréaliste, il se fâcha avec André Breton qui  a trouvé le  bon mot « Avida Dollars », anagramme de Salvador Dali. Il avait peint un Lénine mou de la fesse dans L'Énigme de Guillaume Tell.
Il se fit sculpteur,  réalisa des bijoux, s’intéressa à la photographie, travailla pour la mode, participa à des projets de théâtre, d’architecture et pas seulement dans le musée où il sera enterré en 1989.
L’œuvre est  colossale.
En Amérique, il travailla avec Disney et Hitchcock, il fut reçu par le pape, rencontra Freud et loua Franco. Il est devenu monarchiste et toujours parano, mégalo, rigolo. 
Vénérant ses maîtres Raphaël, Vélasquez jusqu’à la moustache, il s’intéressa à la physique atomique, rendit  célèbre la gare de Perpignan, se réclama de Meissonnier, fustigeant « les cocus de l’art abstrait ».
Son influence fut  déterminante : Pollock commençant là où il était arrivé ; le provocateur génial avait montré la voie : Warhol  aimant la mise en scène comme lui, ira aussi vers le commerce.
"A trois ans je voulais être cuisinière.
 A cinq ans Napoléon. 
Depuis, mon ambition n'a cessé de croître comme ma folie des grandeurs."
Salvador Dalí

mercredi 21 novembre 2012

L’Entre deux mers.



L’Entre deux mers est  une région située entre Garonne et Dordogne avant que les fleuves se rejoignent pour former l’estuaire de la Gironde, la région est couverte de vignes aux vins blancs réputés.
« Saumur, Entre-deux-mers, Beaujolais, Marsala,
Toute la fine fleur de la vigne était là
Pour offrir à l'ancêtre, en signe d'affection,
En guis' de viatique, une ultime libation.»
Brassens. L’ancêtre.
Nous avons loué un gîte à proximité de la belle bastide de Cadillac dominée par le  château des ducs d’Epernon. Avec des plafonds à la française et de belles cheminées, son architecture XVII° a des airs renaissance et annonce le style classique. L’ancien mignon d’Henri III fut encouragé par Henry IV à dépenser sa fortune dans ce colossal bâtiment loin de Paris, transformé en prison pour femmes puis  en centre d’éducation surveillée jusque dans les années 1950.
Le village comporte un établissement psychiatrique qui innove en matière de prise en charge des patients.  Quelques croix métalliques subsistent dans le « cimetière des oubliés »  qui recueillait les sépultures des "mutilés du cerveau" en particulier des anciens combattants de la  première guerre, et les aliénés morts de famine pendant la seconde guerre.
Sur le chemin de Compostelle, l’abbaye de Sauve-Majeure (Selva major, grande forêt)  mêlant roman et gothique est en ruines mais quelques ouvertures encadrent joliment le ciel ou la campagne environnante et des chapiteaux sculptés monumentaux ont gardé toute leur originalité.
La ferme- parc « Oh ! Légumes oubliés » à Sadirac élève des aurochs (voir Brassens encore) et offre à l’heure du goûter des quiches à l’ortie, des boissons au verjus, des confitures au sureau, des confits  de nèfles-oignons, des raisins sans pépin…Le jardin joliment entretenu est un conservatoire des légumes oubliés.
Le mois d’août est  avec septembre le meilleur moment pour assister au phénomène du Mascaret et Vayre sur la Dordogne est l’endroit le plus recherché des surfeurs qui accompagnent la marée montante formant des vagues impressionnantes quand elle est contrariée par le courant du fleuve. Au moment des marées d’équinoxe le mascaret se manifeste jusqu’à 200 km à l’intérieur des terres.
Nous sommes vraiment au cœur d’une civilisation du vin où pas un arpent de terre n’est laissé à d’autres culture que la vigne. Et lorsque nous irons visiter les lieux où vécurent les « trois M » : Mauriac, Montesquieu, Montaigne, chaque boutique  présente des bouteilles à côté des livres sans que cela soit artificiel, chacun des écrivains avait affaire avec les blancs et les rouges. Dans la maison du vin de Cadillac quand un vigneron nous parle de son travail, c’est tout un art qui est mis en valeur comme dans la boutique l’Oenolimit  à Bordeaux qui nous a bien conseillé  avec un cépage nommé verdot.