vendredi 2 juillet 2021

Le Postillon. N°61. Eté 2021.

Accro des journaux en papier, je ne manque pas de guetter chaque apparition du bimestriel satirique de la cuvette grenobloise 
Invariablement, je m’agace de leur prétention à faire la leçon à tout le monde et parfois de leur grossièreté qui amenuise une crédibilité pas forcément recherchée, comme avec l’illustration du récit d’un émouvant accident du travail. 
Ces militants de l’écrit ne feraient ils pas confiance en l’éloquence de leur clavier en surlignant leurs propos de crades gribouillis ?
Leur violence m’inquiète :  
«  …on apprendra qu’Emmanuel Macron sera testé positif au Covid 19, et on se mettra presque tous à espérer que le variant présidentiel soit l’un des plus sévères de la planète. » 
Leur irresponsabilité quant au port du masque ou à propos du Pass sanitaire m’attriste. 
Je suis imperméable à une poésie de pacotille qui leur fait souhaiter une submersion de l’autoroute par le Drac: la « déambulation » de l’eau plutôt que des flux humains.
La parole est donnée aussi bien à ceux qui se plaignent du bruit qu'à d’autres gênés par un mur anti- bruit : pourvu qu’ils soient contre !
Leur nostalgie des cabines téléphoniques qui court sur plusieurs numéros n’est pas que rigolote, plus ils sont moins nombreux, plus ils se sentent du bon côté!
Bien que peu ouverts à l’autocritique, quelques remarques concernant un article précédent sur le CHAI apportent des compléments utiles. Dans le même domaine, l’article à charge «  Les autistes entre de mauvaises mains » offrira peut être l’occasion, avec un certain sens du « teasing », d’entendre d’autres voix au prochain numéro.
J’apprécie cette fois la mise en évidence des dilemmes de ceux qui travaillent dans la technologie infrarouge destinée en particulier au guidage de missiles. Bien entendu cette « dissonance cognitive » est vue principalement à travers Emilie Chalas, une de leur cible récurrente, qui dénonce les exactions commises par la Turquie tout en sachant que l’entreprise high tech de Veurey ne fait pas qu’offrir à ses salariés un atelier jardinage pour déstresser. Le sujet est sérieux. 
Et d’autres contradictions, sont bien exposées dans le supplément consacré à la montagne qui rend plus convaincante leur opposition aux canons à neige car dans ce domaine la caricature s’oublie de temps en temps. A Gresse-en-Vercors, le débat sur les enneigeurs donne la parole à tous les protagonistes. 
J’aime leurs angles originaux quand ils font des tests comparatifs de différents lieux pour soulager sa vessie quand on est une femme, ou lorsqu’ils décrivent les usages de sites de rencontre à destination des amoureux de la montagne. 
La bonne idée de séparer les articles par des mots laissés dans les livres d’or de cabanes autour de Grenoble est gâchée par la mauvaise définition des photographies et leur goût de la transgression les amène à être indulgents avec un chercheur de cristaux  inquiété par la justice car il y allait quand même à la dynamite. Il est vrai qu’il s’agit du fils de Roger Canac figure intouchable de l’Oisans. 
Leur vigilance envers les communicants est toujours affutée : 
- vis à vis de ceux de la Métro pour leurs installations nécessitant des flash codes pour « marcher sur les pas des bergers de Chamechaude » dans le cadre d’un projet « art culture et transitions »  qui vise«  à faciliter l’accès du citoyen à la culture en tant que facteur d’intégration sociale et contribuer à renforcer le sentiment d’appartenance au territoire » 
- ou en relevant les propos de la directrice de la clinique mutualiste où E. Piolle a tourné un face book live : «  L’écologie et les naissances ne font qu’un, la sage-femme protège la terre-mère, fait de la santé environnementale, elle éduque les familles, elle leur explique ce qu’il faut manger »
A donneur de leçons, donneur de leçons et demie.

1 commentaire:

  1. Je me suis déjà bien exprimé ici sur ces sujets. L'époque est à la radicalisation. Tout le monde veut donner la leçon,avoir raison, de ce que je vois. Moi, aussi, je veux donner la leçon. Comment en est-on arrivé là, à tous, donneurs de leçons ?
    Je pense que c'est en partie à cause du credo moderne dans la valeur absolue, inconditionnelle des leçons, entendons, l'éducation. Au lieu de faire de l'éducation une valeur parmi d'autres, à employer avec modération, nous avons cru, comme nos pères de la révolution, et avant, même, que l'éducation était nécessaire ET SUFFISANTE pour transformer l'Homme en le rendant meilleur.
    Mais c'est faux, ça. Ça s'appelle mettre tous ses oeufs dans le même panier. Quand on met tous ses oeufs dans le même panier, il y a danger pour les oeufs, et pour le panier. C'est... une évidence, ça. Mais nous nous obstinons à vouloir fermer nos yeux à cette évidence, à ce que je vois.
    Pour la caricature... elle est glauque et lassante. Le symptôme d'une époque sans foi, et bientôt sans loi ? Force est de constater que nous testons les limites en ce moment, en allant... de plus en plus loin.
    Si je trouve que les propos sur Macron sont indignes, je trouve que la gestion du Covid est indigne aussi.
    Nous arrivons malheureusement dans cette configuration où il devient de plus en plus difficile de penser... par soi-même, tellement nous NOUS SOUMETTONS à la propagande, et tellement... nous ne voulons plus penser, fondamentalement. C'est trop difficile, trop dur de penser, et nous préférons baisser les bras et laisser d'autres penser pour nous.
    Au prix de... notre liberté.

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