
dimanche 28 février 2010
Le grenier

samedi 27 février 2010
Participatif passé.

- Mais alors ces délocalisations qui ont permis d’augmenter de 75% le revenu médian des roumains, c’est pas bien ça ?
- Merci Caterpillar de venir sur nos terres, mais pas beau Renault chez les turcs ?
Ballottés par le clapotis des médias, nous répétons en colonnes disciplinées quelques éditos abrégés. Et les politiques, ceux qui devraient organiser le débat s’en remettent à des cabinets privés pour envisager l’avenir à coup de plaquettes en couleurs concoctées par les communiquants. Où placer nos interventions citoyennes ?
Je me laisse volontiers fasciner par les power point des salariés de la prospective, quitte à finir durablement, les pieds dans le béton bien intentionné.
Quelques retraités maniaques compulsent les dossiers et s’expriment surtout s’ils sont contrariés. La complexité décourage les submergés du quotidien voués aux comprimés d’info qui les dispenseront de maux de tête.
En ce qui concerne les régionales, pour éviter de parler de Frèche ou Sankaré, ce qui émerge ce sont les propositions les plus gratuites possibles pour les transports parisiens et puis le cynisme assumé : « il ne faut pas parler de licenciements avant les élections ».
J’avais repris du mors aux dents en politique quand la démocratie participative monta sur la scène. Elle se dilua et j’en suis à me demander si ce n’est pas une procédure qui pourrait bien conforter les immobilismes, alors qu’elle devait exprimer « l’expertise citoyenne ». Elle fut un élément de langage pour quelques boute-en-train en mal d’idées nouvelles qu’ils ont abandonné bien vite au pied de leurs calculs, de leurs cumuls.
Quand la nécessité de densifier nos agglomérations se heurte aux murettes pavillonnaires, les propositions qui visent à limiter les déplacements, à permettre à la population la plus fragile de se loger mieux, se font discrètes. Et il faut un certain courage à Destot pour multiplier les logements à l’Esplanade, alors que chez nous, le long du tram, tout le monde se planque derrière quelques buttes en terre pour éviter de suggérer quelques habitations supplémentaires. Demandez l’avis aux enfants, ils répondront qu’ils préfèrent les arbres, les fleurs et les canards, leurs parents aussi. Quant au réchauffement de la planète, il y a des films pour ça et pour ceux qui sont en mal de logements, des municipalités communistes ou des tentes Quechua.
vendredi 26 février 2010
Mes étoiles noires.

Esope était un esclave nubien et Alexandre Pouchkine le poète, arrière petit fils du camerounais Abraham Petrovitch Hanibal, général en chef de l’armée impériale russe. Pour connaître un peu la « Suisse Africaine », j’ai apprécié de retrouver Mongo Betti dans ce choix de grandes figures où certaines étaient attendues, mais des surprises sont souvent au rendez-vous. Ainsi le premier homme au pôle nord: Henson compagnon de Peary. Des histoires collectives comme celle des tirailleurs sénégalais sont terribles, ou édifiantes comme la réussite du boycott des transports à Memphis après l’acte de refus de Rosa Park : « aux heures de pointe, les trottoirs étaient envahis par une foule de travailleurs et de personnel domestiques qui rentraient patiemment de leur lieu de travail, situé parfois à plus de quinze kilomètres de leur domicile. Ils savaient pourquoi ils marchaient, et cela se voyait à leur manière de se tenir… le boycott se prolongea 381 jours ».
Lettre de Rochambeau pour mater la révolte à Haïti, il envoie des troupes avec vingt-huit chiens bouledogues… « je ne dois pas vous laisser ignorer qu’il vous sera passé en compte aucune ration, ni dépense pour la nourriture de ces chiens. Vous devez leur donner des Nègres à manger. »
Le premier candidat noir à la présidentielle américaine, Frédéric Douglass, a appris à lire, en cachette, sur un chantier naval grâce aux charpentiers qui écrivent B pour bâbord, T pour tribord…
Un livre salutaire qui rappelle les injustices et amène les victimes à se redresser.
jeudi 25 février 2010
L’histoire mise à nu par ses artistes mêmes : David et d’autres…

Le maître des cérémonies de ces années fertiles, David, était prêt à boire la ciguë quand il a été emprisonné comme Socrate dont il a peint le sacrifice. Il reliait ici, une fois encore, l’art et l’histoire. Il en a réchappé, et c’est à partir essentiellement de ses œuvres que l’historien d’art, Gilles Genty a illustré son propos aux amis du musée. Depuis « le serment des Horaces » jusqu’à celui du jeu de paume. Les thèmes de l’antiquité et l’iconographie chrétienne réinvestis lors des riches heures de la naissance de la république. Exaltation des vertus et des martyrs. « Le vrai patriote doit saisir avec avidité tous les moyens d’éclairer ses concitoyens et de présenter sans cesse à leurs yeux ses traits sublimes d’héroïsme et de vertus » a dit l’auteur du « dernier souffle de Marat », et d’autres toiles sous l’empire. Marat avant d’aller provisoirement au Panthéon eut droit à douze stations où furent récitées des neuvaines républicaines.
Nicolas Ledoux, architecte des salines d’Arc et Senans, un des acteurs majeurs du néo classicisme, commença son œuvre sous Louis XV et rêva d’une cité d’équilibre, idéale, utopique après que 1789 eut ruiné ses commanditaires.
François Gérard, commença lui, sous l’aile de David et finit par peindre le sacre de Charles X.
mercredi 24 février 2010
J 24: Can Tho

Nous allons à vélo jusqu’au marché, le sable rend la conduite difficile, l’une de mes compagnes de voyage percute un jeune bananier et l’autre disparaît dans un fossé, sans mal.
Nous reprenons le bateau pour immédiatement monter dans l’auto qui nous attend. Les moyens de transport s’enchainent parfaitement en se trouvant au bon endroit au bon moment ! Merci Phénix Agency !
Quand nous arrivons à Caï Be un autre bateau à moteur nous attend et nous embarquons tout de suite. Nous nous arrêtons assez vite dans une fabrique de riz soufflé. Le riz est jeté dans du sable noir chauffé dans un grand wok, éclate comme du pop corn, tamisé, séparé de la balle qui servira de combustible, il est ensuite mélangé à un caramel parfumé au gingembre. Les ouvriers l’étalent ensuite au rouleau à pâtisserie en métal. Les femmes se consacrent à l’emballage. Nous dégustons ce riz et différentes confiseries arrosé de thé au jasmin tandis qu’une averse se déchaîne à l’extérieur. Elle finit juste quand nous remontons sur le bateau, encore une synchronisation parfaite. Nous circulons au milieu des bateaux à l’arrêt faisant commerce et nous nous dirigeons vers une maison de « style colonial » (et pas coloniale) la maison Ba Dué. Construite par un mandarin Pan Van Duc en 1938. Le style « occidental » de l’extérieur se retrouve dans la décoration murale art déco et les neuf médaillons peints représentant des paysages des neuf bras du Mékong. Le style Vietnamien concerne plutôt le mobilier en bois incrusté de nacre de la salle principale, et l’autel des ancêtres et à Bouddha. Le bateau nous conduit à une deuxième maison superbe aussi uniquement Vietnamienne : Tran Tuan Kiet. Elle ressemble en plus vaste à la première maison. Dans un coin une vieille se repose dans son hamac.

Nous roulons jusqu’à Sa Dec, la ville de Marguerite Duras. L’école bien entretenue où sa mère enseigna, est toujours en service. Nous apercevons de loin, la maison où logeaient les fonctionnaires au temps de français comme la famille Duras, dont on ne sait quelle partie elle occupait. Quant à la maison de l’amant, Thien nous apprend qu’elle ne se visite plus suite à des gestes insultants de la part de touristes qui consistaient à montrer du doigt le portrait de l’amant sur l’autel des ancêtres pour le comparer au visage de l’acteur du film.
Nous prenons le chemin de la ville la plus importante du delta du Mékong Can Tho (prononcer Can Theu) Il faut passer par un ferry car le pont n’est pas terminé, on l’aperçoit avec son centre encore béant. La pluie tombe par intermittence. La ville est moderne et ne représente pas de grand intérêt touristique. Les magasins ferment beaucoup plus tôt que partout ailleurs. Nous atteignons le Saigon Can Tho hôtel avant 18h, découvrons avec plaisir les grandes chambres qui nous sont destinées. Avec la clef on nous remet un ticket nous donnant droit à un sauna et à une boisson de bienvenue. Nous laissons le sauna et nous nous rendons au bar où pendant qu’on nous prépare un cocktail qu’on boira sur la terrasse, je conserve mon honneur de justesse en gagnant d’un point au baby foot. Nous ne cherchons pas de restau ce soir ; d’ailleurs la balance disponible dans la chambre indique deux kilos supplémentaires pour deux d’entre nous. Nous dinons de fruits et de gâteaux dans la chambre d’hôtel.

mardi 23 février 2010
Marie Treize

Si elle sait peindre dans les couleurs subtiles de l’aquarelle, son écriture emprunte à toutes les ressources des palettes de la mémoire. Du fantastique vient enchanter une réalité âpre qui recèle aussi bien des tendresses. Sous le sourire et les mots choisis qui pétillent, elle exprime la fidélité à ses origines, quand le four s’ouvrait pour offrir le pain essentiel chaud et parfumé. Elle nous fait voyager aussi de la Grèce - attendez une semaine pour un aperçu - au marais poitevin, en passant par l’Afrique orientale… Une documentation précise permet de tracer prestement des univers variés avec une nature très présente où les herbes révèlent leurs mystères et les oiseaux leurs rêves. Humour, sensualité, plaisirs de l’écriture. Et quand elle reçoit un certain monsieur Dieu, elle hésite à mettre une musique liturgique qui serait trop marquée. Aucune faute de goût.
lundi 22 février 2010
Mother

A Cannes, cette année les rapports parents-enfants étaient souvent traités, ici pour reprendre un terme à la mode également : un film tendu, qui traite avec finesse de la relation, mais le plan social n’est pas trop à l’arrière et le suspens est bien mené. Habile, beau, le sachant peut être un peu trop d’ailleurs, surprenant.
dimanche 21 février 2010
Turba

Parfois la musique, rare, monte mais s’interrompt très vite, ainsi quand s’installerait un rythme, il est cassé, alors que d’autres procédés sont étirés sans fin. « Turba » signifie tumulte, foule, et là des individus souvent penauds se déplacent seuls ou avec leur double. Leur seule performance est de synchroniser leur voix et leur seule rencontre est un morceau de musique à la fin. Des tas de costumes sont amenés en vrac sur le devant de la scène occupé par de grandes tables. Le budget perruque est sûrement important, mais on se barbe. Heureusement que les textes sont en latin, italien, allemand, espagnol…lorsqu’ils étaient en français : je ne les ai pas compris, tant tout est haché, en suspens. J’essaye et j’apprécie souvent les expérimentations, les surprises mais cette fois le seul avantage que j’ai retiré de cette heure et dix minutes, c’est un désir de voir de la danse, une autre fois, et avec d’autres chorégraphes. Et aussi l’occasion de lire tranquillement Lucrèce sur le livret d’accompagnement :
« Les bienfaits de la vie tu les as tous connus, et tu es décrépit. Mais comme à chaque instant tu brûles du désir pour ce qui n’est pas là, et que tu as mépris de ce qui est présent, eh bien ! pour toi la vie a passé incomplète et sans donner de joie, et la mort tout à coup sans que tu t’y attendes, est là, à ton chevet, avant que tu aies pu, rassasié repus, prendre congé des choses.
-Tant pis! L’heure est venue d’abandonner tout ça qui n’est plus de ton âge! allons, laisse la place à d’autres, maintenant, et serein : il le faut. »
Il n’y avait pas besoin de hallebarde en carton pour aller là.
samedi 20 février 2010
Parachutes dorés

Une formatrice du Pôle emploi explique aux candidats que
« - Les employeurs exigent des compétences.
Puis elle demande :
- Qu’est ce que c’est des compétences?
Elle attend un peu, finit par répondre elle même :
- Un ensemble de savoirs, de savoir être, de savoir faire.
Ma voisine se penche vers moi :
- J’ai bien fait de rien dire. »
Un chômeur au stage CV de Pôle Emploi :
« La crise, la crise, on entend répéter ça depuis tellement longtemps. Les usines ont déjà fermé. Ils pourraient au moins faire l’effort d’inventer un nouveau mot. »
Victoria s’adresse à Fanfan :
- Comme tu as maigri ! ça te va drôlement bien.
Fanfan émet un rire coquet :
- Je sais, c’est grâce à mon cancer »
Laetitia :
« On est bien obligé d’avoir une télé chez soi. Sinon qu’est ce qu’on ferait quand on a des invités »
Mélissa :
« Plus on nous fait travailler, plus on se sent de la merde. Plus on se sent de la merde, plus on se laisse écraser »
Allocation surprise.
- 150€, ça fait un paquet de pognon qui tombe du ciel.
- Oui, c’est notre parachute doré. Nous aussi on y a droit »
En réponse à Elisabeth Badinter qui a fait pas mal causer ces jours, trois femmes dans Libé :
« Faire de la maternité le cœur de l’identité féminine est tout aussi stérile que de gommer l’impact que les enfants ont sur nos vies, qu’on soit une femme ou un homme »
vendredi 19 février 2010
Cités à comparaître

jeudi 18 février 2010
"Ready made"

Nous avons commencé par une présentation dans une salle renaissance où les tableaux en majesté nous surplombent dans leurs draperies, au service de la religion qui alors édictait les valeurs. Et puis la procession des muséo croyants se déplaça vers des propositions de contemporains qui utilisent aussi des objets produits en série pour nous interpeler. L’étudiant en horticulture Lavier greffe un distributeur de papier sur un socle de tiroirs de meuble administratif et le chimiste Tony Cragg compose une corne d’abondance avec les déchets industriels comme autant d’atomes qui nous constituent. L’art contemporain recèle bien sûr des conformismes, il évoluera, et si nos yeux, eux, ne vont pas vers une plus grande acuité, nous pouvons continuer à nous étonner, à nous interroger, à nous énerver, à nous enflammer.
mercredi 17 février 2010
J 23: Le Mékong Ben Tre


Nous atteignons My Tho vers 12h 30. Là nous nous séparons du chauffeur et de nos gros bagages et embarquons sur un petit bateau à moteur rien que pour nous avec ses bancs fraichement repeints de bleu, sous un toit protecteur contre le soleil ou la pluie. Comme chaque embarcation, il possède ses deux yeux à l’avant. Nous flottons sur l’immense Mékong. A l’heure du repas, nous accostons dans un restaurant sympathique sous les palmes où sans trainer le repas standard défile. Une serveuse nous prépare des rouleaux avec une petite feuille de pâte qu’elle trempe dans l’eau avant de la garnir avec une carpe appelée « oreille d’éléphant » dont les écailles sont frites et craquantes. Elle nous apporte ensuite des crevettes qu’elle décortique pour nous, des nems frits, du riz cantonnais et une galette avec du thé.
Le petit bateau nous conduit ensuite vers une fabrique de bonbons à la noix de coco. Le travail est artisanal, la noix de coco est râpée, puis le jus est extrait de la pulpe. Un jeune garçon touille ce jus avec du sucre tout en lisant une B.D. ; les filles emballent les bonbons moulés entre des rails, dans une feuille de riz et de papier. Nous reprenons notre circuit et nous engouffrons dans un arroyo (canal naturel) au milieu des palmiers d’eau et de la mangrove ; l’ambiance est magique, l’aventure confortable !

Nous passons dans une petite barque à une seule rame maniée par une dame dans un petit arroyo qui débouche sur le Mékong. Là nous embarquons à nouveau sur le bateau à moteur et nous remontons le Mékong pendant plus d’une heure sous un ciel ensoleillé et la brise fluviale, en direction de notre résidence chez l’habitant à Ben Tre. Le logement est sommaire mais charmant.

Repas servi à 19h 30 sous une paillote par une serveuse hilare, puis petit concert : chanteuse, guitariste qui appuie aussi sur une castagnette au pied et un joueur de mandoline

mardi 16 février 2010
La vie de ma mère

« Ma reum, elle a vachement dérouillé ; le gérant, l’enculé de sa mère de chinois, il lui a dit qu’il faudrait rembourser, sinon il allait direct aux keufs ! »
Aujourd’hui, il me semble bien improbable qu’une Clarisse croise seulement un Kévin de la SES aux progrès si étonnants que sa prof puisse dire : « c’est à croire que personne ne s’était jamais intéressé à lui » et qu’invité à un goûter chez les bourges, à l’écoute des violons il se dise « leur zicmu, c’était pas pareil que Stomy Bugsy ou NTM, d’abord y avait pas d’ paroles ; juste la zicmu, mais c’était top classe ! »
lundi 15 février 2010
L’autre Dumas.

dimanche 14 février 2010
Lettres à un ami allemand

Si le thème de la paix semble aller de soi en 2010, celui de l’engagement, des moyens employés pour atteindre un idéal, les thèmes de l’absurde et de la révolte, sont d’aujourd’hui. L’entreprise n’était pas facile de rendre une pensée dans la vibration de ses incertitudes, mais tout à fait réussie quand naît l’émotion dans le récit de l’évasion avortée d’un jeune de seize ans emporté vers la mort. La passion, la hauteur de vue arrivent depuis le cœur de la résistance. L’amour de son pays ne se dissocie pas de la recherche de la justice : cette actualité au pays d’Eric Besson a concerné le public invité à discuter après la représentation.
Ce théâtre en appartement est un dispositif sympathique, vous pouvez joindre la troupe « les aériens du spectacle » http://lesaeriens.free.fr/index.html
samedi 13 février 2010
Conformes

Avec une unanimité confondante, les émetteurs médiatiques se tournent, se retournent du même côté. De plus en plus souvent c’est l’agenda présidentiel qui formate les informations, jusqu’à l’usure qui point. Arlette Chabot, du servile public, regrettait l’autre soir que les électeurs ne connaissent pas les noms des présidents de région, et que le débat porte sur le foulard du NPA ou la dernière de Frêche, comme si elle n’était pour rien dans cette approche unique, polarisée sur la présidentielle.
Les journalistes souvent cumulards en signatures savent bien sûr qu’il n’est pas possible de parler de tout, tout le temps, mais chaque jour nous offre l’occasion d’être fasciné par le synchronisme des infos. Pourtant Le Tibet est là toute l’année et les SDF, mais ils n’en parleront qu’ensemble.
France 2 ne parlera de la banlieue que si « Le Monde » en cause, et le reportage sur la banquise sera à l’antenne quand Borloo dira; il paraît que c’est « Le Parisien » qui donne désormais le « la ».
Comme sur Internet, que les médias papier regardent quand même de haut tout en y piochant, il est difficile de ne pas être submergé par la multitude des articles copiés/collés.
Les phénomènes panurgiques récents se sont multipliés autour de la promotion de BHL, pour le moquer, de concert, par la suite. Quant à son livre ?
Fotorino et Joffrin demandaient à la gauche de s’emparer de la discussion sur l’identité française, mais le vent a tourné. Peillon fut léché, maintenant lâché ; Frèche n’a pas attendu Fabius pour être lynché, alors Julien Dray est venu faire la morale.
Que c’est long d’attendre « XXI », trois mois, et c’est pour ça aussi que c’est bon
vendredi 12 février 2010
"XXI" de cet hiver

Arriver encore à étonner au numéro 9, c’est bon.
jeudi 11 février 2010
Sculptures de l'ACDA
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Je me suis fait reprendre par une des fidèles adhérentes de l’association, où je dessine aussi par ailleurs, quand j’ai dit « modelage ». C’est que j’ai dans la tête les schémas qui associent la sculpture à la massette et au burin mais aussi la perception d’un dynamisme qui émane de beaucoup de réalisations. Le travail de la main apparaît dans toute sa noblesse. Il s’agit bien de volumes d’une certaine ampleur, essentiellement de terres cuites de différentes façons, couvertes et travaillées par des enduits variés bien mis en lumière. Mais surtout c’est la diversité des talents, des inspirations, boostées par maître Blanc Brudes qui est remarquable : du buste classique, aux poupées engrillagées, en passant par des formes épurées ou des matières brutes. La hiérarchie entre amateur et professionnel est bousculée avec certaines productions.
mercredi 10 février 2010
J 22. Saigon.

Et nous nous enfonçons dans la forêt sur un petit chemin de terre. Dans une grande maison, sans murs, couverte de feuilles de palmiers nous visionnons un film en noir et blanc sur la guerre, forcément teinté de propagande. Un jeune guide en uniforme nous fait découvrir ensuite le monde souterrain des maquisards qui avaient creusé plus de 200 km de tunnels. Nous empruntons le premier courbés en deux. Dans les galeries souterraines : hôpital, cuisine, salle de réunion, puits, salles de convalescence, salles de confection d’armes et de pièges avec ou sans mannequins pour reconstituer l’ambiance. Au deuxième niveau sous terre, j’adopte la position à quatre pattes et avance la lanière de l’appareil photo entre les dents, devancé par une chauve souris. Nous n’essayerons pas le troisième niveau. Les boyaux d’accès ont été agrandis pour les touristes. Il vaut mieux ne pas s’égarer car on risque de tomber dans un piège de bambous effilés autrefois pratiqués pour les bêtes féroces. Les marines avaient renoncé à y faire pénétrer leurs chiens déjà déroutés par l’odeur d’uniformes US dérobés dans les campements ou par le poivre disposé dans ces labyrinthes. Le garde nous fait la démonstration de l’efficacité des camouflages des trappes d’accès, pénètre dans l’étroit passage, dispose les feuilles et disparaît pour réapparaître 30 m plus loin.
Dans les cuisines, un ingénieux système permet l’évacuation discrète de la fumée, invisible depuis les avions américains. Nous nous rafraîchissons à un tuyau de bambou percé, nous nous attablons, trempons le manioc dans du sel mêlé à des cacahuètes et buvons le thé.
Nous ressortons en retraversant la forêt, reconstituée depuis les ravages dus aux défoliants, admiratifs de l’ingéniosité, du travail et de la résistance de ces paysans de la région de Cu Chin.
Nous retrouvons notre chauffeur reposé qui nous conduit jusqu’à Tay Ninh au temple Kao Daï. Le caodaïsme est un culte syncrétique (confucianisme, taoïsme, bouddhisme, christianisme, islam, culte des Ancêtres).

Nous déjeunons sur la route d’un « riz et quelque chose » pour le prix dérisoire de 34 000 D (moins de 2€ pour trois), notre record au niveau prix. Puis nous regagnons Saigon avec sieste dans la voiture... sauf pour le chauffeur. Nous consacrons notre temps à visiter le musée des "Vestiges de la guerre" fréquenté par des visiteurs essentiellement français et américains. La cour est occupée par un avion de chasse, un hélicoptère, des tanks de l'US Army. L’intérieur propose des photos, photos de guerre, de massacre, de tortures, de malformations suite à l’agent orange, du temps des français et du temps des américains ; hommage aussi aux photographes de guerre.Il y a aussi quelques armes, fusils, et des sculptures en métal provenant des bombes. Nous n’avons pas le temps de parcourir toutes les salles, les gardiens nous poussent vers la sortie à 17h.
La guerre d’Indochine a fait plus de morts Français (60 000 dont un tiers de métropolitains, le Routard parle de 92 000) que la guerre du Viet Nam chez les américains (57 000), quatre millions de vietnamiens ont été tués ou blessés.
Nous allons vers le centre ville où nous assistons à un accident entre deux motos ; l’un tombe et se relève aussitôt pour éviter le flot qui déferle derrière lui, la femme de la deuxième moto perd le contrôle du véhicule monte sur le trottoir, tombe, tandis que l’engin aboutit dans le mur. Aucun blessé !
Nous poursuivons prudemment notre chemin jusqu’à la poste centrale conçue par Eiffel ; très bien restaurée, proprette, elle a conservé beaucoup de charme tout en étant fonctionnelle, les cabines en bois sont conservées, des boutiques de souvenirs occupent le centre et les côtés de l’entrée sans dénaturer l’ensemble.
Le ciel bleu recule devant les nuages ardoise et noirs, menaçants. Nous cherchons rapidement abri chez le glacier Fanny. Nous sommes moins enthousiastes que la première fois.
Nous rentrons lentement à l’hôtel et croisons à nouveau un couple de mariés en pleine séance de photos artistiques devant la poste.
Au restau tout près de chez nous, à l’étage servi par une serveuse en mini minijupe, nous nous calons avec des rouleaux en grande quantité et des noodles sautés mixed conséquents. Dans l’hôtel nous montons jusqu’au septième juste pour jeter un coup d’œil car il y a un mariage, annoncé avec photos à l’entrée de l’établissement. Sono à fond et beaucoup de monde.

mardi 9 février 2010
La foire aux cochons

Petit Luc, le dessinateur de BD, connu pour ses rats facétieux nous amuse en trois albums avec des vaches et des cochons. L’idée de faire se réincarner en porcs, les plus grandes fripouilles de l’histoire est excellente, surtout quand notre héros national, Victor Hugo se demande pourquoi il a comme compagnons de porcherie Napoléon, Landru et autre Hitler.
Les dialogues sont savoureux quand chacun tout en essayant de modifier sa nature retombe dans ses travers ou les assume. Riche idée, mais cependant un peu étirée. Les dialogues deviennent envahissants quand débouchent trop de personnages, des Nicolas II et Staline après Lénine, Bonnot et Isadora Duncan… Trop de lard pour l’art.
lundi 8 février 2010
La tisseuse

« ll n'y a point de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin » Lao Tseu
dimanche 7 février 2010
Terre océane

« …toute la pièce est un hymne à la magie de la vie… » L’ambition est élevée. La réponse au bout de une heure cinquante est évidente : un des sommets de la saison théâtrale.
La découverte de l’auteur Daniel Danis est jubilatoire : ce contemporain parsème de pépites de mots québécois une écriture magnifique, poétique et forte.
Deux hommes, l’un des villes et l’autre des bois accompagnent un enfant dans les derniers mois de sa vie : tout pour un mélo bien charnu. Au contraire tout est subtilité et intensité avec des moments d’émotions, de sourire, de vie, d’appétit renouvelé. Il est question des images, de l’ivresse, de la mort regardée en face, de la paternité, dans une belle mise en scène sans forfanterie de Véronique Bellegarde. Des acteurs superbes nous emmènent au-delà de nos histoires personnelles vers les questions essentielles, l’un avec la dégaine du sacré père Noël de Briggs et la femme jouant un enfant avec des airs de Little Némo.
samedi 6 février 2010
Le travail : épanouissement ou aliénation ?

Le chômage croit encore, la souffrance au travail tue.
Chercher du bois, de l’eau occupe tout le temps d’une part essentielle de l’humanité,
et la misère est la cause principale de la mortalité sur la planète.
Alors retrouver le sens des mots, rappeler que le vocabulaire qui structure la pensée est au cœur de l’intérêt de ce type de discussions et quand ce sont des praticiens tels que le directeur général de Danone Emmanuel Faber et le président d’ATD-Quart monde Pierre Saglio qui font part de leur expérience, nous échappons aux bavardages académiques : activité, employabilité, « demandeur d’emploi », « marché de l’emploi », « ce travail ne conduit pas à l’emploi » « la priorité accordée à l’emploi ne conduit pas à sacrifier le travail ? »…
Il est loin le temps de l’expression : « perdre sa vie à la gagner » quand un homme qui n’a cessé de travailler dans la précarité dit : « quand on trouve du travail, on devient plus homme… »
La culture de l’ « avoir » braquée sur la rémunération, rend plus problématique la croissance de l’ « être » quand se distingue le temps « libre » de celui du travail.
« Il y a du pain sur la planche ».
J’entends ces débats, je lis des articles, mais intimement j’ai des difficultés à concevoir un rapport problématique au travail : mon grand père, maréchal ferrant, était fier de son travail et mon père a vécu, paysan, sans déchirement, moi l’instit j’ai aimé ces heures, déraisonnablement. Et toi, fiston, qui finis à point d’heure ?
vendredi 5 février 2010
Médium

« Le déclenchement de l’exaltation hyperreligieuse nécessite l’action conjuguée de deux besoins innés : le besoin d’attachement et le besoin de la cause première… »
« rien n’envoûte autant l’homme que de courir après le fantôme d’un point d’origine »
J’ai laissé de côté les pages concernant le Québec, par contre l’information scientifique claire sur l’ADN permet de mettre à jour notre idée de l’homme, de notre liberté. Et le rappel de l’origine du mot « think tank » expression militaire (un bunker où préparer les plans de bataille à l’abri) avec « ses traductions équivoques : une boite à penser ou bien un réservoir où puiser des idées » nous éclaire. Comme l’interrogation concernant l’inversion des valeurs entre la fiction et la biographie, de même que la visite guidée des dispositifs que le clic met en branle : « rien ne consomme davantage de temps, de moyens matériels, logiciels et organisationnels que la fabrication de l’immédiateté apparente. »
jeudi 4 février 2010
Couleur sépia

mercredi 3 février 2010
J 21. Saigon.

Nous faisons un arrêt vers un village Coho Lang Ga rendu particulier par la présence d’un immense coq en béton érigé par des missionnaires. Nous déambulons dans les champs où des paysans trient méticuleusement des échalotes avant de les placer dans un grand sac plastique. Depuis notre véhicule nous constatons que les cultures maraichères cèdent la place aux plantations de thé, café puis d’hévéas. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de déguster gratuitement au choix thé ou café dans un complexe commercial proposant ces produits. Nous continuons la descente et la pluie s’abat violemment sur la belle route où dégringolent des coulées de terre rouge et de cailloux, avec de nombreux cars et scooters qui slaloment pour éviter les trous et les pierres.
Au bord de la chaussée, des hamacs, des chaises longues alignés à l’abri attendent des conducteurs fatigués. Un nombre important d’églises et de saintes vierges surplombant des maisons nous intrigue : ce sont des paroisses entières des minorités du Nord qui ont été déplacées avec l’église de leur village.
Avant l’arrivée à Saigon sur la route n° 1 dès Bien Hoa, la circulation s’intensifie progressivement jusqu’à l’embouteillage qui devient grandiose avec une nouvelle averse abondante et drue. « C’est une tranche ! C’est le bazar!" mais pas de casse ni trop de klaxon. Tous les véhicules se frôlent, déboitent et changent de file sans la moindre hésitation. Sur les bas côtés des vendeurs proposent des imperméables aux motocyclistes qui se faufilent entre les voitures, les camions en grand nombre, quand ce n'est pas possible, sortent carrément de la route à droite. Et puis d’un seul coup, sitôt passé un camion à l’arrêt, la circulation se fluidifie pour l’entrée à Saigon.

Nous prenons possession, de notre suite à deux chambres. Nous commençons notre tour en ville avec nos imperméables et parapluie en abandonnant nos pulls, direction le marché couvert. On peut juger une nouvelle fois du sens du commerce et de l’habileté des petites vendeuses à l’affut de nos moindres envies. Nous ressortons après avoir craqué pour deux papillons et deux libellules si légers que les paris sont pris sur leur état au retour… ils seront intacts. Dehors la pluie s’est éloignée. Nous voyons alors un cortège discipliné de toiles de tentes sur roulettes tirées par des hommes se précipiter pour installer un nouveau marché nocturne à l’extérieur.
Nous partons plans en main, cette fois sans protection du tout contre la pluie, à la recherche des curiosités de Saigon : les hôtels grand luxe, Rex, Continental, Caravelle, le théâtre, la rue Nguyen Hué. Nous sommes surpris par l’aspect luxueux de la ville, nous avons l’impression d’avoir changé de pays. On peut marcher sur les trottoirs sans buter contre une moto, les avenues larges peuvent se traverser sans trop de risque grâce à des passages piétons et des feux à peu près respectés. Les magasins de luxe, les immeubles neufs à plusieurs étages, les éclairages et une présence policière importante nous plongent dans un autre univers. Des forêts primaires au Vuitton d’ HCMC.
Nous regretterons plus tard de ne pas avoir cédé à un fabricant habile de sauterelles à partir de tiges et feuilles de bambous, nous ne le retrouverons pas.
Nous mangeons fort bien dans une chaîne vietnamienne « Pho 24 » et rentrons nous coucher dans la douceur du soir qui n’a rien à voir avec la nuit moite de Hanoi.
Les amoureux prennent le frais aux abords du parc, avec ou sans moto, tendrement ou plus pudiquement.

mardi 2 février 2010
Lucien père et fils

A l’issue d’une visite chez les grands parents où Lucien a du user de toute sa persuasion pour trainer ses enfants, le grand père dit :
« Ces réunions de famille m’épuisent.
- Oui je sais, c’est pénible, mais que veux-tu ça leur fait tellement plaisir »
répond la grand-mère.
Ces malentendus nous sauvent parfois.
Le parfum qui se dégage de ces pages est très années 60, et même s’il est question de la grippe A, celle ci se soigne à l’apéro et nécessite un rappel. La ligne a beau demeurer claire, la nostalgie domine, elle nous repose des vacheries du temps. Lucien garde une naïveté qui lui fait échapper bien des écueils. Mais il se retrouve bien souvent seul comme lorsqu’il va acheter quatre repas au Mac Do comme plus petit dénominateur commun à un repas dominical chacun dans sa chambre.
lundi 1 février 2010
Cinéduc : « Bonjour le bonheur ! »

Au moment de se « faire une toile » même le lecteur de Télérama qui préfère les films qui se terminent mal, a pu se dire, transgressif : « et si on choisissait un film qui ne vous mette pas le moral dans les chaussettes ? » Pas facile de trouver.
L’équipe de Cinéduc a mis deux ans pour dégoter bien des perles en supplément d’ « Alexandre le bienheureux » qui allait paresseusement de soi pour illustrer la thématique 2010 « Bonjour le bonheur ! »
Voici deux avis sur des films qui figurent au programme que j’avais eu la chance de voir à Cannes :
Moscow Belgium de Christophe Van Rompaey
Film bon qui apporte un plaisir sans mélange ; la langue flamande est savoureuse, les acteurs subtils, transfigurés, passant de l’accablement de vies compliquées à la grâce de l’amour. Le réalisateur aime ses personnages et nous aussi.
Les toilettes du pape de Cesar Fernandez Enrique Charlone
Quand un scénario original trempe dans le social le plus humble en évoquant l’amitié, la drôlerie, l’absurde, l’arbitraire, l’oppression : le résultat est réjouissant. Notre connaissance du monde et notre empathie en sortent fortifiés.
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