Le comptoir d’Iberia à Genève n’ouvre qu’à 9h 30, nous sommes quasiment les premiers à accéder au guichet. Heureusement, car la charmante jeune fille qui vérifie nos papiers découvre des erreurs dans nos formulaires ESTA (genre est ce qu’on a l’intention de commettre un attentat ?), remplis auparavant sur internet. Il nous faut les refaire d’urgence dans un café internet, après avoir changé quelques euros en francs suisses. Nous avions auparavant dû nous acquitter de 30€ pour la vignette des autoroutes suisses, alors qu’à plusieurs reprises sur la courte portion de la frontière à l’aéroport, on ne m’avait rien demandé. Munis de formulaires adéquats, nous retrouvons le guichet d’embarquement et nous avons juste le temps de piétiner devant les contrôles de sécurité, de traverser le long couloir interminable bordé de gates d’embarquement. Les trois heures prévues pour l’enregistrement ont été comblées avec une activité que nous n’avions pas envisagée.
Premier vol Genève-Madrid de 1h 40, nous nous dispensons du service de restauration facultatif et plutôt cher. Nous sortons dans un magnifique aéroport à la toiture originale, colorée différemment selon les secteurs. Comme nous possédons déjà la carte d’embarquement du vol pour N.Y., il nous suffit de suivre les indications pour aller vers la porte prévue à 25 minutes de là. Nous circulons à travers des magasins nombreux et chicos, descendons par des escalators et finissons par un métro sans pilote qui nous transporte à destination. Il fallait effectivement tout ce temps. Embarquement sans histoire à 16h 20 pour un décollage à l’heure : 17h.
Nous atterrissons à 23h40, heure de Madrid, 18h 40 heure de New York. Jamais nous n’avons effectué des formalités de douane aussi vite : répartis face aux bureaux vitrés, nous nous présentons à un guichet normalement pour résidents, « Citizen US ». Nous collons nos mains sur une machine à la lumière verdâtre, et nous voilà sur le nouveau continent. Le douanier fait l’effort de s’exprimer en français. Nous récupérons immédiatement nos bagages sur le tapis roulant. Pas de problème pour se rendre à la station de taxis bien indiquée à la sortie de l’aéroport loin d’être clinquant, contrastant avec la modernité de celui de Madrid. La ligne bien rangée des grandes voitures jaunes typiques attend tranquillement que des employés dirigent le client, après avoir demandé le nombre de personnes et nous avoir munis d’un papier informatif (notamment sur les tarifs. Pour nous, ce ne sera pas un chauffeur édenté à casquette mais un Sikh enturbanné et barbu. Il parcourt la ville en téléphonant, avec de accélérations brusques (boîte automatique) tandis qu’à l’arrière nous pouvons suivre l’itinéraire sur un petit écran. Nous remarquons les terrains de sport grillagés et nos premiers immeubles avec les escaliers de secours en façade. Ce n’est pas l’opulence. Notre chauffeur nous dépose dans Dean Street à Brooklyn pour la somme de 29 dollars. C’est un quartier noir et sa rangée de maisons à deux étages rappelle Londres. On parvient à chaque logement par un portillon donnant sur une cour minuscule et un escalier accédant à la première porte d’entrée. Nous montons les marches de la maison jusqu’à la première porte, tapons le code indiqué par les amis qui nous ont précédé, passons la deuxième porte, retapons le code, face à la troisième porte nous réitérons l’opération et nous nous trouvons dans la chambre de ceux qui nous ont préparé ce voyage, tout surpris de nous voir débarquer si tôt. Nous sommes arrivés ici, comme sur des roulettes, eux sont enchantés.
On se croirait dans une maison mitoyenne des années 20/30, avec beaucoup de bois; à côté une cuisine, une petite salle de bains complète le logement. Nous papotons en attendant le logeur qui doit nous livrer la chambre. Il arrive vers 20h 30 et nous guide un peu plus loin à l’adresse de son cabinet dentaire. Notre appartement coquet et cossu est décoré dans le style années 20, avec lustres, table hexagonale à tiroirs, paravent presque chinois, miroir et motifs floraux sur les vitraux. Nous réglons la chambre pour les deux jours plus une caution (400 dollars) et nous sommes contents de nous coucher : il n’est pas loin de quatre heures en France.
mercredi 8 septembre 2010
mardi 7 septembre 2010
Citations de groupe dans un gite en Savoie.
Sur un set de table personnalisé : « entendu à la Chiserette et nulle part ailleurs » à Champagny-le-haut(Savoie).
Mots d’enfants :
« Quand il bruine c’est de l’eau en poudre. »
« Le cimetière, c’est là où les morts vivent. »
« Pourquoi en montagne, il fait froid alors qu’on est plus près du soleil ? »
« Les vaches de Léon ont été bien traitées ce soir. »
« Un caillou qui bouge, c’est une marmotte. »
« Le nuage, c’est la maison des gouttes d’eau »
Les grands :
« La paresse est un vice couché. »
« Bienheureux les fêlés car ils laissent passer la lumière. »
« Quand il est trop tard pour partir tôt, rien ne sert de s’acharner. »
« La montagne, valeur refuge. »
« Une erreur peut être vraie ou fausse selon que celui qui la commise s’est trompé ou pas. »
« Heureux ceux qui ne savent rien d’eux-mêmes car ils n’ont pas fini de s’amuser. »
« On doit appeler un chat un chat sauf si c’est un chien. »
« On a pris de l’avance sur notre retard ! »
« Vos paroles vous habillent et vous mettent à nu. »
« L’infini, ce n’est pas une adresse, c’est là où nous sommes. »
Mots d’enfants :
« Quand il bruine c’est de l’eau en poudre. »
« Le cimetière, c’est là où les morts vivent. »
« Pourquoi en montagne, il fait froid alors qu’on est plus près du soleil ? »
« Les vaches de Léon ont été bien traitées ce soir. »
« Un caillou qui bouge, c’est une marmotte. »
« Le nuage, c’est la maison des gouttes d’eau »
Les grands :
« La paresse est un vice couché. »
« Bienheureux les fêlés car ils laissent passer la lumière. »
« Quand il est trop tard pour partir tôt, rien ne sert de s’acharner. »
« La montagne, valeur refuge. »
« Une erreur peut être vraie ou fausse selon que celui qui la commise s’est trompé ou pas. »
« Heureux ceux qui ne savent rien d’eux-mêmes car ils n’ont pas fini de s’amuser. »
« On doit appeler un chat un chat sauf si c’est un chien. »
« On a pris de l’avance sur notre retard ! »
« Vos paroles vous habillent et vous mettent à nu. »
« L’infini, ce n’est pas une adresse, c’est là où nous sommes. »
lundi 6 septembre 2010
Un poison violent. Katell Quillévéré.
C’est l’amour. De la petite fille pour le grand père, du grand père pour « l’endroit d’où il vient », de la mère Lio pour son confesseur, du prêtre pour Dieu et l’une de ses créatures, et de la fille à la mère et réciproquement, avec le manque du père. Un traitement léger et juste lors d’un repas de famille, des émois adolescents, des remords à tous âges. Les grands mots de la religion passent au dessus de têtes contemporaines surtout quand l’évêque rapporte les paroles de saint Paul fustigeant la chair qui éloigne de l’esprit. Les corps se dénudent tout en allégresse et l’esprit aussi souffle chez cette jeunesse qui s’ouvre à la vie, avec le vieux Galabru qui n’est pas en reste.
dimanche 5 septembre 2010
Avignon 2010, le off.
Quoi de neuf ? Hugo.
La boutade est usée pourtant c’est bien le propriétaire d’une concession au Panthéon qui dit :
« Apprendre à lire, c'est allumer du feu ; toute syllabe épelée étincelle. Ces pieds nus, ces bras nus, ces haillons, ces ignorances, ces abjections, ces ténèbres, peuvent être employés à la conquête de l'idéal. »
Extrait du tract distribué pendant un spectacle intitulé Les Misérables avec lequel nous pouvons prendre une goulée d’air pour survivre aux discours d’un vint unième asthmatique.
Parmi les dix sept pièces vues sur les mille programmées dans le off d’Avignon, cette cuvée est peu politique, sans regretter toutefois l’absence d’allusion à Bouge-bouge : ça repose.
D’autres auteurs du patrimoine auraient pu permettre de réviser nos bases : ceux qui nous présentaient La Fontaine jouaient dans une bien petite cour. La nuit des rois manquait de profondeur derrière l’énergie des acteurs, pourtant Shakespeare est encore parmi les plus joués.
Ce sont d’autres auteurs qui ont écrit pour le théâtre qui ont emporté nos suffrages. Horowitz en tête, avec une araignée qui vous prend dans ses filets : Le baiser de la veuve. Roger Martin Du Gard et ses inventions langagières avec La gonfle, Maupassant qui dépasse le théâtre de boulevard pour présenter la liberté de la femme dans La paix des ménages. Melville avec Pennac qui lit Bartelby, c’est de l’élémentaire, du bon. L’humour en musique passe bien avec Carrington et Brown, Anne Bacquet. La commedia dell’ Arte nous rafraichit : Arlequin, valet de deux maîtres.
Les retrouvailles avec les compagnies que nous avions tellement aimées avaient un goût de légère déception tant avec Hercub’ : Lonely planet, que les épis noirs dans Fatrasie. Malgré la musique et un décor original Primo Lévy vaut mieux en livre. Je n’aborderai jamais les œuvres complètes de Platon même si la fantaisie qui porte son nom en titre, restera un souvenir agréable. Quant au pauvre Cervantès, la faiblesse de Mais qui est donc Quichotte ? le laisserait indifférent, au mieux.
Quelques jours à passer d’un auteur à l’autre, apprécier des comédiens dont la qualité la plus évidente est l’énergie, ont fait mesurer aussi le temps qui passe. Même l’humour de Francis Blanche a pris un léger voile, et l’évocation de la dernière nuit de Che Guevara ne rallume pas d’étoile : l’espérance passa. Le condor est un rapace.
La boutade est usée pourtant c’est bien le propriétaire d’une concession au Panthéon qui dit :
« Apprendre à lire, c'est allumer du feu ; toute syllabe épelée étincelle. Ces pieds nus, ces bras nus, ces haillons, ces ignorances, ces abjections, ces ténèbres, peuvent être employés à la conquête de l'idéal. »
Extrait du tract distribué pendant un spectacle intitulé Les Misérables avec lequel nous pouvons prendre une goulée d’air pour survivre aux discours d’un vint unième asthmatique.
Parmi les dix sept pièces vues sur les mille programmées dans le off d’Avignon, cette cuvée est peu politique, sans regretter toutefois l’absence d’allusion à Bouge-bouge : ça repose.
D’autres auteurs du patrimoine auraient pu permettre de réviser nos bases : ceux qui nous présentaient La Fontaine jouaient dans une bien petite cour. La nuit des rois manquait de profondeur derrière l’énergie des acteurs, pourtant Shakespeare est encore parmi les plus joués.
Ce sont d’autres auteurs qui ont écrit pour le théâtre qui ont emporté nos suffrages. Horowitz en tête, avec une araignée qui vous prend dans ses filets : Le baiser de la veuve. Roger Martin Du Gard et ses inventions langagières avec La gonfle, Maupassant qui dépasse le théâtre de boulevard pour présenter la liberté de la femme dans La paix des ménages. Melville avec Pennac qui lit Bartelby, c’est de l’élémentaire, du bon. L’humour en musique passe bien avec Carrington et Brown, Anne Bacquet. La commedia dell’ Arte nous rafraichit : Arlequin, valet de deux maîtres.
Les retrouvailles avec les compagnies que nous avions tellement aimées avaient un goût de légère déception tant avec Hercub’ : Lonely planet, que les épis noirs dans Fatrasie. Malgré la musique et un décor original Primo Lévy vaut mieux en livre. Je n’aborderai jamais les œuvres complètes de Platon même si la fantaisie qui porte son nom en titre, restera un souvenir agréable. Quant au pauvre Cervantès, la faiblesse de Mais qui est donc Quichotte ? le laisserait indifférent, au mieux.
Quelques jours à passer d’un auteur à l’autre, apprécier des comédiens dont la qualité la plus évidente est l’énergie, ont fait mesurer aussi le temps qui passe. Même l’humour de Francis Blanche a pris un léger voile, et l’évocation de la dernière nuit de Che Guevara ne rallume pas d’étoile : l’espérance passa. Le condor est un rapace.
samedi 4 septembre 2010
Villeneuve, vieux débat.
D’autres y ont usé leur langue, alors j’éviterai de faire le malin, en alignant quelques mots sur un sujet qui met à mal l’icône de Grenoble : ville des salles blanches au pied des pistes immaculées. Mais l’image inversée d’une cité envahie par la pègre et l’insécurité est tout aussi fabriquée.
A lire bien des articles insuffisants parus cet été, je ne me sens pas moins légitime que d’autres pour m’exprimer.
Je m’insurge contre l’idée que ce quartier de l’Arlequin soit un quartier abandonné. Ce qui rend encore plus insupportables les dégradations dont il a pu être victime depuis longtemps. Des moyens ont été mis pour édifier un lieu agréable, et si la volonté politique s’est heurtée à la nature humaine peu apte à se comporter d’une façon citoyenne, ce n’est vraiment pas faute d’intentions bonnes. Les coursives devaient être des lieux de convivialité, elles sont devenues des couloirs angoissants.
C’est bien parce qu’un quartier ne peut être assimilé à ses arsouilles, voire bandits, qu’il convient de ne pas se taire sur le scandale des saccages et de l’omerta.
Je suis navré de la complaisance dont font preuve ceux qui absolvent les malfrats.
A l’opposé de la révolte, ceux-ci sont à l’âge de pierre du capitalisme : tout pour le fric ! Sous les projecteurs et les vacarmes d’hélicoptère, qui ramasse l’argent des tickets du spectacle ?
Et si je suis d’accord avec le tract appelant à la manif de ce samedi qui parle du chef de l’état :« il ne lutte en rien contre la délinquance, qui est répréhensible pour tout individu sans distinction de nationalité ou d’origine : il met délibérément en cause les principes qui fondent l’égalité républicaine, alors que déjà une crise sociale et économique d’une extrême gravité menace la cohésion de la société tout entière. » L’impuissance publique fait du bruit, brasse l’air avec ses pales. Cela ne doit pas nous empêcher de prendre un peu de recul, de ne pas nous laisser enfermer dans des postures symétriques aux superficiels carapaçonnés d’en face.
Est-ce qu’un regard rétrospectif concernant la pédagogie dans des lieux expérimentaux, jadis recouverts sous des tonnes de paroles, peut être utile ?
Le pédagogue de Bégaudeau dans « Entre les murs » est amené à une réaction regrettable parce qu’à tellement disparaître face aux jeunes, en voulant leur plaire, il n’avait pas mis de barrière assez tôt. La mort d’un jeune fracassé dans sa toute puissance pourrait nous amener à reconsidérer nos égarements éducatifs. Quand était considéré comme réactionnaire l’instit' qui apprenait à ses petits à reboucher les feutres, nous ne pouvons cautionner tant d’imbécillité ; l’ambroisie des années non directives, qui innervait les écoles du quartier, a viré au vinaigre. Elle compte quarante ans d’âge et mesure l’amenuisement de l’influence des pédagogues.
Nous ne pouvons pester contre le bougisme de Sarkofeux sans porter un regard sur la durée. Retrouver « les gardiens de la paix » prendra du temps ; celui qu’on hésite à qualifier de président tant il a salopé tout ce qu’il touche, à commencer par la constitution, la notion de travail, de réforme, Môquet… mais je m’excite inutilement sur cette cible trop facile qui après avoir sucé quelques mots à connotation écolo, a choisi maintenant de tirer sur « les voleurs de poules ». Les sédentaires contre les nomades : « ça ne nous rajeunit pas ! » diraient les Pierrafeux. Et mon réflexe, à moi, c’est de m’opposer d’instinct à ceux qui attaquent les plus faibles et je trouve minable la chasse aux roms, la stigmatisation des gens du voyage qui n’ont pas assez de places décentes pour faire étape. Diversion et stratagème nauséabond contre des « boucs émissaires » et loi sur les terrains d’accueil non respectée.
Aujourd’hui quand se construit un commissariat, les riverains ont peur ! Oui, c’est le couplet « police de proximité », réponse aussi évidente que l’abandon du bouclier fiscal. Mais une politique qui toucherait à la moelle des comportements nécessite encore plus de patience, d’ambition : moralisation de l’exercice des mandats publics (Woerth à la retraite !), fin des rémunérations indécentes des PDG, refonte de l’imposition. C’est de l’institutionnel, quant au respect de papa, maman, du professeur : c’est de la morale. Prudence! Mais l’affaiblissement de l’éducation nationale ne se compte pas seulement en poste,la désintégration des valeurs républicaines la mine. Monoparentale s’accole à famille et ce ne sont pas les ambianceurs et autres médiateurs qui vont résoudre ces faillites. Où sont les pères ? Pourtant nous ne pouvons laisser aux religions, le poste de gardien des valeurs. Le XXI° siècle est bien entamé ; les déclarations dites sécuritaires de Grenoble ne seront qu’une péripétie oubliable si le discours de Latran s’inverse :
" Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur remplacera le curé, le pasteur, l’iman et le prescripteur publicitaire »
« De la crise actuelle du socialisme européen, il y a plusieurs causes, mais l’une d’entre elles est la perte du sens moral, historique, culturel pour ses politiques. Non qu’il ne soit pas présent dans les engagements et les motivations militants. Mais il n’est plus suffisamment explicite. Or, pour créer (recréer ?) des liens de solidarité, il faut clairement exposer ce qui doit être le « bien commun ». C’est une condition pour restaurer la vérité, la bienveillance, la réciprocité entre les femmes et les hommes. » Bergounioux dans la Revue Socialiste
A lire bien des articles insuffisants parus cet été, je ne me sens pas moins légitime que d’autres pour m’exprimer.
Je m’insurge contre l’idée que ce quartier de l’Arlequin soit un quartier abandonné. Ce qui rend encore plus insupportables les dégradations dont il a pu être victime depuis longtemps. Des moyens ont été mis pour édifier un lieu agréable, et si la volonté politique s’est heurtée à la nature humaine peu apte à se comporter d’une façon citoyenne, ce n’est vraiment pas faute d’intentions bonnes. Les coursives devaient être des lieux de convivialité, elles sont devenues des couloirs angoissants.
C’est bien parce qu’un quartier ne peut être assimilé à ses arsouilles, voire bandits, qu’il convient de ne pas se taire sur le scandale des saccages et de l’omerta.
Je suis navré de la complaisance dont font preuve ceux qui absolvent les malfrats.
A l’opposé de la révolte, ceux-ci sont à l’âge de pierre du capitalisme : tout pour le fric ! Sous les projecteurs et les vacarmes d’hélicoptère, qui ramasse l’argent des tickets du spectacle ?
Et si je suis d’accord avec le tract appelant à la manif de ce samedi qui parle du chef de l’état :« il ne lutte en rien contre la délinquance, qui est répréhensible pour tout individu sans distinction de nationalité ou d’origine : il met délibérément en cause les principes qui fondent l’égalité républicaine, alors que déjà une crise sociale et économique d’une extrême gravité menace la cohésion de la société tout entière. » L’impuissance publique fait du bruit, brasse l’air avec ses pales. Cela ne doit pas nous empêcher de prendre un peu de recul, de ne pas nous laisser enfermer dans des postures symétriques aux superficiels carapaçonnés d’en face.
Est-ce qu’un regard rétrospectif concernant la pédagogie dans des lieux expérimentaux, jadis recouverts sous des tonnes de paroles, peut être utile ?
Le pédagogue de Bégaudeau dans « Entre les murs » est amené à une réaction regrettable parce qu’à tellement disparaître face aux jeunes, en voulant leur plaire, il n’avait pas mis de barrière assez tôt. La mort d’un jeune fracassé dans sa toute puissance pourrait nous amener à reconsidérer nos égarements éducatifs. Quand était considéré comme réactionnaire l’instit' qui apprenait à ses petits à reboucher les feutres, nous ne pouvons cautionner tant d’imbécillité ; l’ambroisie des années non directives, qui innervait les écoles du quartier, a viré au vinaigre. Elle compte quarante ans d’âge et mesure l’amenuisement de l’influence des pédagogues.
Nous ne pouvons pester contre le bougisme de Sarkofeux sans porter un regard sur la durée. Retrouver « les gardiens de la paix » prendra du temps ; celui qu’on hésite à qualifier de président tant il a salopé tout ce qu’il touche, à commencer par la constitution, la notion de travail, de réforme, Môquet… mais je m’excite inutilement sur cette cible trop facile qui après avoir sucé quelques mots à connotation écolo, a choisi maintenant de tirer sur « les voleurs de poules ». Les sédentaires contre les nomades : « ça ne nous rajeunit pas ! » diraient les Pierrafeux. Et mon réflexe, à moi, c’est de m’opposer d’instinct à ceux qui attaquent les plus faibles et je trouve minable la chasse aux roms, la stigmatisation des gens du voyage qui n’ont pas assez de places décentes pour faire étape. Diversion et stratagème nauséabond contre des « boucs émissaires » et loi sur les terrains d’accueil non respectée.
Aujourd’hui quand se construit un commissariat, les riverains ont peur ! Oui, c’est le couplet « police de proximité », réponse aussi évidente que l’abandon du bouclier fiscal. Mais une politique qui toucherait à la moelle des comportements nécessite encore plus de patience, d’ambition : moralisation de l’exercice des mandats publics (Woerth à la retraite !), fin des rémunérations indécentes des PDG, refonte de l’imposition. C’est de l’institutionnel, quant au respect de papa, maman, du professeur : c’est de la morale. Prudence! Mais l’affaiblissement de l’éducation nationale ne se compte pas seulement en poste,la désintégration des valeurs républicaines la mine. Monoparentale s’accole à famille et ce ne sont pas les ambianceurs et autres médiateurs qui vont résoudre ces faillites. Où sont les pères ? Pourtant nous ne pouvons laisser aux religions, le poste de gardien des valeurs. Le XXI° siècle est bien entamé ; les déclarations dites sécuritaires de Grenoble ne seront qu’une péripétie oubliable si le discours de Latran s’inverse :
" Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur remplacera le curé, le pasteur, l’iman et le prescripteur publicitaire »
« De la crise actuelle du socialisme européen, il y a plusieurs causes, mais l’une d’entre elles est la perte du sens moral, historique, culturel pour ses politiques. Non qu’il ne soit pas présent dans les engagements et les motivations militants. Mais il n’est plus suffisamment explicite. Or, pour créer (recréer ?) des liens de solidarité, il faut clairement exposer ce qui doit être le « bien commun ». C’est une condition pour restaurer la vérité, la bienveillance, la réciprocité entre les femmes et les hommes. » Bergounioux dans la Revue Socialiste
vendredi 3 septembre 2010
XXI, été 2010.
A force d’afficher mon enthousiasme pour cette revue trimestrielle en vente en librairie, voilà que mes amis m’ont abonné. Alors je n’ai pas fini d’en dire du bien parce que je crois que j’en deviens inconditionnel. Ce numéro dont le dossier principal est consacré à Israël, sujet pourtant déjà abondamment documenté, aborde les problèmes d’une façon originale sans crier au scoop, loin de l’anecdotique : une version tout à fait inédite consacrée à un trafic de drogue organisé par l’état hébreu en direction de l’Egypte dans les années 70 qui se retourne présentement contre eux, la vie d’un colon, et celle d’un gynécologue palestinien militant de la paix malgré ses trois filles tuées en juin 2009 dans la bande de Gaza.
Et toujours de beaux portraits pour aller contre les malheurs du monde : un psychiatre pour fous dangereux dans les Pyrénées, un prof haïtien de retour dans son île, le diplomate insoumis Stéphane Essel amateur de poésie au destin extraordinaire. Le récit en BD est cette fois consacré aux enfants soldats au Congo, bien loin de Tintin. Dans un style tout à fait représentatif de l’esprit de cette publication : rigueur, regard sans concession, exhaustivité jusque dans les conditions de recueil des récits où les échos d’un match à la télévision nous font partager l’authenticité du contexte. Les békés sont atypiques comme ces allemands descendants d’un village fondé par la sœur de Nietzsche au Paraguay, ces roms dans nos banlieues, dont le sort est évoqué depuis plusieurs numéros bien avant que l’actualité qui jette ne les mette sous les projecteurs, ou cette communauté néo hippie en Sibérie, et cette juge qui instruit un procès de la dioxine à Albertville faisant son travail est-elle si exceptionnelle ?
Et toujours de beaux portraits pour aller contre les malheurs du monde : un psychiatre pour fous dangereux dans les Pyrénées, un prof haïtien de retour dans son île, le diplomate insoumis Stéphane Essel amateur de poésie au destin extraordinaire. Le récit en BD est cette fois consacré aux enfants soldats au Congo, bien loin de Tintin. Dans un style tout à fait représentatif de l’esprit de cette publication : rigueur, regard sans concession, exhaustivité jusque dans les conditions de recueil des récits où les échos d’un match à la télévision nous font partager l’authenticité du contexte. Les békés sont atypiques comme ces allemands descendants d’un village fondé par la sœur de Nietzsche au Paraguay, ces roms dans nos banlieues, dont le sort est évoqué depuis plusieurs numéros bien avant que l’actualité qui jette ne les mette sous les projecteurs, ou cette communauté néo hippie en Sibérie, et cette juge qui instruit un procès de la dioxine à Albertville faisant son travail est-elle si exceptionnelle ?
jeudi 2 septembre 2010
Rencontres photographiques. Arles 2010.
Pas d’émotion majeure cette année, hormis Giacommelli qui a beaucoup travaillé le noir et le blanc, le gris apparaissant dans des œuvres plus récentes et plus abstraites. Un témoignage fort par ses sujets, par exemple dans des maisons de retraite, mais aussi graphiquement avec des séminaristes en soutane noires qui jouent dans la neige sous le titre « ll n’y a pas de main pour me toucher le visage ».
Enfant il accompagnait à l’hospice sa mère blanchisseuse, il reviendra pour une série de photographies présentées avec cette phrase ultime de Pavese « la mort viendra et aura tes yeux ».
Peter Klasen le peintre hyper réaliste des arrières de camion est aussi un photographe des univers industriels.
Un voyage en transsibérien n’entretient aucune légende romantique, par contre les photos de Téhéran sont inattendues et Marco Lopez est un vigoureux coloriste argentin dont le pays a été privilégié avec Mori qui apporte aussi une façon originale de proposer des portraits.
J’ai fait l’impasse sur des photos de rockers et passé rapidement dans des salles où des peoples boivent du champagne, les retours sur l’histoire de la photo ne m’ont pas retenu non plus, alors que les collections de Marin Karmitz qui vont au-delà des photographies avec Annette Messager ou Boltanski valent par la diversité des auteurs.
Les paysages comparés de la Savoie au temps des gravures et maintenant avec les pointillés sur les routes sont intéressants comme les cents photos de personnes âgées de un à cent ans : la photo c’est du temps en tranche, sur nos tronches.
Avec le titre du cru 2010 : « Du lourd et du piquant », des mots d’aujourd’hui sont repris, mais est ce parce que cette vigueur n’était pas évidente que l’accroche avait tout de l’illusion publicitaire ? C’était mieux avant, avec plus de politique, de passion, d’inventions, de dérangement…
Il y avait un verrier qui exposait des miroirs au Capitol : il invitait les visiteurs qui se promènent tous avec un appareil dans cette ville forcément photogénique, à envoyer une photo. Pour une fois que ce n’était pas interdit.
« La photographie est une machine docile qui fabrique du souvenir,
le miroir lui est indomptable, il fabrique de l’oubli »
Enfant il accompagnait à l’hospice sa mère blanchisseuse, il reviendra pour une série de photographies présentées avec cette phrase ultime de Pavese « la mort viendra et aura tes yeux ».
Peter Klasen le peintre hyper réaliste des arrières de camion est aussi un photographe des univers industriels.
Un voyage en transsibérien n’entretient aucune légende romantique, par contre les photos de Téhéran sont inattendues et Marco Lopez est un vigoureux coloriste argentin dont le pays a été privilégié avec Mori qui apporte aussi une façon originale de proposer des portraits.
J’ai fait l’impasse sur des photos de rockers et passé rapidement dans des salles où des peoples boivent du champagne, les retours sur l’histoire de la photo ne m’ont pas retenu non plus, alors que les collections de Marin Karmitz qui vont au-delà des photographies avec Annette Messager ou Boltanski valent par la diversité des auteurs.
Les paysages comparés de la Savoie au temps des gravures et maintenant avec les pointillés sur les routes sont intéressants comme les cents photos de personnes âgées de un à cent ans : la photo c’est du temps en tranche, sur nos tronches.
Avec le titre du cru 2010 : « Du lourd et du piquant », des mots d’aujourd’hui sont repris, mais est ce parce que cette vigueur n’était pas évidente que l’accroche avait tout de l’illusion publicitaire ? C’était mieux avant, avec plus de politique, de passion, d’inventions, de dérangement…
Il y avait un verrier qui exposait des miroirs au Capitol : il invitait les visiteurs qui se promènent tous avec un appareil dans cette ville forcément photogénique, à envoyer une photo. Pour une fois que ce n’était pas interdit.
« La photographie est une machine docile qui fabrique du souvenir,
le miroir lui est indomptable, il fabrique de l’oubli »
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