J’apprécie depuis cinq ans cette revue mais ce numéro
particulièrement réussi dans sa cohérence, son exigence, redonne du sens au
métier de journaliste qui avait tendance pour moi à disparaître derrière
l’image d’un Pujadas passant les plats : « merci de votre analyse » après deux diapos et trois
chiffres.
Certes on ne ressort pas des 200 pages avec un optimisme
débordant : déjà avec les informations ordinaires il y a du souci, alors
les récits de la vie dans les prisons russes, américaines ou les trafics
d’armes entre le Monténégro et l’Arménie ne sont pas particulièrement réjouissants.
Pourtant le thème principal de ce trimestre porte sur le
courage : trop grand mot que la rédaction de XXI réhabilite comme elle va
farfouiller dans des territoires oubliés.
Mohamed Chelali qui a sauvé Chirac d’une tentative
d’assassinat ou un criminaliste au Salvador ont des destins plus originaux
qu’un condamné américain à perpétuité qu’on a fini par reconnaitre innocent au
bout de 26 ans : banalité de l’injustice US.
Des portraits mettent dans la lumière des personnalités qui
n’ont pas habituellement les faveurs des magazines et même lorsqu’il s’agit de
Platini un recueil de quelques unes de ses déclarations est éclairant. Quant au
patron du Crédit Mutuel -CIC et également d’une part très importante de la
presse de province (Le Dauphiné Libéré entre autres) les pages qui lui sont
consacrées justifieraient à elles seules les 15,50 € du numéro.
De plus, il y a tant d’autres sujets passionnants : le
reportage photos consacré aux bénévoles qui font vivre les associations de
Clermont-de-l’Oise, les planches dessinées consacrées à un faux ambassadeur en Centre
Afrique, et même le regard porté sur le loup m’a semblé original, alors que la
visite de Tronchet auteur de BD en Amazonie est plaisant et essentiel. Même
lorsque Sylvie Caster se heurte à l’omerta à Calais autour de la reprise de Sea
France, les silences sont éloquents, comme ses pêcheurs chinois au Maroc qui
témoignent de la mondialisation nourrissant des hommes et ravageant les
mers.