vendredi 24 avril 2009

La rêveuse d’Ostende

E.E. Schmitt connaît un grand succès en librairie ; je l’avais apprécié au théâtre dans « les variations énigmatiques » où il était question des rapports de la littérature à la réalité. Dans ce recueil de nouvelles, des personnages interrogent aussi nos rapports aux livres : la rêveuse ne lit que des classiques, un autre méprise les romans de fiction au plus haut point, quant aux livres achetés en grande surface... Sujets intéressants, mais si au théâtre nous pouvons échapper aux lourdes présentations, là l’auteur m’a fait souffrir. Quand il marche pied nus à Ostende, c’est la morsure du sable qui vient ; pour les galets : prévoir des sabots. Les sujets sont intéressants comme la relativité de la beauté humaine, avec pas mal de rôles féminins aux formes généreuses, mais les situations mises en place sont trop didactiques, prévisibles, artificielles, sans subtilité : un théâtre de marionnettes.

jeudi 23 avril 2009

"Quintet" au MAC

Le musée d’art contemporain de Lyon proposait aux visiteurs, cinq auteurs de bandes dessinées.
Shelton et ses freak brothers ( barjots) aux yeux étonnés, l’underground en surface,
Stéphane Blanquet, ses ombres chinoises monstrueuses en courts métrages gore, son train fantôme,
Masse qui recycle de fines gravures du début du XX° en des récits baroques et présente des sculptures intrigantes,
Joss Swarte, le hollandais, très « ligne claire » a un propos poétique teinté d’absurde, très soigné comme peut nous étonner
Chris Ware avec ses signes à profusion dans un rythme harmonieux.
Parfois des galeries font honneur à des artistes alors que la virtuosité, l’originalité étaient plus évidents chez certains créateurs de B.D.
Justice est rendue à ces cinq auteurs qui, à partir des planches habituelles dont nous saisissons mieux le travail au vu des originaux, nous régalent d’autres dimensions de leurs productions dans un lieu qui les met bien en évidence.

mercredi 22 avril 2009

Poètes dans nos petits papiers. Faire classe # 30

Au commencement de la journée virevoltent les verbes enrubannés.
Dites-moi une plus belle vie que celle qui commence chaque matin par des mots en guirlande, des poèmes ? Il en fut ainsi.
- Chaque enfant possède un recueil d’une centaine de poèmes.
- En début d’année chacun se doit de présenter un poème appris dans les classes précédentes.
- Chaque samedi des volontaires s’engagent à réciter en solo ou à plusieurs en s’inscrivant pour la semaine suivante.
- Les élèves de service appellent les récitants
- Je vérifie le cahier de travaux pratiques où le texte est recopié et illustré, je le montre aux auditeurs. La poésie vaut pour la parole mais aussi en son écrit et son illustration.Certains en garnirent trois cahiers.
- Le public critique.
- Le nombre de poèmes portés à la lumière figure sur le bilan trimestriel.
La poésie est un secteur éditorial infime réservé aux poètes qui se lisent entre eux, un enjeu négligeable. Mais quand j’ai entendu sur France Culture que Prévert symbolisait le poète pour instit’, je me suis senti fier d’aimer l’anar à la clope. La production d’albums de poèmes pour les enfants est riche et attractive : la poésie n’existerait-elle que pour une réserve de mômes ? Innocence des débuts, mariages et banquets, enterrements, ces moments de la vie les plus solennels se dilatent avec quelques vers sonores. Et de cette vie qui court, remontent quelques rimes qui constituent une communauté, une nation : mots-clefs, clins d’œil, références communes.
« Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? » La Fontaine
Quand sous les étoiles d’une nuit au Sahara reviennent des mots communs à un touareg indigo, c’est « l’âne si doux marchant le long des houx » qui ramène ses sabots. Grand moment à la lueur d’un feu des premiers âges, luxe suprême.
Noémie spécialisée en La Fontaine et Laura en Victor Hugo nous offrirent cette année là un festival permanent. Ne pas craindre la complexité, elle s’éclairera plus tard. Là, des performances m’ont encore étonné et renforcé ma conviction que la mémoire se cultive très tôt. Ne pas prendre les mômes pour des billes !
Des objets insolites (attrapeur de rêves canadien, fée clochette…) occupent un coin de la classe avec les albums, fabliers, boîte pour fiches à emprunter.
Privilège de durer dans le poste : une ancienne élève avait relié par une tresse de laine le recueil de ses poèmes préférés pour ceux qui viendraient après elle dans la classe. Merci.

mardi 21 avril 2009

Anantapodoton et anacoluthe s’en vont en bateau.

Préambule: Le « Gradus » est un dictionnaire des procédés littéraires ; auteur, Bernard Dupriez. Mon édition en 10/18, date de 1984.
Gradus ad Parnassum « escalier vers le Parnasse, séjour des muses… »
Les sciences inventent des termes dont le sens nous est inconnu mais qui ne sont pas insignifiants pour notre imaginaire. On se rappellera Colette, enfant, rêvant au mystérieux« presbytère ».
Pour ma part, j’adore le terme « concupiscence » savoureux aux lèvres de certains prêcheurs de la sainte église catholique. Prononcez-le, lentement, syllabe après syllabe. N’est-il pas surprenant que ce mot proclame ce qu’il condamne ?
« Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d’eux »
a écrit René Char. L’écriture automatique des surréalistes exploite cette mine !

Anantapodoton et anacoluthe s’en vont en bateau.
Il y aurait d’une part, ce dialogue entre un théoricien du haïku d'origine européenne mais vivant à Kyoto, à qui l'éditeur du Gradus, aurait commandé un manuel facilitant l'écriture des haïkaï. Je devrais vous l'écrire autrement cette première phrase trop bourrée d'informations (avec anantapodoton intégré) qui n'ont rien de folichon, qui exhalent une tristesse de soirée studieuse peut-être alcoolisée, quand s'emmerdent les futurs candidats à l'agréation de lettres modernes ou pas.
Soit l'auteur du Gradus*, B.D. s’entretenant avec son éditeur que nous nommerons « éditeur »
Editeur - Mon vieux, votre Gradus, il est un peu démodé. Austère, quoi ! Les jeunes et même les moins font une allergie tellement c'est poussiéreux, d'aspect. Mes concurrents éditent des versions light de votre ouvrage. Bien plus digestes.
B.D. - Ils me pillent, ces fainéants. C'est du rapt. …
Editeur - N'exagérons pas… Ils nous font aussi de la pub… Chaque année les universités, les prépas diverses aux divers concours recommandent l'achat du Gradus. A la radio il n’est plus question que de chiasmes, d’oxymores, d’euphémismes dans les jeux télévisés.
B.D. – J'en sais quelque chose ! Ma petite fille Camille prépare l'agrég de lettres modernes. Et bien vous savez ce qu'elle m'a dit ? "Papy je vais abandonner. Je perds le sommeil, ma libido est au plus bas. Ton bouquin, c'est relou grave. J'oublie au fur et à mesure que j'apprends… ça me fèch d’une force !"
Editeur – Vous savez que la poésie japonaise est dans le vent. Tout le monde écrit des haïkaï. C'est devenu une activité incontournable des ateliers d'écriture du premier au quatrième âge. Même les vieillards atteints d’Alzheimer y excellent, ils passent si naturellement du coq à l’âne, les pauvres !
B.D. – Excusez-moi mais je ne vois pas le rapport avec notre problème…
Editeur– J'y viens… Je connais un type qui enseigne le français au Japon ; il parle et écrit le japonais à la perfection. Il a d'ailleurs soutenu une thèse sur Issa. Si je ne me trompe ? Le sujet en était : "De la sublimation poétique chez Issa, éjaculateur précoce. "
B.D. – Attendez, je ne vois pas en quoi les éjaculations précoces ou non d'un moine japonais du XVIII me siècle concernent les compilations de procédés littéraires dont je suis l'auteur !
Editeur – Patientez ! Je lui ai proposé d'écrire une somme sur le haïku. C'est à la mode, ça se vendra. Le titre en serait bénin pour ne pas décourager… Genre : Le haïku sans douleur… Ou le haïku en un quart d'heure !
B.D. – Je ne vois toujours pas le rapport avec notre problème.
Editeur – J'y viens.
B.D. - … ?
Editeur – Voici ma stratégie : insidieusement en quelque sorte, afin de ne point effaroucher les lecteurs, notre distingué niponisant glisserait nommément les procédés littéraires de votre Gradus chaque fois qu'il décortiquerait un haïku. D'abord par des notes en bas de page citant votre ouvrage et puis peu à peu lui donnant toute sa place dans la partie majeure de son ouvrage. Une sorte de montée orgasmique…
B.D. – Je vois… Hum… Ce n'est pas une mauvaise idée, je crois même si je peux risquer cette hyperbole… qu'elle est géniale. En quelque sorte déconditionner tout en reconditionnant.
Editeur – Et voilà… A doses de plus en plus conséquentes. Grâce à des redites habilement programmées, le lecteur imprégné à son insu, n'aura plus peur de l'aposiopèse, de l'anaphore, de l'hypallage… Finis les boutons et les conjonctivites dont souffre ma chère petite Camille.
B.D.- Enfin la poésie de ma somme les ravira et je gage - on peut rêver - qu'ils finiront par lâcher les recueils de haïkaï pour se délecter uniquement de mon bouquin. Ce Gradus qui m’a blanchi le Chef !.
Editeur. – Que nous allons relooker. Couverture en couleur, illustrations érotiques mais esthétiques. Le maquettiste est déjà à l'œuvre…
B.D. – Et pourrai-je rencontrer notre… nouveau collaborateur ? Je veux dire, l'expert en poésie japonaise…
Editeur – Il est à Paris. Je vous invite chez moi demain. Sa femme sera du dîner. Je vous préviens, c'est une bombe textuelle. Hi ! Hi ! Suis-je bête !
***
Je reviens à la première partie de ce récit. Je me cite : " Il y aurait d’une part ce dialogue entre un théoricien du haïku d'origine européenne mais vivant à Kyoto… " Voici un bel exemple d'anantapodoton. J'ai trouvé ce terme reptilien dans le Gradus, comme il se doit, à la rubrique légèrement coquine, d'anacoluthe. Je vous recopie la définition du premier de ces deux mots : "… de deux éléments corrélatifs d'une expression alternative (comme les uns… les autres) un seul est exprimé". Dans le cas qui nous intéresse, c'est à dire celui de l'expert en poésie japonaise, il nous manque le deuxième élément : "il y aurait d’une part ce dialogue entre un théoricien du haïku ».. . Exit le deuxième élément. Vous connaissez la blague de Coluche ? Quelle différence y a-t-il entre (au hasard) une planche à pain ? Cela ressemble aux exercices de méditation zen, genre « applaudir d’une seule main. »
Le deuxième élément, ne peut-être que la femme, l'épouse du docteur es haïkiste, la supposée bombe sexuelle aux dires de l’Editeur.
Donc il y aura un dialogue entre cet homme éminent niponisant et son épouse.
Rejoignons le couple dans son jardin zen agrémenté de coussins. Ecoutons les.
Elle : Miel de ma vie, nectar de mon âme, délices de ma bouche… Viens, je t'appelle, je t'attends, je t'espère. Mon anacoluthe ruisselle.
Lui : (tout bas pour lui-même) Arch ! Saloperie d' anantapodoton qui ne veut se réveiller ! J'ai beau m'activer, il est aussi endormi qu'une litote !
(Tout haut) Bien aimée, azur de mes nuits, sel de mes rêves, poivre de mes muscles, miches de mes réveils… Patiente… en lisant mes derniers haïkus !
Elle : Quoi ! Comment ! Arch ! Tes haïkus ! Tes haïkus… Et ma césure… c'est un cuir !
Je vous comprends, cher lecteur, en supposant qu’un lecteur soit toujours en poste, vous voilà choqué ! Pour ma défense je pourrais invoquer cette brandade de morue trop chargée en ail, pesant sur mon estomac ! La vérité est plus prosaïque. Elle s’adresse à certains Messieurs dépensiers et peu imaginatifs : abandonnez les revues spécialisées, ces revues sur papier glacé, chaudement illustrées que vous croyez bien cachées et que vos héritiers découvrent sans coup férir dans le grenier, au-dessus de l'armoire à pharmacie ou sur la réserve d’eau des toilettes…
Déposez dans les lieux d'aisance un Gradus, régalez-vous ! Votre descendance y prendra goût. Et cet ouvrage fécond, éveillera peut-être des vocations de poètes ou des talents d'humoriste. A moins qu’un sort moins enviable détourne de leur fonction ces pages érudites. Evitez ce geste sacrilège !
Marie Treize
* Le Gradus est ouvrage épatant, planète étrange, riche en termes énigmatiques, d’une poésie totale, d’un comique surprenant. J’aime m’y promener, j’y cueille des mots rares qui se fanent presque aussitôt, ma matière grise n’étant pas un terreau favorable aux fleurs de la rhétorique.

lundi 20 avril 2009

Le chant des oiseaux.

Quand je verrai Albert Serra à l’affiche d’un film, j’irai en voir un autre. C’est lui qui a réalisé ce film en noir et blanc où il n’y a pas l’ombre d’un oiseau, pas plus que de poésie: une bonne purge de temps en temps serait-elle salutaire? La lenteur des plans conviendrait pour le côté esthétisant; pour l’humour annoncé par certains critiques, je ne vois qu’un rire nerveux qui peut advenir quand la corde de l’exaspération se tend. La raison peut reconnaître l’originalité du propos, mais je suis imperméable à celle ci et la fatigue peut vous amener à ne pas aller au bout du voyage de ces trois personnages tellement minablement humains qu’une bonne partie du public « se tire » de chez ces rois. Pas d’étoile pour ces mages.

dimanche 19 avril 2009

Bénabar

Au Summum, quelqu’un m’a dit que le parisien a eu un beau succès.
Je l’apprécie assez pour être allé, il y a déjà quelques années, l’écouter au Grand angle, et je commence à avoir une petite collec de ses CD.
Poète de mes 2000, impitoyable mais tellement fréquentable, sensible à l’air du temps et nous le rendant bien. Tendre avec les petits (l’employé amoureux de la majorette), implacable avec les bobos comme moi qui aiment être moqués, pourvu qu’on parle de nous !
La chanson est certes un art mineur, oui, et qu’importe, elle nous dit à chacun le temps et ses emballements, nos renoncements. Entre le Jeff déclamatoire de Brel où l’amitié pose ses tripes sur le vinyle et le petit bourgeois mesquin qui se fait livrer ses pizzas devant un DVD de De Funès, de la bière a coulé dans les bocks aux heures pâles de la nuit, Ferré !
Fini Jaurès, les Marquises ; nos ne trouverons pas la route de ces rendez-vous perdus d’avance dans des banlieues mal indiquées. En ces temps de répondeurs, le mot amour, voire amitié tourne à la pathologie pour addicts ados attardés. Bénabar nous excuse aussi de notre passé trop sérieux quand il fallait mépriser les Carpentier, où Jo Dassin s’accrochait pourtant à notre mémoire. Juste et délicat comme un dessin de Sempé, il dit le temps qui passe sans lyrisme, ni pathos, avec acuité, avec humour.
« Parce qu’on connaît par cœur
Le numéro du roi
Qui s’est fait couper la tête
Qu’on s’ rappelle sans effort
De notre digicode
Et de la distance du cent mètres
On en oublierait presque
Le numéro d’équilibriste
Le seul qui compte
Et qui consiste
A ne pas tomber. »

samedi 18 avril 2009

Souffrez ces suffrages.

S’il n’y avait que les anarchistes, à contester le bulletin de vote, les vrais, les noirs de chez noirs, cohérents à Blok, cependant il y en a d’autres, y compris parmi les garants les plus incontestables de la démocratie. Les épigones littéraires des anars sont portant devenus aussi rares que les chanteurs populaires socialistes, mais au hasard des résultats électoraux, l’amertume des perdants renforce l’incompréhension de certains participants à la compétition politique. Et de pleurnicher contre les médias vendus à l’adversaire, quand ce n’est pas l’ingratitude ou l’intelligence des électeurs qui est en cause pour avoir failli à leur égard.
Il est certes difficile d’avaler qu’un ouvrier vote à droite, pourtant quand nous acceptons pour notre favorite poitevine les millions de Bergé, nous aimons savoir que les lignes sont faites pour bouger comme il fut à la mode de l’exprimer ainsi, il y a peu. Si le déshérité fait davantage confiance aux défenseurs des héritiers, c’est que nous n’avons pas été assez convaincants, nous les défenseurs des petits. Nous n’héritons pas des électeurs. Nous avons bien peu confiance en nos idées quand nous évitons les contradicteurs, quand des sujets tabous s’installent. De mes années à fréquenter quelques belles figures libertaires, j’ai gardé ma préférence aux dérangeurs, aux poseuses de questions plutôt qu’aux affidés, aux dociles.
De surcroit, notre aversion à l’égard de Sarkozy ne doit pas nous faire ignorer ce qui l’a porté à la victoire : sa confiance en lui- même adossée au sens de l’efficacité. Nous aurions tort de nous rassurer sur notre pureté en constatant les reniements d’un Kouchner mais il n’y a pas que des fieffés arrivistes qui l’ont rejoint : il a séduit des Hirsch, des Rocard qui savent distinguer le pragmatisme d’un opportunisme, tout en bousculant son propre camp. Nous sommes nous aussi secoués certes, mais en dehors des jérémiades, des ressassements, le temps n’est pas à l’audace et quand des nouveaux militants pointent le bout du nez : prudence… au mieux. En ces temps de basses eaux où bien des certitudes sont ébranlées, cette façon dont je prends la vie politique, témoigne de la prééminence des caractères, des personnalités sur les idées. Bien sûr la sentence du « Guépard » a été ressortie, après le G20 : « il faut que tout change pour que rien ne change » et l’emballage médiatique nous enfume plus que jamais. Juste un détail qui semble éloigné du sujet et pourtant, pour éviter de s’accabler sous les coups de l’idéologie dominante : pour le film « monstres contre Aliens » en Ile de France : 106 salles de cinéma, pour Katyn de Wajda : 3 salles. Cause toujours.
Le signe à peu près égal que les électeurs placent entre nos affichages nous conduit à nous distinguer sur des broutilles, à nous montrer intransigeant sur nos fréquentations comme si pour élargir nos cercles militants nous ne devrions solliciter que les convaincus d’avance. Cette catégorie est heureusement épuisée. C’est avec celui avec lequel nous sommes en désaccord qu’il faut négocier, c’est auprès des dubitatifs que nous gagnerons. La fraternité qui se travaille dans nos groupes militants se vivra parce que prolongeant une mémoire, nous portons les mêmes valeurs. C’est que je viens de lire encore du Régis Debray : « Là où il n’y a pas de mémoire, il n’y a pas d’espérance » dans l’Obs.
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Par ailleurs l’hebdo nous raconte cette petite histoire- comment dire- ahurissante : « En quittant Birkenau, on croise un guide rencontré lors d’une précédente visite. On lui a signalé, à l’époque un groupe de trentenaires bruyants qui se prenaient en photo devant les pyjamas rayés et les valises des déportés, malgré les panneaux interdisant les clichés à l’intérieur des bâtiments. Il avait eu un geste las de la main, puis un soupir : « vous savez les pires, ce sont les juifs, ils se croient ici chez eux. »