dimanche 18 octobre 2009

« Pontere & Nilstof » de père en fils.

A Gresse en Vercors ( 400 habitants et 4000 lits) à l’Auberge buissonnière se produisaient Didier Quillard et Dominic Toutain. C’est le temps des copains.
Didier joue de la guitare, de la clarinette, des percussions à eau, il chante.
Dominic conte et chante.
Tous deux sont des formateurs, et le choix du thème, père / fils, n’est pas étranger à leurs engagements éducatifs tant l’absence des pères dans notre société est criante.
Mais ils ne délivrent aucun discours didactique pour exprimer cette relation fragile qui a souvent du mal à se dire.
La variété des instruments permet d’éviter une trop grande régularité dans l’alternance, une chanson, un récit ; des histoires courtes, des proverbes, viennent rythmer ce spectacle qui passe en un éclair. « fils de poisson sait nager ».
Quand j’exprimais autour de l’excellente soupe à l’oignon (6, 50€) qui a conclu agréablement cette fin d’après midi( spectacle à 17h 30), qu’une des histoires m’avait parue trop exemplaire ; j’ai appris qu’elle était vraie. Un enfant à qui le père n’avait pas douté un instant de l’innocence quand il avait été accusé de vol, était devenu avocat.
Nous passons du sourire avec une chanson de Boby Lapointe à l’émotion à l’écoute de « Mon vieux » de Daniel Guichard.
La citation ne vient pas de cette séance mais je ne résiste pas à caser Vincent Rocca :
« En fin de compte, la vie de père ne tient qu'à un fils ! »

samedi 17 octobre 2009

Le logiciel social démocrate est-il obsolète ?

Il ne fait pas bon en ce moment se dire social démocrate : pas d’ambiguïté bien sûr pour Alain Minc au forum de « Libé » face à Jean Luc Mélanchon qui dût s’en défendre d’en être, en préambule.
Le compromis social établi dans les sociétés du Nord de l’Europe et qui servit de modèle, reposait sur des syndicats forts et liés aux partis de gauche.
En France, le corporatisme des « inclus » va-t-il tellement contre la justice sociale qu’il en oublie les exclus ?
Et dire que l’impôt sur le revenu rapporte moins qu’il y a vingt ans.
Le capitalisme transnational expulse la régulation et le consentement mutuel n’a plus de prise sur le réel. L’expression de l’intérêt général qui devrait s’incarner dans la loi est amoindrie.
Si la présence de l’Euro nous a protégés d’une crise plus grave, les replis sont à craindre pour des partis socialistes en perte d’attractivité dans toute l’Europe.
L’implication populaire sera-t-elle le salut ?
Dans la bataille politique, pour reprendre des termes du XIX°, c’est encore par l’éducation que nous sortirons du productivisme, que les valeurs ne seront pas indexées sur le CAC 40, que nous saurons débusquer, sous le mot d’équité, l’abandon de l’égalité, que nous pourrons regagner de la fraternité au pays du chacun pour soi.
J’avais commencé une liste des traitres à la cause de la gauche : Bockel, Kouchner, Hirsch, Amara, Jouyet, et je me suis aperçu que j’avais oublié Besson le prototype.
Allègre est-il rejoint par Lang dans les allées de Neuilly, et Evin compte-t- il comme le nom de Mitterrand ? Hanin et Macias, Val et le tout dernier qui vole au secours du prince Jean : Julien Dray !
Et Anne Sinclair, l’amoureuse Paris Match de DSK, tellement contente aux States, où elle n’a pas à supporter les fêtes de la rose à Trifouilli-les Oies, et Benoit Hamon porte-parole du PS qui ne savait pas s’il était à jour de sa cotisation; ça motive les troupes ! Et Rocard!
Il n’y a pas que le logiciel sauce dém’ qui beugue, les bœufs tracteurs ramassent les balles aux pieds des élus comme Vallini, qui refuse le non cumul des mandats, et ils sont harassés.

vendredi 16 octobre 2009

Les dépossédés (Bis)

Ce titre désigne les pauvres, non comme une classe sociale assignée à cette place fatale, mais comme les victimes d’un processus accentué sous Thatcher. La fluidité de l’écriture de Robert McLiam Wilson sur 340 pages, ne vient jamais distraire de l’âpreté du documentaire décrivant la vie d’individus dans les quartiers déshérités de Glasgow, Belfast, Londres.
« Jennifer G. et ses enfants mangent du riz aux champignons six jours sur sept. Adèle d’Andersontown, chauffe une chambre minuscule dans sa HLM, trois jours par semaine seulement et pour dormir elle enfile deux manteaux l’un sur l’autre. Le bébé d’un homme de Clonard pleure sans arrêt et crache le sang dans une chambre verdie par l’humidité »
Cet auteur est chez lui, il nous fait partager une émotion tendue, son empathie avec les personnes rencontrées, sa révolte et aussi son impuissance ; il lutte contre les clichés attachés à ces classes dites jadis dangereuses, en préservant leur dignité.
« Nous savons pertinemment que nous sommes gouvernés par une administration qui nous ment effrontément » … « Nous ne voulons pas croire que la vie na va pas sans une certaine vilénie ».
Les photographies de Donovan Wylie qui accompagnent l’enquête, ne sont pas belles, elles sont ennuyeuses, ternes, désespérées.
Le 13 juin 2009, Marie Françoise avait recommandé ce livre sur ce blog.

jeudi 15 octobre 2009

Duncan Wylie, Grégory Forstner

Duncan Wylie est originaire du Zimbabwe (ex Rhodésie), à présent de nationalité française, il peint des maisons écroulées avec des couleurs chatoyantes et une grande virtuosité. Ses contours rouges viennent mettre de l’énergie à des scènes que les hommes ont désertées. J’aime beaucoup cette transfiguration de la réalité. Le soleil brille même sur les ruines et ses coups de brosse vous réveillent.
Présenté à côté, au musée de Grenoble, Grégory Forstner, né lui à Douala(Cameroun), se place dans la lignée des expressionnistes allemands. Mais ses représentations d’animaux en uniformes en train d’exercer des tortures m’ont parues conventionnelles. Bien qu’il ait pris le parti de prélever des détails dans les tableaux classiques, je vois beaucoup de dessinateurs de B.D. qui inventent à chaque case et qui installent un univers plus fort, plus original.

mercredi 14 octobre 2009

J 5 : Sapa, pays d'eau

Il pleut dru ce matin au réveil et le brouillard enveloppe la station climatique et les montagnes. La randonnée prévue dans ces conditions météorologiques est grandement compromise. Il est décidé que nous nous reposions ce matin à l’hôtel : nous envoyons mails et cartes postales, tant que nous pouvons utiliser les chambres.
A une heure, la voiture nous cueille à la sortie du restaurant, il pleut, notre guide s’est muni d’un immense parapluie. Nous payons un péage puis nous descendons du véhicule un peu avant le premier village de Lao Chaï sur la route encore goudronnée pour admirer le paysage de rizières en terrasses d’un beau vert velours. Les M’hongs noires courent vers nous dès les premières maisons et là nous prenons la piste empierrée. Nous achetons une cloche de buffle « ancienne » fabriquée par le papa de la vendeuse. Des tissus de chanvre macèrent dans des cuves d’indigo. Nous croisons un groupe parti pour une expédition de cinq jours dans les villages, nous ne sommes pas les seuls touristes.
Les animaux sont discrètement là, un cochon à la fenêtre, un buffle couché dans la boue, des chiens silencieux. On peut deviner que ce lieu dans quelques années deviendra un coin à touristes avec échoppes d’artisanat qui se développeront. Pourtant on constate l'authenticité dans les activités : scieurs de long, culture, et les habits traditionnels résistent très bien à l’influence occidentale.
Le deuxième village Ta’Van n’est pas très éloigné, il abrite lui aussi deux ethnies différentes visibles chez des femmes aux costumes différents avec des couleurs beaucoup plus éclatantes pour leurs chemises à ouverture chinoise. L’escorte des petites femmes noires s’épuise ou se renouvelle en cours de promenade. « Madame achète pour moi », « achète à moi », « pas cher, c’est joli », « tout à l’heure », avec des petites voix douces et suppliantes, un léger zézaiement. A la sortie du village, une jeune femme nous incite gentiment à venir boire dans son café. Pourquoi pas ? Les tables recyclent des pneus de camions obstrués par des plaques de contreplaqué et les tabourets consistent en 3 gros bambous liés ensemble. Une petite dame s’occupe d’assembler des fils de chanvre et attend son heure pour vendre. On fait affaire pour des ceintures brodées et un coussin, elle nous fait de petits cadeaux car elle est contente et nous aussi. « Ochao » = « Merci »
Retour motorisé, toujours dans le brouillard et la pluie en haut de la montagne, après les rizières vertes, voici maintenant les champs en eau. A Lao Caï, la voiture s’arrête devant le restaurant « Emotion » qui nous garde les bagages le temps d’une petite promenade dans la ville : travail sur le trottoir de ferronniers s’affairant autour d’un portail avec des chalumeaux, découpage de tôle, mais aussi repos d’hommes en uniformes bleus fatigués, autour d’un jeu de pions, soufflés ou claqués brutalement contre l’échiquier.
A 20h nous sommes installés dans une cabine privée du train. Le staccato ne berce pas tout le monde avec la même efficacité.

mardi 13 octobre 2009

La vie et moi.

Pico Bogue est un petit personnage de BD dessiné par Alexis Dormal sur des scénarios de sa maman Dominique Roques. Nous pensons à Mafalda ou au petit Nicolas qui ne sont pas des enfants pour de vrai mais des révélateurs poétiques. Les histoires courtes recèlent des surprises et si le garçon ébouriffé tourne toutes les situations à son avantage, il est attendrissant, plein de fraîcheur et d'intelligence. Pico mange comme un cochon et il va proclamer : « Si c’est pas une régression ça ! » Bien dans l’air du temps, pour un milieu urbain où les enfants sont en avance sur leur âge. Les mystères de l’amour, de la mort les assaillent et ils ont la chance de pouvoir en parler ; ils ne s’en privent pas. La gourmandise des enfants : rien de tel pour croire à la vie. Nous sommes sur une autre planète que celle des endormis qu’il faut payer pour venir à l’école, où les subventions de Hirsch ne pourront s’aligner sur les bénéfices du deal !

lundi 12 octobre 2009

Hôtel Woodstock

Avec un regard un peu comme celui de « Fabrice à Waterloo », Ang Lee adopte un angle original pour évoquer l’évènement historique du rassemblement musical de Woodstock dans l’Amérique d’il y a quarante ans. A partir de personnages et de situations réelles, il nous promène dans les coulisses de l’aventure qui a dépassé les petits intérêts de ceux qui ont permis que ça se passe là. Un commencement pour le héros principal, la fin d’une époque pour toute une génération. La seule image du festival est comme un mirage grandiose. Certes bien des illusions étaient démultipliées par d’artificiels produits. Mais la croyance d’alors en un monde plus doux, plus libre, accuse le vide de nos rêves désormais perdus.