samedi 2 mai 2015

L’absent. Patrick Rambaud.

J’avais beaucoup aimé « La Bataille », prix Goncourt en 1997, et me suis régalé avec le dernier de la trilogie impériale, quand Napoléon part à l’Ile d’Elbe, l’administre et revient pour 100 jours, avant Saint Hélène, la dernière, « île chiée par le diable ».
 Dans les voltes de l’histoire : les soldats passés sous les ordres de Louis XVIII :
« Si de petits marquis nommés officiers les obligeaient à crier : « vive le roi !», ils ajoutaient à voix basse « de Rome ».
Revenus en chantant La Marseillaise qui avait été interdite sous l’Empire, la fidélité de ces hommes est fascinante et nous rappelle à travers le temps, le besoin d’aventure, le goût du combat au cœur des mâles. Des notations raviront les amateurs d’histoire bien que le chroniqueur soit un personnage de fiction à la fois valet et policier, observateur privilégié de la personnalité de l’empereur devenu sous-préfet.
Nous ne sommes pas hors du temps avec cette agréable contribution au gai savoir telles les histoires de l’Oncle Paul dans Spirou qui nous ravissaient enfants.
Les foules sont toujours versatiles, l’infantilisme et le  goût pour la séduction des hommes au pouvoir toujours d’actualité, ainsi que leurs intuitions et leurs aveuglements.
La Provence était hostile à la République, ce qui explique le retour par les Alpes, mais je ne peux m’empêcher de constater que « la gueuse », comme les royalistes la nommaient, a encore des faiblesses dans ces terres.
Dans ses « notes pour les curieux » au bout des 340 pages, l’auteur des « Chroniques du règne de Nicolas 1er » cite Cicéron :
« Si nous sommes contraints, à chaque heure de regarder et d’écouter d’horribles évènements, un flux constant d’impressions affreuses privera même le plus délicat d’entre nous de tout respect pour l’humanité » On ne peut plus actuel.
Le montage est habile : les adieux de Fontainebleau ne constituent pas un moment de bravoure car seuls les officiers  massés devant l’empereur entendaient vraiment ses paroles, Octave le narrateur prend des notes et se dispense de rédiger certains épisodes. Par contre la sobriété, l’humour font ressortir les moments d’émotion : quand sur le bateau qui les ramène en France les hommes sachant écrire reproduisent les paroles destinées à la propagande:
« Soldats, venez vous ranger sous les drapeaux de votre chef. La victoire marchera au pas de charge ; l'Aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher jusqu'aux tours de Notre-Dame. Alors vous pourrez montrer avec honneur vos cicatrices. Alors vous pourrez vous vanter de ce que vous avez fait. Vous serez les libérateurs de la patrie. »

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