Les photographes mettent le réveil tôt ce matin
pour assister au retour des bateaux et la vente à la criée. Ils rentrent pour
déjeuner.
José nous accompagne à l’agence « Luz de la
luna » et nous présente Tito (après Staline, quel sera le prochain ?)
notre guide local pour la journée. Une famille française avec trois ados, deux
américains immenses, et un couple discret de hollandais complètent le groupe
ainsi que le pilote et un aide rondouillard et sympa.
Nous traversons la plage,
plus animée qu’à 7h avec des bateaux qui débarquent toujours leur pêche et les
camions frigorifiques qui attendent la cargaison. Les frégates guettent les moments d’inattention des hommes pour plonger dans les caisses et voler une nourriture toute prête.
On pèse, on coupe, on nettoie le poisson, les gros partent pour Guayaquil et Quito, les petits alimentent le marché local. Comme partout en Equateur, il n’y a pas de cris, de tension, pas de bruit. Nous gagnons la jetée, chaque agence possède un bateau à son nom qui dans l’ordre récupère ses passagers.
Après les consignes, déjà données par Hannibal hier
et traduites par José qui reste à terre, nous nous éloignons du bord, puis
plein gaz nous fonçons en tapant contre les vagues et en faisant jaillir des
gerbes d’écume.
Au bout d’un moment, nous apercevons nos premières
baleines à bosse au loin. Elles se signalent d’abord par un petit jet semblable
à une fumée puis laissent entrevoir une partie de leur dos fuselé et pour
terminer leur queue caractéristique sombre dessus et blanche dessous. Chacun
scrute la mer, car elles se montrent farouches et c’est toujours au loin
qu’elles crachent et bondissent de façon
plus spectaculaire.
Lorsque nous approchons de l’île, de grosses tortues d’un mètre montent vers la surface si on leur
lance des morceaux de pain. Nous mettons le pied dans un Pacifique à la température agréable pour atteindre la rive de sable noir. L'option de randonnée dite "de l’albatros" n’est pas praticable actuellement pour ne pas
gêner la reproduction des oiseaux. Nous suivons la première
partie du chemin entre des épineux qui verdissent lors de la saison des pluies, aujourd’hui couleur de terre, paraissant morts dans
leur nudité. Nous avons une série de marches en bois à gravir pour parvenir à
un point de vue protégé par une paillote où nous attend notre premier couple de
fous aux pattes bleues.Notre présence ne les effraie en aucune manière et ils se laissent approcher sans difficulté. Ces oiseaux doivent leur nom à leurs pattes palmées d’un bleu turquoise surprenant.
Tito nous apprend à reconnaître le mâle de la femelle : monsieur possède un œil avec une pupille plus petite et à une taille en dessous de celle de madame. Nous prenons le sentier le plus long mais pas très difficile, sur les crêtes, en plein soleil qui se montre maintenant généreux dans le ciel bleu que nous espérions. Nous croisons beaucoup de fous à pattes bleues, souvent en couple, toujours aussi peu sauvages.
D’autres couvent leurs œufs que nous apercevons directement sur le sol entourés de guano pour éloigner les insectes. Il y en a partout.
Plus loin, sur leur territoire, des frégates recherchent plutôt les arbres comme habitat. Les mâles se manifestent par une poche d’un rouge éclatant sous le bec qu’ils gonflent pour séduire leur belle. Leurs bébés ont un duvet de couleur blanche.
Nous assistons à une scène de ménage, dans laquelle la femelle braille à son mâle imperturbable son envie de manger. Elle finit par aller chercher sa nourriture à plusieurs reprises au fond du bec de son compagnon, bec dans bec. Tito nous fait découvrir le palo santo, arbre aux vertus médicinales que l’on brûle comme de l’encens pour éloigner les moustiques.
Il nous explique l’origine du nom de l‘île, « Isla de la plata » ou île d’argent : ce n’est pas à cause du pirate Francis Drake et des trésors mythiques qu’il y aurait cachés mais à cause du guano de couleur blanche qui recouvre la roche et la terre, qui sous l’effet de la lune, la nuit, brille comme le précieux métal.
Nous poursuivons le circuit et rejoignons les autres qui n’ont pas pu se baigner en attendant car ce n’est pas autorisé dans cette partie du parc national de Machalilla zone de Puerto lopez. Nous réembarquons pour manger deux sandwichs et des fruits à bord tandis que nous longeons l’île jusqu’à un point choisi pour le snorkeling, randonnée palmée.
Presque tout le monde se retrouve vite en maillot et en sautant ou grâce à l’échelle rentre dans l’eau. L’agence nous a fourni en tuba et masque pour mieux observer les fonds et les poissons. Nous évoluons dans un aquarium géant avec des poissons colorés, c’est magique. Malheureusement nous ne sommes pas tous à l’aise avec le masque : impression de s’asphyxier et pour moi l’impression de ne pas pouvoir rejoindre le bateau à la nage. Puis c’est le retour avec la chance d’approcher les baleines par groupe de 2 ou 3, plus nombreuses et visibles qu’à l’aller.
L’équipage s’adapte au mieux pour que nous en profitions mais ce n’est pas évident de saisir l’instant crucial où elles émergent et d’arriver à les viser avec le tangage engendré par leurs mouvements. Nos cœurs battent à l’unisson à chaque apparition et les mêmes cris s’échappent, de surprises et de satisfaction ; même l’équipage n’est pas blasé. Nous accostons dans la belle lumière d’une fin de journée ensoleillée et flânons jusqu’à l’hôtel où nous prenons une bonne douche. Nous ressortons vers 19h 30 pour un repas chez Carmita où nous avions retenu une table : poisson grillé, crevettes et poulpe à l’ail, bières. Nous suçotons une petite glace esquimau achetée à côté en guise de dessert sur le chemin du retour. Au lit !
Oui, c'est magique de frôler les baleines, n'est-ce pas ? Les naturalistes identifient les baleines à bosse d'après les marques qui apparaissent sur leurs queues. On peut dire que ceux qui fréquentent le coin "connaissent" les baleines individuellement.
RépondreSupprimerSi les gens ne crient pas, travaillent-ils rapidement quand même ? Ou suivent-ils leur rythme, plutôt lent ?