La banalisation du terme « fascisme », les
références aux années 30, qui se multiplient en ce moment, m’ont entrainé à la librairie du Square pour écouter
le maître de conférences à l'Université Pierre Mendès France à Grenoble qui
présentait son livre dont le sous-titre est essentiel.
Il s’agit d’une histoire des interprétations par les
politiques, les intellectuels, qui alimentent nos mémoires sélectives ou envahissantes,
pour un phénomène né après la première guerre mondiale.
L’auteur distingue trois périodes.
- De 1919 à 45, où la lecture politique domine,
- puis jusqu’aux années 60 quand les historiens déterminés
encore par une grille politique entrent en jeu. Mussolini est présenté à la
tête d’une clique parvenue au pouvoir par la violence et la propagande. La
population italienne est disculpée.
« Rome ville ouverte » le film de Rossellini peut
être cité comme illustration de cette vision.
- Les historiens s’imposent désormais, l’anamnèse est en
route, qui reconstitue l’histoire d’un sujet malade.
Bertolucci en témoigne
dans « 1900 », de même que Scola réalisant « Une journée
particulière ».
Les phrases remontant des bavardages de nos contemporains Bertrand
ou Estrosi, osant des références lourdes
au totalitarisme au moment où Woerth faisait dans les affaires et que des
journalistes faisaient leur travail, paraissent dérisoires, mais l’autre :
Berlusconi, n’est pas rigolo quand il a dit que « Mussolini n’a tué
personne ».
Le nazisme et le fascisme furent des phénomènes
internationaux articulant un parti légal à des groupes paramilitaires, vouant
un culte aux chefs ; « l’homme nouveau » en Italie est tourné
vers le futur alors que la pureté raciale s’inspirait du passé chez les
Allemands.
Il fut question dans les discussions qui ont suivi l’exposé
qui mettait en appétit, de Sternhell qui
fait remonter les racines du fascisme au XIX° siècle, en France, au moment du
boulangisme et de l’anti parlementarisme avec cette « troisième
voie » de toujours rejetant marxisme et libéralisme.
Le contexte a changé, le label infamant ne rend pas compte
de toute la réalité de l’extrême droite qui par contre est vraiment l’extrême
droite : celle du repli sur l’hexagone, polarisée par l’étranger bouc
émissaire, populiste, essayant de gommer les traits d’une « Aube
dorée », mais dans le panier bien
des fruits portent des taches brunes.
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Dans Le Canard de cette semaine: