Il convient d’évaluer l’intention pour distinguer un vrai
faussaire d’un étudiant copiant les grands maîtres, précise le conférencier
devant les amis du Musée de Grenoble.
« Le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg » ne présenterait
qu’une moitié de tableaux authentiques, l’autre moitié vendue du temps de
l’Union soviétique aurait été remplacée par des copies d’après… un trafiquant
d’art Youri Vassilievitch Alekseev, dit « le Bossu ».Le faux accompagne le vrai depuis les « kouros »
grecs appréciés à l’époque romaine.
Sur un cartel du musée Getty, figure : « Grèce, 530 av. J.-C. ou faux
moderne ».« Saint Louis dépose la Couronne d’épines dans la
Sainte-Chapelle »
Le moyen-âge a été créatif en matière de fausses reliques avec
une vingtaine de prépuces de Jésus et quelques souffles divins mis en
bouteille. Calvin a écrit que l'ensemble des fragments de la « vraie
croix » pourrait aisément remplir un navire ou selon une formule célèbre,
« on aurait pu chauffer Rome pendant un an » avec tout ce bois.« La donation de
Constantin » est une « forgerie »
(tromperie) qui fut fort utile à la papauté pour justifier ses ambitions
territoriales.Michel-Ange avait sculpté un «
Cupidon dormant »
maintenant disparu, enfoui sous terre à l’époque de Savonarole, puis une
fois celui-ci déchu, le futur auteur de la Pietà ressortit la statue qui avait
pris l'aspect d'une antiquité et voulut la vendre comme telle. Il avoua la supercherie,
ce qui fit baisser le prix espéré, mais amorça sa renommée.Albrecht Dürer, un des artistes les plus copiés
à son époque, aurait inventé le droit d’auteur :
«Que soient
maudits les pilleurs et les imitateurs du travail et du talent des autres »
Il a fallu six ans pour que celui qui avait remplacé un « Autoportrait
d'Albrecht Dürer »
dans la mairie de Nuremberg par une copie, soit
démasqué.27 000 tableaux de Camille Corot avaient été déclarés à la douane
américaine depuis la mort du peintre qui signait quelquefois des toiles peintes
par d'autres. L'auteur de « Scène de vendanges » surnommé « Le faussaire espagnol » était expert en
miniatures : Bien que son authenticité ait été rapidement mise en doute, « La
Chronique d'Ura-Linda », manuscrit écrit en vieux frison,
est toujours cité dans les milieux ésotériques friands des mystères de
l’Atlantide.La Vénus de Brizet trouvée dans un champ de navets
fut un canular à la façon de Michel Ange. « Le char des Gardiens du Louvre » au carnaval de Nice de 1912, met
en scène un âne coiffé de la « tiare de Saïtapharnès » achetée
à prix d’or par le Louvre alors que ce travail d’orfèvre était un cadeau
destiné à un archéologue.Quand la civilisation étrusque devint tendance au début du
XX° siècle, quelques « guerriers en terracotta »
trouvèrent place au Métropolitan Museum de New-York, ils venaient d’être
réalisés par Alfredo
Fioravanti qui avoua.
Des traces de manganèse inconnu mille ans
auparavant avaient été détectées.Van Meegeren a lui tellement bien restauré des
tableaux de l’âge d’or hollandais qu’il dupera Göring en échangeant un
« Vermeer » qu’il venait de peindre contre 200 œuvres saisies par les
nazis. Mais il aura fallu qu’il réalise dans sa cellule un « Jésus et les
docteurs » « à la manière de » pour persuader les juges
qu’il n’avait pas cédé un authentique trésor. Il utilisait des pigments de
l’époque, des toiles et cadres anciens, avec craquelures sorties du four.
Le
criminel de guerre allemand fit parait-il une drôle de tête,
« comme s’il découvrait pour la
première fois qu’il y avait du mal dans le monde ».Chang Dai-chien inspiré par les maîtres de la
peinture chinoise classique a réalisé beaucoup de contrefaçons semant le doute
sur les réalisations de ses prédécesseurs.
Il a été récemment un des artistes le
plus vendus dans le monde.Le district attorney, Joseph Stone a traqué David Stein apparaissant sous 14 pseudonymes
différents, puis est devenu sa caution morale.Les « Bonnie and Clyde de l'art », Wolfgang Beltracchi et sa femme
ont commercialisé 300 faux tableaux de 100 peintres
différents.Un expert venant témoigner au procès de Guy Ribes consacré par un
documentaire intitulé « Un
vrai faussaire », dira à son propos :
« Si Picasso était encore vivant, il
l’embaucherait. »
« Le vrai, c'est
le faux - du moins en art et en poésie » Gérard de Nerval.Les experts ont confirmé que « La Belle
Princesse » était bien de Léonard de Vinci alors que Shaun
Greenhalgh célèbre contrefacteur anglais en revendiquait la
paternité.