Sous l’Autoportrait au Colisée du
« romaniste » Martin Van Heemskerk, ce fut une bonne révision
pour les amis du musée de Grenoble, car le « Grand tour » passant par
les divers états transalpins a concerné un grand nombre d’artistes présentés
depuis des années lors des conférences du lundi ou du mercredi.
A Rome, les
moutons paissaient dans le Forum, le choix du Colisée fait référence aux
grandeurs antiques mais aussi aux martyrs. Les flamands avaient initié le mouvement, venant en bateau
plutôt que par les routes fréquentées par des troupes armées en particulier au
XVI° siècle, bien que tous les chemins menassent à Rome, le premier de tous les
pèlerinages.
Antiquité et
modernité se rejoignaient là bas : « la maniera moderna »
et la redécouverte des œuvres premières. L’Apollon du Belvédère, copie romaine
d’une œuvre grecque avait échappé au sort qui fut fait à tellement de statues
transformées en chaux.
La beauté est convulsive dans ce Groupe du Laocoon conservé
lui aussi au Vatican.
Les richesses de la Renaissance sont innombrables.
La Cène de Léonard de Vinci où perspective, passions et
émotions s’exposent, fut abondamment copiée.
La fresque peinte par Michel-Ange, Le jugement
dernier, frappe les imaginations.
Dürer est passé par Venise, le pays de la
couleur, et alors que les peintres étaient moins considérés que les orfèvres,
il est entré dans le débat vis-à-vis de Florence où primait le dessin. C’est le
même mot en italien qui désigne « dessin » et un « dessein »,
donnant ainsi une valeur intellectuelle à l’art. Le natif de Nuremberg s’est glissé dans sa composition de La vierge du rosaire.
Le Gréco, élève du Titien, qui trouvera sa clientèle
à Tolède, était un des rares à venir du Sud, de Crête, son Jésus chassant les marchands du
temple est influencé par Le Tintoret.
La madone, vierge d’humilité et de tendresse de Jan Gossaert
s’inscrit dans un trompe l’œil en perspective très « italien ».
C’est
un label de qualité qui amène parfois des surenchères dans le contrapposto
où s’entrelacent les jambes des corps marmoréens d’Hercule et Déjanire.
L'enlèvement des
Sabines de Jean de Bologne qui venait de Boulogne, au
dynamisme époustouflant, est taillé dans un marbre plein.
Praxitèle sculpta la première femme nue, cette Vénus
dite des Médicis est aussi qualifiée de pudique.
Rubens, « prince
des peintres et peintre des princes », qui savait tenir une
conversation pendant les séances de pose, acheta des Caravage dont La
mise au tombeau inspira deux de ses variations en 1612 et 1617.
Nicomède tient le linceul entre ses dents : c’est la transsubstantiation.
Au XVIII° siècle, après la guerre de sept ans,
guerre mondiale, Boucher et Fragonard
furent accusés de participer à la décadence des mœurs.
La marchande
d’amours de J. B. Vien
reprend le thème d’une fresque découverte à Herculanum. Le classique revient,
avec ses thèmes glorieux, ses horizontales et verticales ; l’humour et la
friponnerie se dissimulent.
Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils. David
Il y avait eu Montaigne et Stendhal avant
lui, Goethe dans la campagne
romaine de J. H. W. Tischbein médite sur la fragilité des
civilisations après le succès de son roman « Les
Souffrances du jeune Werther » qui suscita une épidémie
de suicides en Allemagne.
Hubert Robert est dans l’uchronie avec Vue
imaginaire de la Grande Galerie du Louvre en ruines.
Overbeck et sa communauté de protestants revenu au
catholicisme ne se référaient ni à l’antiquité païenne ni à la Renaissance
frivole mais à Raphaël première époque,
il rassemble Germanie et Italie.
Velasquez n’avait pas le droit de peindre des nus en Espagne
depuis l’Inquisition ; il nous offre
La Vénus au miroir
(vénitien) allongée telle
l’odalisque d’Ingres.
Corot simplifie les formes et dépouille sa
palette : Marietta.
Carpeaux pensait à Apollon et Daphné du Bernin dans une Danse qui fit scandale
« J'ai
une femme et des filles passionnées de musique et qui vont souvent à l'Opéra.
Cela leur sera impossible désormais, car jamais je ne consentirai à les mener
dans un monument dont l'enseigne est celle d'un mauvais lieu »
La puissance de la course des chevaux libres de
Géricault, leur
tension et
leur force reviennent une fois encore à Michel Ange.
Pour les paysages splendides, les
lumières :Turner,
sur les pas de Claude
Le Lorrain Port de mer au soleil couchant
et ses soleils de face, fusionne les éléments à Venise : Le Campanile de San
Marco et le palais des doges.
Comme Monet venu tardivement visiter la fragile « Sérénissime », où il
saisit les miroitements du palais des doges.
Le voilier de Marquet, un fauve moins hurlant
que d’autres, devant le Vésuve, porte un peu de la mélancolie qui accompagnera
désormais les voyages vers le Sud.
Paris a pris la relève de l’avant garde
artistique.