mercredi 12 novembre 2014

Iran 2014 # J 6. Les montagnes de Zagros.

Départ en minibus vers 9h pour un périple d’environ 3h. Nous sommes déviés plusieurs fois par des barrages de police installés en ville en prévision de la manifestation officielle pour soutenir les palestiniens contre Israël. Nous tournons pour trouver un magasin ouvert et prévoir le ravitaillement des bivouacs pour les deux jours à venir.
Nous prenons la route dans un paysage encore relativement verdoyant sur une route goudronnée à 4 voies, puis bifurquons pour une piste pierreuse qui grimpe dans la montagne où subsistent quelques névés sur les crêtes. Nous croisons un premier campement estival de nomades bakhtiaris près d’une rivière que nous passons à gué. 
Les chèvres et les moutons cherchent l’ombre sous les rochers. Le minibus poursuit cahin-caha ses montées et descentes jusqu’à une cabane sommaire en pierre à l’arrivée d’un petit torrent près d’un généreux saule à côté duquel notre chauffeur Ali se gare. Nous sommes à 3000 m. Nous nous dégourdissons les jambes en remontant le ruisseau au milieu de chardons et des épineux, moins à l’aise que les chèvres.
Au bord du chemin plus large et praticable, une femme qui finit de rhabiller son fils après le bain, nous salue. Nous nous rapprochons, son mari revêt son manteau blanc et noir de berger sur sa chemise et son large pantalon noirs, il est coiffé d’une petite toque en feutre et porte une épaisse moustache. Il nous propose du yaourt que nous sommes obligés de refuser poliment si l’on veut éviter des catastrophes. Le repas nous attend de toute façon sous le saule sur le grand tapis où Ali a profité de notre absence pour fumer son narguilé. Hossein le fils de notre chauffeur et Haleh s’activent pour préparer les pâtes accommodées de purée d’aubergine et de thon. Une salade de tomates concombres et fromage melon et café complètent le repas avant la sieste.
Malheureusement c’est le moment choisi par le coq pour chanter et Ali en voulant le chasser à coup de pierre, loupe sa cible et atteint Dany à l’épaule : confusion ! La sieste est de courte durée, c’est l’heure d’une leçon de français à Hossein qui a sorti son livre d’étude. Le grand père de la maison vient papoter et pose avec son fusil pour la photo. Il porte aussi l’épaisse moustache, la toque noire. Il tient à la main sa petite fille aux yeux extraordinaires d’un bleu opaque jamais vu. Haleh l’interviewe, il raconte la vie nomade, la transhumance vers l’ouest tous les 5 ou 6 mois en camion pour les petits troupeaux ou à pieds avec les plus jeunes de la famille, soit une journée en camion, un mois à pieds.
Hossein nous guide ensuite lors d’une balade qui démarre de l’autre côté de la route par une descente glissante et poussiéreuse jusqu’à une gorge où serpente une rivière verte. Les herbes ondulent et affleurent l’eau. Nous longeons les rives jusqu’à une gorge où se croisent différents cours d’eau puis nous grimpons au dessus des falaises où nous dominons un panorama magnifique sur les montagnes, les campements, les troupeaux environnants.
De retour à notre campement notre premier souci est de remplir les bouteilles plastique au tuyau d’arrosage qui alimente le bassin à lessive de la maison et de les purifier avec du micropur. Puis nous montons les trois tentes autour du saule. Pendant que Haleh et Chantal grillent des aubergines au feu de bois, nous cheminons sur la piste caillouteuse en quête d’images pastorales.
Un campement de toile surplombe la piste, les femmes et des fillettes filent la laine qui servira à la confection des tapis à côté de moutons qui tintinnabulent. Ils sont multicolores avec des têtes pas possibles, tout droit sortis d’un album de F’Murr, le génie des alpages. Nous prenons notre repas sur le sol sous une ampoule électrique à basse consommation, alimentée par un discret groupe électrogène.
Ce soir nous nous couchons sous les tentes, comme les poules.
D’après les notes de voyage de Michèle Chassigneux.

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