J’adore éprouver quelques poussées régressives quand par exemple une musique assourdissante épate le bourgeois.
Les acteurs de cette pièce d’après Dostoïevski n’ont pas lésiné sur les porte-voix, les musiques poussées à fond, pour crier l’intensité de leurs convictions quand ils en sont au désespoir de se faire aimer. A fendre l’âme.
J’étais assis au second rang et j’ai reçu cette performance de trois heures en plein dans la gueule, avec quelques gouttelettes de peinture, des paillettes.
Un des acteurs a ajouté un « s » à idiot peint sur le fond de la scène.
Oui chacun dans son genre est un idiot : à crier son amour, sa nostalgie, son impuissance à changer ce monde corrompu, abandonner son bébé dans un berceau et rabâcher son amour encore, mettre en scène un suicide et le rater régulièrement, rêver d’un ailleurs, d’absolu et se noyer dans l’alcool, la mousse, les pétarades. La rédemption est impossible.
A la MC2, c’était l’année Dostoïevski, j’ai préféré l’autre pièce de six heures : « Les possédés » qui était tout aussi porteuse de sens pour saisir notre époque décadente, sans avoir besoin de passer Sarko sur un écran. La violence était tout aussi authentique bien que moins spectaculaire. Les effets moins distrayants, m’ont davantage marqué, même si j’ai été touché par la sincérité des acteurs de Vincent Macaigne, leur engagement intense dans cette épique soirée où sous des litres de peinture passe la poésie, la rage. Cette beauté là, est compulsive.
dimanche 3 mai 2009
samedi 2 mai 2009
vendredi 1 mai 2009
dimanche 26 avril 2009
Rome au cinéma
Jean Serroy, monsieur cinéma à Grenoble, lors de sa conférence pour les Amis du Musée, a insisté sur le prix des imperfections de « Rome ville ouverte » pour témoigner des conditions de réalisation du film par Rossellini, tourné avec des bouts de pellicule récoltés à droite et à gauche dès la libération. Les gosses, qui viennent d’assister à l’exécution du prêtre résistant qui les enseignait, retournent vers la ville d’où émerge le dôme de Saint Pierre. Celui-ci sera vu d’en dessous dans un film hollywoodien consacré à la vie de Michel Ange. Ainsi se mêleront des extraits de productions américaines : « Vacances romaines » avec Audrey Hepburn et Grégory Peck en Vespa jusqu’à Nani Moretti en Vespa aussi dans « Carnets intimes », alors que Scola nous mène en autobus dans « Les gens de Rome ». Anita Ekberg se baigne dans la fontaine de Trévi, pour toujours : « La dolce vita ». Tout ne s’efface pas à l’air pollué d’aujourd’hui comme la fresque antique dans « Fellini Roma », la ville est éternelle, elle offre ses strates de temps et aussi ses péplums, son néo-réalisme, ses comédies qui nous enchantent sous les ritournelles musicales qui vous embobinent.
« Nous nous sommes tant aimés », c’est un beau titre, au passé composé.
Je pars à Rome, ce dimanche, accompagner des collégiens, retour pour la manif du 1er mai.
« Nous nous sommes tant aimés », c’est un beau titre, au passé composé.
Je pars à Rome, ce dimanche, accompagner des collégiens, retour pour la manif du 1er mai.
samedi 25 avril 2009
Oiseaux matiniers
Pour un printemps, cet extrait d’Anna De Noailles :
« La juvénile odeur, aigüe, acide, frêle,
Des feuillages naissants, tout en vert taffetas,
Sera plus évidente à mon vif odorat
Que n’est aux dents le goût de la fraise nouvelle ».
Je découvre les poèmes de la coquette comtesse du XIX°.
Avec ces mots d’avril, me revient le souvenir des rédactions hebdomadaires de mes années collège, avec les heures passées à peser les mots, les phrases, et ma reconnaissance d’aujourd’hui de goûter l’écriture et le temps.
Ce ne sont pas les machines à reconnaissance vocale calibrant les paroles qui sauront trouver les parfums du printemps, les vapeurs des rêves, les mots bleus.
Des pierres sont jetées chaque jour sur l’écriture.
Il restera un alphabet en ses polices, mais plus de suspension, de pointe levée le temps d’une nuance ; un jet continu, un blabla envahissant nappera une sphère confuse.
Tchao Anna ! Qui oserait encore tutoyer le soleil ? Est ce parce que plus grand monde ne saura prendre un peu de temps pour chercher un mot, que ce cher matin ne pourra plus écarter « la mort, les ombres, le silence, l’orage, la fatigue et la peur » ?
Et les oiseaux trouveront-ils un dictionnaire pour se reconnaître à « matiniers »
« La juvénile odeur, aigüe, acide, frêle,
Des feuillages naissants, tout en vert taffetas,
Sera plus évidente à mon vif odorat
Que n’est aux dents le goût de la fraise nouvelle ».
Je découvre les poèmes de la coquette comtesse du XIX°.
Avec ces mots d’avril, me revient le souvenir des rédactions hebdomadaires de mes années collège, avec les heures passées à peser les mots, les phrases, et ma reconnaissance d’aujourd’hui de goûter l’écriture et le temps.
Ce ne sont pas les machines à reconnaissance vocale calibrant les paroles qui sauront trouver les parfums du printemps, les vapeurs des rêves, les mots bleus.
Des pierres sont jetées chaque jour sur l’écriture.
Il restera un alphabet en ses polices, mais plus de suspension, de pointe levée le temps d’une nuance ; un jet continu, un blabla envahissant nappera une sphère confuse.
Tchao Anna ! Qui oserait encore tutoyer le soleil ? Est ce parce que plus grand monde ne saura prendre un peu de temps pour chercher un mot, que ce cher matin ne pourra plus écarter « la mort, les ombres, le silence, l’orage, la fatigue et la peur » ?
Et les oiseaux trouveront-ils un dictionnaire pour se reconnaître à « matiniers »
vendredi 24 avril 2009
La rêveuse d’Ostende
E.E. Schmitt connaît un grand succès en librairie ; je l’avais apprécié au théâtre dans « les variations énigmatiques » où il était question des rapports de la littérature à la réalité. Dans ce recueil de nouvelles, des personnages interrogent aussi nos rapports aux livres : la rêveuse ne lit que des classiques, un autre méprise les romans de fiction au plus haut point, quant aux livres achetés en grande surface... Sujets intéressants, mais si au théâtre nous pouvons échapper aux lourdes présentations, là l’auteur m’a fait souffrir. Quand il marche pied nus à Ostende, c’est la morsure du sable qui vient ; pour les galets : prévoir des sabots. Les sujets sont intéressants comme la relativité de la beauté humaine, avec pas mal de rôles féminins aux formes généreuses, mais les situations mises en place sont trop didactiques, prévisibles, artificielles, sans subtilité : un théâtre de marionnettes.
jeudi 23 avril 2009
"Quintet" au MAC
Le musée d’art contemporain de Lyon proposait aux visiteurs, cinq auteurs de bandes dessinées.
Shelton et ses freak brothers ( barjots) aux yeux étonnés, l’underground en surface,
Stéphane Blanquet, ses ombres chinoises monstrueuses en courts métrages gore, son train fantôme,
Masse qui recycle de fines gravures du début du XX° en des récits baroques et présente des sculptures intrigantes,
Joss Swarte, le hollandais, très « ligne claire » a un propos poétique teinté d’absurde, très soigné comme peut nous étonner
Chris Ware avec ses signes à profusion dans un rythme harmonieux.
Parfois des galeries font honneur à des artistes alors que la virtuosité, l’originalité étaient plus évidents chez certains créateurs de B.D.
Justice est rendue à ces cinq auteurs qui, à partir des planches habituelles dont nous saisissons mieux le travail au vu des originaux, nous régalent d’autres dimensions de leurs productions dans un lieu qui les met bien en évidence.
Shelton et ses freak brothers ( barjots) aux yeux étonnés, l’underground en surface,
Stéphane Blanquet, ses ombres chinoises monstrueuses en courts métrages gore, son train fantôme,
Masse qui recycle de fines gravures du début du XX° en des récits baroques et présente des sculptures intrigantes,
Joss Swarte, le hollandais, très « ligne claire » a un propos poétique teinté d’absurde, très soigné comme peut nous étonner
Chris Ware avec ses signes à profusion dans un rythme harmonieux.
Parfois des galeries font honneur à des artistes alors que la virtuosité, l’originalité étaient plus évidents chez certains créateurs de B.D.
Justice est rendue à ces cinq auteurs qui, à partir des planches habituelles dont nous saisissons mieux le travail au vu des originaux, nous régalent d’autres dimensions de leurs productions dans un lieu qui les met bien en évidence.
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