lundi 12 octobre 2015

Much Loved. Nabil Ayouch.


L’interdiction de projection du film au Maroc constituait une incitation, bien que la réalité de la prostitution soit universelle. Le film estimable est sans surprise. Je m’attendais à une description sordide et certaines scènes violentes sont dans ce registre, mais la rude solidarité entre les quatre prostituées, évite une vision désespérante.
Des moments aux allures de fête alternent avec des vues nocturnes de rues misérables de Marrakech. La limousine finale est surdimensionnée et les retrouvailles des femmes un peu insistantes, mais jamais une image  n’est trop pittoresque.
L’énergie, la beauté des femmes, leurs rêves, et la bienveillance de leur chauffeur humanisent ce film où c’est le pognon qui est obscène.  
Une occasion de se souvenir d’un autre film marocain remarquable
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2012/02/sur-la-planche-leila-kilani.html

dimanche 11 octobre 2015

My rock. Jean Claude Gallotta.

La saison de danse commence fort avec la dernière à Grenoble d’une histoire personnelle du rock par notre vibrant chorégraphe.
Au sujet  du rock 'n' roll qui signifie en argot « faire l'amour », ma culture est très lacunaire, alors je suis entré dans les pas de mon conscrit auquel je suis fidèle depuis longtemps
Il  ranime nos jeunesses en nous faisant partager ses émotions avec une clarté didactique inédite, sans abandonner ses façons que l’on a plaisir à retrouver.
Quelques photos, accompagnent les mots justes de l’auteur, légers, poétiques, émouvants, entre chaque morceau.
L’ouverture aux sons de Heartbreak hotel d’Elvis Presley nous met d’emblée en appétit avec toute la troupe de 12 danseurs qui se retrouveront en duo, trio ou solo au cours des 13 chansons qui passent trop vite, 1h 15mn, applaudissements nourris non compris.
Les Beatles patrimoniaux, les Stones chauds, Dylan élégant, The Who : waouh ! The Velvet en recherche, Nick Drake déchirant, Iggy Pop provocateur, The Clash :
Let fury have the hour, anger can be power
Laisse la furie avoir son heure, la colère peut être pouvoir,
et le doux Léonard Cohen, Nirvana et Cobain:
« Il vaut mieux brûler franchement que s'éteindre à petit feu. »
Patti Smith, la femme, alors que les danseuses ce soir mènent à leur tour la danse, transfigurant quelques bases connotées avec une énergie époustouflante, une inventivité respectueuse. 
Et Wilson Picket pour clore en beauté.
Tout était enlevé et bienvenu jusqu’aux costumes élégants adaptés à chaque séquence, contredisant ceux qui sont restés choqués par les slips kangourou d’il y a 30 ans.
« Le chorégraphe provoque ici un rapprochement physique, sexuel, entre le rock et la danse contemporaine, les liant pour en faire des poèmes scéniques pleins de rage, parcourus d’évocations brûlantes et passionnées ; danse et musique unies plus que jamais à la vie à la mort. »  C.H.Buffard.

samedi 10 octobre 2015

Mémoires d'un Eunuque dans la Cité Interdite. Dan Shi.

Au début du XX° siècle, la fin de l’Empire en Chine, à travers le témoignage d’un jeune homme qui a servi dans la cité interdite.
Très pauvre, ne trouvant pas d’emploi dans la capitale, son corps va être « purifié » par des trafiquants profitant d’une naïveté dont il ne s’est pas départi tout au long d’une existence où les moments de bonheur sont vraiment rares.
Il suit la cour dans son exil suite à la guerre des boxers qui annonce la fin d’une dynastie dont il accompagnera les 20 dernières années.
Les rituels immuables les plus rigides ne procurent pas seulement le confort à ceux qui sont servis pas des cohortes considérables, ils obsèdent les personnages au pouvoir, qui en perdront la tête. Surtout vers la fin, les pillages vont accroitre les fortunes considérables des eunuques les plus influents.
Au cœur de ces aventures incroyables, une belle histoire d’amour, à laquelle nous avons besoin de croire pour supporter les fatalités d’une vie de douleurs et d’humiliations. 
« et enfin sur ses lèvres, je goûtai l’éternité ».

vendredi 9 octobre 2015

Libé, mon Libé !

Lorsque j’ai vu Morano = Finkielkraut, je me suis dit que je pouvais me permettre de me joindre au débat concernant les bien-pensants contre les réacs, tant les arguments échangés me paraissent faibles, compensant par la caricature le manque de nouveauté sur le fond.
Je ne risque pas de faire baisser le niveau même si un rédacteur de Libé - à moins que ce soit un pseudo de Joffrin,  puisqu’en ce moment il occupe presqu’exclusivement les colonnes de son journal  - déniait à Onfray le titre de philosophe : il n’est qu’un vulgaire professeur de philosophie ! Moi, vieil instit, de quel droit pourrai-je… ?
J’ai essayé de mettre un mot de commentaire sur le site du journal fondé par Sartre, mais il n’a pas été validé n’ayant sans doute pas les codes pour apparaitre comme un troll  qui pourrait déconsidérer toute critique. D’autre part la version papier à laquelle je suis abonné depuis ô lala, ayant abandonné le courrier des lecteurs, depuis ce coin de blog, j’essaye de secouer mon accablement devant l’indigence des arguments apportés.
Il est bien loin l’esprit des pionniers d’un quotidien qui souhaitaient donner la parole au « peuple », ce dernier est devenu un gros mot comme « laïcité ».
Il n’y a pas que le producteur de l’émission « Répliques » dans le collimateur de Joffrin ; comme mon grand homme, Régis Debray est aussi visé,  je me sens touché par tant de persistante hargne qui avait pointé le bout de son groin lorsqu’étaient considérés comme « bas du front » tout émetteur de critique concernant la réforme du collège.
Le rédacteur en chef actuel d’un des journaux  de Patrick Drahi, patron de l’Express, ne peut guère regretter qu’Onfray n’ait pas pris connaissance de ses papiers : les débats ne sont plus là, à part pour quelques professionnels de la profession qui passent la presse en revue ?
Les « donneurs de leçons »  genre Schneidermann qui ne supportent justement pas les profs qui professent à l’école, volent dans les plumes de Ruquier, mais lui au moins organise la contradiction dans ses émissions, même si c’est surjoué. L’hebdomadaire Marianne donne aussi  la parole à des personnes qui ne sont pas d’accord avec la ligne éditoriale, Libé serait si peu sûr de ses valeurs pour que plus une tête ne dépasse ?
Pour éclaircir mes idées, c’est dans le magazine de la CFDT que j’ai trouvé du réconfort. Bien que des publicités pour Malakoff Médéric y fassent mauvais effet et marquent le temps qui a passé depuis les rêves autogestionnaires.
Le secrétaire général, qui sait qu’il s’appelle Laurent Berger, a des mots heureux :
« Un des titres de travail de mon livre était « c’était mieux demain ». Oui je pense que ça peut être mieux demain ! Moins de consumérisme, moins de consumation effrénée du temps, mieux vivre ensemble, mieux travailler, mieux d’emploi. »
Et  je me conforte avec Cédric Villani, le mathématicien, invité, quand il s’exprime sur l’enseignement de la mathématique :
 «  On entend parfois : « cela pourrait être mieux si on apprenait sous forme de jeu ». Sauf que je n’y crois pas : le jeu peut motiver, intéresser, mais il n’y a pas d’enseignement sans effort dans une matière comme la mathématique. L’effort peut être accepté s’il est motivé et accompagné si possible dans la bonne humeur, et le jeu peut contribuer à cette motivation, mais il ne faut pas laisser croire que l’enseignement peut se faire de manière purement ludique. »
Loin des pommades.
..............
Le dessin en tête vient du site de Politis, j'ai évité celui de Charlie Hebdo et de la trisomique du Général, "Le Canard"  de la semaine m'a paru fade.
Par contre Hulot, c'est du tout bon:

jeudi 8 octobre 2015

Cézanne. Damien Capelazzi.

« Le prophète de la modernité, peut se comprendre mais ne se laisse pas voir facilement ».  
La réflexion vient du conférencier qui avait déjà clos l’an dernier la saison des conférences autour du « noir » http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/09/le-noir-damien-capelazzi.html et il va s’appliquer à faire dialoguer raison et vision.
Paul Cézanne, le père de l’art contemporain était reconnu par ses pairs : Maurice Denis a peint « L’Hommage à Cézanne » où Odilon Redon, Sérusier, Vuillard, Bonnard…  sont rassemblés autour de quelques pommes fameuses.
L’Aixois sera souvent dans le défi par rapport à ses maîtres, reproduisant les tensions avec son père. Si dans sa période  parisienne, il considérait Gauguin comme un « bourgeois endimanché », il partage à Auvers avec Pissarro l’hospitalité du docteur Gachet, homéopathe.
Dans cette période, sa « maison du pendu » doit beaucoup à celui qu’il nommait « L'humble et colossal Pissarro »
Quand il peint le « Portrait d'Achille Emperaire », son compatriote, ce tableau de deux mètres de haut, représentatif de sa période « couillarde », peut évoquer Vélasquez dans son sujet et sa manière. 
Comme la série dans laquelle il fait prendre divers habits à « L'Oncle Dominique en avocat », en moine, le traitant vigoureusement au couteau, en impasto (empâtement) ;  l’émotivité vient avec la surcharge de matière onctueuse.
Il décore les murs de la pièce principale du « Jas de Bouffan », vaste maison acquise par le père devenu banquier, et dans les jardins, cerne une « psychologie de la nature » en touches impressionnistes rapides et fracturées lorsque l’organique entre en conflit avec le minéral, la géométrie avec l’abstraction.
J’ai appris le mot : pruinescence (du latin pruina, gelée blanche, neige) qui peut caractériser la couleur des grains de raisin quand les reflets cachent la profondeur sous une fausse transparence qu’un frottement efface. Manet, dont il refusa de toucher la main, nous en régale, avec ses natures mortes parfumées à « La brioche ». Les pommes de Cézanne pas forcément dans l’espace euclidien qui jouent de la nappe, base blanche, sont elles convexes ou concaves ?  
En voici un exemple « Nature morte aux pommes et un pot de primevères » (1890)
« Avec une pomme je veux étonner Paris » disait-il. Fruits on ne peut plus communs, devenues emblématiques de son œuvre, elles roulent jusqu’à nous. Pommes de l’amitié, avec Zola, venant comme lui de l’autre côté des Alpes:
« Même notre amitié vient de là... d'une tripotée que toute la cour, grands et petits, m'administra, parce que moi, je passais outre, je transgressais la défense, je ne pouvais m'empêcher de lui parler quand même... un chic type... Le lendemain, il m'apporta un gros panier de pommes ».
Il épouse son modèle Hortense Fiquet, à la charnelle robe rouge.
Dans ses portraits d’humbles journaliers, «Les Joueurs de Cartes», fumant la pipe tels les soldats de Meissonnier entre deux batailles, il révèle qu’il a beaucoup vu les anciens ; « le bourru » n’a pas tout inventé. Ses couleurs automnales qui cernent ses personnages annoncent cependant les bruns cubistes.
« Le fumeur de pipe », parmi d’autres, porte une mélancolie éternelle.
En 1906, dans le massif de la Sainte Victoire, il va mourir suite à un orage, qui l’a surpris en pleine nature. « Le rocher rouge »
Il avait un cabanon dans les carrières de Bibémus dont les ocres vont le marquer :
« La nature pour nous hommes est plus en profondeur qu'en surface, d'où la nécessité d'introduire dans nos vibrations de lumière, représentées par les rouges et les jaunes, une somme suffisante de bleutés, pour faire sentir l'air. »
Il avait fait entrer aussi l’Estaque dans l’histoire avant que Braque, Dufy, Derain y « plantent leur chevalet ». « Le golfe de Marseille vu de l'Estaque ». Le bleu lui va si bien

mercredi 7 octobre 2015

Florence.

Une telle capitale ne se visite pas en un jour. Cette année, pour nous éloigner des foules considérables du mois d’août, nous sommes allés en dehors des lieux les plus illustres.
Nous n’avons pas révisé nos souvenirs
- place de la Signoria et sa loggia où les lansquenets allemands de la renaissance ont laissé place à une copie du David de Michel Ange, à Neptune, Judith et Olopherne, Cosme 1° à cheval, Hercule…
Il était permis de préférer alors l’Enlèvement d’une Sabine de Jean de Bologne.
- Pas plus qu’au Palazzo Vecchio du XIII°, baptisé ainsi après que les Médicis eurent déménagé au palais Pitti de l’autre côté de l’Arno, auquel ils continuaient d’accéder par un couloir où furent déjà accrochés des tableaux.
- La galerie des offices. Depuis un moment je n’ai pas revu les Boticelli , Uccello, Raphaël, le Caravage… qui s’y trouvent ; pourtant des possibilités de réservation nouvelles existent.
En révisant l’historique de ces lieux bien présentés sur de multiples sites internet, je ne me souvenais pas d’un attentat maffieux qui fit 5 morts en 1993.
A deux pas le Duomo étincelant de marbres et les portes du baptistère de Ghiberti, et du Ponte Vecchio lui aussi…
Après un tour de ville en autocar un peu décevant, contrairement à des circuits de ce type dans d’autres villes considérables, si ce n’est une vue panoramique sur la ville de 400 000 habitants, nous rayonnons autour de la place de Santa Maria Novella.
L’officina Profumo Farmaceutica, la plus ancienne pharmacie du monde, dit on, datant de 1221 quand même : magnifique sous ses fresques, ses statues et ses bois, ses senteurs, ses pots raffinés : eau antihystérique ou potion contre l’évanouissement, là s’élabora ce qui pris l’appellation eau de Cologne « qui soignait les maux d’amour ». Sur les  armoiries des Médicis figurent des pilules: "cinq rouges pour le poumon, le foie, le cœur, l'estomac et les intestins, une bleue figurant la  panacée".
Au musée de San Marco nous renouvelons notre regard sur des scènes religieuses traditionnelles : Descente de la croix, Couronnement de la vierge, Jugement dernier, Annonciation…  Des fresques peintes par Fra Angelico sur les murs des cellules des moines émane une lumière, une grâce qui traversent les siècles et les incroyances. Savonarole dont le profil, nous fait douter que l’on serait épargné par un procès en délit de sale gueule, séjourna dans ce couvent.


mardi 6 octobre 2015

El Paso. Aurélien Ducoudray Bastien Quignon.

Sur fond de décor U.S. mythique, dans la poussière entre caravane et motel :
flash back sur un road movie en bandes dessinées quand s'apprivoisent un père et son fils.
Atmosphère virile, peu bavarde, le père est en prison et rude est l’absence d’éducation.
Les aquarelles qui semblent bues par le papier font naître des sensations douces et pénétrantes.
Le récit vite lu sur des bases pourtant rebattues est attachant.

lundi 5 octobre 2015

Amnésia. Barbet Schroeder.

Marthe Keller, bien conservée, en allemande ayant répudié ses origines, s’éclaire à la bougie dans une charmante demeure à Ibiza, peuplée de tant de compatriotes.
Elle fait la connaissance de son nouveau jeune voisin, qui œuvre dans la spécialité locale : DJ.
Rencontre de deux générations et réactivation de la mémoire.
Papy et maman reviennent pour convaincre le jeune de revenir à Berlin.
Il avait fait découvrir à son ainée des herbes convenant au poisson pêché dans les criques photogéniques de vacances prolongées. 
Les sujets périlleux sont abordés avec quelque finesse au début : rencontre jeune homme et femme vieillissante, la culpabilité allemande, mais cela s’abime à la fin.
Pas de quoi devenir culte comme « More » tourné au même endroit du même réalisateur suisse.

dimanche 4 octobre 2015

Toujours la tempête. Peter Handke Alain Françon.

La saison 2015/16 à la MC 2 commence fort.
Au moment de s’abonner et choisir les spectacles à voir cette année, les noms du metteur en scène et de l’écrivain,
nous disaient quelque chose.
Cependant en prenant connaissance du sujet : « le devenir de slovènes en Carinthie pendant la seconde guerre », quelques craintes de ne pas se sentir concernés pouvaient apparaitre, surtout que la pièce dure trois heures.
Le titre se plaçant en référence à Shakespeare est à la hauteur :
le bruit et la fureur, les dilemmes ne manquent pas, le souffle de l’histoire et les destins brisés ; la formidable capacité d’interpellation du théâtre se renouvelle encore ce soir.
Universel :
« une lande, une steppe, une lande steppe, ou n’importe où »« maintenant, au Moyen Âge, ou n’importe quand »
Bien que le grand-père ne veuille pas entendre le mot « tragédie », « Dieu », ni « je », ni « amour », c’est bien de tout cela dont il sera question dans la reconstitution par l’écrivain metteur en scène batard, né de père allemand et de mère Slovène dont il ne parle pas la langue, bien qu’il l’évoque poétiquement.
« Les vivants, disait Auguste Comte, sont toujours, et de plus en plus, dominés par les morts. » Ici, par la finesse du narrateur faisant renaître ses ancêtres à sa façon, nous ne restons pas dans un pays figé.  
La dialectique est féconde entre vivants et morts.
La réflexion sur le temps, la mémoire, la création, est stimulante.
«Leur pas typique du Jaunfeld, passant d’un pied sur l’autre ».
Au-delà d’une incursion dans la complexité des Balkans et les facéties tragiques de l’histoire, le récit d’une « quête identitaire émancipatrice » avec ses contradictions, le choix aléatoire entre soldat de l’armée du Reich ou « cadre vert » dans la résistance est passionnant.
La mise en scène est limpide, les arbres couverts de pommes sont à la fois très concrets et en même temps, débarrassés de leurs branches, les fruits rappellent les mythes fondateurs.
Les acteurs sont excellents et l’auteur qui vit désormais en France, est  un grand, aux accents d’une lucidité âpre très autrichienne, tel Haneke.

samedi 3 octobre 2015

Réparer les vivants. Maylis de Kerangal.

Les 280 pages, de ce livre admirable, développent, et ce n’est pas une petite entreprise, le titre fort, juste et précis, comme chaque mot de cette œuvre célébrée par tant de critiques.
Le succès éditorial aurait pu desservir ce bijou humaniste : quand on attend trop d’un livre ou d’un film, c’est encore plus difficile d’être à la hauteur.
Bien sûr les circonstances de lecture au moment de l’opération de l’amie qui me l’avait offert, ont ajouté à une émotion qu’il faut mettre à distance en s’accordant une pause de temps en temps, bien que le pathos ne soit pas le genre de l’auteur de « Naissance d’un pont ».
La littérature est un beau remède quand elle dit le monde d’aujourd’hui en nous élevant au dessus du blabla ambiant.
Tant de personnages contradictoires, faillibles, passionnés décrits ici avec empathie, participent à une entreprise magnifique de précision, de délicatesse : réparer les vivants.
«… la situation est irréversible - elle déglutit en pensant à ce mot qu'il lui faudra articuler, irréversible, quatre syllabes qui vitrifient l'état des choses et qu'elle ne prononce jamais… »
Grâce à la poésie se revisitent des sujets fondamentaux : pour recevoir il faut des donneurs, alors que désormais la mort loge dans le cerveau et ne tient plus à un arrêt du cœur.
Beaucoup a été dit, et bien dit, sur le style, mais cette écriture chaleureuse, bien renseignée ne se sépare pas du contenu, elle n’est pas un procédé ; haletante, elle est accordée au rythme des vies précieuses dont chaque minute est savoureuse.
Quand tant de mots, ailleurs, dénigrent l’hôpital, ce travail redonne confiance en l’homme, en notre société sophistiquée qui progresse, malgré tout, vers le mieux être, trompant la mort alors que d’autres l’alimentent avec tant de jouissance.
Sean et Marianne sont les parents du jeune Simon dont le corps va être vidé, ils rencontrent Thomas Remige un infirmier :
« Sean et Marianne sont installés côte à côte dans le canapé, gauches, intrigués bien qu’ébranlés, et sur une des chaises vermillon, Thomas Remige, lui s’est assis, le dossier médical de Simon Limbres tenu entre les mains. Cependant ces trois individus ont beau partager le même espace, participer de la même durée, en cet instant, rien  n’est plus éloigné sur cette planète que ces deux êtres dans la douleur et ce jeune homme venu se placer devant eux dans le but - oui, dans le but- de recueillir leur consentement au prélèvement d’organe de leur enfant. »

vendredi 2 octobre 2015

Hollande et les volcans.

Mardi : à la télévision un documentaire sur l’Elysée d’Yves Jeuland, « Un temps de président ».
Mercredi : lecture par Patrick Deville de « Viva » son dernier livre à la bibliothèque de Grenoble.
Peut-on apposer Trotski le chef de l’armée rouge qui fusilla beaucoup, fut tué par « Le petit père des peuples » et Gaspard Gantzer, conseiller en communication présidentielle de "Pépère" ?
Deville, plus jeune que moi, connait les années rouges par la documentation et je ne regrette pas l’extinction des tristes manœuvriers se réclamant de la IV° internationale qui ont persisté dans la filiation.
Etre tenté par  une liaison entre les époques, c’est passer de la couleur au gris, de l’aventure au fauteuil, de l’exceptionnel à la normalité,  des châteaux de sable de l’adolescence à l’âge-mur, du rêve à la réalité, des chants à un vague soupir, du sang à un coup de pouce sur la télécommande.
Mais je m’emballe, je m’emballe, et me perds dans les papiers d’emballage.
Après avoir raconté la vie de tant de personnages flamboyants en Amérique centrale, en Afrique http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/03/equatoria-patrick-deville.html, en Asie, avant un roman  se déroulant en France en 2017, Patrick Deville retrace, depuis le Mexique, les destins parallèles de Trotski accueilli dans la maison bleue de Frida Kahlo et celui de Malcolm Lowry auteur du fiévreux « Au-dessous du volcan ».
Le politique à barbiche aurait pu être un grand écrivain, le poète, entre deux cures de désintoxication, déchiré de ne pas agir, devint le « consul » qu’il avait créé pour sa fiction.  
Dans ces années 30, le futur était  encore désirable,  dans chaque continent travaillait la métamorphose du monde : Zapata et Villa avaient fait  la révolution sept ans avant la Russie, et le Mexique accueillait tant d’étrangers : un chaudron chaud-bouillant.
«  Ce qu’ils nous crient et que nous feignons souvent de ne pas entendre : c’est qu’à l’impossible chacun de nous est tenu »
Frida Khalo n’était pas tendre avec les surréalistes parisiens : 
« Ils passent des heures à réchauffer leurs précieuses fesses aux tables des cafés, parlent sans discontinuer de la « culture », de « l'art », de la « révolution » et ainsi de suite, en se prenant pour les dieux du monde... »
Et je viens à mon tour, m’asseoir à la terrasse pour touiller des évidences en rapprochant deux époques si lointaines quand Daech pourrait constituer en ce siècle l’aventure la plus désirable.
Sous les affèteries des communicants, les politiques d’aujourd’hui ne peuvent masquer  leur solitude et malgré un certain courage pour affronter les vents les plus retors, aucune vision de l’avenir n’arrive à se dire.
Dans le film d’Yves Jeulan que j’ai regardé, car le «Hollande bashing » devient lassant : Fleur Pellerin vient d’être nommée au ministère de la culture, Hollande et Valls lui conseillent d’aller au spectacle tous les soirs et de voir Jack et Monique :
« Il sera ravi !»
Viva la littérature, même si avec ses belles images qui tentent de réveiller nos insuffisances cardiaques, elle n’est que jeu de mots pour nos blanches ruses.
……..
Dans le « Canard » de cette semaine :

jeudi 1 octobre 2015

Art brut. L’instinct créateur. Laurent Danchin.

Quel plaisir de se replonger dans un livre de la collection Découvertes Gallimard  qui convient parfaitement au sujet avec ces 150 pages ouvrant sur des images « telles quelles » et concluant sur une bibliographie pointue.
La collection datant des années 80 commença à l’intention des juniors, elle satisfait le sénior avec ce numéro 500 par un dialogue des images et du texte toujours aussi riche et gracieux.
Art des fous, des outsiders, des marginaux, des excentriques,  des autodidactes, des médiums, des chamans, des visionnaires; art primitif, naïf, populaire, art singulier, traditionnel et contemporain :
l’ « art brut », ainsi Dubuffet le nomma.
Lausanne est sa Mecque, http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/06/art-brut-lausanne.html
Hauterives du facteur Cheval son Lourdes, La Fabuloserie à Dicy, dans l’Yonne, pour moi, un projet appétissant.
« L'art ne vient pas coucher dans les lits qu'on a faits pour lui ; il se sauve aussitôt qu'on prononce son nom : ce qu'il aime c'est l'incognito. Ses meilleurs moments sont quand il oublie comment il s'appelle. » Dubuffet, bien sûr, qui préférait « les vieux loups intraitables » aux « veaux gras primés des concours agricoles ».
Le débat sur les reproductions en regard des originaux ne se pose pas, tant la taille, l’ampleur peuvent étonner pour ces créations intenses réalisées souvent en volume.
Et contrairement à l’art contemporain qui a repris dans ses matériaux, des découvertes de cet « art du bord des routes » et qui bien souvent nous saoule de mots, l’art brut nous renvoie à des émotions crues, brûlantes. Pourtant saturés parfois d’écriture, ces productions touchent à l’enfance- de l’art.
Qu’en sera-t-il à l’avenir quand l’écriture ne s’apprendra plus comme cela s’amorce aux E.U. où le dessin a disparu en dehors des inscriptions à même la peau ? La brutalité encore et encore ! 
Ce livre peut à la fois convenir comme initiation à un aspect des manifestations de l’imagination humaine ou en tant qu’outil utile pour chercher du côté de la beauté, de l’histoire, de notre identité.

mercredi 30 septembre 2015

Colle di Val d’Elsa.


« Colle » comme collines ; située sur la rivière Elsa, la ville toscane de 20 000 habitants est pratique avec ses supermarchés dans la ville basse, pour nous touristes installés à proximité dans la belle campagne aux commerces rares.
Elle a préservé sa partie médiévale sur les hauteurs.
Un ascenseur mène d’une zone à l’autre et le point de vue est intéressant, les ruelles sympathiques.
Nous n’avons pas visité le musée du cristal qui atteste d’une activité de « la Bohème italienne », représentant 15% de la production mondiale de ce verre auquel est adjoint du plomb pour le rendre plus éclatant.
Si « tous les chemins mènent à Rome », Colle constitue une étape sur la via Francigena. 
Emprunté par les pèlerins venant principalement de France qui se rendaient dans la ville sainte,  le « grand itinéraire culturel du Conseil de l'Europe » connait une faveur qui peut rappeler celle autour des chemins de Saint Jacques de Compostelle.

mardi 29 septembre 2015

A boire et à manger. Guillaume Long.

Sous titré « du pain sur la planche » ; l’auteur qui tient un blog (en lien ci contre) en est sous cet intitulé engageant, à son troisième album sur le thème porteur de la cuisine qui garnit abondamment les tables des libraires.
Dans le genre, la lecture d’une américaine http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/03/delices-lucy-knisley.html , était régalante, cette fois c’est un natif de Genève ayant vécu longtemps à Lyon qui nous réjouit.
Un livre de recettes qui se lit de la première à la dernière des 160 pages et qui  a intrigué ma compagne quand elle m’a entendu rire tout seul : c’est pas tous les jours !
Décidément la cuisine est le lieu de la rencontre, de l’affirmation de soi, le reflet d’une époque qui avec des jeunes comme cet auteur ne donne pas que des motifs pour désespérer. L’humour, l’auto dérision sont les ingrédients, à consommer sans modération, pour le partage d’un panorama très varié qui nous déculpabilise de nos gourmandises incorrectes. Il évite des dessins trop compliqués et se rit de tous ceux qui le prennent pour un expert gastronomique.
Il nous promène d’un Burger King aux tagliatelles à la truffe et au foie gras( à réserver pour un soir de fin du monde), passant par un rappel du gratin dauphinois ou un épique gratin de cardons.   
Notre estomac et notre foie doivent être entrainés pour le suivre à Madrid et en Normandie sans oublier de trinquer, voire de se torcher grave au Calvados (ne pas dire Calva). 
Les chapitres sont organisés par saisons, mais la fantaisie, la diversité des présentations transgressent tout classement et tout parait facile, tant est efficace la présentation d’un os à moelle au four ou le poulet au vin jaune. Jean Kévin et son taboulé affronté à une Libanaise  vaut son pesant de Boulgour.
Je crois bien que je vais oser une raie au beurre noir suite à ses conseils mais je crois que je ne suis pas mûr pour une salade de mangue à l’ail, bien qu’il nous encourage à la créativité : son Parmentier de chou-fleur et son agrume semble possible.
En tous cas la lecture hilarante de cette bande dessinée est aussi nourrissante qu’un apéro au poireau ou un Crumb, pardon : crumble aux pommes présentés dans ce volume chez Gallimard (l’éditeur de J.P. Sartre) s’il vous plait.

lundi 28 septembre 2015

Youth. Paolo Sorrentino.

L’affiche est trompeuse, car la miss univers ne tient  qu’un rôle secondaire dans le film, par ailleurs bien pourvu en personnalités typées. Il s’avère qu’elle n’est pas seulement agréablement carrossée.
Les deux vieux dont la libido n’est plus un problème ont pour l’un renoncé à se produire en concert, alors que son comparse essaye de réaliser son testament filmique.
J’aurais préféré le titre en italien « La giovinezza » mais Michael Caine en compositeur de musique est « so british », son comparse Harvey Keitel et son égérie Jane Fonda tellement américains, alors va pour « Youth » qui nous prend à contrepied comme un Maradona en cure dans l’hôtel suisse où tout un beau monde en fin de course passe le temps.
Leur indolence a gagné le film qui recèle pourtant quelques scènes bien troussées, imaginatives, drôles sans lourdeur et de beaux paysages correctement peignés qui ne peuvent cependant guérir de la mort.
Le sujet est périlleux, le réalisateur de « This must be the place » http://blog-de-guy.blogspot.fr/2011/09/this-must-be-place-paolo-sorrentino.html
évite tout drame plombant avec des acteurs qui amorcent dans le confort et les belles images, une réflexion concernant la mémoire, la création, l’amitié, la vérité…
« Si la légèreté est une tentation irrésistible, elle est aussi une perversion »

dimanche 27 septembre 2015

Les particules élémentaires. Houellebecq. Gosselin.

Il faut bien quatre heures de théâtre pour apprécier ce maelström où nous sommes invités à réfléchir, nous émouvoir, sourire, depuis l’infime spirale génétique aux espaces infinis, de la taille de notre bite aux fœtus en sandwichs (secte satanique), de la multiplication des discothèques corrélée à la consommation d’anxiolytiques.
Shakespeare, Nietzche, Baudelaire :
« Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci. »
La poésie est là, tout du long, amère, avec les remords d’une humanité de douceur rêvée qui fait reproche. D’une radio sort : « tout au long de la vie qui pique, On prend des beignes » de Souchon  et « Night in white satin » nous en rappelle de belles.
La transposition sur scène de notre écrivain le plus contemporain  http://blog-de-guy.blogspot.fr/2011/04/la-carte-et-le-territoire-michel.html est vraiment réussie.
Nous rions pendant cette tragédie, avec en particulier une séquence de yoga du genre « Les Bronzés ».
Michel, chercheur en biologie moléculaire se noie, son demi-frère, Bruno, professeur  obsédé par le sexe, deviendra fou. Annabelle après deux avortements ne pourra avoir d’enfant de celui qu’elle aime, à cause d’un cancer, et Christiane finira mal après une vie de recherche désespérée du plaisir.
« Cette pièce est avant tout l’histoire d’un homme, qui vécut la plus grande partie de sa vie en Europe occidentale, durant la seconde moitié du XXe siècle. Généralement seul, il fut cependant, de loin en loin, en relation avec d’autres hommes. Il vécut en des temps malheureux et troublés. […] Les sentiments d’amour, de tendresse et de fraternité humaines avaient dans une large mesure disparu ; dans leurs rapports mutuels ses contemporains faisaient le plus souvent preuve d’indifférence voire de cruauté. »
Le spectacle est musical, physique, les acteurs aux talents multiples, excellents, les procédés vidéo ne font pas procédés et leur diversité s’accorde au foisonnement qui balaie trente ans de nos vies.
 « Ils se sentiraient de plus en plus vieux et ils en auraient honte. Leur époque allait bientôt réussir cette transformation inédite : noyer le sentiment tragique de la mort dans la sensation plus générale et plus flasque du vieillissement. »
Est-ce que la liberté des années soixante a fait de nous des cannibales ?
Nos années soixante dix utopiques, se disait-on à l’entracte, se sont dissoutes dans l’acide des années 80. Années où Kerouac passait sous le Tapie, Mite’rrand tenait la balayette et nous n’avions rien vu.
«Pourtant, nous ne méprisons pas ces hommes
 Nous savons ce que nous devons à leurs rêves
 Nous savons que nous ne serions rien sans l’entrelacement de douleur et de joie qui a constitué leur histoire.»
Ce spectacle  a beau  être « dédié à l’homme », on peut en ressortir glacé, tout en étant  ravi d’avoir assisté à un grand moment de théâtre.
La compagnie s’intitule « Si vous pouviez lécher mon cœur » car le professeur du prometteur metteur en scène «  répétait souvent cette phrase extraite de Shoah, le film de Claude Lanzmann : « Si vous pouviez lécher mon cœur, vous mourriez empoisonné ».

samedi 26 septembre 2015

Un été au bord du lac. Alberto Vigevani.

En dehors de la photo de la page de garde, sépia comme il se doit, ce  récit cotonneux d’une villégiature au bord du lac de Côme m’a mis en rogne, car une fois de plus j’ai été abusé par des promesses de douceurs italiennes. Alors que je venais de m’enthousiasmer pour « Réparer les vivants » de Maylis de Kérangal, ces états d’âmes futiles d’adolescents niais, vacant, rassemblant tous les poncifs m’ont paru encore plus factices.
« Mort à Venise » sans Venise, sans fièvre, sans parfum, sans âme, sans émoi, sans style.
Bateau en maquette et Andrew petit souffreteux dont la mère est sans mari.
Giacomo est-il troublé par la belle maman ? Il gagnera une raquette.
Prenez garde à la raquette en bord de lac si vous n’êtes pas encore majeur ! 
«  - Andrew voulait vous dire au revoir, mais il n’en a pas eu le temps. Il m‘a demandé de vous donner ceci.
Elle lui tendit une Dunlop de compétition ; un jour, Giacomo l’avait prise en main et en avait admiré la légèreté. C’était un cadeau de son père qu’Andrew n’avait jamais pu utiliser. »
Et radin avec ça !

vendredi 25 septembre 2015

« Eparpillé par petits bouts façon puzzle. »

Ecrire comme un pansement quand la vue s’affole devant un monde qui se défait, alors au coin d’un blog je joue pesamment avec le mot : pensement sur jambe de bois.
Pendant que la ronde de tant d’éditorialistes me semble tourner à vide, je remonte sur mon canasson à la mine en papier mâché et mime un Franz-Olivier Giesbert, des terres froides entrelardant de citations (en gras) tirées des « Tontons flingueurs » .
« La bave du crapaud n'empêche pas la caravane de passer ! »
Désormais il est nécessaire de livrer un mode d’emploi avec le moindre dessin provenant par exemple de Riss de Charlie hebdo sous protection policière, mais c’est le rédacteur Laurent Joffrin écrivant maintenant la moitié de son journal du moment, Libération, qui tombe dans la caricature en donnant la leçon au philosophe Michel Onfray. Il récidive, puisqu‘il  ne voyait que des « ras du front » chez ceux qui critiquent Najat Bécassine.
Et dire que j’avais abandonné « Le Monde » quand ils avaient traité ainsi Ségolène qui s’applique chaque semaine à leur donner raison !
« - Qu'est ce qui a été en panne?
- La dépanneuse. »
Les débats concernant l’école s’embrouillent sous les stratégies communicationnelles :  évoquer une « dictée quotidienne »  a fait écran à la mise ne place d’« enseignements pratiques interdisciplinaires » (EPI)  au collège. Cependant l’évaluation pour les lycéens « Chatel » de tels dispositifs concernant aussi les heures d’accompagnement « personnalisé » tardent à paraitre.
La maternelle enfin revient à des objectifs plus adaptés aux petits mais à entendre les mots « exigence » et « ambition » appliqués au reste des textes, lorsque c’est vraiment le contraire qui est mis en route : c’est fusiller le vocabulaire. L’école sera ludique, soumise aux modes, aux pressions parentales et au pouvoir de petits chefs. L’autonomie amène avant tout à la concurrence.
La rhétorique de l’émancipation comme musique de fond dissimule la soumission au marché.
Les consciences professionnelles partent en miettes sous les plans de carrière.
Nous baignons dans le même discours servi depuis des décennies, pourtant le fossé social s’est élargi. Et les prescripteurs sont plutôt les petits machos des couloirs que les éditeurs de programmes.
Le niveau monte ne cessait-on de nous dire avant de crier à la catastrophe.
La démocratisation invoquée serait une arnaque si encore une personne y croyait.
C’est bien la même équipe qui entre deux Macroneries, porte les éléments de langage des boites à com’ !
Se détachant des habituelles révérences des politiques entre deux élections, les mots du ministre de l’économie concernant les fonctionnaires seraient plutôt ceux d’un chroniqueur s’exprimant face à l’éclatement du salariat. Ils ne sont pas la marque d’un courage ou d’une lucidité, ils participent de la confusion des genres et accentuent le discrédit des gouvernants.  Et depuis les tribunes médiatiques combien de leçons  sont assénées … pour mépriser les paroles professorales où  assumer quelque leçon « frontale » serait quasiment « frontiste ».
« Pour qu'il abandonne ses cactus et qu'il revienne à Paris, il faut qu'il en arrive une sévère au vieux Louis. Ou qu'il ait besoin de pognon ou qu'il soit tombé dans une béchamel infernale ! »
Si je joue à peser les mots qui bourdonnent autour de lieux que j’ai bien connus, je m’oblige à la prudence quand s’éloigne le coin de ma rue pour éviter les rabâchages et les vaines affirmations.  Je ne comprends pas la contradiction des souverainistes qui en appellent à l’Europe, qu’ils ne cessent de critiquer, pour régler les problèmes migratoires. Leurs acrobaties autour de la Grèce donnent le tournis.
A hauteur d’échantillon, certes  très restreint, je suis étonné du nombre de jeunes français partis gagner leur vie à l’étranger. Croisent-ils les migrants arrivant sur nos berges ?
Le football est décidément un miroir grossissant : les joueurs français se louent en Angleterre,  quand les africains constituent l’ossature de nombreuses équipes du championnat de France.
Rio Mavuba, capitaine de l’équipe de Lille, est né sur un bateau de réfugiés angolais.
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Le dessin en tête est de Micaël Queiroz et celui là est paru dans "Le Canard Enchaîné":