samedi 26 mai 2018

Le mec de la tombe d’à côté. Katarina Mazetti.

Lu d’un trait comme on s’envoie un verre d’aquavit, avec des rires quand ça arrache.
Un agriculteur vient fleurir la tombe de sa mère et rencontre une jeune veuve bibliothécaire.
Sur la trame classique d’un amour entre deux êtres que tout oppose, l’humour et le romantisme de ce livre en ont fait un best seller en Suède (500 000 exemplaires pour 9 millions d’habitants).
Tous les stéréotypes sont revisités: chacun donne son point de vue en chapitres alternés, surjouant son personnage.
L’humour permet les explorations les plus intimes: horloge biologique, identité et concessions,  les amis, les maisons... Jamais le style ne méprise:
« Impossible de décrire ce sourire là sans plonger dans le monde merveilleux des vieux standards de bal musette. »
La fracture culturelle est explorée, labourée avec une vigueur en aucun cas vulgaire :
« J'étais tombé amoureux d'elle. Ce n'était pas exactement un déclic. Plutôt comme quand je touche la clôture électrique sans faire gaffe. »
Sentimental et expérimental, quand il s’agit de « réparer une bulle de savon éclatée » :
«  Je veux bien utiliser les moyens du bord et faire flèche de tous bois. Mais tout ce que j’ai sous la main, c’est une poignée de brindilles toutes tordues. »
Très d’actualité :
«  Ce n'est pas parce que je suis un homme que je vais endosser ce que font les autres hommes ! Est-ce que toi tu endosses la culpabilité de toutes les saloperies que les blancs ont faites aux autres races ? Et toi, tu es une vraie blanche ! » Beige, même.
Ces 250 pages se concluent d’une façon ouverte et inattendue avec ce qu’il convient de gravité.
A votre santé !

vendredi 25 mai 2018

Un arbre en mai. Jean Christophe Bailly.

« Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles  à certaines heures pâles de la nuit » chantait Ferré, alors que dire pour les auteurs qui m’ont déçu comme Djian ou Despentes, méprisant leur public à Bron où j’étais venu les écouter, ou Bailly contredisant sa volonté d’accueillir des paroles singulières et s’énervant bien vite quand un intervenant cite un auteur qui ne lui convient pas ou minimisant le rôle des cathos de gauche ?
J’ai pourtant aimé ce dernier livre fin, sensible, nuancé, chaleureux, honnête, plus poétique que politique, du magistral auteur du "Dépaysement" http://blog-de-guy.blogspot.fr/2011/09/le-depaysement-voyages-en-france-jean.html
Il a su retranscrire la fièvre d’alors et le souffle qui nous emmena au dessus de nos conditions.
Il mesure le temps qui a passé, depuis ces jours entre Nanterre et le quartier Latin qui ont nourri son travail  d’écrivain au-delà de la thématique de 72 pages écrites en 2004, édités pour le cinquantenaire. 
«  Plus l’action politique devenait astreignante et répétitive, plus la part de poème se chargeait d’illusion, de nostalgie, elle protestait en face d’une efficacité d’ailleurs de moins en moins probante, elle protestait contre le fait même d’être une part, un contre-chant, une évasion. »
Après une nuit d’émeute, le chant des religieuses qui l’ont caché avec quelques comparses, affirme la beauté des matins.
« Peut être pourrait-on dire que de mai la mort fut absente » écrit-il alors que la belle métaphore de l’arbre de mai enraciné dans l’histoire et porteur d’avenir lui semble mort aujourd’hui.

jeudi 24 mai 2018

L’art du retable peint en Allemagne. Daniel Soulié.

L’Allemagne n’a pas connu de crise iconoclaste comme la Suisse ou l’Angleterre, si bien que de 10 000 à 15 000 œuvres de la période médiévale ont pu être conservées.
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2017/11/retables-sculptes-en-allemagne-daniel.html
Le conférencier a présenté devant les amis du musée de Grenoble la diversité des traditions picturales en Allemagne concernant essentiellement des antependiums (qui pend devant l’autel) en bois, des retables.
Le Christ en majesté (1170) dans sa mandorle tricolore, dont le blanc sépare le bleu du ciel du rouge de la terre, entouré des symboles des quatre évangélistes Matthieu (l’ange), Marc (le lion), Luc (le taureau),Jean (l’aigle) est présenté à Münster en Westphalie.
Dans cette région, à Soest, ville de la ligue hanséatique, au croisement des routes allant de Cracovie à Cologne, cette Trinité de 1230, avait été recouverte de peintures nouvelles au XVI° siècle; restaurée elle n’en a que plus d’éclat. Les influences du style byzantin, avec les icônes ramenées dans les bagages des princesses installées dans le Saint Empire Romain Germanique, sont visibles dans les figures longilignes et les plis cassés.
Vingt-quatre scènes peintes (≈7 m X 3 m) par Maître Bertram à Hambourg forment le plus ancien polyptique d’Allemagne du Nord, il se rattache au style en vogue alors à la cour de Prague.
Le Maître de la Sainte Parenté l'Ancien a peint Marie et l'Enfant en conversation dans un jardin avec sa mère Anne et Elisabeth en compagnie de son petit Jean Baptiste. Les êtres célestes sont aimables, les conversation charmantes. Le fond doré, qui plaçait le fidèle hors du temps et de l’espace, caractéristique de l’art médiéval, disparaîtra avec les paysages venus des Pays Bas.
A Cologne, les rois mages sont souvent représentés, c’est que la châsse contenant leurs reliques est là depuis 1164.
Le retable qui les représente dit aussi Retable des patrons de Cologne par Stefan Lochner, met en valeur les brocards à la façon de l’école flamande.
La Passion à Aix la chapelle juxtapose les scènes avec le bon larron à la droite du Christ et le porteur de lance qui se convertira, alors que le porteur d’éponge est toujours à gauche comme le mauvais larron.
Les retables étaient ouverts seulement pour les fêtes, d’où la luminosité intacte des couleurs. Quelle précision des anatomies du maître de Vyšší Brod ou maître de Hohenfurth dans  cette Scène de la Nativité !
Quelle finesse chez La Madone au buisson de roses, au Wallraf-Richartz-Museum à Cologne qui abrite la plus importante collection au monde de peintures médiévales !
Quelle puissance chez Grünewald, attaché au service de archevêque de Mayence, dont La crucifixion est exposée à Karlsruhe,
alors que Le lavement des pieds du Maître du Livre de Raison est si serein.
Parmi une impressionnante diversité de styles, entre « influences néerlandaises et premiers apports italiens », Holbein l’ancien permit le passage du gothique tardif vers le style renaissance, sa Passion grise en 12 panneaux est passionnante.
Le retable Miroir du Salut  du Souabe Konrad Witz qui met en correspondance des épisodes du nouveau et de l’ancien testament, est incomplet et ses toiles sont dispersées.
La perspective est soulignée par l’architecture quand Dürer réalise une Nativité entre Saint Georges et Saint Eustache pour le Retable Paumgärtner au début du XVI°à l'Alte Pinakothek de Munich.
« On a dressé des cathédrales,
Des flèches à toucher les étoiles,
Dit des prières monumentales,
Qu'est- ce qu'on pouvait faire de mieux ? »
Francis Cabrel

mercredi 23 mai 2018

1917. Jean Christophe Buisson.

Non ce n’est pas le fils de Patrick Buisson qui a relevé au jour le jour les évènements de cette année là, mais sans être d’une originalité transcendante, ces 320 pages nous donnent un aperçu agréable à lire de « L’année qui a changé le monde ».
Le premier janvier, le cadavre de Raspoutine est retrouvé dans la Neva, le 10 Buffalo Bill disparaît. Le 27 décembre, Lénine rédige un projet de décret dans lequel il propose que « les saboteurs, les fonctionnaires en grève et les spéculateurs » voient leurs biens confisqués et soient condamnés à « un emprisonnement, l’envoi au front ou [aux] travaux forcés. »
La vierge apparaît plusieurs fois à Fatima, le premier disque de jazz est gravé, pendant que le « Baron rouge » et Lawrence d’Arabie faisaient l’actualité.  
Nous suivons le fil des actualités d’alors, de Vallotton à Verdun, depuis les fronts de l’Est, ou d’Orient, de Petrograd (Saint-Pétersbourg) jusqu’à Halifax:
« Dans le port canadien de Halifax plongé dans la brume, un bateau norvégien entre en collision avec un bateau français chargé d’explosifs, le «Mont blanc », déclenchant la plus grande explosion de l’histoire provoquée par l’homme (elle est entendue à 400 km). Le bilan est épouvantable : deux mille morts, neuf mille blessés. »
La modernité s’installe dans l’art, la « fontaine » de Duchamp nous étonne encore.
Se mêlant aux péripéties politiciennes, les anecdotes alternent avec les drames :
«  Le croiseur Aurora, qui a quitté sa base de Cronstadt pour mouiller à proximité, ouvre le feu sur le palais d’hiver (une salve à blanc)[…] au théâtre Mariinsky, on donne Boris Godounov ; au Narodni Dom, le célèbre ténor Chaliapine chante Don Carlos. »
De nombreux documents photographiques agrémentent l’ouvrage et des focus sont proposés concernant des personnalités qui vont faire parler d’elles : Mussolini, Proust, Freud…

mardi 22 mai 2018

Le Teckel. Hervé Bourhis.

Dans le milieu des visiteurs médicaux ils se sont donnés des noms de chien.
Celui là est en fin de parcours flanqué d’un jeune collègue qui doit prendre sa relève, pour « allier l'expérience à la fraîcheur ».
Dans cet univers des soutiers des laboratoires pharmaceutiques, Power point fait la route avec Rimbaud. Les deux compères aux moeurs contraires, aux âges antagonistes, finissent par s’apprécier, alors que c’était vraiment mal parti : un classique.
Le scénario est rondement mené, passant de la banalité au rocambolesque; les dessins sont nerveux, les 80 pages se dégustent avec plaisir.
Des réflexions concernant le sens du travail, l’éthique, passent bien entre deux sourires, quelques caricatures efficaces et de tendres notations. Le ringard a du répondant.
« La mort, on n'a plus le droit. Le fameux acharnement thérapeutique. Il faut vivre ! Vivre ! C'est notre moderne punition ! Et on va tous se retrouver bicentenaires, en siège à roulettes ! À souffrir d'être encore en vie. La douleur !! Celle qui ne tue pas et c'est pire ! Celle qui nous retourne les tripes tant elle est insupportable. »

lundi 21 mai 2018

Cannes cinéphile 2018.

En ces temps où les trains sont souvent à l’arrêt, la ligne de chemin de fer qui longe la Côte d’Azur paraît encore plus belle. Une fois franchies les bornes rouges des rochers de l’Estérel en direction des salles obscures, comment ne pas apprécier  la lumière particulière de la capitale provisoire du cinéma ?
Pas de Croisette du tout, cette année
mais 30 films, 29 et 1/2 plus exactement, car pour « Meurs, Monstre, meurs » je ne suis pas allé jusqu’au bout des 98 minutes d’horreur, aggravées de prétention, coulées par le ridicule.
Pendant cette semaine enchantée, nous n’avons même pas vu que le ciel a été gris, campant si loin des querelles françaises, en plein courant d’air, celui de notre temps, passant d’Argenteuil à l’Argentine, des chaises en plastique de fiançailles gitanes aux portes en fer d’une cour azéri.
En cette année « Harvey Weinstein », pointer des tendances relève de la gageure tant les choix possibles sont variés et nos paniers différents.
Les relations homosexuelles sont privilégiées parmi 2000 films proposés parait-il, où nous avons dégoté quelques comédies alors que d’habitude nous les cherchons vainement.
Le retour des cigarettes à l’écran se remarque, les paysages sont souvent enneigés et il n’est pas rare d’aller faire un tour au bord de la mer.
J’ai repéré des négligences orthographiques dans les sous titres - l’UNEF n’a pas l’exclusivité des fautes - en particulier pour les verbes du 1° groupe conjugués à l’impératif, par contre la majuscule s’impose pour désigner Dieu, même sous forme de pronom.
« L’affaire de famille » de Kore Eda dont on connaît la finesse a reçu la palme d’or
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2017/05/apres-la-tempete-kore-eda.html mais c’est une douce romance amoureuse « Asako 1&2 » que nous avons vue, par son compatriote Ryusuke Hamaguchi apprécié récemment
L’Iranien Jafar Panahi ne pouvant sortir de son pays, il aurait semblé opportun de mieux récompenser « Trois visages » où la lutte des femmes pour l’émancipation se livre bien loin des chambres du Carlton, apportant une réflexion allègre sur les images, tout en nous renseignant sur la vie d’une région.
Dans la sélection officielle nous retrouvons le cinéma italien avec « Heureux comme Lazzaro »  comme Lazare le ressuscité, dans lequel un innocent imperméable à la méchanceté fait ressortir toute la cruauté des autres.
Le film égyptien «  Yomeddine » n’a pas eu de récompense dans la compétition qui attire tous les regards et multiplie les prix spéciaux, dévalorisant ainsi les gagnants, mais c’est l’usage dans bien des domaines ; pourtant l’histoire d’un lépreux à la recherche de sa famille d’origine est poignant, bien que gâché par une conclusion lourde.
« Arctic »: l’énergie vitale d’un homme permettra-t-elle de surmonter des conditions extrêmes ?
Dans la catégorie « Un certain regard », « Euphoria » avec deux frères aux trajectoires très différentes nous fait sourire, réfléchir, nous émeut ; nous sommes à Rome.
A Damas, les passions ordinaires de femmes en rivalité dans « Mon tissu préféré »  auraient pu nous rassurer  en 2011, au moment où s’annonçaient des bouleversements meurtriers.
C’est à « La quinzaine des réalisateurs » où nous avons été les plus assidus.
« Amin » entre Sénégal et France entrouvre des portes d’un foyer de travailleurs immigrés, des tentures de cases et le portail du pavillon appartenant à Emmanuelle Devos.
Quant à « Carmen y Lola »  aux  couleurs éclatantes, elles vivent un amour difficile en milieu gitan.
Les films mexicains peuvent-ils proposer une autre image de leur pays qui ne serait pas dévoré par la violence ? « Comprame un revolver » avec une petite fille enchaînée par son père junkie, va très loin dans l’inhumanité.
Le contraste avec « En liberté » n’en est que plus vif . Pierre Salvadori traite les zones d’ombre de ses héros avec intelligence et drôlerie, comme Romain Gavras, dans « Le monde est à toi » qui répond aux spectateurs après la séance, que c’est… sa mère, l’inspiratrice pour une histoire déjantée de dealers avec Adjani et Cassel.
« Teret » (le chargement) dans un camion en Serbie en 99 est nettement plus gris.
« Cris the Swiss »  dans « La semaine de la critique » n’est pas plus gai, avec ses dessins animés intercalés dans un reportage qui découvre les engagements d’un journaliste suisse disparu en Croatie.
Mon prix d’interprétation féminine serait bien allé à Tillotama Shome, à l’énergie communicative. Elle joue une servante en Inde dans « Monsieur » où la fin des castes n’est pas pour aujourd’hui.
L’actrice principale de « Woman at war » incarne aussi avec efficacité et conviction une activiste écologiste en Islande.
« Shéhérazade » met en scène à Marseille des acteurs amateurs, eux aussi remarquables, pour illustrer le fait que la  violence prospère sur la naïveté, alors que par ailleurs le spectateur est roulé avec virtuosité par « Guy », un chanteur sur le retour.
Dans la programmation des cinéastes dite ACID, il ne se passe pas grand-chose avec « Il se passe quelque chose » ni fait ni à faire : deux femmes aux environs de Fos-sur-Mer rencontrent des gens. Par contre, une jeune Rom débarquant en Belgique parle la langue universelle de l’émotion et de la vitalité, dans « Seule à mon mariage ».
Le mot « vitalité » revient souvent pour caractériser de nombreux films, comme est répétée avec à peine quelques variantes, la réplique « Excuse moi, tout va bien se passer ».
Face à « Thunder Road », j’étais gêné de ne pas rire en même temps que d’autres spectateurs, inquiet plutôt de voir le respect de la loi confié à un policier déséquilibré, il est vrai qu’à la tête de son pays, les USA…
« Un violent désir de bonheur » sonne tellement faux qu’il me procure facilement le plaisir sadique d’avoir trouvé le film à déconseiller absolument.
Également oubliable, parmi de nombreux road movies vus cette année, « The Strange Ones », proposé par les Ecrans juniors, glauque et embrouillé, nous laisse au bord du chemin.
Les films présentés par le Cinéma des antipodes sont rarement distribués en France, pourtant « Tree summers » drôle, chaleureux, le mériterait bien. Pendant trois étés consécutifs un festival rassemble des groupes significatifs de la diversité de l’Australie. Cette proposition est  bien plus subtile et efficace que « The Pa boys », groupe de reggae maori qui nous promène de jolis paysages en paysages bien éclairés.
La rencontre d’un jeune homme et d’une jeune fille pendant une nuit et une journée dans « Ellipsis » ne marquera pas l’histoire du cinéma, mais se laisse voir.
« The changeover » tellement embrouillé, ne me réconciliera pas avec le genre fantastique.
En marge du festival, Visions sociales projette quelques films récents qui auraient pu nous échapper.
« Menina » à travers la vie d’une petite fille d’origine portugaise revient sur la situation d’une communauté peu choyée par le cinéma.
« Winter brothers » tape fort : des mineurs dans une carrière de calcaire au Danemark s’étourdissent à l’alcool frelaté.
Enfin, parce que le cinéma continue après la projection, une phrase d’une voisine de fauteuil :
« Depuis que j’ai une chaise roulante, je marche mieux ! » Elle s’en sert parfois comme déambulateur.
Et cette réplique d’une collégienne à un de ses camarades qui ne lui a pas tenu la porte :
«  Quel manque de galanterie ! Trou du cul ! »

dimanche 20 mai 2018

Le malade imaginaire. Comédiens & Compagnie.

La compagnie basée à Versailles avait posé ses tréteaux sur la scène de La Vence Scène, jouant comme on l’imagine à l’époque de Louis XIV avec musique vivante, maxi effets farcesques comme lorsqu’il n’y avait pas de micro. Les enfants rient.
Toinette la servante qui-a-du-bon-sens, anime les morceaux d’anthologie :
« Le poumon ! Le poumon ! »
Argan aux traits accusés et ses guérisseurs n’avait pas besoin d’ajouter des allusions à l’actualité pour nous laisser entrevoir quelques médecins ridicules dont :
parmi ceux qui jouissent des difficultés du pays :
 « Je veux des maladies d'importance, de bonnes fièvres continues, avec des transports au cerveau, de bonnes fièvres pourprées, de bonnes pestes, de bonnes hydropisies formées, de bonnes pleurésies avec des inflammations de poitrine : c'est là que je me plais, c'est là que je triomphe ; et je voudrais, monsieur, que vous eussiez toutes les maladies que je viens de dire, que vous fussiez abandonné de tous les médecins, désespéré, à l'agonie, pour vous montrer l'excellence de mes remèdes et l'envie que j'aurais de vous rendre service. »
Nul besoin non plus pour valoriser le théâtre vivant d’une arrangue finale tellement datée méprisant le foot et la télévision : la pièce que nous venions de voir était la plus probante des démonstrations des délices du théâtre vivant.
Du travail bien fait avec énergie, allégresse : une introduction musicale avant l’heure de la représentation tranchant avec les attentes devenues habituelles dans d’autres salles, nous avait mis dans de bonnes dispositions. 
Sous la bouffonnerie cette ultime comédie de Molière est un hymne à la vie posant un masque grotesque sur le visage de la mort qui avait saisi Jean Baptiste Poquelin à la quatrième représentation de l’œuvre de sa dernière heure.