A 8h 30 nous arpentons le Fondamenta Savorgnan dès le seuil
de notre appartement passé,
puis nous nous enfonçons dans le Canereggio via le
Ponte Guglie direction la Fondamenta Nove afin d’embarquer sur le vaporetto en
partance pour l’île
de San MicheleLa traversée est de courte durée : San Michele est le premier arrêt sur la ligne de Murano. C’est l’île où les défunts se rendent à leur dernière demeure en barque comme dans la mythologie où les morts accèdent aux enfers en traversant Le Styx. Nous sommes peu nombreux à descendre ! Le ponton d’arrivée donne directement sur l’entrée du cimetière qui occupe toute l’île. Un plan papier est à notre disposition.
Sur notre gauche s’élève une église flanquée d’un cloître
avec jardinet et puits. Nous nous faufilons dans les allées des columbariums de
la partie italienne.
Les casiers superposés jusqu’à des hauteurs
impressionnantes supportent des petits vases carrés garnis de fleurs naturelles
ou artificielles. Outre le nom et les dates des locataires figurent souvent sur
chacun une photographie voire une petite lampe. Nous suivons le fléchage indiquant les tombes de Diaghilev et Stravinsky au centre du cimetière grec. Dans cette partie les urnes empilées cèdent la place aux tombes en pleine terre recouvertes d’une dalle gravée.
Celle de Diaghilev se repère facilement grâce aux chaussons de danse roses et fanés déposés en ex-voto.
A côté de celle de sa femme, la tombe de Stravinsky avec une rose blanche fanée est plus sobre, la pierre sans décoration ni date porte seulement leur nom.
Comme nous l’avons remarqué hier, les cigales stridulent
avec vigueur et enthousiasme dans les nombreux arbres, mais nouveauté, les
moustiques n’ont pas été éradiqués et festoient sans bruit, nous attaquant
sournoisement en laissant de fortes démangeaisons.
A cause d’eux, nous
écourtons notre promenade, traversant le cimetière par d’autres quartiers dont
celui des religieuses, sans explorer ni prendre la mesure complète du lieu. Par
contre les mouettes indésirables sont éloignées par l’émission de bruits qui
les effraient.
De retour au Fondamente Nove, on s’offre une petite halte
pour boire un café et prévoir la suite de la journée. Après hésitation, nous
montons dans un vaporetto pour le Lido
en excluant (enfin surtout moi) la possibilité chronophage de louer des
bicyclettes.
L’excursion se révèle assez décevante : nous remontons la
grande avenue qui fait face au débarcadère, assez coquette mais sans grand
intérêt jusqu’à la plage publique si vaste qu’elle ne parait même pas surpeuplée par
rapport aux plages de la Côte d’Azur. Une passerelle permet de surmonter la
plage, malheureusement elle est fermée. Nous ne nous attardons pas car nous
n’avons pas le matériel nécessaire ni l’intention de nous baigner. Nous
retournons dans le quartier de San Nicola sans pouvoir pénétrer dans l’église
en réparation, dépourvue de signalisation. A part un palace nous n’avons même pas cherché à apercevoir les fameux hôtels de style « Liberty » ni le Casino à l’autre bout de l’île. Nous aurions dû prendre le bus pour traverser le Lido puisque contrairement aux îles de la lagune, celle-ci s’ouvre à la circulation grâce à un bac reliant la terre ferme.
La ligne deux du
vaporetto nous dépose à la station de L’Académia. Nous retrouvons sans difficulté
la trattoria « Ai Cugnai » (les beaux frères). Nous nous attablons
au même endroit, choisissons les antipasti : un apéritif de poissons de
Venise (crevettes roses petites et grandes, Saint Jacques avec courgettes, une
langoustine, sardines grillées, morue moulinée sur polenta, poulpes au céleri)
et un plat de sardines et crevettes grillées avec polenta. Après deux cafés et
l’addition (42€) nous n’avons que quelques pas pour rejoindre la Galeria de
l’Accademia.