vendredi 6 septembre 2019

Rentrée 19.

Le pessimisme ambiant va jusqu’à ternir les plus belles images d’enfants s’engageant sur le chemin de l’école. Les promesses qui y sont associées, vantées à chaque rentrée me semblent désormais éventées.
http://blog-de-guy.blogspot.com/2018/09/rentree.html
« Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.
Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l'école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
Où rampe la raison, l'honnêteté périt. »
Victor Hugo
Hugo parlait d’enseignement au XIX° siècle. Au XXI°, les micros se prosternent quand Greta Thunberg demande aux étudiants de faire grève alors que la terre redevient plate pour certains. L'insistance à propos de la planète en train de brûler peut participer d’un arasement  des bonnes volontés, des volontés, des espoirs.
Lorsqu’un enfant parait, les fées demandent: quelle sera son empreinte carbone ?
Et au temps de l’orientation, peu de doigts pourront se lever pour répondre à la question: qui voudrait devenir ingénieur ?
Nos conversations toujours recommencées ajouteront une catégorie professionnelle à la liste de ceux qui ne souhaitent pas travailler dans l’éducation, dans la santé, ni  devenir pompier ou hôtesse de l’air. Intermittent du spectacle ou prescripteur sur You Tube est bien plus désirable. Mais, à mes yeux, toute réponse en termes de rémunérations ne fait que participer à la crise de nos valeurs.
Le travail est déconsidéré. C’était aussi le lieu de la rencontre des autres.
La précarité naguère vécue comme un inconvénient devient quasiment un objectif de vie. Même si cette capacité d’adaptation des populations est encourageante tout comme la lucidité des plus jeunes, hors micro, quant à leurs futures retraites.
Lorsque le passé remâche la colonisation, et que le présent sombre dans la dérision, le futur peut-il être désirable ?
Quand prononcer le mot « homme » devient un objet de contestation, la dénomination « papa » ne sera-t-elle admise que lorsqu’un bébé exprimera une négativité de bon aloi : « pas pas » ? 
La figure de l’homme, du mâle, devient incertaine, mais les plus brutaux ne renonceront pas, malgré des campagnes mettant à jour des conduites inadmissibles. Lorsque l’on voit la multiplication des pancartes homophobes dans les stades depuis qu’elles sont prohibées, on peut douter de l’efficacité des intentions, les meilleures. Les féminicides n’ont pas diminué depuis que le mot est devenu courant.
La réunion d’un peuple ne dépasse guère le temps d’un après match, alors que la légitimité des élus est sans cesse remise en cause. Le « nous » devient impossible à conjuguer quand «  moi moi » prétend avoir raison, seul.
L’ère du soupçon se revêt de plus en plus de ténébreuses couleurs. Le rejet de toute autorité, surligné parfois en jaune fluo, mine la confiance à la base de notre assemblage républicain.
L’école considérée comme un guichet à consommateurs-électeurs a oublié son rôle de « matrice de la nation » comme disait Robert Redeker dans Marianne.
Et pourquoi pas, tant qu’on y est, « père de la nation » ? Les épigones des moustachus emblématiques de Djougachvili dit Staline ou les fils de Pétain, s’y verraient.
Les institutions ont résisté mais subissent tellement d’ébranlements violents tandis que sont sapées ses fondations que la tranquillité devient un luxe, une parenthèse ; ne serait ce pas depuis que le mot « instituteur » ( celui qui institue) est devenu obsolète ?
« Les institutions sont la garantie du gouvernement d'un peuple libre contre la corruption des mœurs, et la garantie du peuple et du citoyen contre la corruption du gouvernement. »
Saint-Just
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Image découpée dans "Le Point"


1 commentaire:

  1. Instituteur était un beau mot, je l'utilise toujours envers et contre tous. On rencontre parfois des instituteurs et -trices qui nous font reprendre espoir; Curieusement les valeurs de l'école républicaine se trouvent plus incarnées dans des collèges privés que dans des cours publics. Ma petite fille qui va à l'Aigle en sixième s'enthousiasme pour Homère. si seulement elle n'était pas la seule...

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