Il y a autant de
festivals que de festivaliers.
Voici au bout de 30 films, mes impressions, comme chaque année,
Alors que dans les files d’attente, nous parvenait l’écho de
scènes d’inceste et de cannibalisme, avec l’amie qui me fait le cadeau de
m’accueillir à cette période, nous nous étonnions de la tonalité humoristique
de cette cuvée, genre que nous recherchions parfois en vain, quand apocalypse et
drames étaient régulièrement au menu.
Ainsi sont plaisamment présentés :
« Last cab to
Darwin » traitant pourtant d’une mort annoncée,
« Victoria »,
de nos vies affolées,
« The dressmaker
(La couturière) », de vengeance avec
bien plus d’inventivité qu’un Tarentino.
Et encore nous
n’avions pas vu « Le voyage au Groenland », « voyage
au bout de l’inuit », où se rencontrent comédiens intermittents parisiens et
autochtones, ni « L’effet aquatique » dans le
sillage d’une maitresse nageuse, de Montreuil en Finlande.
Notre plaisir cette année n’a pas tenu à la révélation d’une
œuvre transcendante, mais en la découverte de nouveaux réalisateurs dont nous
n’avons pas encore mémorisé les noms.
Nous n’oublierons pas - tout au moins immédiatement - leurs
films aux approches délicates qui laissent de l’espace pour les
interprétations :
« L’économie du couple », équitable, ou le puissant « Voir du pays » avec des soldats de retour d’Afghanistan,
« Tour de France », réjouissant et consensuel, « Mercenaires » qui va bien au-delà d’une plongée au pays du rugby.
La fiction prend souvent des allures de documentaire et nous
révèle avec encore plus d’efficacité la réalité, même si les témoignages dans « Hissène Habré, une tragédie
Tchadienne » nous replongent dans les perpétuelles cruautés humaines
avec une association qui œuvre pour que tant d’horreurs ne se reproduisent pas,
comme on disait déjà en 18, en 45, après L 627…
« Another country » au sujet des
aborigènes, ne va pas très loin, alors que « Comme des lions » en terre
prolétaire du côté d’Aulnay, nous emmène en des lieux, loin des projecteurs
habituels, avec des ouvriers, des syndicalistes dignes, de belles personnalités .
Mon préféré, parce qu’un peu relégué au second rang par les commentateurs,
le chaleureux et dérangeant « Willy 1er », nous fait
pénétrer dans la France dite périphérique, en élevant un récit intime à
l’universalité par une compréhension venant à bout de la violence.
« Chouf », film policier bien construit, nous instruit sur la vie des quartiers Nord de Marseille, moins humides que ceux de Manille dans « Ma Rosa » mais tout aussi structurés par l’économie de
la drogue.
Si nous ne pouvons nous empêcher d’être catégoriques à
l’instar des critiques que nous critiquons, nos jugements peuvent évoluer
parfois.
J’ai découvert les richesses du roumain « Bacalauréat » après
discussion et pris des distances avec quelques souvenirs aux fragrances de
patchouli qui me masquaient la poésie de
pacotille de Jodorowsky, tellement imbu de
lui-même dans « Poésia sin
fin ».
Nous aimons saisir l’occasion de connaitre quelques films
des antipodes, rarement distribués par ici :
le sympathique « Alex
and Eve » parle d’une rencontre entre une libanaise et un grec à
Sydney,
« Looking for Grace » est
remarquablement monté,
et « Force of
destiny » au titre pourtant un peu ronflant, relate avec élégance, une
tragédie.
Les films israéliens nous deviennent familiers :
« Une semaine et
un jour » évoque les attitudes contrastées d’un couple pour survivre à
un deuil et « Derrière les montagnes et les collines »
montre, comme le film libanais « Tramontane », la folie des habitants de ces pays, sous des musiques séduisantes.
Le beau « Ixcanul », décrit au Guatemala, la quête d’un
ailleurs, aussi universel que le film d’animation franco-suisse « Ma vie de courgette » qui met en scène l’enfance, sans
mièvrerie ni stéréotype : des adultes réparent ce que d’autres adultes ont
déchiré.
Dans deux films sur trois, au moins une scène se déroule dans un hôpital.
Chiens, petits chats, cochons, serpents et singes jouent souvent un rôle, et les mères sont toujours aussi courageuses.
Dans deux films sur trois, au moins une scène se déroule dans un hôpital.
Chiens, petits chats, cochons, serpents et singes jouent souvent un rôle, et les mères sont toujours aussi courageuses.
Parmi les réalisateurs que je connaissais, Marco Bellochio
tient son rang dans le classique « Fai
bei sogni», par contre la déception vient des Dardenne dont « La fille inconnue » peut le
rester.
Et je ne courrai sans doute pas vers de nouvelles créations
de celui qui a réalisé « Tombé du
ciel » dont l’humour ne m’a pas fait sourire du tout, ni vers le
mystique soufi « Mimosas »,
un peu suffisant offrant pourtant un moment d’apaisement dans notre frénésie filmique qui risque de se
prolonger après le « Voyage à
travers le cinéma français » de Tavernier.
Ce premier aperçu de 3
heures annonce d’autres épisodes appétissants. Il rend hommage
aussi bien à Eddie Constantine qu’à Godard, Gabin et Truffaut, une façon d’apaiser
mes remords d’avoir été si intolérant du temps « vague » de ma
jeunesse.
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