mardi 5 février 2019

Le der des ders. Daeninckx / Tardi.

La vie est violente encore après la boucherie de la « Grande » guerre et lorsqu’un détective hanté par les tranchées enquête au service d’un ancien gradé, sa vision de l’humanité va insister dans le noir et blanc.
Les discours patriotiques sont une nouvelle fois vidés de leur substance héroïque lorsqu’au-delà des mots trompeurs, la lâcheté, les passions les plus basses se déchainent et perdurent.
Les deux auteurs complices ont travaillé le sujet et nous remettent en mémoire la révolte des soldats russes en 17 réprimée par l’armée française au camp de La Courtine, ou reviennent sur les tirs d’artillerie qui ont tué ceux qu’ils étaient sensés protéger. 
De belles pages antimilitaristes peuvent s’écrire au-delà de l’armistice avec les trafics divers de l’après guerre. Le scénario est parfois alambiqué, mais les paysages urbains sont toujours aussi réussis et les  contrastes en noir et blanc conviennent tant à cette période qu’on en apprécie même une certaine raideur des personnages.
J’avais tellement dans les mirettes l’expression « la » der des ders que je n’avais pas vu le titre « le » der des ders, mais le sujet essentiel pour moi est resté l’horreur collective de ces 10 millions de morts qui ont marqué notre civilisation au plus profond.

lundi 4 février 2019

Un violent désir de bonheur. Clément Schneider.

Le titre fort appelle une déception proportionnelle, née dès un premier plan qui sonne faux aussi bien dans les mots que dans la façon de filmer. Alors qu’il est question de la révolution française en 1792 dans l’arrière pays niçois, pas encore français, un moine va se déguiser en soldat de la République sans tergiverser. Dans le même élan il culbute une jeune fille noire qui accompagnait la troupe, appelée comment ? Non ? Si : Marianne ! Alors il est forcément distrait lors de la cueillette des olives, et si sa brouette destinée à recueillir quelques brindilles a des problèmes de roulement, un bain dans la rivière sera bienvenu. Il est question d’émancipation, de flamme et c’est récité sur un ton tellement monocorde que l’ennui nous tombe dessus. Cette forme d’un autre âge qui parodie Bresson ou un Rousseau Jean Jacques pour les très nuls, ne délivre heureusement pas de message politique, tel que le rythme d’un rap initial avait pu le laisser craindre ou espérer. Un violent désir de quitter la salle avant la fin du film.

dimanche 3 février 2019

Good and guest. Rodolphe Burger.

Les paroles sont en anglais et  en allemand, et quand c’est en français, dans le mode « ne-me- quitte-pas-moi », nous restons dans le blues entêtant.
A la MC 2, les musiques peuvent taper, mais c'est avec élégance, le public est pourtant différent de celui qui  ne se met debout seulement lorsque le spectacle est exceptionnel. Quand des chanteurs s’y produisent, ce sont les fans qui viennent avec un enthousiasme que je n’ai pas partagé car je n’avais pas de connaissance approfondie de l’œuvre de ce collaborateur de Bashung et Higelin.
Le rocker alsacien parait désinvolte comme il se doit, mais il « assure », changeant de guitare entre chaque morceau. Bertrand Belin participe, toujours aussi énigmatique,  http://blog-de-guy.blogspot.com/2014/02/parcs-bertrand-belin.html . Avec un plateau conséquent et variable, le fondateur du groupe Kat Onoma livre une musique qui pourrait être envoutante si j’avais été emballé par la poésie des textes auxquels je suis resté étranger avec mes rigidités d’amateur d’une chanson française où les sons ne prenaient pas le pas sur le sens. Je vais me contenter des rééditions des Clerc, Thiéfaine Hubert Félix tout en évitant Popolnareff et autre qui n'en finissent pas de sortir.

samedi 2 février 2019

Conversations avec un enfant curieux. Michel Tremblay.

Dialogues chaleureux et cocasses de l’écrivain en devenir avec son entourage à propos de Bambi, de l’usage du tutoiement, du troisième secret de Fatima, du rôle d’Hérode et de l’opération du Saint Esprit.
«  Le Saint-Esprit a opéré le père, ça a donné le fils, donc c’était une femme. Ensuite il a opéré la Sainte Vierge, pis ça a donné le petit Jésus, donc c’était un homme… quel genre de famille que c’est donc ? »
L’opinion que l’on a d’un livre peut être fluctuante : séduit au début par l’espièglerie du petit garçon, j’ai été agacé par la suite comme ses interlocuteurs fatigués de ses questions incessantes, puis espaçant mes lectures, j’ai retrouvé les personnages avec plaisir, si bien que les 150 pages m’ont parues trop brèves.  Mais l’auteur canadien est prolixe.
La langue est savoureuse et de l’amour circule:
« Je sais pas si la mère de Bambi se plaint, comme madame Lafortune, à côté de chez-nous, parce qu'à' voit jamais son mari... Mais ma mère m'a dit de pas parler de ces affaires-là, que ça nous regarde pas. »
Ponctué par des sourires, c’est le roman d’une enfance heureuse qui voudrait durer et promet par ses découvertes de la musique classique, de la littérature, de grands moments à venir. Un destin se dessine lorsqu’il montre sa préférence pour les poupées découpées plutôt que pour les garages.

vendredi 1 février 2019

Où avais-je la tête ?


Qu’ai-je à revenir sur cette guillotine qui fut dressée à un carrefour pour me confirmer dans une peur des gilets jaunes ? Ils ont un bouc émissaire et veulent lui couper le cou, risquant de perdre ainsi l’objet fédérateur de leur haine. En s’en prenant de surcroit  aux médias responsables de la décrue de leur mouvement et célébrant leurs martyrs, ils semblent s’approcher de la fin.  
Parmi eux, dès qu’un leader apparaît, un sens de l’égalité très enfantin, les amène à raccourcir tout ce qui dépasse, il est vrai qu’entre casquette à l’envers et complotistes en escadrilles, des leaders ont du mal à émerger. Et à écouter quelques porte-parole locaux cela ressemble plus à un Téléthon pour abstentionnistes qu’au surgissement des lumières qui fondèrent les Droits de l’homme. 
Insérer ici l’image d'un canard qui court encore, bien qu’ayant perdu sa tête.
Dans notre monde où l’on ne cesse de regretter la personnalisation des pouvoirs, on recherche pourtant tout le temps de nouvelles têtes qui nous conviendraient, mais leur obsolescence programmée vient si vite. Ségo fit une semaine comme sauveure du PS quand tant d’Insoumis sont fatigués de leur Leader Maximo.
Au bout des bras, un téléphone, pour un selfie, dit bien l’hypertrophie de l’individu élevant chacun à la condition de journaliste. Ceux-ci trainent une culpabilité qui les fait ramper et se soumettre à la doxa de l’heure.Témoin le site place Gre’net aussi confondant de conformisme que le quotidien local objet de toutes les critiques, en plus gnangnan pour ce qui est du compte rendu des manifs.
Quel média enquêtera sur les incendies qui se multiplient par chez nous et qui valent littérature masquée sur les réseaux? « Beaucoup font couler l’encre à propos des médias pour les critiquer, peu font couler l’essence dans leur locaux pour les incendier ». Radio France Isère!
« Beaucoup font couler l’encre à propos des médias pour les critiquer, peu font couler l’essence dans leur locaux pour les incendier »,

Source : article Une revendication ? Un texte posté sur les réseaux anarchistes salue l'incendie de France Bleu Isère | Place Gre'net - Place Gre'net
« Le flot déchaîné de l’information à outrance a transformé le journalisme, tué les grands articles de discussion, tué la critique littéraire, donné chaque jour plus de place aux dépêches, aux nouvelles grandes et petites, aux procès-verbaux des reporters et des interviewers. » Zola
Quand le réel s’efface derrière les écrans, l’impunité qui se permettait de tout dire, tout faire, se prend des gnons. Le concret est revenu avec ses boucliers; la République ne peut vivre sans ordre.
Ah ! Voir derrière tout acte, un chef d’orchestre clandestin est vieux comme le monde, remonte haut dans les cieux et sert dans tous les camps. Cette facilité devient automatique comme clic, avec un retour inopiné des juifs dans un rôle où ils ont toujours été plébiscités.
Inévitable sur ce blog un détour vers l’école où y tout ce qui explose mijotait depuis un moment. 
Il n’était plus enviable d’être tête de classe depuis un bail, désormais il convient plutôt d’être « populaire », depuis que réfléchir a signifié « prise de tête ». 
Nous payons ces confusions remontant à loin où les classements implicites plus pernicieux que les classements explicites abandonnés depuis longtemps, privilégient la quantité sur la qualité, le nombre de followers sur la pertinence des propos.
J’avais enseigné à des enfants qu’en 1789 l’arbitraire et la tyrannie avaient pris fin et nous avions étudié les mécanismes de notre démocratie en éducation civique. Aujourd’hui certains rêvent de renverser la République… coiffés d’un bonnet phrygien. Nous avons dû manquer de pédagogie comme on dit  chaque fois qu’on a échoué. Mais pas grand monde ne dénonce cette escroquerie intellectuelle quand sont mises en parallèle la fin de la royauté et les contestations envers nos institutions heureusement solides.
Comme je cherche pour chaque article une citation, je vais essayer de refourguer quelques données statistiques qui m’ont étonné concernant la fiscalité:
«  Avant redistribution l’écart des 20% des contribuables les plus aisés et les 20% les plus modestes est de 8,4, après redistribution, il passe à 3,9. » 
......
 Le dessin ci-dessus est de Plantu dans "Le Monde" 

jeudi 31 janvier 2019

Egyptomania. Catherine De Buzon.

Ne pas confondre « Egyptomania », « Egyptian Revival », et autre « Nil style » avec la scientifique « Egyptologie », quand la mode à toutes les époques réinvente l’architecture, le mobilier, les ornements, les arts de la table, les bijoux… tout ce qui dans l’Egypte ancienne a fasciné le monde.
Sous le tableau de Vedder : « l’homme qui questionnait le Sphinx », la conférencière, devant les amis du musée de Grenoble, nous a livré quelques éléments qui illustrent le sous-titre de son exposé : « Quand le Sphinx devient loquace » autour de l’exposition : « Servir les dieux d’Egypte » https://blog-de-guy.blogspot.com/2019/01/servir-les-dieux-degypte-au-musee-de.html  .
Par exemple la tapisserie « Moïse sauvé des eaux » à partir d’un carton de Poussin et sa statue énigmatique, son obélisque, ses pyramides, ses palmiers, réunit les marqueurs d’un « merveilleux ailleurs ».
« Madame de Pompadour » au Château de Menars va même être représentée en sphinge (féminin de sphinx).
L’opéra a joué sur ce terrain, Papageno dans la flûte enchantée porte parfois une cage à oiseaux pyramidale et la maquette de décor de l’opéra de Verdi « Aïda », créé lors de l’inauguration du canal de Suez, peut annoncer un spectacle grandiose.
Sur dix plaies, John Martin illustre « La septième plaie d'Egypte », au moment où la grêle se transforme en feu. Ce genre s’intitule : « le terrible sublime ».
La lueur sur les genoux de Marie assise entre les pattes du Sphinx scrutant le ciel, lors du « Repos de la Sainte famille pendant la fuite en Egypte » de Merson, annonce le passage d’une religion à l’autre.
Alors que Kupka pose la question de la place de l’homme sous un ciel grandiose dans « La voie du silence ».
Obélisques et pyramides se sont multipliés à Rome, depuis les premiers contacts 3 siècles avant J.C. Au premier siècle avant J.C., « La mosaïque du Nil » à Palestrina témoigne d’un intérêt manifesté aussi à Pompéi. Les empereurs se rendaient dans des temples dédiés au culte isiaque avant les batailles.
« Antinoüs » amant  d’Hadrien s’est noyé dans le Nil, sa statue a beau porter le némès, coiffe des pharaons, ses « poignées d’amour » ne trompent pas sur l’époque.
Pendant la Renaissance, au plafond des appartements du pape Alexandre VI, Pinturicchio représente la « Résurrection d’Isis » en taureau blanc, tel qu’il figurait sur le blason des Borgia.
Au début du XVIII° siècle, Frédéric-Auguste de Saxe, Ier roi de Pologne dit Auguste II le Fort commande à des orfèvres un autel à Apis. « Obeliscus Augustalis ».
L’« Histoire de l’art de l’Antiquité » (1764) de Winckelmann fera date alors que Piranese décore « Le café anglais de la place d’Espagne » à Rome.
Hubert Robert, amateur de ruines, met en scène des « Jeunes filles dansant autour d'un obélisque ».
A l’emplacement de la Bastille est construit le 10 août 1793 « La Fontaine de la Régénération »:
« O nature reçois l’expression de l’attachement éternel des français pour tes lois ».
L’anglais Thomas Hope multiplie les meubles : fauteuils, « lit », salle égyptienne destinée à recevoir des objets authentiques.
Les francs maçons écossais ont leur « Salle du chapitre ».  
Ce « Médaillier »  est remarquable,
« La console » italienne élégante,
la « Bibliothèque » destinée au rangement de la « Description de l'Egypte » de Denon qui avait accompagné Bonaparte, fonctionnelle.
 « Bonaparte devant le Sphinx »  Gêrome
 Ainsi « l’Expédition d’Égypte (1798 à 1801) sous les ordres de Bonaparte » (Coigniet) laissa de nombreuses traces dans Paris, place des victoires et à la Concorde, en ses hôtels particuliers et autres fontaines.
La manufacture de Sèvres proposait des services divers du style de ce « sucrier ».
Lawrence Alma-Tadema traite du tragique le plus sombre « La Mort du premier né du Pharaon »
 et du plus lumineux « La Découverte de Moïse » au début du XIX°.
Architecture et mobilier à l’ancienne ont connu des moments inspirés dans l’Egypte moderne. « Vestibule de l'hôtel Shepheard »
Alexandre Cabanel peint « Cléopâtre essayant des poisons sur des condamnés à mort » alanguie, « écrasée par le désir assouvi », son suicide sera beaucoup traité par ailleurs.
Mais le spectacle peut continuer ; en 1921 est inauguré le cinéma « Le Louxor » à Barbès, date de la découverte du tombeau de Toutankhamon relançant un engouement jamais calmé dont l’art déco se fera l’écho avec délicatesse.
« Gardez-moi » pour Jovoy Flacons.
Sur chaque place de village, le monument aux morts de la guerre de 14/18 comme celui de « Sainte-Croix-à-Lauze », dresse son obélisque désignant un ciel au dessus des croyances, dans un matériau imitant ceux qui avaient défié le temps déjà depuis quelques millénaires. 
"La forme même des pyramides d'Egypte montre que déjà les ouvriers avaient tendance à en faire de moins en moins." Will Cuppy.

mercredi 30 janvier 2019

Lacs italiens # 8. La maison de d’Annunzio (suite)

Cette maison et ses dépenses ont incombé au peuple par la grâce de Mussolini.
Il  comparait d’Annunzio  à une dent cariée:  « on l’arrache ou on la couvre d’or ».
Il a choisi la 2ème solution pour ce héros populaire qui avait survolé Vienne en la bombardant de … tracts.
- Le poète avait prévu une chambre mortuaire à son usage, avec un lit qui ressemble aussi bien à un lit d’enfant qu’à un lit de mort. Deux dépouilles de guépards recouvrent les quelques marches qui y conduisent.
- Dans toutes les pièces étouffantes et confinées, un bric à brac incroyable à épousseter devait  bien occuper les 7 domestiques attachés à la maison pour l’entretien.
Seule l’immense cuisine échappe à la folie collectionneuse de cet hypocondriaque adepte de la cocaïne, amateur d’objets religieux et orientaux à la mode à cette époque.
La guide nous abandonne dans la partie art déco que d’Annunzio n’a pratiquement pas eu le temps d’habiter, avec des pièces plus spacieuses notamment la chambre où il fut exposé à sa mort (et pas dans la chambre funéraire) dont le lit est encadré par des copies des statues du tombeau des Médicis de Michel- Ange.
Cette partie de la maison s’inspire de l’esthétique des bateaux à travers la présence importante du bois et les fenêtres en forme de hublots. 
Elle dévoile surtout des objets et costumes  militaires, des hélices,  des drapeaux  de Fiume, aujourd’hui ville de Croatie mais dont d’Annunzio fut gouverneur d’une république et dont il voulut toujours le rattachement à l’Italie. La fin de la visite passe par un petit cinéma assez grand pour exposer l’avion qui survola Vienne suspendu dans les airs.
Quel drôle de personnage habita cette endroit, que la guide nous présente plus comme un « anarchique » (anarchiste) qu’un fasciste en rivalité avec Mussolini, dandy et dépensier, semant des dettes de partout (à Arcachon par exemple)  payées par les états, « séparé » de sa femme, non croyant et vivant librement avec une pianiste…. Petit homme d’un mètre cinquante- huit à peine, patriote et « héroïque » !
En sortant, nous nous abreuvons à la fontaine de la cour et partons à l’ascension du prétentieux mausolée circulaire qui domine tout le paysage au-dessus du lac. Comme celui d’un empereur, le catafalque est au sommet, écrasant, avec à ses pieds des statues de chiens assez expressives, couchés, remuant la queue, dans des attitudes vivantes et un style évoquant Giacometti. La vue est splendide.
Nous redescendons en faisant un crochet par le cuirassé mi construit mi reconstitué, impressionnant par sa dimension et son incongruité dans ce jardin.
Nous terminons notre visite par le musée installé sous le théâtre « romain » , (encore utilisé pour des spectacles), où sont exposés  une collection impressionnante de chaussures très fines pour pieds presque féminins, des tenues d’intérieur de dandy, quelques vêtements féminins, 
 
et des flacons magnifiques de parfum, objets ayant tous appartenus à d’Annunzio.
Le bonhomme sut très vite utiliser la « réclame » à son profit en se servant de son nom. Un petit film intéressant  est diffusé sur des écrans, il manque juste quelques sièges pour l’apprécier  car les sous-titres en anglais permettent assez facilement de comprendre les images d’époque qui défilent.
Nous quittons ce site quelque peu délirant vers les 17h 30 et récupérons la Clio que l’olivier ne protège plus du soleil depuis sans doute un bon moment. La caisse de paiement du parking utilise un système de pictogramme optique tout à fait efficace et magique mais c’est quand même avec un léger soulagement que nous franchissons la barrière automatique. 
Nous prenons le chemin du retour avec l’intention de faire une halte à SALO au bord de l’eau. La circulation est beaucoup plus dense de ce côté du lac, la route, plus étroite et plus montagneuse.
Nous bifurquons vers la bourgade célèbre dans l’histoire du fascisme après le film de Pasolini et trouvons une place assez centrale dont le parcmètre nous est gentiment  offert par un couple de nordiques qui part avant l’échéance de son ticket de stationnement. Nous suivons la promenade piétonne du bord de l’eau sur un chemin très urbanisé et agréable, où aucune bouteille ou déchets ne traînent.
Nous remarquons que les amoureux  comme toujours visent les recoins charmants  pas dans le but de se compter fleurette, mais pour consulter chacun son portable. Les petits bateaux à moteur rentrent de leur virée au « large » sans tapage ; pas de bruit agressif ne s’échappe des bars de bon goût qui inévitablement attirent autant pour  se désaltérer que pour profiter de la vue. Nous en choisissons un pour étancher notre soif, Guy se lance dans la découverte d’une boisson à base de cédrat ; plus classiques, les filles optent pour un jus d’orange pour moi, et de citron pour J. et D. malgré la grimace du garçon pour le citron et sa proposition rejetée de le mixer avec de l’orange. Elles en comprennent vite la raison : le jus est pur, sans eau,  tiède et sans sucre : acidité 100 ! La tête et l’expression de J. sont éloquentes D. s’empresse de trouver glace et sucre auprès d’un jeune homme qu’elle imagine volontiers vêtu en page d’une autre époque.
Nous regagnons la voiture vers 19h et comme nous nous sommes trompés de sens, le demi-tour sur la route fréquentée et peu large à 2 voix s’avère périlleux. Le GPS veut absolument nous imposer l’itinéraire de l’aller malgré mon injonction à border le lac et finit par s’y résoudre.  Nous rentrons tranquillement, la lumière rasante du soleil déclinant en plein dans les yeux.
Un bon plat de carottes râpées, quelques tranches de charcuterie ou du fromage blanc nous suffisant amplement avant de nous faufiler assez rapidement dans nos draps.