En écoutant l’émission « Répliques » de Finkielkraut, j’ai eu envie de connaître cet auteur désolé aussi par cette société, comparse du philosophe côté sombre.
Ses dialogues qui m’avaient appâté entre un lettré et une séduisante délurée ne m’ont pas déçu :
« Bonjour !
Elle prononce bon-jou-reuh, en trois syllabes.
« Boujour.
- Vous allez sur Chalmont ?
- Euh…Oui, je vais sur Chalmont, mais je ne vais pas à Chalmont.
- Hein ? Non, sérieux : vous y allez ou vous y allez pas ?
- Je veux dire : je vais dans la direction de Chalmont, oui, mais je ne vais pas à Chalmont. »
Moments d’ironie dans un récit d’une tranquille déprise dépressive du monde qui le mène face à l’océan, inévitablement.
« N’attendre rien. Rabattre tout futur, en permanence, sur le moment présent. Habiter l’instant. Etre là, très là. Et d’autant plus vivant qu’demi-mort, déjà. »
Dernière phrase grandiloquente au bout d’un parcours où le passé s’efface, où il évite le présent et ses contemporains à chaque rond point. Las très las.
La langue au service de descriptions de la campagne hors saison est précise, juste. Il souhaite des paysages encore plus déserts, bien qu’il essaye, en se défaisant de lui-même, de se garder de tout jugement péremptoire pour le réserver aux goujateries de l’art contemporain, à la dictature des musiques omniprésentes, aux portables envahissants. Je me retrouve bien dans cette mélancolie, mais le côté fin de race d’une aristocratie incomprise avec le cousin qui finit comme le banquier Stern, m’a épargné d’avoir à aimer ce roman. Pas vraiment un roman mais un prétexte à quelques réflexions comme la conversation savoureuse avec un prêtre, mais cela aurait pu tenir dans une émission de radio écouté en roulant sur des chemins du massif central.
vendredi 8 janvier 2010
jeudi 7 janvier 2010
Peinture et théâtre : Delaroche Paul
Le titre de la conférence de Sébastien Allard pour les amis du musée était « Peinture et théâtre : de David à Delacroix ». De David il ne fut pas question et peu de Delacroix, par contre beaucoup de Delaroche qui illustrait parfaitement le sujet à traiter. Si Delacroix affectionne le vague, et laisse au spectateur libre d’imaginer des hors champs, Delaroche dont j’ignorais le nom mais pas les tableaux qui agrémentaient bien des manuels d’histoire, comme cet assassinat du duc de Guise où « Cromwell regardant le cadavre de Charles Ier » qui lui valut de la part de Théophile Gautier cette saillie « une paire de botte devant une boite à violon ». Le public par contre lui fit un grand succès, le revêtement de sol devant une de ses toiles à la National galery est des plus usé : Jane Gray, reine de quelques semaines doit mettre la tête sur le billot. La composition rigoureuse, les touches minutieuses, les mises en scène cadrées, parfaitement éclairées répondent aux critères de l’art théâtral jusque dans les poses expressives voire outrées des acteurs.
mercredi 6 janvier 2010
J 16. Ban Mê Thuot
Nous quittons l’hôtel après le petit déjeuner à l’heure prévue : 7h30.
Pas besoin de réveil matin ici : dès 4h 30, les hauts parleurs perchés sur des pylônes entament la journée d’une façon guillerette et appellent la population à pratiquer le tai chi, qui met en train !
Quelques temps après la sortie de la ville, deux policiers arrêtent la voiture : le chauffeur roulait à 62 km/h au lieu de 50 km/h. Montant de l’amende : 800 000D, il faut retourner payer à Kontum, donc demi-tour pour payer au poste de police en passant par la case trésor. L’essentiel de la journée se passe dans la voiture climatisée qui traverse les hauts plateaux. Nous ne pouvons pas suivre le programme initial et visiter le village Jaraï et « son incroyable art funéraire » heureusement aperçu au musée ethnologique de Hanoï. La police n’a pas accordé les autorisations nécessaires car le typhon a fragilisé le pont qui y conduit. Nous nous rabattons alors sur le lac artificiel Yali, promenade appréciée des vietnamiens, mais qui nous indiffère. Tous les villages apparus à la suite de la construction du barrage datent de moins de vingt ans et sont peuplés par des nordistes.Nous longeons d’immenses plantations d’hévéas, au repos pendant la saison des pluies, des plantations de caféiers, de poivriers qui s’enlacent et prospèrent autour de leur tuteur, de pins dont on recueille la colophane. Il y a aussi du manioc.
Nous prenons notre repas au bord de la route. Notre guide Thien prend les choses en main et se met elle-même aux fourneaux ! Riz, soja, légumes verts (blettes) sautés et des traces de poulet coupé à la hache, la peau et les os. La proprio du restau est pourtant gourmande : 150 000 D sans les boissons. Le chauffeur qui a mangé à côté a payé cher lui aussi.
Nous poursuivons la route jusqu’à Buon Mê Thot ou Ban Mê Thuot, à moitié somnolents et arrivons au « Dam San Hôtel » vers 16h.
L’hôtel « luxe » possède une piscine en eau, protégée par un bosquet de bambous.
Nous allons visiter le marché. Capitale du café, la ville affiche un air de prospérité et des maisons toute récentes. Les gens sourient, quelques hello saluent notre passage. Il faut dire que nous n’avons rencontré que deux occidentaux. Ce n’est pas Hoi Han. La poste est luxueuse pour l’envoi de nos dernières cartes. Nous achetons de gâteaux au manioc, décevants
Nous nous régalons dans un restau de « Lonely »: « Thanh Loan ». Nous n’avons pas besoin de passer commande, d’office on nous apporte de quoi confectionner nous-mêmes nos rouleaux : feuille de riz à part, verdure, ail, oignons, tofu frit et bonne sauce. Nous trainons un moment sur le chemin du retour, autour de manèges pour les enfants, où des activités de peinture de statuettes et de pêche à la ligne leur sont proposées.
Pas besoin de réveil matin ici : dès 4h 30, les hauts parleurs perchés sur des pylônes entament la journée d’une façon guillerette et appellent la population à pratiquer le tai chi, qui met en train !
Quelques temps après la sortie de la ville, deux policiers arrêtent la voiture : le chauffeur roulait à 62 km/h au lieu de 50 km/h. Montant de l’amende : 800 000D, il faut retourner payer à Kontum, donc demi-tour pour payer au poste de police en passant par la case trésor. L’essentiel de la journée se passe dans la voiture climatisée qui traverse les hauts plateaux. Nous ne pouvons pas suivre le programme initial et visiter le village Jaraï et « son incroyable art funéraire » heureusement aperçu au musée ethnologique de Hanoï. La police n’a pas accordé les autorisations nécessaires car le typhon a fragilisé le pont qui y conduit. Nous nous rabattons alors sur le lac artificiel Yali, promenade appréciée des vietnamiens, mais qui nous indiffère. Tous les villages apparus à la suite de la construction du barrage datent de moins de vingt ans et sont peuplés par des nordistes.Nous longeons d’immenses plantations d’hévéas, au repos pendant la saison des pluies, des plantations de caféiers, de poivriers qui s’enlacent et prospèrent autour de leur tuteur, de pins dont on recueille la colophane. Il y a aussi du manioc.
Nous prenons notre repas au bord de la route. Notre guide Thien prend les choses en main et se met elle-même aux fourneaux ! Riz, soja, légumes verts (blettes) sautés et des traces de poulet coupé à la hache, la peau et les os. La proprio du restau est pourtant gourmande : 150 000 D sans les boissons. Le chauffeur qui a mangé à côté a payé cher lui aussi.
Nous poursuivons la route jusqu’à Buon Mê Thot ou Ban Mê Thuot, à moitié somnolents et arrivons au « Dam San Hôtel » vers 16h.
L’hôtel « luxe » possède une piscine en eau, protégée par un bosquet de bambous.
Nous allons visiter le marché. Capitale du café, la ville affiche un air de prospérité et des maisons toute récentes. Les gens sourient, quelques hello saluent notre passage. Il faut dire que nous n’avons rencontré que deux occidentaux. Ce n’est pas Hoi Han. La poste est luxueuse pour l’envoi de nos dernières cartes. Nous achetons de gâteaux au manioc, décevants
Nous nous régalons dans un restau de « Lonely »: « Thanh Loan ». Nous n’avons pas besoin de passer commande, d’office on nous apporte de quoi confectionner nous-mêmes nos rouleaux : feuille de riz à part, verdure, ail, oignons, tofu frit et bonne sauce. Nous trainons un moment sur le chemin du retour, autour de manèges pour les enfants, où des activités de peinture de statuettes et de pêche à la ligne leur sont proposées.
mardi 5 janvier 2010
La mouette
lundi 4 janvier 2010
Yuki et Nina
Quelques scènes réussies en ouverture de ce film de Nobuhiro Suwa et Hippolyte Girardot où deux fillettes posent de bonnes questions à des adultes assez immatures, en voie de séparation. Puis la fantaisie légère qui faisait le charme initial devient invraisemblable. La petite japonaise et son amie un moment drôles et émouvantes deviennent horripilantes. Des scènes soit disant dans le rêve plombent au contraire le film au final bâclé. Et c’est toujours un certain cinéma français qui se déroule paresseusement dans des milieux où n’existent pas les contraintes économiques. On peut cependant y amener sa fille ou sa petite fille pour les changer des films d’animation, cette amitié avec ses complicités peut leur parler.
dimanche 3 janvier 2010
Avec Léo
Léo le seul, pour toujours. Ferré. Lui qui autorisa l’absolu, et pourtant, aujourd’hui, venu des tréfonds de mes années, de mes passions, je n’ose rédiger un billet le concernant pour la machine à giga, alors que j’aligne volontiers les mots à propos des Fatals Picards.
En contournant, je vais tenter de livrer quelque sentiment concernant les artistes qui en 2003 ont saisi le chiffon noir du blanc échevelé disparu 10 ans avant. Si tous ont des musiques plus chatoyantes que le vieil original, ce sont les plus anciens qui conviennent le mieux à mes oreilles. Brigitte Fontaine et sa voix, Lavilliers avec sa fidélité ; Noir Désir était fait pour, presque trop. « Thank you Satan » s’évapore par contre avec Dionysos et j’ai beau aimer Zebda, « Vingt ans » ne leur va pas, alors qu’Higelin traite fort bien « Jolie môme ». « Avec le temps » est tellement monumental que Baschung semble atone, mais la force des paroles emporte le morceau, ainsi « Mon camarade » a beau avoir le trop mignon Dominique A pour le servir, cette chanson me transperce, comme « Si tu t’en vas » d’un certain Hurleur.
« Je n'sais plus combien ça fait d'mois
Qu'on s'est rencontrés, toi et moi
Mais depuis, tous deux, on s'balade...
On n'prend jamais le vent debout
C'est lui qui pousse et on s'en fout
Mon camarade ...
En avril, tous les prés sont verts
Ils sont tout blancs quand c'est l'hiver
En mars, ils sont en marmelade
Mais il y a pour deux vagabonds
Un coin d'étable où il fait bon
Mon camarade ! …
Je me demande, certains jours
Pourquoi nous poursuivons toujours
Cette éternelle promenade...
Oui, c'est parc'qu'on n'a pas trouvé
Le bonheur qu'on avait rêvé...
Mon camarade...
Un jour, on s'ra tout ébahis
On arrivera dans un pays
Plein de fleurs, d'oiseaux, de cascades...
On s'ra reçus à bras ouverts
Y aura des carillons dans l'air !
Mon camarade !…
En contournant, je vais tenter de livrer quelque sentiment concernant les artistes qui en 2003 ont saisi le chiffon noir du blanc échevelé disparu 10 ans avant. Si tous ont des musiques plus chatoyantes que le vieil original, ce sont les plus anciens qui conviennent le mieux à mes oreilles. Brigitte Fontaine et sa voix, Lavilliers avec sa fidélité ; Noir Désir était fait pour, presque trop. « Thank you Satan » s’évapore par contre avec Dionysos et j’ai beau aimer Zebda, « Vingt ans » ne leur va pas, alors qu’Higelin traite fort bien « Jolie môme ». « Avec le temps » est tellement monumental que Baschung semble atone, mais la force des paroles emporte le morceau, ainsi « Mon camarade » a beau avoir le trop mignon Dominique A pour le servir, cette chanson me transperce, comme « Si tu t’en vas » d’un certain Hurleur.
« Je n'sais plus combien ça fait d'mois
Qu'on s'est rencontrés, toi et moi
Mais depuis, tous deux, on s'balade...
On n'prend jamais le vent debout
C'est lui qui pousse et on s'en fout
Mon camarade ...
En avril, tous les prés sont verts
Ils sont tout blancs quand c'est l'hiver
En mars, ils sont en marmelade
Mais il y a pour deux vagabonds
Un coin d'étable où il fait bon
Mon camarade ! …
Je me demande, certains jours
Pourquoi nous poursuivons toujours
Cette éternelle promenade...
Oui, c'est parc'qu'on n'a pas trouvé
Le bonheur qu'on avait rêvé...
Mon camarade...
Un jour, on s'ra tout ébahis
On arrivera dans un pays
Plein de fleurs, d'oiseaux, de cascades...
On s'ra reçus à bras ouverts
Y aura des carillons dans l'air !
Mon camarade !…
samedi 2 janvier 2010
Les droits de l’homme ont-ils un avenir ?
Il est bon que les questionnements s’attaquent à des causes incontestables.
Y a-t-il une usurpation du combat anti totalitaire avec ces droits mis à toutes les sauces et pourtant si mes souvenirs sont bons il n’a pas été question des sans papiers dans ce débat au forum de Libé à Lyon en septembre ?
Cette fois, Finkielkrault tombe à gauche face à Alexander Hall, homme politique et historien polonais.
Mon philosophe préféré est un peu comme Guy Bedos qui se présente encore comme le mal aimé, alors qu’on ne voit qu’eux. Mais il y a une part de vrai : dans cette omniprésence, il y a la part patrimoniale faite au témoin d’une époque révolue.
On le voit mais on ne l’écoute plus. Sera-t-il le Dernier Homme ?
« Au nom des droits de l’homme, on lève une à une toutes les barrières aux désirs des individus. Le camp des limites et le camp de l’illimitation brandissent le même étendard. »
Il puise ses exemples dans la prédation sur Internet, les mères porteuses, et prêche pour le droit à la réfutation. Eloge de la faillibilité qui est la condition de la liberté d’expression, de même que la laïcité est la base de l’exercice de la démocratie, comme la mixité dans la civilité européenne. Le débat politique sera déterminant pour déjouer les ruses de la domination de classe pour que l’universel ne soit pas lu comme le modèle occidental imposé.
La responsabilité devrait être l’obligée du monde, bien que la tradition soit désormais récusée, pour que l’opinion ne soit pas une reine absolue ; reste encore et encore le savoir, l’éducation.
Y a-t-il une usurpation du combat anti totalitaire avec ces droits mis à toutes les sauces et pourtant si mes souvenirs sont bons il n’a pas été question des sans papiers dans ce débat au forum de Libé à Lyon en septembre ?
Cette fois, Finkielkrault tombe à gauche face à Alexander Hall, homme politique et historien polonais.
Mon philosophe préféré est un peu comme Guy Bedos qui se présente encore comme le mal aimé, alors qu’on ne voit qu’eux. Mais il y a une part de vrai : dans cette omniprésence, il y a la part patrimoniale faite au témoin d’une époque révolue.
On le voit mais on ne l’écoute plus. Sera-t-il le Dernier Homme ?
« Au nom des droits de l’homme, on lève une à une toutes les barrières aux désirs des individus. Le camp des limites et le camp de l’illimitation brandissent le même étendard. »
Il puise ses exemples dans la prédation sur Internet, les mères porteuses, et prêche pour le droit à la réfutation. Eloge de la faillibilité qui est la condition de la liberté d’expression, de même que la laïcité est la base de l’exercice de la démocratie, comme la mixité dans la civilité européenne. Le débat politique sera déterminant pour déjouer les ruses de la domination de classe pour que l’universel ne soit pas lu comme le modèle occidental imposé.
La responsabilité devrait être l’obligée du monde, bien que la tradition soit désormais récusée, pour que l’opinion ne soit pas une reine absolue ; reste encore et encore le savoir, l’éducation.
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