dimanche 2 octobre 2022

Schnock n° 43.

Une fois que le rédacteur en chef de la revue des vieux de 27 à 87 ans
a décrété qu’Isabelle Huppert est la « figure tutélaire du genre salope » et qu’elle porte avec elle « une haine blafarde du monde », toute autre considération ne pourra être qu’efflanquée à l’image de l’actrice de Sautet, Chabrol, Piala… et même de sa sœur Caroline.
Les 93 pages qui lui sont consacrées, quoique parfois un peu répétitives, font le tour de sa très riche filmographie, voire de sa discographie, plus maigre.
 Parmi les savoureuse rubriques habituelles, une liste de fournitures de bureau aggraverait même la nostalgie, reine de la revue à 15, 5 €, lorsqu’elle précède l’évocation d’une virée vinyle aux puces de Saint Ouen
L’entretien avec le responsable de la bande son des Shadocks et la description de son parcours m'intéressent comme est tendre le rappel de « Domicile conjugal » de Truffaut ou toujours truculent Géminiani directeur sportif d’Anquetil dont il a dit  que c’était :  
« une formule 1, un ordinateur, et un alambic ».
Je me souvenais davantage que « monsieur X » tentative de teasing publicitaire en politique menée par Servan Schreiber était Gaston Deferre, plutôt que de Corinne Lepage qui avait  récemment tenté de rééditer un tel suspens sous le pseudonyme de Catherine de Médicis.
L’affiche France-Brésil évoque bien des émotions de ballon rond. Mais les rencontres en musique de Vicinius, Tom Jobim, Baden Powell, Joao Gilberto avec Salvador, Barouh, Vassiliu, Nougaro, Distel et Croisille enchantèrent nosTeppaz, Zanini aussi et Françoise Hardy,Teca et Ricardo, Moustaki … 
« C'est l'hiver qui s'efface, la fin d'une saison
C'est la neige qui fond, ce sont les eaux de Mars
La promesse de vie, le mystère profond
Ce sont les eaux de Mars dans ton cœur tout au fond
Un pas, une... pedra é o fim do caminho
E um resto de toco, é um pouco sozinho ...
Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire... »

samedi 1 octobre 2022

Cher connard. Virginie Despentes.

L’oxymore « collision douce » mentionné a
u bout de 343 pages, rejoint le titre à comprendre comme une complicité, à l’image de l’insulte « enfoiré » devenue une tendresse.
Pour aimer les paradoxes, les contradictions, me voilà sur la piste déjà encombrée des révulsés par l’auteur après ses déclarations au moment des assassinats de Charlie et qui ont fini par apprécier ce livre pourtant trop promu. 
« Les mecs qui m’ont le mieux baisée sont toujours ceux qui m’ont fait le plus de mal. » 
Un écrivain jeté en pâture sur les réseaux sociaux par son attachée de presse qu’il avait harcelée entretient une correspondance avec une actrice de 50 ans.
La brusquerie initiale de leurs premiers mots aurait pu couper court à tout échange, mais leurs monologues juxtaposés conservent quelque verve pour aborder les thèmes violents tapissant nos quotidiens.
Les féminicides : 
« Tous les deux jours la nouvelle d’un patron qui aurait tué son employé.
On se dirait ça va trop loin. »
 Les drogues : 
«  Je m’effiloche, je suis incapable de rester concentré, le moindre truc me pulvérise. »
 La notoriété : 
« Elle crée le vide autour de toi. Tu prends tellement de place que ça devient gênant. » 
La désintoxication :  
«  J’en ai marre de la sincérité. J’ai juste envie d’être un gros con. D’avoir mauvais esprit. De détester les gens ; de les mépriser. De prétendre qu’ils sont la cause de tous mes problèmes. » 
Les images étouffent la musique : 
« … La gueule tatouée tout défoncé qui fait du hip hop de gamins gros cernes à la fois super doux et smooth codéine et à la fois déglingué dérangeant désolé avec une séduction enfantine. » 
Le féminisme : 
« Les hommes, nous ne les avorterons pas, nous ne les priverons pas d’éducation, nous ne les brûlerons pas sur un bûcher, nous ne les tuerons pas dans les rues… » 
Les personnages sortis de leurs dépendances évoluent sous le couvert de leurs papotages pimentés ou insignifiants, sincères ou de mauvaise foi. Leur l’hostilité tourne à une amitié favorisée par le temps cavaleur. 
Les gros mots se sont raréfiés, les bavardages concernant les machines inhumaines, ou l’usage des chiens pendant le confinement se sont épuisés, l’écrivain vain se met à fréquenter une toquée à tocs.
Tous les thèmes apparaissant dans le cercle parisien de l’édition, du cinéma et de la musique ne voulant pas voir la douceur de vivre, broient un noir assez conformiste, si bien que la description d’un apaisement des passions destructrices peut paraître d’une certaine originalité. 
« Pour être un grand auteur, il suffit que trois fils à papa se pâment en hurlant au génie. » 
Elle parle de Céline.
A bientôt, connasse !

vendredi 30 septembre 2022

Jeannot Monin.

Quand un avis de décès parait sur le journal, la nouvelle bouleversant une famille appartient aussi aux voisins et aux anciens voisins revenant aux souvenirs d’enfance.
La disparition de Jean Monin qui a travaillé ses terres autour du hameau du Gibet à Le Pin inviterait même des images remontant à des siècles, alors que ce lieu a été débaptisé et que le village de Saint Christophe du Pin ayant perdu depuis longtemps sa particule ecclésiastique a disparu des cartes sous l’appellation toute fraîche : « Villages du lac de Paladru ».
Jeannot était paysan, passé de la conduite de la jument «  Mascotte » aux tracteurs.
Sous le toit immense de la grange patrimoniale, les hommes venus aider à la batteuse avaient le visage noirci par le poussier.
Les bavards d’aujourd’hui peuvent avoir le souvenir d’un « taiseux », j’ai gardé du temps que j’étais môme ce respect que nous avions appris envers les plus âgés et je le considérais comme « un sage ». L’appréciation  aurait pu le faire bougonner.
Coéquipiers dans l’équipe de foot de l’ASP pour laquelle il est celui qui renouvela le plus longtemps sa licence, me revient une fois encore la grâce d’une époque où se mêlaient sous les mêmes couleurs toutes les conditions, tous les caractères, toutes les opinions.
Un des premiers terrains avait été tracé le long de la rivière.
Lors de la cérémonie d’adieu dans l’église comble, «  La prière » de Francis Jammes chantée par Brassens allait de soi.
« Par l'âne et par le bœuf, par l'ombre de la paille,
Par la pauvresse à qui l'on dit qu'elle s'en aille,
Par les nativités qui n'auront sur leurs tombes
Que les bouquets de givre aux ailes de colombe,
Par la vertu qui lutte et celle qui succombe :
Je vous salue, Marie » 
Le fils de Charles et de Pauline chantait « Armstrong tu te fends la poire » de Nougaro et d’autres chansons de Brassens, tellement bien que lorsque je suis passé à Brive où « à propos de bottes d’oignons » des « gaillardes se crêpaient le chignon », j’ai pensé à Jeannot à qui je trouvais l’air tranquille de Georges le sétois et sa solidité. 
« Les quat'z'arts avaient fait les choses comme il faut
Leur compassion semblait venir du cœur. Bravo !
Quand je suis ressorti de ce champ de navets
L'ombre de l'ici-gît pas à pas me suivait
Une petite croix de trois fois rien du tout
Faisant, à elle seul', de l'ombre un peu partout
Les quat'z'arts avaient fait les choses comme il faut
Les revenants s'en mêlaient à leur tour. Bravo ! » 

jeudi 29 septembre 2022

Expos d’automne 2022 à Grenoble.

A l’ancien musée de la place Verdun des artistes locaux exposent leurs œuvres jusqu’au 2 octobre de 13 h à 19 h du mercredi au dimanche.
La diversité des peintures sculptures, photographies, installations des amateurs invités par la MAPGI (Maison des Arts Plastiques de Grenoble et de l'Isère) rend le parcours agréable.
Les travaux de ces 30 artistes valent bien des propositions de certains pros de l’art contemporain.
Le lieu majestueux menace ruine ce qui ajoute à son charme pour l’entiché de crépuscule mais navre le citoyen constatant que ce lieu prestigieux est quasiment abandonné derrière une rampe d’accès qui défigure la place solennelle.
Le thème « Odyssée(s) » est suffisamment large pour appeler des illustrations telles qu’Homère les eut souhaitées il y a près de 2800 ans, alors que rappliquent les barques de migrants de toujours ou que des propos s’appliquent à tous trajets.
Maître Naro,  séduisant décolleur-recolleur, qui fut mon moniteur complice en EPS, figure en majesté ; tout soupçon de copinage de ma part est justifié, assumé,

ainsi que pour Joël Bressand
La barque élémentaire d’Alain Bourdel, dont je n’ai pas retrouvé trace numérique reste dans ma mémoire comme le lit déserté de Mireille Arbelot.
Par contre, je ne sais plus qui a donné  poétiquement des ailes aux clefs,
ni saisi l’immensité d’aussi belle façon.
Des photos argentiques remarquables sont de Thierry Lathoud.
Au musée Hébert à La Tronche, Ji-Young Demol Park bénéficie d’un magnifique cadre pour ses aquarelles des Alpes en ses hauteurs et panoramas les plus grandioses.
« Contemplations » à voir jusqu’au 28 novembre.
La finesse, la délicatesse de la coréenne vont bien aux sommets les plus difficiles émergeant des brumes sur le versant opposé au puissant Rochette, aussi fort.
Les formats différents depuis l’alerte carnet de croquis jusqu’à l’immense fresque majestueuse permettent d’allier la constance du regard sur un monde essentiellement minéral aux hasards maitrisés d’une encre vibrant dans ses lavis.

mercredi 28 septembre 2022

Olonne sur Mer

Nous récupérons la voiture bien fraiche au parking,
quittons Blois,
https://blog-de-guy.blogspot.com/2022/09/blois-2-le-chateau.html
et prenons la direction des Sables d’Olonne.
En cours de route, une petite sieste sur le gazon s’avère utile, sans scrupule car nous disposons de temps devant nous. Il fait soleil et chaud. Nous atteignons notre destination vers 17h45. Notre hôtesse  AirB&B, nous accueille dans la seule partie d’une  longère aménagée en studio, quant au  reste de l’habitation débarrassé de tout élément intérieur, il attend  de gros travaux. Pour elle et son mari paysan, le logis se résume actuellement à un mobil home à proximité, près des dépendances agricoles. Notre souriante logeuse nous apporte déjà informations et plans pour faciliter notre séjour.
Nous suivons ses conseils de visite concernant la plage de Sauveterre la plus sauvage. 
Après plusieurs errements, nous finissons par la dénicher. 
Un parking marque la fin de la route.
Pour gagner l’océan, il faut passer les dunes.
Elles sont bien protégées et végétalisées derrière des barrières entre lesquelles un chemin assez large autorise l’accès à l’eau. 
Quelques blockhaus affleurent, souvenirs d’un passé moins écologique.
Nous déboulons sur une  belle plage de sable, à perte de vue, vaporisée par les embruns, dans une belle lumière de fin d’après-midi.
Des surfeurs s’ébattent dans l’eau, d’autres arrivent sans doute après leurs activités professionnelles. Je les admire d’avoir à parcourir le chemin conséquent entre le parking et la plage chargés de leur matériel, surtout au retour après leurs batailles avec les vagues. 
Mais quand on aime… L’heure tourne.
Nous trouvons une pizzeria  à Brétignolles après avoir essuyé deux refus dans deux restaurants pleins ou n’étant pas en capacité d’assumer un 2ème service.

mardi 27 septembre 2022

Des villes et des femmes. Bob de Groot Philippe Francq.

Six femmes, six villes : 
Mireille va mourir à Marseille, Gerda à Amsterdam… 
« Dieu a créé la terre, les hollandais la Hollande. » 
Les clichés font-ils partie du cahier des charges chez certains éditeurs de BD ?
Il est vrai qu’installer une atmosphère en 10 pages requiert de la concision, de l’efficacité, surtout qu’il y a crime à tous coups avec ouragan à Key West, bombe à Bruxelles, en musique à New York, dans un bistrot à Paris, autour d’une piscine aux pays Bas, et depuis une fenêtre de la ville «  qui sent bon le soleil, le pastis, la bouillabaisse, Fernandel ou Pagnol ».
Au premier coup d’œil j’avais cru voir en titre «  Vieilles femmes » démenti par la silhouette féminine vue de dos, encore que cet angle puisse être trompeur. 
Toujours est-il : le vrai thème affiché pouvait être fécond mais souvent les lieux s’avèrent interchangeables et les systématiques cadavres tuent notre intérêt. 
Les affaires sont vite expédiées, la lecture aussi.

lundi 26 septembre 2022

Tout le monde aime Jeanne. Céline Devaux.

Film doux amer taillé pour Blanche Gardin en dépressive rigolote. 
Après avoir tutoyé la notoriété pour un appareillage destiné à récupérer des déchets plastiques dans les océans qui n’a pas fonctionné, elle doit aller vider l’appartement lisboète de sa mère venant tout juste de se suicider.
Le tragique léger vire au comique loufoque.
Le ton original et le schéma narratif dynamisé par des animations mettent à distance les dilemmes de la quadragénaire. 
L’humour peut  aider dans une nécessaire thérapie, même si le choix de Laurent Lafitte, cleptomane fantasque et irresponsable, ne promet pas des lendemains forcément enchanteurs.