J’apprécie François Dubet car dans les débats concernant l’école, il sait situer tout en nuances sa place de sociologue et il exprime les positions aussi bien des profs que des élèves, sans asséner de leçons. Il sait que les acteurs du milieu éducatif retiendront ce qu’ils voudront de ses études. Ainsi le syndicaliste se servira de ses écrits quand il évoque la violence sociale extérieure mais ne semble pas avoir lu les lignes concernant la violence interne. Ce qui tranche avec les autres publications, c’est qu’il n’ignore pas les blocages, il ne les méprise pas, il les comprend, il sait reconnaître la pertinence d’arguments contraires à ses inclinations au sujet par exemple de la baisse du niveau, des vertus du redoublement, des répercussions de la taille des classes…
Les fonctions de l’école sont bien la distribution, la transmission, l'éducation tout en ménageant la nécessité de l’égalité et celle du mérite : vastes programmes pour Sisyphe au ministère.
Des questionnements stimulants : « à qui appartient l’école ? », des observations éclairantes : « le déplacement des tensions du système vers les individus ». En annexe la reprise d’un de ses articles dans Libé, où il défendait le collège unique contre la proposition de J.L. Mélenchon qui souhaitait rétablir des filières professionnelles dès la classe de quatrième ... en 2001.
Le temps d’un livre, on pense voir un peu plus clair, et il suffit d’un coup de ciseaux sur une joue professorale, et d’une pique jargonnante « des tendanciels systémiques » pour que les bras vous tombent. J’ai du temps pour me pencher sur ces papiers là, et je n’ai plus de bras, d’où ma molle lecture. Mais quand on voit le déni des travaux les plus documentés consacrés par exemple au rythme des enfants, le lecteur amateur peut avoir la tentation de replonger dans un recueil de poésies pour une efficacité égale. Ceux qui ont à épauler les jeunes vers l’avenir peuvent-il porter leur regard par- dessus la circulaire du jour, sont-ils condamnés à la défensive symétrique d’une volonté de rabaisser le débat au niveau des couches-culottes ?
vendredi 13 février 2009
jeudi 12 février 2009
Saul Leiter
Dans la jolie collection noire, "photo poche" chez Acte Sud, à un prix abordable, des photographies des années 50/60 en milieu urbain. Des cadrages encore originaux aujourd’hui : des reflets, des encadrements de magasins pour des lignes fortes. La vérité d’un instant peut se trouver à hauteur de semelle et la vivacité d’un parapluie rouge gagner à se situer en bordure. L’américain a fréquenté les milieux de l’abstraction lyrique et le nom de Rothko est évoqué pour le situer avec ses couleurs évidentes. Je viens de découvrir Saul Leiter et je reconnaîtrai sa patte.
mercredi 11 février 2009
Hiérarchie. Faire classe # 20
Nous étions si heureux, au milieu de la rue en chantant :
« La hiérarchie, c’est comme les étagères, plus c’est haut, moins ça sert »
Parfois nous pouvons penser que nous avons gagné en familiarité avec les têtes d’affiche, à défaut d’égalité.
Sur la toile, tout un chacun accède à l’expression.
Clic ! Clic ! : Finky, Ségo, Titinne se font alpaguer mieux qu’au coin de la rue :
plus de maîtres-penseurs, plus de maître, plus de…
Nous sommes à tu et à toi, à tue-tête. C’est le forum en mon fauteuil, la démocratie.
Et si l’on soulevait le voile, la toile ?
Dans le milieu enseignant, il me semble que le conformisme gagne.
Tout n’est pas perdu : nous nous épargnons quelque fatigue avec les pompeux persuadés de leur vérité. Les particularismes maintenant s’assouvissent en sites, en réseaux, mais en dehors des cohortes sonorisées, il n’y a plus trop de voix dissonantes dans les assemblées.
De mon temps les inspections se raréfiaient, les inspecteurs s’éloignaient, dans une nuée de paperasses. Dans ce domaine de l’encadrement encore plus qu'ailleurs, je ne sais mesurer l’étendue des dégâts. Mes collègues toujours sur le terrain pensent me consoler: « tu es parti au bon moment ! »
Il m’était arrivé de déplorer un acquis syndical demandant aux inspecteurs d’avertir de leurs venues. Pourtant jadis, j’avais même milité pour leur retour aux champs. L’illusion d’une inspection précédée parfois de répétitions ne trompe pas un œil averti. De toutes façons, la note est péréquée : tout va bien. Paradoxalement cette visite annoncée sacralise l’inspection. Tout le monde tremble lors de cet événement exceptionnel. Sommes-nous si fragiles, peu sûrs de nous que des instructions officielles changeantes nous agréent à tous les coups.
Il n’y a pas si longtemps, les inspecteurs exerçaient leur autorité sans excès. Maintenant l’ordre règne.
Les protestations visent parfois un ministre lointain, mais il est rare que l’on rétorque à son inspecteur, que l’on s’oppose à un conseiller municipal.
Il y a bien aussi le retour sournois des maîtres- directeurs, faute de directeurs. Des adjoints s’étant défaussé de leurs responsabilités tandis que d’autres soignent leur plan de carrière : bénéfice réciproque. Le chef trônera plus près de chez vous.
« Si je viens m’immiscer ainsi au milieu des…
Non, la ligne est barrée.
Si je peux me permettre de m’adresser à vous…
Non plus. Pourquoi ce ton contrit ? Mieux vaut une formule plus directe et plus ferme :
Monsieur, je m’adresse à vous en ma qualité de directeur de l’Ecole Universelle, et au nom d’un grand nombre des hommes de cette région…
La formule est plus fière, mon aïeul la conserve. » A. Maalouf
« La hiérarchie, c’est comme les étagères, plus c’est haut, moins ça sert »
Parfois nous pouvons penser que nous avons gagné en familiarité avec les têtes d’affiche, à défaut d’égalité.
Sur la toile, tout un chacun accède à l’expression.
Clic ! Clic ! : Finky, Ségo, Titinne se font alpaguer mieux qu’au coin de la rue :
plus de maîtres-penseurs, plus de maître, plus de…
Nous sommes à tu et à toi, à tue-tête. C’est le forum en mon fauteuil, la démocratie.
Et si l’on soulevait le voile, la toile ?
Dans le milieu enseignant, il me semble que le conformisme gagne.
Tout n’est pas perdu : nous nous épargnons quelque fatigue avec les pompeux persuadés de leur vérité. Les particularismes maintenant s’assouvissent en sites, en réseaux, mais en dehors des cohortes sonorisées, il n’y a plus trop de voix dissonantes dans les assemblées.
De mon temps les inspections se raréfiaient, les inspecteurs s’éloignaient, dans une nuée de paperasses. Dans ce domaine de l’encadrement encore plus qu'ailleurs, je ne sais mesurer l’étendue des dégâts. Mes collègues toujours sur le terrain pensent me consoler: « tu es parti au bon moment ! »
Il m’était arrivé de déplorer un acquis syndical demandant aux inspecteurs d’avertir de leurs venues. Pourtant jadis, j’avais même milité pour leur retour aux champs. L’illusion d’une inspection précédée parfois de répétitions ne trompe pas un œil averti. De toutes façons, la note est péréquée : tout va bien. Paradoxalement cette visite annoncée sacralise l’inspection. Tout le monde tremble lors de cet événement exceptionnel. Sommes-nous si fragiles, peu sûrs de nous que des instructions officielles changeantes nous agréent à tous les coups.
Il n’y a pas si longtemps, les inspecteurs exerçaient leur autorité sans excès. Maintenant l’ordre règne.
Les protestations visent parfois un ministre lointain, mais il est rare que l’on rétorque à son inspecteur, que l’on s’oppose à un conseiller municipal.
Il y a bien aussi le retour sournois des maîtres- directeurs, faute de directeurs. Des adjoints s’étant défaussé de leurs responsabilités tandis que d’autres soignent leur plan de carrière : bénéfice réciproque. Le chef trônera plus près de chez vous.
« Si je viens m’immiscer ainsi au milieu des…
Non, la ligne est barrée.
Si je peux me permettre de m’adresser à vous…
Non plus. Pourquoi ce ton contrit ? Mieux vaut une formule plus directe et plus ferme :
Monsieur, je m’adresse à vous en ma qualité de directeur de l’Ecole Universelle, et au nom d’un grand nombre des hommes de cette région…
La formule est plus fière, mon aïeul la conserve. » A. Maalouf
mardi 10 février 2009
Expressions dauphinoises.
Concentrés de phrases inspirés du Petit dictionnaire des expressions dauphinoises de Christian Perrin Toinin 14€ aux éditions Arthéna, grand succès en librairie et en tabac journaux.
Pour les « magnauds » :
« Les bardelles se sont abadées.
Je suis fâché après mon belu de voisin et sa femme qui est un vrai cardon.
Je vais tacher moyen de retrouver ma cravate mais elle est à point d’endroit.
En patalant, le matru s’est pris un bon gadin. Il en a mais fait un rat pourtant ça l’empêchera pas de vionzer la prochaine fois.
C’n’est pas la peine de niouler, n’importe comment, si tu finis pas le gratin d’herbes et il va pas te reprocher, tu n’auras pas de salade de saramejou. »
Proverbe à propos des cheveux blancs :
« Peu importe qu’il y ait de la neige sur le toit pourvu qu’il y ait du feu dans la cheminée »
Pour les « magnauds » :
« Les bardelles se sont abadées.
Je suis fâché après mon belu de voisin et sa femme qui est un vrai cardon.
Je vais tacher moyen de retrouver ma cravate mais elle est à point d’endroit.
En patalant, le matru s’est pris un bon gadin. Il en a mais fait un rat pourtant ça l’empêchera pas de vionzer la prochaine fois.
C’n’est pas la peine de niouler, n’importe comment, si tu finis pas le gratin d’herbes et il va pas te reprocher, tu n’auras pas de salade de saramejou. »
Proverbe à propos des cheveux blancs :
« Peu importe qu’il y ait de la neige sur le toit pourvu qu’il y ait du feu dans la cheminée »
lundi 9 février 2009
Les trois singes
J’avais beaucoup aimé deux films précédents du réalisateur Ceylan : « Usak », « les climats ». Toutes les conditions étaient réunies pour présenter un film convaincant : des acteurs denses, le thème du pouvoir et du mensonge, une esthétique forte, mais la lenteur devient un système qui ne convient peut être pas à ce genre de film. Ce prix de la mise en scène à Cannes m’a laissé à distance.
dimanche 8 février 2009
Cabaret Chromatic
Joli spectacle original à voir en famille ou avec sa classe : on peut s’amuser à reconnaître 17 tableaux de Bosch à Kandinsky animés par des artistes circassiens, des danseurs, des musiciens plein d’allégresse. Deux personnages sortis d’une bande dessinée de Gottlieb, dont Newton, nous servent de guides. Leurs bavardages disparaissent bien vite sous les vives couleurs de tambours de flamme qui prolongent « la forge » de Le Nain ou sous la virtuosité de l'acrobate au mât chinois du "Radeau de la méduse". Une Marianne échappée du tableau de Delacroix apparaît si fragile sur son fil. Little Némo se retrouve dans le lit géant de Van Gogh et la célébration de la terre croise les images de Millet et la puissance d’une danse aux racines africaines : un spectacle inventif.
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