jeudi 9 février 2012

Musée d’art catalan. Collection romane.

Dans le parc de Monjuic à Barcelone ont été rassemblés des trésors de l’époque romane.
Leur présentation m’a rappelé que cette époque n’était pas qu’architecture mais aussi fresques.
Elles ont échappé à l’usure du temps et aux amateurs d’Outre Atlantique.
Sur les peintures qui n’ont pas subi de restaurations intempestives, les représentations de Dieu faisaient débat encore au XI° siècle. N’avait-on pas recommandé à Moïse ?
 « Ne représente pas ce qu'il y a là-haut dans le ciel, en bas sur la terre, ou dans l'eau sous la terre. Ne te mets pas à genoux devant ces dieux, ne les adore pas. » 
Les corps peints ne devaient pas s’enfler dans une épaisseur qui aurait fait offense à Dieu.
Plus tard, les vents de l’esprit animeront les personnages et Masaccio apportera des ombres.
La vierge au IV° siècle devient fédératrice avec sa maternité et par la codification des ses représentations, elle se différencie des idoles antiques.
Damien Capellazzi conférencier aux amis du musée de Grenoble pointe le pléonasme : « une abside orientée à l’Est » (orient/orienté).
Il nous fait prendre conscience du temps nécessaire pour que « l’image se lève » et reconnaître que tout est symbole : Saint Michel porte les forces de l’automne et la résurrection est située côté Ouest.
Le Christ est souvent entouré d’une mandorle, en forme d’amande, fruit du premier arbre à fleurir.
Le tétramorphe, animal en kit, rassemble l’aigle de Jean, le taureau de Luc, l’ange de Mathieu, le lion de Marc.
J’ai appris aussi que Saint Martin n’était pas radin, l’autre moitié de son manteau appartenait à l’Empire.
Saint Etienne est lapidé et ceux qui l’assaillent semblent jongler, les corps sont mis en mouvement.
Au-delà d’une marque laissée par les Lombards aux fenêtres des églises, la reconnaissance de leur civilisation au patrimoine mondial abolit la notion de barbare.
La virtuosité des artisans s’exprime aux pourtours des œuvres peintes sur les cuves absidiales, les couleurs primaires trouvent leurs complémentaires. Les figures humaines stylisées se juxtaposent avec les décorations apportées par des nomades passés par Bysance.
Les « brûlants » anges gardiens sont spectaculaires avec leurs yeux multiples et leurs plumes déployées.
Les mains expressives symbolisent l’action ; quand elles sont voilées, elles se montrent respectueuses comme les gendarmes quand ils mettent les gants blancs.
Les statues semblent avoir parfois leurs yeux fermés. Celles qui ont conservé leurs peintures ont une toute autre allure et les devants d’autel ont gardé aussi leur fraîcheur.
L’inscription SCS figure le chant d’un triple sanctus et m’évoque une bulle de bande dessinée.
En prenant le temps de zoomer, les symboles foisonnent : la belette et l’écureuil étaient recommandés pour les repas des femmes enceintes.
Et c’est encore ce soir que j’ai appris que le contraire de symbolique était diabolique.

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