Cette maison et ses dépenses
ont
incombé au
peuple par la grâce de
Mussolini.
Il
comparait d’Annunzio
à une dent cariée:
« on l’arrache ou on
la couvre d’or ».
Il a choisi la 2
ème solution pour ce héros
populaire qui avait survolé Vienne en la bombardant de … tracts.
- Le poète avait prévu une chambre mortuaire à son usage,
avec un lit qui ressemble aussi bien à un lit d’enfant qu’à un lit de mort.
Deux dépouilles de guépards recouvrent les quelques marches qui y conduisent.
- Dans toutes les pièces étouffantes et confinées, un bric à
brac incroyable à épousseter devait bien
occuper les 7 domestiques attachés à la maison pour l’entretien.
Seule
l’immense cuisine échappe à la folie collectionneuse de cet hypocondriaque
adepte de la cocaïne, amateur d’objets religieux et orientaux à la mode à cette
époque.
La guide nous abandonne dans la partie art déco que
d’Annunzio n’a pratiquement pas eu le temps d’habiter, avec des pièces plus
spacieuses notamment la chambre où il fut exposé à sa mort (et pas dans la
chambre funéraire) dont le lit est encadré par des copies des statues du
tombeau des Médicis de Michel- Ange.
Cette partie de la maison s’inspire de
l’esthétique des bateaux à travers la présence importante du bois et les
fenêtres en forme de hublots.
Elle
dévoile surtout des objets et costumes
militaires, des hélices,
des
drapeaux
de Fiume, aujourd’hui ville de
Croatie mais dont d’Annunzio fut gouverneur d’une république et dont il voulut
toujours le rattachement à l’Italie. La fin de la visite passe par un petit
cinéma assez grand pour exposer l’avion qui survola Vienne suspendu dans les
airs.
Quel drôle de personnage habita cette endroit, que la guide
nous présente plus comme un « anarchique » (anarchiste) qu’un
fasciste en rivalité avec Mussolini, dandy et dépensier, semant des dettes de
partout (à Arcachon par exemple) payées
par les états, « séparé » de sa femme, non croyant et vivant
librement avec une pianiste…. Petit homme d’un mètre cinquante- huit à peine,
patriote et « héroïque » !
En sortant, nous nous abreuvons à la fontaine de la cour et
partons à l’ascension du prétentieux mausolée circulaire qui domine tout le
paysage au-dessus du lac. Comme celui d’un empereur, le catafalque est au
sommet, écrasant, avec à ses pieds des statues de chiens assez expressives,
couchés, remuant la queue, dans des attitudes vivantes et un style évoquant
Giacometti. La vue est splendide.
Nous redescendons en faisant un crochet par
le cuirassé mi construit mi reconstitué, impressionnant par sa dimension et son
incongruité dans ce jardin.
Nous terminons notre visite par le musée installé sous le
théâtre « romain » , (encore utilisé pour des spectacles), où sont
exposés une collection impressionnante
de chaussures très fines pour pieds presque féminins, des tenues d’intérieur de
dandy, quelques vêtements féminins,
et des flacons magnifiques de parfum,
objets ayant tous appartenus à
d’Annunzio.
Le bonhomme sut très vite utiliser la « réclame » à son
profit en se servant de son nom. Un petit film intéressant est diffusé sur des écrans, il manque juste
quelques sièges pour l’apprécier car les
sous-titres en anglais permettent assez facilement de comprendre les images
d’époque qui défilent.
Nous quittons ce site quelque peu délirant vers les 17h 30
et récupérons la Clio que l’olivier ne protège plus du soleil depuis sans doute
un bon moment. La caisse de paiement du parking utilise un système de
pictogramme optique tout à fait efficace et magique mais c’est quand même avec
un léger soulagement que nous franchissons la barrière automatique.
Nous
prenons le chemin du retour avec l’intention de faire une halte à SALO au bord de l’eau. La circulation est beaucoup plus dense de ce côté du
lac, la route, plus étroite et plus montagneuse.
Nous bifurquons vers la
bourgade célèbre dans l’histoire du fascisme après le film de Pasolini et
trouvons une place assez centrale dont le parcmètre nous est gentiment
offert par un couple de nordiques qui part
avant l’échéance de son ticket de stationnement. Nous suivons la promenade
piétonne du bord de l’eau sur un chemin très urbanisé et agréable, où aucune
bouteille ou déchets ne traînent.
Nous remarquons que les amoureux
comme toujours visent les recoins charmants pas dans le but de se compter fleurette, mais pour
consulter chacun son portable. Les petits bateaux à moteur rentrent de leur
virée au « large » sans tapage ; pas de bruit agressif ne
s’échappe des bars de bon goût qui inévitablement attirent autant pour
se désaltérer que pour profiter de la
vue. Nous en choisissons un pour étancher notre soif, Guy se lance dans la
découverte d’une boisson à base de cédrat ; plus classiques, les filles
optent pour un jus d’orange pour moi, et de citron pour J. et D. malgré la grimace
du garçon pour le citron et sa proposition rejetée de le mixer avec de
l’orange. Elles en comprennent vite la raison : le jus est pur, sans
eau,
tiède et sans sucre : acidité
100
℅ ! La tête et
l’expression de J. sont éloquentes D. s’empresse de trouver glace et sucre
auprès d’un jeune homme qu’elle imagine volontiers vêtu en page d’une autre
époque.
Nous regagnons la voiture vers 19h et comme nous nous sommes
trompés de sens, le demi-tour sur la route fréquentée et peu large à 2 voix
s’avère périlleux. Le GPS veut absolument nous imposer l’itinéraire de l’aller
malgré mon injonction à border le lac et finit par s’y résoudre. Nous rentrons tranquillement, la lumière
rasante du soleil déclinant en plein dans les yeux.
Un bon plat de carottes râpées, quelques tranches de
charcuterie ou du fromage blanc nous suffisant amplement avant de nous
faufiler assez rapidement dans nos draps.