#1. Le Cadeau.
Mon libéral préféré, tellement libéral qu’il en fait
profession, m’a offert le dernier livre de Julliard. Alors que j’aurais été
plutôt du genre à lui offrir le dernier Morano, il fait la preuve que tous les riches
de droite ne sont pas forcément sans générosité (le livre coûte 25 €) et en
outre il n’hésite pas à me flatter, car les 945 pages passionnantes sont
roboratives.
Il ne craint pas non plus de redonner vigueur à des fibres
progressistes qui m’ont tenu debout dans ma vie professionnelle et syndicale.
Je n’hésiterai pas à rendre hommage à sa munificence en glissant
des formules définitives puisées dans le livre que je lui dois, telles que « le passage d’un capitalisme de
managers à un capitalisme d’actionnaires » pour caractériser les
évolutions récentes.
Mais mon sparring partenair, n’est pas Tocqueville non plus,
« capable de considérer la
différence entre les recommandations de son intelligence et celles de son
intérêt. ».
Nourri à coup de « Le Point », ce camarade
généreux quoique Barriste peut sortir dans un moment de faiblesse que la
revendication égalitaire est le fait de jaloux, d’envieux.
Avec d’autres contradicteurs de droite, il n’a pas insisté
sur Cahuzac qui a fait plus de tort à la gauche que Guéant, Hortefeux et Guaino
réunis.
Mais pendant tous ces jours où j’en revenais au passé de la
gauche, j’ai ressenti une grosse fatigue. De Jaurès à Guérini.
« Nous voulons
substituer dans notre pays la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur,
l’empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du
malheur, la fierté à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la
gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie[…]
c'est-à-dire toutes les vertus et tous les miracles de la république à tous les
vices et tous les ridicules de la monarchie. »Robespierre
Face aux droites distinguée entre légitimistes, orléanistes
et bonapartistes décrites par René Rémond, l’éditorialiste de Marianne place
quatre gauches : la libérale, la jacobine, la collectiviste, la libertaire,
dans notre pays où on prête à un vieux paysan ces paroles :
« la république
je veux bien, pourvu que ce soit Napoléon
qui soit le roi ! »
Même si des précisions sur les impuissances du cartel des
gauches m’ont échappé, cet ouvrage est un beau cadeau, nous éloignant des réflexes qui
ont pris le pas sur la réflexion. Prouvant que « la société pouvait bien être dominée par la droite, les idées
continuaient à l’être par la gauche ».
Ponctuant un récit charpenté commencé en 1792, l’historien
laisse la place au journaliste. Il oppose agréablement et efficacement :
Voltaire/Rousseau, Robespierre/Danton, Hugo/Lamartine,
Gambetta/Ferry, Clemenceau/Jaurès, Thorez/Blum, Camus/ Sartre, Mendès/Mitterrand…
Chaque mot est une mine. J’ai retenu « chasse
patate », mot de Cohn Bendit à propos du PC. C’est un terme de
cycliste : celui qui a quitté le peloton mais qui ne réussira pas à
rejoindre les échappés.
Le grand soir est dans le passé, il n’est guère flamboyant
pour demain surtout que le mouvement social en ce moment n’accompagne
guère les victoires récentes de la gauche.
Après avoir décrit le contexte, je reprendrai la semaine
prochaine quelques idées qui m’ont semblé éclairer un tableau qui en présentement bien
besoin.