Qui avait remarqué dans le tableau d’Ernest Hareux : «
Le chemin du petit séminaire, environs de Grenoble » que
les deux silhouettes noires, à la tombée de la nuit, pouvaient évoquer
Courbet et « La rencontre » plus connue sous le titre «
Bonjour Monsieur Courbet » ?
Etienne Brunet nous a fait redécouvrir la peinture de
paysages au musée de Grenoble qui appartient tellement à notre paysage que nous
ne savons plus voir, bien que nous aimons de préférence ce que nous
reconnaissons. Le prof de Champo parlant à d’autres profs est aussi disert et
documenté à propos des classiques qu’avec les contemporains qu’il nous a dévoilés depuis quelques années.
Cette toile est un
hommage à Courbet dont un « Paysage de neige » figure ici,
alors qu’il s’agit d’un tableau volé par les nazis, mais le propriétaire n’a
pas été retrouvé.
C'est aussi un témoignage d’amitié à Laurent Guétal, dont on peut
apprécier « Effet de neige au Rondeau », le prêtre qui a
accueilli Hareux dans ce séminaire devenu depuis le lycée Vaucanson.
Nous avions commencé par une brève station dans la salle des
tableaux les plus anciens pour vérifier que le paysage en Europe contrairement
au Japon ou en Chine fut longtemps, un genre mineur, un décor des plus simples
entre deux colonnes.
Comme on peut l'entrevoir dans « Le Christ rencontrant la femme et les
fils de Zébédée » deVéronèse.
Il faut les peintres du Nord, d’un pays construit à la main,
pour inventer le genre.
Le « Paysage avec Saint Jérôme » datant
de la Renaissance, de Cornelis Metsys est
bavard, ouvert, sans être bloqué sur les bords. A chaque plan se devine un
épisode de la vie du cardinal au lion.
Peint sur une plaque en cuivre, « Jésus servi par des
Anges » de Francesco Albani, semble un produit d’orfèvrerie.
Annibal Carrache a fait entrer le paysage recomposé dans
l’ère du classicisme, cherchant une harmonie perdue depuis
que Dieu a réprimé Adam qui désigne à son tour Eve, comme le peint d’une façon
expressive, Le
Dominiquin citant à son tour « La création » de
Michel-Ange.
Salomon Van Ruysdael utilise les veines du bois,
en une variété de touches qui donnent à son « Paysage » un
charme insoupçonné jusque là, par des effets de rythme triangulaires, d’éclairages
contrastés et jeux d’écriture. Un tonneau apporte du pittoresque.
Le « Paysage pastoral » recomposé
en atelier de Claude Lorrain dont le pendant
est conservé à Buckingham - les ruines plaisaient aux anglais - est inspiré de
la villa d’Este, lieu de bien des illusions en matière de jardins, et de la
villa d’Hadrien, à Tivoli près de Rome.
Panini, non pas celui des images avec Platini, a, lui, reconstitué
la Rome antique en jouant avec le réel
au moyen des statues aux allures de tableaux animés comme chez Harry Potter.
Francesco Foschi dans son narratif « Paysage
montagneux sous la neige, avec diligence » présente d’une façon presque
exhaustive, les dangers de la montagne.
Et dans cette
thématique voyageuse nous ne pouvons ignorer la topographique "Pointe
de la Dogana avec l’église de la Salute" du vénitien Canaletto.
Le « Lac en Ecosse. Après l’orage »,
tellement romantique, de Gustave Doré qui n’était pas que graveur, a
inspiré bien des artistes locaux.
Jean Achard né à Voreppe gardait les moutons,
il sera reconnu par les peintres de paysage. Le « Paysage (vue prise de Saint
Egrève)» dont les pierres guère érodées comme il se doit dans les
plaines, proviennent sans doute des carrières du Fontanil est plus sûrement
envisagé depuis Proveysieux qui était alors un petit Barbizon. Cette école pré
impressionniste au sud de Paris cherchait à peindre de «purs paysages, libérés de l’histoire »
avec Corot, « Paysage,
soleil couchant » qui « étonne lentement, et enchante peu à peu. » Baudelaire. Des géographes ont eu beau révéler quelques contradictions dans la toile
immense d'Achard qui figurait à la mairie de Saint Egrève en faisant douter du moment de la journée, du
temps qu’il va faire : la brume du sud annonçant le beau temps alors que
le cumulus venant de l’Ouest est plutôt menaçant, voire de la saison, les
lumières sont bien belles et les visiteurs apprécient
comme mes élèves qui
immanquablement après Matisse préféraient parmi tant de chefs-d’œuvre « Le
lac de l'Eychauda » de Laurent Guétal peint d’après une photographie.
Léonard de Vinci, est toujours dans le coup
avec son « art, cosa
mentale », alors les apôtres du Land art à intentions écologiques pourront
s’inscrire dans l’histoire de l’art, de la même façon qu’ils écrivent
ingénument dans la nature.