De Bouches du Rhône en Pas de Calais, les boulets que le PS traine depuis longtemps reviennent sous notre nez. Où le terme de mafia est employé avec naturel pour quelques uns qui se sont sans doute lavé la bouche avec Jaurès dans leur jeunesse.
Tant mieux si les abcès sont vidés.
Les soupçons à l’égard des porteurs de mauvaises nouvelles sont dérisoires bien que dans l’air du temps où le mobile de chaque action devrait être égoïste voire cynique.
La non résolution des problèmes nous accable.
Oui les médias organisent la remontée du compagnon d’Angela avec Pujadas en cireur de première et France Inter en propagandiste éhonté de BHL. Avec la ronde des éditorialistes qui expriment l’unique pensée, ils pourraient faire des économies, un seul suffit.
Ils organisent la perte d’audition et la constatent, ils vérifient les délices de l’autoréalisation comme agences de notation.
En plus : « Nous au village aussi l’on a de beaux assoupissements »
Ici, à Saint Egrève, la Gauche dans l’opposition flatte tous les conservatismes au nom d’une démocratie qu’elle ne met guère en œuvre pour son propre compte. Pourtant ce n’est pas la taille de ses assemblées qui peut rendre difficile la plus infime circulation de l’information.
Et ce ne sont pas que les socs’, les gâte-sauces qui sont concernés ; nos assocs’, elles, sont devenues muettes.
Nous voulions travailler sur le long terme, mais en ne proposant pas de personnalité sur le pré - biquet s’abstenir- nous nous sommes condamnés à l’indifférence, et sommes apparus comme des donneurs de leçons anodins.
Des ambitions se réveilleront peut être avant les élections municipales, est- ce qu’elles donneront matière à des primaires pour que justement la participative démocratie s’exerce, là?
....
Dans le Canard cette semaine
vendredi 16 décembre 2011
jeudi 15 décembre 2011
La fête des lumières 2011.
Sur la colline de Fourvière, celle qui priait, les catholiques ont cru bon d’écrire au néon : « Merci Marie », c’est que le sens premier de la fête échappe à beaucoup, comme est devenue bien lointaine la voix de cette religion.
Des sources bien informées débrouillent sur le web ce qui ressort du 8 septembre date de la naissance de la vierge, de la célébration le 8 décembre due à un report pour cause d’inondations de l’atelier du fondeur de la statue qui devait être inaugurée plus tôt.
La ferveur populaire a imposé en 1852 ce beau rite qui fait la fierté de la ville et a attiré cette année trois millions de spectateurs.
L’importation des chars lumineux de Yokata au Japon qui défilent dans la presqu’île amène une dimension humaine à ces trois jours où les lux émerveillent.
Sur la place des Terreaux la circulation des piétons est à sens unique pour canaliser la foule colossale qui vient apprécier la cavalcade poétique de chevaux sur les façades qui se recomposent dans un rythme étourdissant.
Les spectateurs peuvent jouer avec le flipper géant projeté sur la façade du théâtre des Célestins.
Des bonhommes de néons dansent sur la place de la République et leurs reflets sur les plans d’eau multiplient la virtuosité de l’installation.
Les ballons lumineux autour de la célèbre statue équestre de Louis XIV sont d’une simplicité qui va bien à la beauté.
Un coup de vin chaud, mais nous n’avons pas eu le temps de tout voir : une envolée de papiers à la mairie, des projections sur la cathédrale Saint Jean toute ravalée de frais, ni les installations au parc de La Tête d’or…
« Merci Gégé » « Merci GDF Suez ».
Des sources bien informées débrouillent sur le web ce qui ressort du 8 septembre date de la naissance de la vierge, de la célébration le 8 décembre due à un report pour cause d’inondations de l’atelier du fondeur de la statue qui devait être inaugurée plus tôt.
La ferveur populaire a imposé en 1852 ce beau rite qui fait la fierté de la ville et a attiré cette année trois millions de spectateurs.
L’importation des chars lumineux de Yokata au Japon qui défilent dans la presqu’île amène une dimension humaine à ces trois jours où les lux émerveillent.
Sur la place des Terreaux la circulation des piétons est à sens unique pour canaliser la foule colossale qui vient apprécier la cavalcade poétique de chevaux sur les façades qui se recomposent dans un rythme étourdissant.
Les spectateurs peuvent jouer avec le flipper géant projeté sur la façade du théâtre des Célestins.
Des bonhommes de néons dansent sur la place de la République et leurs reflets sur les plans d’eau multiplient la virtuosité de l’installation.
Les ballons lumineux autour de la célèbre statue équestre de Louis XIV sont d’une simplicité qui va bien à la beauté.
Un coup de vin chaud, mais nous n’avons pas eu le temps de tout voir : une envolée de papiers à la mairie, des projections sur la cathédrale Saint Jean toute ravalée de frais, ni les installations au parc de La Tête d’or…
« Merci Gégé » « Merci GDF Suez ».
mercredi 14 décembre 2011
Lisbonne # J 7. Sao Vincente et dos Prazeres.
Pas vraiment « flammes », nous prenons le métro et le tram 28E place Martim Monitz avec arrêt devant le monastério Sao Vicente de Fora. Nous commençons par admirer la citerne du XVII° siècle, et les deux cloîtres en restauration, badigeonnés de blanc sur les surfaces épargnées par les azulejos. Nous tombons sur le panthéon des rois relégué dans l’ancien réfectoire des moines du couvent qui accueille les tombes de la dynastie des Bragance. Nous découvrons ensuite l’escalier donnant accès au toit en terrasse du couvent. La pierre blanche récemment nettoyée renvoie la lumière et met en valeur l’azur du ciel. A nos pieds la vue s’étend sur Lisboa, sur le Tage, domine le château Sao Jorge, le panorama de S. Luzia, l’Alfama et Graça.
Nous ne sommes pas nombreux à partager ce point de vue remarquable. Nous passons ensuite un moment à lire en français et regarder les azulejos des fables de La Fontaine, dont nous en découvrons certaines d’une modernité étonnante : la malice, la morale, les travers, les situations, sont universels ! Nous quittons le musée par une cour aux allures mauresques avec un bassin longiligne au fond qui dessert des canaux creusés dans le dallage. Des chaises rouges sont en harmonie avec la couleur des bougainvilliers débordant et ployant sous les fleurs. Nous nous restaurons dans une gargote qui ne paie pas de mine un peu plus bas dans la rue où circule le tram : salade, bacallau, dorade, veau frites et bière. Pause agréable qui se poursuit un peu plus loin près du miraduro Santa Luzia dans un bistrot devant une glace et une bouteille d’eau. La chaleur de juillet commence enfin à se ressentir. Le tram 28E nous transporte ensuite cahin- caha, peinant dans les montées jusqu’au terminus au cimetière dos Prazeres ( le cimetière des plaisirs).
Nous errons dans ce village de mausolées que n’égaie aucune fleur ni couronne. En jetant un œil par la porte de ces maisons-tombes du XIX° lorsqu’un rideau voilage ne cache pas l’intérieur, nous sommes surpris de voir les cercueils posés sur des étagères superposées des deux côtés d’un petit autel. Comme signes distinctifs extérieurs on reconnaît des symboles maçonniques ou professionnels (musiciens, marins…) ou des statues plus imposantes. Une pancarte « abandonato » indique des concessions disponibles. Nous rentrons à pied par l’église et le parc Estrela car j’ai aperçu une façade art déco par la fenêtre du tram que j’aimerais photographier. A la maison J. qui a renoncé à la sortie a cuisiné pour le repas et le pique nique de demain, nous avons rapporté du Moscatel et du vinho verde. Ana Cardoso notre propriétaire vient nous dire au revoir et discuter un moment, s’enquérant des moyens d’améliorer son gîte, négligeant le tour du propriétaire et nous confiant le soin de glisser les clefs demain matin dans la boîte aux lettres.
Nous ne sommes pas nombreux à partager ce point de vue remarquable. Nous passons ensuite un moment à lire en français et regarder les azulejos des fables de La Fontaine, dont nous en découvrons certaines d’une modernité étonnante : la malice, la morale, les travers, les situations, sont universels ! Nous quittons le musée par une cour aux allures mauresques avec un bassin longiligne au fond qui dessert des canaux creusés dans le dallage. Des chaises rouges sont en harmonie avec la couleur des bougainvilliers débordant et ployant sous les fleurs. Nous nous restaurons dans une gargote qui ne paie pas de mine un peu plus bas dans la rue où circule le tram : salade, bacallau, dorade, veau frites et bière. Pause agréable qui se poursuit un peu plus loin près du miraduro Santa Luzia dans un bistrot devant une glace et une bouteille d’eau. La chaleur de juillet commence enfin à se ressentir. Le tram 28E nous transporte ensuite cahin- caha, peinant dans les montées jusqu’au terminus au cimetière dos Prazeres ( le cimetière des plaisirs).
Nous errons dans ce village de mausolées que n’égaie aucune fleur ni couronne. En jetant un œil par la porte de ces maisons-tombes du XIX° lorsqu’un rideau voilage ne cache pas l’intérieur, nous sommes surpris de voir les cercueils posés sur des étagères superposées des deux côtés d’un petit autel. Comme signes distinctifs extérieurs on reconnaît des symboles maçonniques ou professionnels (musiciens, marins…) ou des statues plus imposantes. Une pancarte « abandonato » indique des concessions disponibles. Nous rentrons à pied par l’église et le parc Estrela car j’ai aperçu une façade art déco par la fenêtre du tram que j’aimerais photographier. A la maison J. qui a renoncé à la sortie a cuisiné pour le repas et le pique nique de demain, nous avons rapporté du Moscatel et du vinho verde. Ana Cardoso notre propriétaire vient nous dire au revoir et discuter un moment, s’enquérant des moyens d’améliorer son gîte, négligeant le tour du propriétaire et nous confiant le soin de glisser les clefs demain matin dans la boîte aux lettres.
mardi 13 décembre 2011
Comédie sentimentale pornographique. Jimmy Beaulieu.
Ni l’un ni l’autre, ni l’autre. Promenade en milieu artiste au Québec, un sourire désenchanté aux lèvres.
La liberté, une certaine désinvolture en phase de ralentissement, entrent dans des combinaisons diverses au cours de rencontres éphémères. Les dessins sont d’un érotisme léger, et se caractérisent plutôt par leur énergie ; quant aux sentiments ils sont assez peu explicites.
Le transport des citadins vers un hôtel abandonné apporte un brin de mystère.
Quelques fantasmes, de la poésie, amènent au-delà de la chronique habituelle qui traite de trentenaires entrant dans l’âge adulte.
« Dessiner une femme c’est déguster une crème brûlée.
Dessiner un homme c’est remplir un formulaire. »
La liberté, une certaine désinvolture en phase de ralentissement, entrent dans des combinaisons diverses au cours de rencontres éphémères. Les dessins sont d’un érotisme léger, et se caractérisent plutôt par leur énergie ; quant aux sentiments ils sont assez peu explicites.
Le transport des citadins vers un hôtel abandonné apporte un brin de mystère.
Quelques fantasmes, de la poésie, amènent au-delà de la chronique habituelle qui traite de trentenaires entrant dans l’âge adulte.
« Dessiner une femme c’est déguster une crème brûlée.
Dessiner un homme c’est remplir un formulaire. »
lundi 12 décembre 2011
Carnage. Roman Polanski.
Bien sûr que le mot "carnage" est outré, mais parfaitement approprié pour ces hystériques tempêtes occidentales dans des verres de whisky de dix huit ans d’âge.
Nous nous la jouons ainsi avec des mots hypertrophiés pour un hamster abadé ou une bagarre de gamins.
Le miroir tendu par Polanski qui a porté au cinéma la pièce de Yasmina Reza est drôle. Il révèle nos grimaces, nos faiblesses.
Nous vivons parmi les ricanements mais l’humour nous manque souvent.
Le costume des civilités nous rend dignes mais les dévoilements sont jouissifs et le portable insupportable à souhait. Les acteurs sont excellents.
La comédie grinçante est amère, c’est bobo, et c’est bon.
Restons polis et sourions au critique du « Monde » qui aurait sa place autour de la table basse : « l'irruption du mal se soustrait à toute tentative d'explication, et sa puissance de contamination est assez forte pour entraîner le débondage pulsionnel des parents censément réunis pour pacifier la situation. »
Nous nous la jouons ainsi avec des mots hypertrophiés pour un hamster abadé ou une bagarre de gamins.
Le miroir tendu par Polanski qui a porté au cinéma la pièce de Yasmina Reza est drôle. Il révèle nos grimaces, nos faiblesses.
Nous vivons parmi les ricanements mais l’humour nous manque souvent.
Le costume des civilités nous rend dignes mais les dévoilements sont jouissifs et le portable insupportable à souhait. Les acteurs sont excellents.
La comédie grinçante est amère, c’est bobo, et c’est bon.
Restons polis et sourions au critique du « Monde » qui aurait sa place autour de la table basse : « l'irruption du mal se soustrait à toute tentative d'explication, et sa puissance de contamination est assez forte pour entraîner le débondage pulsionnel des parents censément réunis pour pacifier la situation. »
dimanche 11 décembre 2011
Les invisibles. Nasser Djemaï.
Ce n’est pas tous les soirs que les plateaux de théâtre de la MC2 portent à la lumière ceux qui n’habitent pas loin de là : les chibanis (« les cheveux blancs ») aussi silencieux que leurs petits enfants sont bruyants. Ceux qui apparaissent souvent comme des fantômes sont traités avec justesse dans leurs opinions différentes par l’auteur originaire de Saint Martin le Vinoux.
Depuis le banc où ils sont assis, ils portent un regard vif sur leur condition et la société. Ils sont moins anachroniques que les paysans ardéchois dessouchés auxquels Depardon avait donné la parole à une époque.
Mais ce n’est pas parce que tant d’autres prolétaires n’apparaissent pas sur les écrans que notre regard doit être détourné par exemple des pauvres conditions de logement de ceux qui étaient essentiellement des travailleurs du bâtiment.
Quand l’un des vieux envisage sa sépulture sur la terre de sa naissance pour retrouver le silence et les arbres secs, qu’il avait voulu quitter, j’ai mieux compris cette dernière volonté dont je ne saisissais pas toute la profondeur.
En fond de scène des images de femmes apparaissent parfois, fantômes chez les fantômes.
J’ai trouvé moins convaincant le personnage du fils, agent immobilier qui va trop vite devenir honnête, il ne fait que passer et n’infléchira pas le destin de ces hommes seuls, cassés, remarquablement interprétés.
« J’écris pour les gens dont la table est vide, mais ce sont des gens dont la table est pleine qui me lisent. » J.M. Le Clézio
.............
La photographie qui illustre ce billet est de Valérie Gaillard qui expose à la bibliothèque de Grand Place et devant le petit théâtre de la MC2 sous l’intitulé « La résidence ».
Depuis le banc où ils sont assis, ils portent un regard vif sur leur condition et la société. Ils sont moins anachroniques que les paysans ardéchois dessouchés auxquels Depardon avait donné la parole à une époque.
Mais ce n’est pas parce que tant d’autres prolétaires n’apparaissent pas sur les écrans que notre regard doit être détourné par exemple des pauvres conditions de logement de ceux qui étaient essentiellement des travailleurs du bâtiment.
Quand l’un des vieux envisage sa sépulture sur la terre de sa naissance pour retrouver le silence et les arbres secs, qu’il avait voulu quitter, j’ai mieux compris cette dernière volonté dont je ne saisissais pas toute la profondeur.
En fond de scène des images de femmes apparaissent parfois, fantômes chez les fantômes.
J’ai trouvé moins convaincant le personnage du fils, agent immobilier qui va trop vite devenir honnête, il ne fait que passer et n’infléchira pas le destin de ces hommes seuls, cassés, remarquablement interprétés.
« J’écris pour les gens dont la table est vide, mais ce sont des gens dont la table est pleine qui me lisent. » J.M. Le Clézio
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La photographie qui illustre ce billet est de Valérie Gaillard qui expose à la bibliothèque de Grand Place et devant le petit théâtre de la MC2 sous l’intitulé « La résidence ».
samedi 10 décembre 2011
Que disent les romans ?
La phrase d’Isaac Babel, placée en introduction par Sandrine Trainer qui a vraiment joué un rôle d’animatrice dans ce débat de la République des idées, a été féconde :
« Le romancier, un soldat parti en reconnaissance »
La brillante Maylis de Kérangal récuse l’image puisqu’elle ne porte pas d’uniforme et ne se prétend pas à l’avant-garde. Son rapport au réel, qu’elle accompagne à tâtons, est empathique, elle préfère l’expression « reporter de guerre ». Emetteur et capteur.
Mauvignier auteur de romans magnifiques et forts, n’est pas du genre non plus à débiter un exposé tout ficelé : l’écriture est au cœur de sa vie et dans son expression on sait bien qu’il n’écrit pas sous tutelle, défrichant, déchiffrant la société. Il rappelle que c’est François Bon qui lui a donné le droit d’écrire, lui qui habitait rue Victor Hugo le monumental et ne se voyait pas aussi considérable, bien que son banquier aujourd’hui ait plutôt tendance à mépriser la profession d’écrivain.
Les romanciers sont à la recherche d’angles morts et ne veulent pas instrumentaliser leurs personnages, ni le lecteur. Le rythme, la pulsation, le phrasé sont essentiels dans leurs productions. Pour qu’une œuvre d’art touche quelque chose de la vie irrésolue, il faut opacifier.
La littérature n’a jamais perdu le monde, et nous sommes entrés dans un autre temps que l’égolittérature.
Aurélien Masson éditeur de série noire vise à une possibilité littéraire de voir moins sombre, sans avoir la prétention de réparer le monde. Il aime jongler avec les mots, "faire jouer les lattes d’un plancher", cherchant des lignes de fuite.
Un air rock passe avec lui dans le meilleur des débats, pour moi, auquel j’ai assisté ce weekend.
« Un roman ça se passe dans une usine ou dans un slip »
L’écrivain a une curiosité décalée, il n’est l’obligé de personne.
L’art a beau être inutile, un luxe, la littérature se difracte, est plastique, polymorphe, elle restaure une présence au monde.
Puisque même un Zola a pu être rabattu vers la sociologie alors qu’il « envoie » le bougre, la forme ne se dissocie pas du fond.
Tout est roman ; mais il ne suffit pas d’avoir une idée, il faut savoir la raconter pour que le lecteur soit touché, modifié, perturbé, mis à l’épreuve.
La documentation n’a pas tué l’imaginaire.
A l’heure où les idéologies sont décrépies, le divertissement est un danger mais le quotidien du petit homme, le rapport à la métropole, la nostalgie alimenteront toujours les livres qui s’inquiètent.
Kafka peut être convoqué pour être l’écrivain du réel.
« Le romancier, un soldat parti en reconnaissance »
La brillante Maylis de Kérangal récuse l’image puisqu’elle ne porte pas d’uniforme et ne se prétend pas à l’avant-garde. Son rapport au réel, qu’elle accompagne à tâtons, est empathique, elle préfère l’expression « reporter de guerre ». Emetteur et capteur.
Mauvignier auteur de romans magnifiques et forts, n’est pas du genre non plus à débiter un exposé tout ficelé : l’écriture est au cœur de sa vie et dans son expression on sait bien qu’il n’écrit pas sous tutelle, défrichant, déchiffrant la société. Il rappelle que c’est François Bon qui lui a donné le droit d’écrire, lui qui habitait rue Victor Hugo le monumental et ne se voyait pas aussi considérable, bien que son banquier aujourd’hui ait plutôt tendance à mépriser la profession d’écrivain.
Les romanciers sont à la recherche d’angles morts et ne veulent pas instrumentaliser leurs personnages, ni le lecteur. Le rythme, la pulsation, le phrasé sont essentiels dans leurs productions. Pour qu’une œuvre d’art touche quelque chose de la vie irrésolue, il faut opacifier.
La littérature n’a jamais perdu le monde, et nous sommes entrés dans un autre temps que l’égolittérature.
Aurélien Masson éditeur de série noire vise à une possibilité littéraire de voir moins sombre, sans avoir la prétention de réparer le monde. Il aime jongler avec les mots, "faire jouer les lattes d’un plancher", cherchant des lignes de fuite.
Un air rock passe avec lui dans le meilleur des débats, pour moi, auquel j’ai assisté ce weekend.
« Un roman ça se passe dans une usine ou dans un slip »
L’écrivain a une curiosité décalée, il n’est l’obligé de personne.
L’art a beau être inutile, un luxe, la littérature se difracte, est plastique, polymorphe, elle restaure une présence au monde.
Puisque même un Zola a pu être rabattu vers la sociologie alors qu’il « envoie » le bougre, la forme ne se dissocie pas du fond.
Tout est roman ; mais il ne suffit pas d’avoir une idée, il faut savoir la raconter pour que le lecteur soit touché, modifié, perturbé, mis à l’épreuve.
La documentation n’a pas tué l’imaginaire.
A l’heure où les idéologies sont décrépies, le divertissement est un danger mais le quotidien du petit homme, le rapport à la métropole, la nostalgie alimenteront toujours les livres qui s’inquiètent.
Kafka peut être convoqué pour être l’écrivain du réel.
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